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Wilfrid (Northumbrie vers 634 - Dunclee vers 709)

L'évêque déposé

Les fortes oppositions des pouvoirs temporel et religieux n'empêchèrent pas le succès de Wilfrid.

Le père de Wilfrid entretenait d'étroites relations avec la cour de Northumbrie. Cette situation permit au fils d'obtenir une place dans la maison du roi Oswiu dès l'âge de treize ans. Il y devint le favori particulier de la reine Enfleda qui l'envoya, afin de parfaire ses études, à Lindisfarne, le plus grand centre du christianisme celtique au nord de l'Angleterre.

Il apprit beaucoup dans ce monastère, mais semble avoir été malheureux du spectacle que donnait le christianisme irlandais. Il partir pour Cantorbéry et étudia sous la direction de saint Honorius, apprécia les pratiques en usage à Rome et partit pour la Ville éternelle avec l'évêque Benoît Biscop en 654. Ils s'arrêtèrent en chemin et restèrent un an à Lyon. Wilfrid y reçut et y refusa une demande en mariage de la nièce de l'évêque Annemund. À Rome, Wilfrid étudia le droit canon et les Écritures sous la direction de Boniface, le secrétaire du pape Martin. Sur le chemin du retour, il s'arrêta de nouveau à Lyon, il y resta trois ans, et y reçut une tonsure plus romaine que celtique (s'il ne l'avait pas déjà reçue lors de sa première visite). Son séjour se termina brutalement à la mort d'Annemund, au cours d'émeutes nationalistes. Wilfrid retourna prudemment en Angleterre.

· La controverse celtico-romaine

Il arriva dans son pays natal vers 660. Inébranlable et convaincant, il entreprit une campagne pour l'introduction des pratiques liturgiques romaines dans les pays du Nord. Alcfrith, roi de la province de Deira en Northumbrie, lui offrit le siège d'abbé de Ripon. Il établir dans son monastère la règle bénédictine et adopta la méthode romaine pour fixer la fête de Pâques. Des missionnaires, comme Paulin, vinrent de l'Angleterre du Sud pour convertir l'Église du Nord à ces observances. Mais, comme Wilfrid, ils rencontrèrent une très forte opposition dont celles D'Aidan de Lindisfarne et de Coïman son successeur.

Au synode de Whitby en 664, Wilfrid, porte-parole du clan romain, fut l'un des principaux artisans de l'alignement de l'Église anglaise sur celle du continent.

L'évêque d'York

Après le synode, Alcfrith nomma Wilfrid évêque d'York. Comme de nombreux évêques du Nord avaient refusé les décisions de Whitby, Wilfrid insista pour être consacré à Compiègne, en France, en présence de douze évêques francs. Malheureusement, il tarda à revenir en Angleterre et Alcfrith était mort à son retour. Le roi Oswiu avait nommé Chad à sa place sur le siège d'York. Pour éviter une confrontation, Wilfrid alla à Ripon. On lui rendit son évêché en 669 quand le nouvel archevêque de Cantorbéry, saint Théodore, déclara nulle la consécration de Chad et le démit.

· La chute

Wilfrid se consacra alors à son diocèse, le visitant et l'organisant. Il étendit l'usage des traditions romaines, restaura la grande cathédrale d'York, construisit une église magnifique à Hexham et acquit de grandes étendues de terres pour ses monastères. Son diocèse s'étendit jusqu'aux limites du royaume de Northumbrie, une superficie immense pour l'époque.

Sa vie fut prestigieuse et confortable jusqu'au moment où il provoqua la colère du roi Egfrith. Il était en effet en bons termes avec lui quand il encouragea la reine Etheldreda à le quitter pour entrer au couvent en 672.

Alors, brutalement, son opulence devint un obstacle et fut l'objet de maintes critiques de ses ennemis. En 675, Théodore (qui secrètement travaillait pour Egfrith) divisa la Northumbrie en quatre diocèses sans consulter Wilfrid. C'était sans doute raisonnable, mais cette mesure ne pouvait canoniquement être prise sans l'avis de Wilfrid.

Furieux, celui-ci fit appel à Rome, et c 'était le premier évêque anglais à le faire. Lors de son voyage vers le continent, une tempête l'emmena sur les côtes de Frise. Il y fut le premier d'une longue série de missionnaires anglo-saxons et y prêcha durant un an.

Emprisonnement et rétablissement

Le pape Agathon lui donna raison, mais à son retour en Angleterre, Egfrith, refusant la décision du pape, le mit en prison pendant neuf mois. Libéré mais exilé Wilfrid s'établit dans le Sussex et fonda le monastère de Selsey.

Il dut attendre 686 pour retrouver avec

des pouvoirs limités son siège en Northumbrie. Cinq ans plus tard, il se querella avec le successeur d'Egfrith, Aldfrith, et fut de nouveau exilé. Cette fois, il se retira à Mercie, devint l'évêque de Lichfield et fonda plusieurs monastères.

· Le compromis final

En 703, saint Bertwald succéda à Théodore et, avec Aldfrith, réunit un concile à Austerfield, qui ordonna à Wilfrid d'abandonner son siège épiscopal. Une nouvelle fois, Wilfrid fit appel à Rome, et une nouvelle fois il fut soutenu par la papauté. Jean VI ordonna à Bertwald de réunir un synode pour réhabiliter Wilfrid.

Wilfrid et la mort

De passage à Meaux, il tomba dangereusement malade. Après quatre jours et quatre nuits sans connaissance, il se redressa et raconta une vision terrible dans laquelle saint Michel était venu lui annoncer sa guérison et une prolongation de vie. Quelques années plus tard, il fut pris d'un évanouissement semblable, mais se tenant pour averti que le délai fixé par l'archange dans sa vision de Meaux, allait bientôt expirer, il s'occupa de tout régler pour le temps où il ne serait plus, distribua ses biens, nomma ses successeurs, donna ses dernières instructions et laissa retomber sa tête sur l'oreiller sans pousser ni gémissement ni soupir.

Mais ce ne fut qu'après la mort d'Aldfrith en 705 qu'un compromis acceptable fut obtenu au synode de River Nidd : saint Jean de Beverley devenait évêque d'York et Wilfrid contrôlait le diocèse d'Hexham et vivait dans son monastère de Ripon.

Wilfrid mourut alors qu'il visitait ses monastères de Mercie. Suivant ses dernières volontés, son immense fortune personnelle fut partagée entre les pauvres, l'Église romaine, ses compagnons fidèles, et ses abbés, afin de leur permettre d'acheter les faveurs du roi a. Vu les circonstances de sa vie, ce ton cynique peut être compréhensible c'était le moyen d'assurer la pérennité de ses fondations.

Le culte de saint Wilfrid Le corps de saint Wilfrid fut transporté à Hipon et enseveli dans l'église Saint-Pierre. Il tut immédiatement l'objet de vénération et une Vie de Wilfrid tut écrite au X-e siècle par le moine Fritbegod.

Fête : 12 octobre