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S. Paulin de Noie, évêque

Le consul Paulin (355-431) et sa femme Thérèse possédaient de vastes territoires en Aquitaine, en Espagne et en Italie méridionale. Devenus chrétiens (393), ils renoncèrent à leurs biens et se retirèrent à Noie (Campanie) où Paulin fut élu évêque (409). Il devait gouverner cette Église durant vingt-deux ans. » De tous mes biens terrestres, dit Paulin, je payais l'espérance du ciel».

LETTRE DE PAULIN DE NOIE À ALYPIUS, ÉVÊQUE DE THAGASTE

C'est d'une vraie charité, d'une parfaite dilection que tu viens de faire preuve à l'égard de ma modeste personne, Seigneur Alypius, appelé à juste titre saint et bienheureux père, très cher ami. En effet, j'ai reçu par mon messager Julien, qui revenait de Carthage, une lettre qui m'apportait une Si grande lumière venant de ta piété qu'il m'a semblé non pas y découvrir ta charité envers moi, mais la retrouver. Car cette charité a jailli de celui qui nous a destinés à lui dès l'origine du monde, et en qui nous avons été créés avant de naître, car c'est lui qui nous a faits et non pas nous, c'est lui qui a fait ce qui doit venir. Nous avons donc été formés par sa prescience et son oeuvre créatrice, et nous avons été unis par une charité antérieure à toute connaissance, afin d'avoir des volontés semblables et de nous rejoindre dans l'unité de la foi, ou dans la foi en l'unité. C'est ainsi que nous nous sommes connus l'un l'autre avant de nous voir de nos yeux, par une révélation de l'esprit. Je me réjouis donc et me glorifie dans le Seigneur: étant seul et unique, c'est lui qui, à travers le monde entier, fait agir son amour en tous les siens par le Saint-Esprit. Il a répandu celui-ci sur tout homme: c'est le fleuve dont le courant fait la joie de sa cité. Dans cette cité, le Siège Apostolique, à juste titre, a fait de toi un évêque ; il t'a établi parmi les princes de son peuple , et quant à moi, il m'a relevé de la poussière, il a honoré le pauvre que je suis, il a voulu que je partage ton sort. Mais ce qui me réjouit davantage. dans cette faveur de Dieu, c'est qu'il m'a installé dans la demeure de ton coeur, il a daigné m'introduire au plus profond de ton affection. C'est pourquoi je revendique une confiance toute particulière de ta charité, que doivent exciter nos fonctions et nos charges d'évêques, et il ne m'est pas permis de t'aimer de façon hésitante et superficielle. Pour que tu n'ignores rien de moi, sache qu'un pécheur aussi invétéré n'a pas été tiré jadis des ténèbres et de l'ombre de la mort pour aspirer le souffle de la vie; qu'il n'a pas jadis mis la main à la charrue et pris sa croix avec assez de force pour aller jusqu'au bout, s'il n'a pas le secours de tes prières. Ce bienfait mettra le comble à tes mérites si, par ton intercession, tu allèges mes fardeaux. En effet, l'homme pieux qui aide l'homme accablé, car je n'ose dire : «le frère », s'élèvera comme une grande cité. J'ai envoyé à ta sainteté le pain unique en vue de l'unité, pain dans lequel se trouve aussi l'indivisible Trinité. Tu feras de ce pain une eulogie, si tu veux bien le recevoir.

Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent.

Que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l'amour mutuel.

Que le Seigneur affermisse vos coeurs dans une sainteté sans reproche devant lui.

Que Dieu notre Père vous garde vigilants pour l'avènement de notre Seigneur Jésus Christ avec tous ses saints.

Tu nous as donné, Seigneur, dans l'évêque Paulin de Noie, un modèle de zèle pastoral et de tendresse pour les pauvres; fais qu'en célébrant ses mérites, nous prenions exemple sur sa charité.