Thomas d'Aquin (Koccasecca 1225 - Fossanova 1274)
Le docteur angélique
Le patron des philosophes a favorisé l'accord de la pensée chrétienne et de la pensée grecque.
Né près d'Aquin dans le château familial de Lombardie, Thomas fut élevé par les moines bénédictins du mont Cassin. Il partit pour l'université de Naples en 1239, où il fut très impressionné par les dominicains. Il rejoignit l'ordre en 1244 mais sa famille en fut consternée, et ce surtout parce que les dominicains étaient un ordre mendiant. Ses proches l'emprisonnèrent pendant plus d'un an à Roccasecca pour sauver l'honneur de la famille. Mais Thomas retourna dans l'ordre en 1245 et poursuivit ses études à Paris pendant trois ans.
En 1248, il accompagna son maître Albert le Grand à Cologne et y fut ordonné prêtre deux ans plus tard avant de revenir à Paris pour enseigner. Il y écrivit une défense de l'ordre mendiant en réponse à Guillaume de Saint-Amour, des commentaires sur Aristote, sur les Sentences de Pierre Lombard, et des travaux bibliques. En 1269, après qu'il eut obtenu son doctorat et prêché dans plusieurs villes italiennes, il retourna à Paris pour trois ans, rappelé par le roi et l'université. Mais en 1272, Naples le demanda à nouveau, le nommant régent des études. Le 6 décembre 1273, il y eut une vision divine Si merveilleuse qu'il laissa sa grande Somme théologique inachevée, disant que ses textes n'étaient rien comparés à la gloire qui ~i avait été révélée. Cet homme corpulent mourut le 7 Mars, il était en route pour le concile de Lyon et sa santé était minée par le surmenage.
· Ses oeuvres
Les travaux théologiques, philosophiques et doctrinaux qu'il a laissés ont été dictés à des secrétaires. Son oeuvre principale est la Somme théologique qu'il commença vers 1266 lors de son séjour en Italie et qu'il ne termina jamais. Cet ouvrage en cinq volumes lui valut le titre de « professeur universel ». Il s'agit d'une explication systématique de k foi, sur laquelle
se fonde aujourd'hui encore la doctrine catholique. Son autorité et sa précision n'ont jamais été dépassées. Sa Somme contre les Gentils est un traité sut Dieu et sur la création. Il écrivit aussi différentes hymnes encore en usage aujourd'hui et une variété de traités et de commentaires. L'importance de cette grande intelligence du Moyen Âge ne fut vraiment reconnue que quelques générations plus tard.
Thomas d'Aquin fut canonisé en 1323 et son corps transféré à l'église Saint-Sernin à Toulouse en 1368 puis à celle des Jacobins de la même ville en 1974. Il fut proclamé docteur de l'Église en 1567 par Pie V et nommé patron des universités et écoles par Léon VIII en 1880.
Fête : 28 janvier Patron des philosophes, des théologiens, des horaires, des universités, des collèges, des étudiants et des chercheurs.
CONFÉRENCE DE S. THOMAS D'AQUIN À SES ÉTUDIANTS SUR LE CREDO
Quelle nécessité y avait-il à ce que le Fils de Dieu souffrît pour nous? Une grande nécessité, que l'on peut résumer en deux points: nécessité de remède à l'égard de nos péchés, nécessité d'exemple pour notre conduite. Pour ce qui est du remède contre tous les maux que nous inflige le péché, nous trouvons un remède grâce à la passion du Christ.
Mais son utilité n'est pas moindre à l'égard de l'exemple. Car la passion du Christ nous fournit un modèle valable pour toute notre vie. En effet, celui qui veut mener la vie parfaite n'a rien d'autre à faire qu'à mépriser ce que le Christ a méprisé sur la croix et à désirer ce que le Christ a désiré. Car aucun exemple de vertu n'est absent de la croix.
Si tu cherches un exemple de charité: Il n'y, a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. C'est ce que le Christ a fait sur la croix. Et par conséquent, s'il a donné sa vie pour nous, il ne doit pas être trop dur de supporter n'importe quel mal pour lui.
Si tu cherches la patience, c'est sur la croix qu'on la trouve au maximum. En effet la patience est grande pour deux motifs: ou bien lorsqu'on souffre patiemment de grands maux, ou bien lorsqu'on souffre des maux qu'on aurait pu éviter, et que l'on n'évite pas. Or le Christ a souffert de grands maux sur la croix, et avec patience, puisque couvert d'insultes il ne menaçait pas; comme une brebis conduite à l'abattoir, il n'ouvrait pas la bouche. Elle est donc grande, la patience du Christ sur la croix: Par la patience, courons au combat qui nous est proposé, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix. Si tu cherches un exemple d'humilité, regarde le crucifié. Car un Dieu a voulu être jugé sous Ponce Pilate, et mourir. Si tu cherches un exemple d'obéissance, tu n'as qu'à suivre celui qui s'est fait obéissant au Père jusqu'à la mort: De même que la faute commise par un seul, c'est-à-dire Adam, a rendu tous les hommes pécheurs, de même tous deviendront justes par l'obéissance d'un seul. Si tu cherches un exemple de mépris pour les biens terrestres, tu n'as qu'à suivre celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance; sur la croix, il est nu,tourné en dérision, couvert de crachats, frappé, couronné d'épines, enfin abreuvé de fiel et de vinaigre. Ne sois donc pas attaché aux vêtements et aux richesses, car ils se sont partagé mes habits; ni aux honneurs, car j'ai subi les moqueries et les coups; ni aux dignités car, tressant une couronne d'épines, ils l'ont enfoncée sur ma tête; ni aux plaisirs car, dans ma soif, ils m'ont abreuvé de vinaigre.
Le Christ en croix, modèle et maître. (Saint THOMAS D'AQUIN)
Quelle nécessité y avait-il que le Verbe de Dieu souffrît pour nous ? Une grande, et l'on peut dire, une double nécessité; d'abord celle de nous donner un remède contre le péché, ensuite de nous apporter un exemple de ce que nous devons faire. Un remède, car nous trouvons dans la passion du Christ un remède à tous les maux que nous vaut le péché. Mais elle ne nous est pas moins utile comme exemple; car la passion du Christ suffit à informer notre vie tout entière. Il suffit à celui qui veut mener une vie parfaite, de mépriser ce que le Christ a méprisé sur la croix, et de désirer ce qu'il a désiré. Il n'y a pas d'exemple de vertu qui ne nous vienne de la croix. Cherches-tu un exemple de charité ? il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis: c'est ce que le Christ a fait sur la croix, et s'il a donné sa vie pour nous, il ne doit pas nous être pénible de supporter pour lui tous nos maux. Veux-tu un exemple de patience? tu en trouveras un parfait sur la croix. On reconnaît une grande patience à deux signes lorsque quelqu'un endure avec longanimité de grandes souffrances, et lorsque pouvant les éviter, il ne le fait pas. Le Christ endura sur la croix d'immenses souffrances. Il les supporta avec patience puisque souffrant, il ne menaçait pas, et, comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n'ouvrait pas la bouche. Grande est la patience du Christ sur la croix courons donc avec patience l'épreuve qui nous est proposée, fixant les yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus, qui au lieu de la joie qui lui était proposée, endura une croix, dont il méprisa l'infamie. Veux-tu un exemple d'humilité? Regarde le crucifié car, Dieu, il a voulu être jugé sous Ponce-Pilate et mourir.
Veux-tu un exemple d'obéissance? Suis celui qui s'est fait obéissant au Père jusqu'à la mort comme en effet par la désobéissance d'un seul homme, la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul, la multitude sera-t-elle constituée juste.
Veux-tu un exemple de mépris des honneurs terrestres ? Suis celui qui est le roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, en qui sont les trésors de la sagesse, et que voilà pourtant nu sur la croix, bafoué, conspué, frappé, couronné d'épines, abreuvé de fiel et de vinaigre, et mort. Ne te mets donc pas en peine d'habits précieux et de richesses, car ils se sont partagé mes vêtements, ni d'honneurs, car j'ai été leur jouet, et ils m'ont frappé, ni de dignités, parce que tressant une couronne d'épines, ils me l'ont placée sur la tête, ni de jouissances, car dans ma soif ils m'ont abreuvé de vinaigre.
PRIÈRE
Dieu qui as fait de saint Thomas d'Aquin un modèle admirable par sa recherche d'une vie sainte et son amour de la science sacrée. Accorde-nous de comprendre ses enseignements et de suivre ses exemples.