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Turibe de Mogrovejo (Mayorga 1538 - Sana 1606)

L'archevêque récalcitrant et réformateur

L'un des premiers saints connus du Nouveau Monde, dont le zèle et la compassion furent légendaires.

Fête : 23 Mars Patron du Pérou et des évêques d'Amérique latine.

Turibe Alphonse de Mogrovejo naquit en Espagne et montra très tôt des penchants pour la religion. Mais il ne chercha pas à devenir prêtre, étudia pour être avocat et devint professeur de droit à l'université de Salamanque. Il était tant respecté dans son domaine que Philippe 1-er le choisit comme grand inquisiteur à Grenade. C'était un grand honneur pour un laïc, mais sa nomination au poste d'archevêque de Lima au Pérou fut encore plus surprenante. Turibe lui-même douta du bien-fondé de sa nomination qui était en contradiction avec le droit canon. Il objecta donc de son inaptitude, mais en vain, et il fut ordonné prêtre, consacré évêque et envoyé à Lima en 1581.

· Le Nouveau Monde

Turibe connut immédiatement des problèmes : son diocèse était vaste, le terrain difficile et accidenté (il mit sept ans à le visiter) et la discipline du clergé très relâchée. Les distances et les mauvaises communications rendaient quasi impossibles la découverte des abus et leur sanction. Turibe s'aperçut en outre que les autorités espagnoles tyrannisaient et opprimaient souvent les Indiens qu'elles étaient censées christianiser. Il commença par mettre en place un programme de réformes, imposa son autorité au sein de l'Église, réaffirma les droits des pauvres, fonda de nombreuses églises et hôpitaux et, en 1591 à Lima, le premier séminaire du Nouveau Monde.

Il décida d'apprendre autant de dialectes indiens qu'il en était capable pour pouvoir communiquer directement avec ses ouailles et voyager dans tout son diocèse malgré les difficultés énormes dues à la pénurie alimentaire et au manque de confort. Sa charité s'étendait même aux pauvres appartenant à la classe dirigeante et, sensible à leur fierté, il avait la délicatesse de ne les aider que de façon anonyme.

· Sa mort et son culte

Turibe continua sa tâche de réforme jusqu'à sa mort, qui eut lieu au retour d'une visite de la province de Pacasmayo. Dans son testament, il donna ses biens personnels à ses serviteurs et ses biens fonciers aux pauvres. Canonisé en 1726, il est depuis longtemps vénéré dans les deux Amériques ses qualités d'évêque pionnier et réformateur sont connues à travers le monde et expliquent que son culte soit devenu universel. Il est encore aujourd'hui un grand symbole pour de nombreux chrétiens d'Amérique du Sud. Il est représenté, dans quelques oeuvres d'art, habillé en évêque avec crosse et mitre, agenouillé devant un autel et entouré d'anges.