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JEUDI SAINT Caro mea vere est cibus. Ma chair est vraiment une nourriture. (S. Jean, VI, 56.) Pouvons-nous, M.F., dans toute notre sainte religion, trouver un moment plus précieux, une circonstance plus heureuse, que celle de l'instant où Jésus-Christ institua le Sacrement adorable des autels ? Non, M.F., non, parce que cette circonstance nous rappelle l'amour immense d'un Dieu pour ses créatures. Il est vrai que dans tout ce que Dieu a fait, ses perfections se manifestent à l'infini. En créant le monde, il fait éclater la grandeur de sa puissance ; en gouvernant ce vaste univers, il nous prouve une sagesse incompréhensible ; et même nous pouvons dire avec le cent troisième psaume  : « Oui, mon Dieu, vous êtes infiniment grand dans les plus petites choses, et dans la création des plus vils insectes. » Mais ce qu'il nous montre dans l'institution de ce grand Sacrement d'amour, ce n'est pas seulement sa puissance et sa sagesse, mais l'amour immense de son cœur pour nous. « Sachant très bien que son temps était proche pour retourner à son Père, » il ne put se résoudre à nous laisser seuls sur la terre, à travers tant d'ennemis, qui tous ne cherchaient que notre perte. Oui, avant que Jésus-Christ instituât ce Sacrement d'amour, il savait très bien à combien de mépris, de profanations il allait s'exposer ; mais tout cela n'est pas capable de l'arrêter ; il veut que nous ayons le bonheur de le trouver toutes les fois que nous voudrons le chercher, et, par ce grand sacrement, il s'engage à rester au milieu de nous, et le jour et la nuit ; et dans Lui nous trouverons un Dieu Sauveur, qui, chaque jour, s'offrira pour nous à la justice de son Père. Ô nation heureuse ! qui a jamais, compris ton bonheur ? Je vous montrerai combien Jésus-Christ nous a aimés dans l'institution de ce sacrement, afin de vous inspirer un respect et un grand amour envers Jésus-Christ dans le sacrement adorable de l'Eucharistie. Ô quel bonheur, M.F. ! une créature recevoir son Dieu ! s'en nourrir ! et s'en engraisser ! Ô amour infini, immense et incompréhensible !... Un chrétien peut-il bien y penser, et ne pas mourir d'amour et de frayeur à la vue de son indignité !... I. – Il est vrai que, dans tous les sacrements que Jésus-Christ a institués, il nous montre une miséricorde infinie. Dans le sacrement de Baptême, il nous arrache d'entre les mains de Lucifer, et nous rend les enfants de Dieu son Père ; il nous ouvre le ciel qui nous était fermé ; il nous rend participants de tous les trésors de son Église ; et, si nous sommes fidèles à nos engagements, un bonheur éternel nous est assuré. Dans le sacrement de Pénitence, il nous montre et nous fait part de sa miséricorde jusqu'à l'infini ; puisqu'il nous arrache de l'enfer, où nos péchés de malice nous avaient entraînés, et, de nouveau, nous applique les mérites infinis de sa mort et de sa passion. Dans le sacrement de Confirmation, il nous donne, pour nous conduire dans le chemin de la vertu, un esprit de lumière qui nous fait connaître le bien que nous devons faire, et le mal que nous devons éviter ; de plus, il nous donne un esprit de force, pour surmonter tout ce qui peut nous empêcher de faire notre salut. Dans le sacrement de l'Extrême-Onction, nous voyons des yeux de la foi que Jésus-Christ nous couvre des mérites de sa mort et de sa passion. Dans celui de l'Ordre, Jésus-Christ donne tous ses pouvoirs à ses prêtres ; ils le font descendre... Dans celui du Mariage, nous voyons que Jésus-Christ sanctifie toutes nos actions, même celles où l'on semble ne suivre que les penchants corrompus de la nature. Voilà, me direz-vous, des miséricordes dignes d'un Dieu qui est infini en tout. Mais, dans le sacrement adorable de l'Eucharistie, il va plus loin : tout ceci ne semble être qu'un apprentissage de son amour pour les hommes ; il veut, pour le bonheur de ses créatures, que son corps et son âme et sa divinité se trouvent dans tous les coins du monde, afin que, toutes les fois qu'on voudra, l'on puisse le trouver, et qu'avec Lui nous trouvions toute sorte de bonheur. Si nous sommes dans les peines et le chagrin, il nous consolera et nous soulagera. Sommes-nous malades, ou il nous guérira, ou il nous donnera des forces pour souffrir de manière à mériter le ciel. Si le démon, le monde et nos penchants nous font la guerre, il nous donnera des armes pour combattre, pour résister, et pour remporter la victoire. Si nous sommes pauvres, il nous enrichira de toute sorte de richesses pour le temps et pour l'éternité. – C'est bien assez de grâces, pensez-vous. – Oh ! non, M.F., son amour n'est pas encore satisfait. Il a encore d'autres dons à nous faire, des dons que son amour immense a trouvés dans son cœur brûlant pour le monde, ce monde ingrat, qui ne semble être comblé de tant de biens que pour outrager son bienfaiteur. Mais non, M.F., laissons l'ingratitude des hommes pour un moment, ouvrons la porte de ce Cœur sacré et adorable, renfermons-nous un instant dans ses flammes d'amour, et nous verrons ce que peut un Dieu qui nous aime. Ô mon Dieu ! qui pourra le comprendre, et ne pas mourir d'amour et de douleur, en voyant d'un côté tant de charité et de l'autre tant de mépris et d'ingratitude ! Nous lisons dans l'Évangile que Jésus-Christ, sachant très bien que le moment où les Juifs devaient le faire mourir était arrivé, dit à ses apôtres « qu'il désirait grandement célébrer la Pâque avec eux.  » Ce moment à jamais heureux pour nous étant arrivé, il se mit à table, voulant nous laisser un gage de son amour. Il se lève de table, quitte ses vêtements, prend un linge autour de lui ; ayant mis de l'eau dans un vase, il commence à laver les pieds de ses apôtres et même de Judas, sachant très bien qu'il allait le trahir. C'est qu'il voulait nous montrer par là avec quelle pureté nous devions approcher de lui . S'étant remis à table, il prit du pain entre ses mains saintes et vénérables ; puis levant les yeux au ciel pour rendre grâces à son Père, afin de nous faire comprendre que ce grand don nous venait du ciel, il le bénit et le distribua à ses apôtres, en leur disant : « Mangez-en tous, ceci est véritablement mon Corps, qui sera livré pour vous, » Ayant ensuite pris le calice, où il y avait du vin mêlé avec de l'eau, il le bénit de même, et le leur présenta en leur disant : « Buvez-en tous, ceci est mon Sang, qui sera répandu pour la rémission des péchés, et toutes les fois que vous prononcerez les mêmes paroles, vous ferez le même miracle ; c'est-à-dire, vous changerez le pain en mon Corps et le vin en mon sang. » Quel amour pour nous, M.F., que celui d'un Dieu dans l'institution du sacrement adorable de l'Eucharistie ! Dites-moi, M.F., de quel sentiment de respect, n'aurions-nous pas été pénétrés, si nous avions été sur la terre, et que nous eussions vu de nos propres yeux Jésus-Christ lorsqu'il institua ce grand saint Sacrement d'amour. Cependant, M.F., ce grand miracle se fait chaque fois que le prêtre célèbre la sainte messe, où ce divin Sauveur se rend présent sur nos autels. Ah ! si nous avions cette foi vive, de quel respect ne serions-nous pas pénétrés ? Avec quel respect et tremblement ne paraîtrions-nous pas devant ce grand sacrifice, où un Dieu nous montre la grandeur de son amour et de sa puissance ! Il est vrai que vous le croyez ; mais vous agissez comme si vous ne le croyiez pas. S'il faut vous bien faire comprendre la grandeur de ce mystère, écoutez-moi, et vous allez voir combien devrait être grand le respect que nous devons y apporter. Nous lisons dans l'histoire qu'un prêtre disant la sainte messe dans une église de la ville de Bolsène, et doutant, après avoir prononcé les paroles de la consécration, de la réalité du Corps de Jésus-Christ dans la sainte Hostie, c'est-à-dire, si les paroles de la consécration avaient vraiment changé le pain au Corps, de Jésus-Christ et le vin en son Sang, à l'instant même, la Sainte Hostie fut toute couverte de sang. Jésus-Christ sembla vouloir reprocher à son ministre son infidélité, le porter à en gémir, lui faire recevoir la foi qu'il venait de perdre par son doute ; et, en même temps, nous montrer par ce grand miracle, combien nous devons être convaincu de sa sainte présence dans la sainte Eucharistie. Cette Hostie sainte versa du sang avec tant d'abondance, que le corporal, la nappe et l'autel même en furent tout couverts. Le Pape, à qui l'on fit part de ce miracle, ordonna qu'on lui apportât ce corporal tout sanglant ; il fut porté dans la ville d'Orviette, où il fut reçu avec une pompe, extraordinaire, et déposé dans l'église. On fit ensuite bâtir une magnifique église pour recevoir ce précieux dépôt, et tous les ans on porte en procession cette précieuse relique, le jour de la Fête-Dieu . Voyez, M.F., combien cela doit affermir la foi, pour ceux qui ont quelque doute. Mais, mon Dieu, comment pouvoir douter, après les paroles de Jésus-Christ même, qui a dit à ses apôtres, et en leur personne à tous les prêtres : « Toutes les fois que vous prononcerez ces mêmes paroles, vous ferez le même miracle, c'est-à-dire que vous ferez comme moi, vous changerez le pain en mon Corps et le vin en mon Sang ? » Quel amour, M.F., quelle charité que celle de Jésus-Christ, de choisir la veille du jour qu'on doit le faire mourir, pour instituer un Sacrement par lequel il va rester au milieu de nous, pour être notre Père, notre Consolateur et tout notre bonheur ! Plus heureux encore que ceux qui vivaient pendant sa vie mortelle, où il n'était que dans un lieu, où il fallait faire bien des lieues pour avoir le bonheur de le voir ; aujourd'hui, nous le trouvons dans tous les lieux du monde, et ce bonheur nous est promis jusqu'à la fin du monde. Ô amour immense d'un Dieu pour ses créatures ! Non, M.F., rien ne peut l'arrêter, quand il s'agit de nous montrer la grandeur de son amour. Dans ce moment heureux pour nous, tout Jérusalem est en feu, toute la populace en fureur, tous conspirent sa perte ; tous veulent répandre, son sang adorable : et c'est précisément dans ce moment qu'il leur prépare, comme à nous, le gage le plus ineffable de son amour. Les hommes trament les plus noirs complots contre lui, tandis que lui n'est occupé qu'à leur donner tout ce qu'il a de plus précieux, qui est lui-même. L'on ne pense qu'à lui élever une croix infâme pour le faire mourir, et il ne pense qu'à élever un autel pour s'immoler lui-même chaque jour pour nous. L'on se prépare à verser son sang, Jésus-Christ veut que ce même sang soit pour nous un breuvage d'immortalité, pour la consolation et le bonheur de nos âmes. Oui, M.F., nous pouvons dire que Jésus-Christ nous aime jusqu'à épuiser les richesses de son amour, se sacrifiant en tout ce que sa sagesse et sa puissance ont pu lui inspirer. Ô amour tendre et généreux d'un Dieu pour de viles créatures comme nous, qui en sommes si indignes ! Ah ! M.F., quel respect ne devrions-nous pas avoir pour ce grand sacrement, où un Dieu fait homme se rend présent chaque jour sur nos autels ! Quoique nous voyions que Jésus-Christ soit la bonté même, il ne laisse pas quelquefois que de punir rigoureusement le mépris que l'on fait de sa sainte présence, comme nous le voyons dans plusieurs endroits de l'histoire . Il est rapporté qu'un prêtre de Fribourg portant le bon Dieu à un malade, il se trouva de passer sur une place où il y avait beaucoup de monde qui dansaient. Le musicien, quoique sans religion, s'arrêta en disant : « J'entends la clochette, l'on porte le bon Dieu à un malade, mettons-nous à genoux. » Mais dans cette compagnie, il se trouva une femme impie, inspirée.. par la fureur de l'enfer : « Continuons seulement, dit-elle, il y a des sonnettes pendues au cou des bestiaux de mon père ; quand elles passent, l'on ne s'arrête pas, et l'on ne se met pas à genoux. » Toute la compagnie applaudit à cette impiété, et tous continuèrent à danser. Dans le même moment, il vint un orage si fort, que toutes les personnes qui dansaient furent emportées, sans qu'on ait jamais pu savoir ce qu'elles sont devenues. Hélas ! M.F., tous ces misérables payèrent bien cher le mépris qu'ils firent de la présence de Jésus-Christ ! ce qui nous doit faire comprendre combien nous devons respecter la sainte présence de Jésus-Christ, soit dans son temple, soit quand nous apprenons qu'on le porte aux pauvres malades. II. – Nous disons que Jésus-Christ, pour opérer ce grand miracle, choisit du pain, qui est la nourriture de tout le monde, des riches comme des pauvres, de celui, qui est fort comme de celui qui est languissant, pour nous montrer que cette nourriture céleste est pour tous les chrétiens qui veulent conserver la vie de la grâce et la force pour combattre le démon. Nous voyons que, quand Jésus-Christ opéra ce grand miracle, il leva les yeux au ciel pour rendre grâces à son Père, pour nous faire voir combien ce moment heureux pour nous était désiré par lui, et afin de nous prouver la grandeur de son amour. « Oui, mes enfants, leur dit ce divin Sauveur, mon Sang est impatient de se répandre pour vous ; mon Corps brûle du désir d'être déchiré pour guérir vos plaies ; bien loin d'être effrayé par l'idée de la tristesse amère que m'a causée d'avance la pensée de mes souffrances et de ma mort, au contraire, c'est pour moi le comble de mon plaisir. Ce qui cause cela, c'est que vous trouverez dans mes souffrances et ma mort un remède à tous vos maux. » Oh ! quel amour, M.F., que celui d'un Dieu pour ses créatures ! Saint Paul nous dit que, dans le mystère de l'Incarnation, il a caché sa divinité ; mais que, dans celui du sacrement de l'Eucharistie, il est allé jusqu'à cacher son humanité . Ah ! M.F., il n'y a que la foi qui puisse agir dans un mystère si incompréhensible. Oui, M.F., dans quelque lieu que nous soyions, tournons avec plaisir nos pensées, nos désirs ; du côté où repose ce Corps adorable, pour nous unir aux anges qui l'adorent avec tant de respect. Prenons bien garde de faire comme ces impies, qui n'ont point de respect dans ces temples qui sont si saints, si respectables et si sacrés par la présence d'un Dieu fait homme, qui, jour et nuit, habite au milieu de nous !... Souvent, nous voyons que le Père éternel punit rigoureusement ceux qui méprisent son divin Fils. Nous lisons dans l'histoire, qu'un tailleur s'étant trouvé dans une maison où l'on apporta le bon Dieu à un malade ; ceux qui étaient auprès du malade lui dirent de se mettre à genoux, il ne voulut pas ; mais, par un horrible blasphème : « Moi, dit-il, me mettre à genoux ? Je respecte beaucoup plus une araignée qui est le plus vil animal, que votre Jésus-Christ, que vous voulez que j'adore. » Hélas ! M.F., de quoi est capable celui qui a perdu la foi ! Mais le bon Dieu ne laissa pas cet horrible péché impuni : dans le même moment, une grosse araignée toute noire se détacha des lambris, et vint se reposer sur la bouche du blasphémateur et lui piqua les lèvres. Aussitôt il enfla et il mourut sur-le-champ. Voyez, M.F., combien nous sommes coupables, lorsque nous n'avons pas ce grand respect pour la présence de Jésus-Christ. Non, M.F., ne nous lassons pas de contempler ce mystère d'amour où un Dieu, égal à son Père, nourrit ses enfants, non d'une nourriture ordinaire, ni de cette manne dont le peuple juif était nourri dans le désert, mais de son Corps adorable et de son Sang précieux. Qui pourrait jamais le penser, si ce n'était lui-même qui nous le dit et le fait en même temps ? Oh ! M.F., que toutes ces merveilles sont bien dignes de notre admiration et de notre amour ! Un Dieu, après s'être chargé de nos faiblesses, nous fait part de tous ses biens ! Ô nation des chrétiens, que vous êtes heureuse d'avoir un Dieu si bon et si riche !... Nous lisons dans saint Jean qu'il vit un ange à qui le Père éternel remettait le vase de sa fureur pour le verser sur toutes les nations  ; mais ici nous voyons tout le contraire. Le Père éternel remet entre les mains de son Fils le vase de sa miséricorde pour être répandu sur toutes les nations de la terre. En nous parlant de son Sang adorable, il nous dit comme à ses apôtres : « Buvez-en tous, et vous y trouverez la rémission de vos péchés et la vie éternelle . » Ô bonheur ineffable !... ô heureuse source, qui prouvera jusqu'à la fin des siècles comme cette croyance devait faire tout notre bonheur ! Jésus-Christ n'a cessé de faire des miracles pour nous porter à une foi vive en sa présence réelle. Nous voyons dans l'histoire qu'il y avait une femme chrétienne, mais bien pauvre. Ayant emprunté d'un Juif une petite somme d'argent, elle lui donna pour gage les meilleurs de ses vêtements. La fête de Pâques étant proche, elle pria le Juif de lui rendre pour un jour la robe qu'elle lui avait donnée. Le Juif lui dit que non seulement il voulait lui remettre ses effets, mais encore son argent, à condition seulement qu'elle apporterait la sainte Hostie quand elle l'aurait reçue de la main du prêtre. Le désir que cette misérable avait d'avoir ses effets, de n'être pas obligée de rendre son argent qu'elle avait emprunté, la porta à une action bien horrible. Dès le lendemain, elle se rendit à l'église de sa paroisse. Après qu'elle eut reçu la sainte Hostie sur la langue, elle se hâta de la prendre et de la mettre dans un mouchoir. Elle la porta à ce misérable Juif, qui ne lui avait fait cette demande que pour exercer sa fureur contre Jésus-Christ. Cet homme abominable traita Jésus-Christ avec une fureur épouvantable ; et nous voyons que Jésus-Christ lui-même montra combien ces outrages qu'on lui faisait lui étaient sensibles. Le Juif commença par mettre la sainte Hostie sur une table, lui donna des coups de canif autant qu'il en fut content ; mais ce malheureux vit aussitôt sortir de la sainte Hostie du sang en abondance, ce qui faisait frémir son enfant. Ensuite l'ayant ôtée avec mépris de dessus la table, il la suspendit par un clou contre la mur et lui donna des coups de fouet autant qu'il voulut. Il la perça d'une lance ; il en sortit de nouveau du sang. Après toutes ces cruautés, il la jeta dans une chaudière d'eau bouillante : aussitôt l'eau sembla se changer en sang. L'Hostie parut alors sous la forme de Jésus-Christ en croix : ce qui l'effraya tellement qu'il courut se cacher dans un coin de sa maison. Pendant ce temps-là les enfants de ce Juif qui voyaient aller les chrétiens à l'église, leur disaient : « Où allez-vous ? Puisque mon père a tué votre Dieu ; il est mort, vous ne le trouverez plus. » Une femme, qui écoutait ce que disaient ces enfants, entra dans leur maison. Et, en effet, elle vit encore la sainte Hostie, qui était sous la forme de Jésus-Christ crucifié ; mais elle reprit bientôt sa forme ordinaire. Cette femme ayant pris un vase qu'elle présenta, la sainte Hostie vint se reposer dedans. Cette femme, heureuse, fort contente, de suite la porta dans l'église de Saint-Jean en Grève, où elle fut placée dans un lieu convenable pour y être adorée. Pour ce malheureux, on lui offrit son pardon, s'il voulait se convertir en se faisant chrétien ; mais il se trouva si endurci, qu'il aima mieux se laisser brûler tout vif que de se faire chrétien. Cependant sa femme, ses enfants et quantité de Juifs se firent baptiser. D'après ces miracles que Jésus-Christ venait d'opérer, et pour ne jamais perdre le souvenir de ces merveilles, l'on changea la maison en église ; on y établit une communauté, afin qu'il y eût continuellement des personnes occupées à faire amende honorable à Jésus-Christ pour les outrages que ce malheureux Juif lui avait faits . Nous ne pouvons pas, entendre cela, M.F., sans frémir. Eh bien ! M.F., voilà à quoi Jésus-Christ s'expose pour l'amour de nous, et à quoi il sera exposé jusqu'à la fin du monde. Quel amour, M.F., d'un Dieu pour nous ! à quels excès il le porte envers ses créatures ! Nous disons que Jésus-Christ, tenant le calice entre ses mains saintes, dit à ses apôtres : « Encore quelque temps, et ce Sang précieux va être répandu d'une manière sanglante et visible ; c'est pour vous qu'il va être répandu ; l'ardeur que j'ai de le verser dans vos cœurs m'a fait employer ce moyen. Il est vrai que la jalousie de mes ennemis est bien une cause de ma mort, mais elle n'est pas une des principales ; les accusations qu'ils ont inventées contre moi pour me perdre, la perfidie du disciple qui va me trahir, la lâcheté du juge qui va me condamner, et la cruauté des bourreaux qui vont me faire mourir, sont autant d'instruments dont mon amour infini se sert pour vous prouver combien je vous aime. Oui, M.F., c'est pour la rémission de nos péchés que ce sang va être répandu, et ce sacrifice se renouvellera chaque jour pour la rémission de nos péchés. Voyez-vous, M.F., combien Jésus-Christ nous aime, puisqu'il se sacrifie pour nous à la justice de son Père avec tant d'empressement et bien plus, il veut que ce sacrifice se renouvelle tous les jours et dans tous les lieux du monde. Quel bonheur pour nous, M.F., de savoir que nos péchés, même avant d'avoir été commis, ont été expiés dans ce moment du grand sacrifice de la croix ! Venons souvent, M.F., au pied de nos tabernacles, pour nous consoler dans nos peines, pour nous fortifier dans nos faiblesses. Avons-nous le grand malheur d'avoir péché, le Sang adorable de Jésus-Christ demandera grâce pour nous. Ah ! M.F., que la foi des premiers chrétiens était bien plus vive que la nôtre ! Dans les premiers temps, quantité de chrétiens traversaient les mers pour aller visiter les lieux saints, où s'était opéré le mystère de notre Rédemption. Quand on leur montrait le cénacle où Jésus-Christ avait institué ce divin Sacrement qui a été consacré à nourrir nos âmes, quand on leur faisait voir, l'endroit où il avait arrosé la terre de ses larmes et de son sang pendant sa prière, son agonie, ils ne pouvaient quitter ces lieux saints sans verser des larmes en abondance. Mais lorsqu'on les menait sur le Calvaire, où il avait tant enduré de tourments pour nous, ils semblaient ne plus pouvoir vivre ; ils étaient inconsolables, parce que ces lieux rappelaient le temps, les actions et les mystères qui se sont opérés pour nous ; ils sentaient en eux la foi se rallumer, leur cœur brûler d'un feu nouveau : Ô heureux lieux ! s'écriaient-ils, où tant de prodiges se sont opérés pour nous sauver ! Mais, M.F., sans aller si loin, sans nous donner la peine de traverser les mers et de nous exposer à bien des dangers, n'avons-nous pas ici Jésus-Christ au milieu de nous, non seulement comme Dieu, mais en corps et en âme ? Nos églises ne sont-elles pas aussi dignes de respect que ces lieux saints où allaient ces pèlerins ? Oh ! M.F., notre bonheur est trop grand ; non, non, jamais nous ne le comprendrons. Nation heureuse que celle des chrétiens, de voir se renouveler chaque jour tous les prodiges que la toute-puissance de Dieu opéra autrefois sur le Calvaire pour sauver les hommes ! Pourquoi donc, M.F., que nous ne voyons pas ce même amour, cette même reconnaissance, ce même respect, puisque les mêmes miracles se font tous les jours sous nos yeux ? Hélas ! c'est que nous avons tant abusé des grâces, que le bon Dieu en punition de nos ingratitudes, nous a ôté en partie notre foi ; à peine la soutenons-nous, et comprenons-nous que nous sommes en la présence de Dieu. Mon Dieu ! quel malheur pour celui qui a perdu la foi ! Hélas, M.F., dès que nous avons perdu la foi, nous n'avons plus que du mépris pour cet auguste Sacrement, et combien qui se laissent aller jusqu'à l'impiété, en raillant ceux qui sont si heureux d'y venir puiser les grâces et les forces nécessaires pour se sauver ! Craignons, M.F., que le bon Dieu ne nous punisse du peu de respect que nous avons pour sa présence adorable ; en voici un exemple des plus effrayants. Le cardinal Baronius rapporte dans ses Annales, qu'il y avait dans la ville de Lusignan, près de Poitiers, une personne qui avait un grand mépris pour la personne de Jésus-Christ : elle raillait et méprisait ceux qui fréquentaient les Sacrements ; elle tournait en ridicule leur dévotion. Cependant le bon Dieu, qui aime bien mieux la conversion du pécheur que sa perte, lui donna plusieurs fois des remords de conscience ; elle voyait bien qu'elle faisait mal, que ceux, dont elle se raillait étaient plus heureux qu'elle ; mais dès que l'occasion s'en présentait, elle recommençait, et, par ce moyen, de peu à peu, elle finit par étouffer ces remords que le bon Dieu lui donnait. Mais pour mieux se cacher, elle tâcha de gagner l'amitié d'un saint religieux, supérieur du monastère de Bonneval, qui était tout voisin. Elle y allait souvent, s'en faisant même gloire, quoiqu'impie, et voulait se croire bonne lorsqu'elle était avec ces bons religieux. Le supérieur, qui apercevait à peu près ce qu'il y avait dans l'âme, lui dit plusieurs fois : « Mon cher ami, vous n'avez pas assez de respect pour la présence de Jésus-Christ dans le Sacrement adorable de nos autels ; mais, je crois que si vous voulez vous convertir, il vous faudra quitter le monde et vous retirer dans un monastère pour y faire pénitence. Vous savez vous-même combien de fois vous avez profané les Sacrements, vous êtes couvert de sacrilèges ; si vous veniez à mourir, vous seriez jeté en enfer pour toute l'éternité. Croyez-moi, pensez à réparer vos profanations ; comment pouvez-vous vivre dans un état si malheureux ? » Ce pauvre homme semblait l'écouter et même profiter de ses conseils, car il sentait bien lui-même que sa conscience était chargée de sacrilèges ; mais il ne voulait pas faire quelques petits sacrifices qu'il devait, de sorte qu'avec toutes ses pensées, il restait toujours de même ; mais le bon Dieu se lassant de son impiété et de ses sacrilèges, l'abandonna à lui-même ; il tomba malade. L'abbé s'empressa d'aller le voir, sachant combien sa pauvre âme était en mauvais état. Ce pauvre homme, voyant ce bon père, qui était un saint, et qui venait le voir, se mit à pleurer de joie, et, peut-être dans l'espérance qu'il allait prier pour lui, pour lui aider à sortir son âme du bourbier de ses sacrilèges, il pria l'abbé de rester un peu longtemps. La nuit étant arrivée, tout le monde se retira, sinon l'abbé qui resta avec le malade. Ce pauvre malheureux se mit à crier horriblement : « Ah ! mon Père, secourez-moi ! ah ! ah ! mon Père, venez, venez à mon secours ! » Mais, hélas ! il n'était plus temps, le bon Dieu l'avait abandonné en punition de ses sacrilèges et de ses impiétés. « Ah ! mon Père, voilà deux lions effroyables qui veulent m'emporter ! Ah ! mon père, à mon secours ! » L'abbé, tout épouvanté, se jeta à genoux pour demander grâce pour lui ; mais c'était trop tard, la justice de Dieu l'avait livré à la puissance des démons. Le malade change tout à coup de voix et prend un ton rassis ; il se met à lui parler comme une personne qui n'est nullement malade et qui a tout son esprit : « Mon Père, lui dit-il, ces lions qui tout à l'heure étaient autour de moi se sont retirés. » Mais, comme ils parlaient familièrement ensemble, le malade perdit la parole et sembla être mort. Cependant, quoique le religieux crût qu'il était mort, il voulut voir la fin malheureuse de tout cela ; il passa le reste de la nuit auprès du malade. Ce pauvre malheureux, après quelques moments, revint à lui-même, reprit la parole comme auparavant, et dit au supérieur : « Mon Père, je viens d'être cité au tribunal de Jésus-Christ, et mes impiétés et mes sacrilèges sont cause que je suis condamné à aller brûler dans les enfers. » Le supérieur, tout épouvanté, se mit à prier, afin de demander s'il y aurait encore ressource pour le salut de ce malheureux ; le mourant, le voyant prier, lui dit : « Mon Père, quittez votre prière ; le bon Dieu ne vous exaucera jamais à mon égard, les démons sont à mes côtés ; ils n'attendent que le moment de ma mort, qui ne tardera pas pour m'entraîner dans les enfers où je vais brûler toute l'éternité. » Tout à coup, saisi de frayeur : « Ah ! mon Père, le démon m'emporte ; adieu mon Père, j'ai méprisé vos conseils, et je suis damné. » En disant cela, il vomit sa maudite âme en enfer. Le supérieur se retira en versant des larmes sur le sort de ce malheureux qui, de son lit, était tombé en enfer. Hélas ! M.F., que le nombre est grand de ces profanateurs, que de chrétiens qui ont perdu la foi par les sacrilèges ! Hélas ! M.F., si nous voyons tant de chrétiens qui ne fréquentent plus les sacrements, ou qui ne les fréquentent que bien rarement, n'en cherchons point d'autres raisons que les sacrilèges. Hélas ! combien d'autres qui sont déchirés par les remords de leur conscience, qui se sentent coupables de sacrilèges, et qui, dans un état qui fait frémir le ciel et la terre, attendent la mort ! Ah ! M.F., n'allez pas plus loin, vous n'êtes pas encore arrivés au même malheur que ce réprouvé dont nous venons de parler. Mais que savez-vous si, avant la mort, vous ne serez pas abandonnés de Dieu comme lui ; et jetés dans le feu ? Ô mon Dieu ! comment pouvoir vivre dans un état aussi effrayant ? Ah ! M.F., il est encore temps, revenons, allons nous jeter aux pieds de Jésus-Christ, qui repose dans le sacrement adorable de l'Eucharistie. Il offrira de nouveau le mérite de sa mort et passion pour nous à son Père, et nous sommes sûrs d'obtenir miséricorde. Oui, M.F., nous sommes sûrs que, si nous avons un grand respect pour la présence de Jésus-Christ dans le Sacrement adorable de nos autels, nous obtiendrons tout ce que nous voudrons. Puisque, M.F., ces processions sont toutes consacrées pour adorer Jésus-Christ dans le Sacrement adorable de l'Eucharistie, pour le dédommager des outrages qu'il y reçoit, suivons-le dans les processions, marchons à sa suite avec autant de respect et de dévotion que les premiers chrétiens le suivaient dans ses prédications, où il ne passait jamais dans un endroit sans y répandre toute sorte de bénédictions . Oui, M.F., nous voyons dans l'histoire, par quantité d'exemples, comment le bon Dieu punit les profanateurs de la présence adorable de son Corps et de son Sang. Il est rapporté qu'un voleur, étant entré dans une église pendant la nuit, enleva tous les vases sacrés où étaient renfermées les saintes hosties ; il les emport jusque dans un endroit, c'est-à-dire, une place qui était, près de Saint-Denis. Étant là, il voulut voir de nouveau les vases, afin de savoir s'il avait encore laissé quelques hosties. Il en trouva encore une, qui, dès que le vase fût ouvert, s'envola en l'air et voltigeait après lui : ce fut ce prodige qui fit découvrir le voleur par des personnes qui l'arrêtèrent. L'abbé de Saint-Denis en fut averti, et en donna avis à l'évêque de Paris. La sainte Hostie demeura miraculeusement suspendue en l'air. L'évêque étant venu avec tous ses prêtres et quantité d'autres personnes en procession, la sainte Hostie alla se reposer dans le ciboire du prêtre qui l'avait consacrée. On la porta dans une église, où l'on fonda une grand'messe un jour de chaque semaine en mémoire de ce miracle . Dites-moi, M.F., en faut-il davantage pour nous inspirer un grand respect pour la présence de Jésus-Christ, soit que nous soyons dans nos églises, soit que nous le suivions dans nos processions ? Venons à Lui avec une grande confiance ; il est bon, il est miséricordieux, il nous aime, et d'après cela, nous sommes sûrs de recevoir tout ce que nous lui demandons ; mais ayons l'humilité, la pureté, l'amour de Dieu, le mépris de la vie ;... prenons bien garde de ne pas nous laisser aller aux distractions... Aimons le bon Dieu, M.F., de tout notre cœur, et par là, nous aurons notre paradis en ce monde...

VENDREDI SAINT Le péché renouvelle la passion de Jésus-Christ Prolapsi sunt, rursum crucifigentes sibimetipsis Filium Dei. Ceux qui pèchent crucifient en eux-mêmes de nouveau le Fils de Dieu. (Saint Paul aux Hébreux, IV, 6.) Pouvons-nous, M.F., concevoir un crime plus horrible que celui des Juifs, quand ils firent mourir le Fils de Dieu, qu'ils attendaient depuis quatre mille ans, lui qui avait été l'admiration des prophètes, l'espérance des patriarches, la consolation des justes, la joie du ciel, le trésor de la terre, le bonheur de l'univers ? Quelques jours auparavant, ils l'avaient reçu en triomphe à son entrée à Jérusalem, manifestant ainsi clairement qu'ils le reconnaissaient pour le Sauveur du monde. Dites-moi, M.F., est-il possible que, malgré tout cela, ils veuillent le faire mourir, après l'avoir accablé de toutes sortes d'outrages ? Quel mal leur avait donc fait ce divin Sauveur ? Ou plutôt, quel bien ne leur faisait-il pas, en venant les délivrer de la tyrannie du démon, les réconcilier avec son Père, leur ouvrir la porte du ciel que le péché d'Adam leur avait fermée ? Hélas ! de quoi n'est pas capable l'homme qui se laisse aveugler par ses passions ! Pilate laissa aux Juifs le choix de leur délivrer ou Jésus ou Barabbas, qui était un insigne voleur. Ils délivrent le voleur chargé de crimes ; et Jésus, qui était l'innocence même, bien plus encore, leur Rédempteur ; ils veulent qu'on le fasse mourir ! Ô mon Dieu ! quelle indigne préférence ! Cela vous étonne, M.F., vous avez bien raison ; cependant, si j'osais, je vous dirais que nous faisons cette préférence toutes les fois que nous péchons. Et pour mieux vous le faire sentir, je vais vous montrer combien grand est l'outrage que nous faisons à Jésus-Christ en préférant la voie de nos penchants à la voie de Dieu. Oui, M.F., la malice des hommes leur a fait trouver, des moyens pour renouveler les souffrances et la mort de Jésus-Christ, non seulement d'une manière aussi cruelle que chez les Juifs, mais encore d'une manière sacrilège et pleine d'horreur. Jésus-Christ, sur la terre, n'avait qu'une vie et qu'un calvaire où il devait être crucifié ; mais, depuis sa mort, l'homme, par son péché, lui fait trouver autant de croix qu'il y a de cœurs sur la terre. Pour mieux vous en convaincre, voyons cela de plus près. Qu'apercevons-nous dans la passion de Jésus-Christ. ? N'est-ce pas un Dieu trahi, abandonné même de ses disciples ; un Dieu mis en parallèle avec un infâme voleur ; un Dieu exposé à la fureur du libertinage et traité comme un roi de théâtre ? Enfin, n'est-ce pas un Dieu crucifié sur une croix ? Tout cela, vous en conviendrez, était bien humiliant et bien cruel dans la mort de Jésus-Christ. Cependant M.F., je ne crains pas de vous dire que ce qui se passe tous les jours parmi les chrétiens, est encore bien plus sensible à Jésus-Christ, que tout ce que les Juifs ont pu lui faire souffrir.  1? Je sais bien que Jésus-Christ fut trahi et abandonné de ses apôtres : ce fut là peut-être même la plaie la plus sensible à son cœur si bon. Mais je dis que par la malice de l'homme et du démon, cette plaie si douloureuse est renouvelée chaque jour, chez un nombre infini de mauvais chrétiens. Si Jésus-Christ, M.F., dans la sainte messe, nous a laissé le souvenir et le mérite de sa passion, il a permis qu'il y eût encore des hommes, des chrétiens portant le caractère de ses disciples, et qui néanmoins le trahissent et l'abandonnent, dès que l'occasion s'en présente. Ils ne se font point scrupule de renoncer à leur baptême, ni de renier leur foi ; et cela, par la crainte d'être raillés ou méprisés de quelques libertins ou de quelques petites ignorantes. De ce nombre sont les trois quarts des gens de nos jours, qui n'osent montrer par leurs actes qu'ils sont chrétiens. Or, nous abandonnons notre Dieu, toutes les fois que nous laissons nos prières soir ou matin, et que nous manquons la sainte Messe, les Vêpres, ou autres exercices qui se font dans l'église. Nous avons abandonné le bon Dieu, depuis que nous ne fréquentons plus les sacrements. Ah ! Seigneur, où sont ceux qui vous sont fidèles, et qui vous suivent jusqu'au Calvaire ?... Jésus-Christ, dans le temps de sa passion, prévoyait déjà combien peu de chrétiens le suivraient partout, combien peu il y en aurait, que ni les tourments, ni la mort ne pourraient séparer de lui. Parmi tous ses disciples, il n'y eut alors que sa sainte Mère et saint Jean, qui eurent assez de courage, pour l'accompagner jusqu'au Calvaire. Tant que Notre-Seigneur combla ses disciples de bienfaits, ils furent toujours prêts à souffrir. Tels étaient saint Pierre, saint Thomas ; mais le moment, de l'épreuve arrivé, tous s'enfuirent, tous l'abandonnèrent. Image évidente de tant de chrétiens qui font à Dieu les plus belles résolutions ; mais qui, à la moindre épreuve, le laissent et l'abandonnent : ils ne veulent reconnaître ni Dieu, ni sa providence ; une petite calomnie, un petit tort qu'on leur fera, une maladie un peu longue, la crainte de perdre l'amitié d'une personne de qui ils ont reçu ou de qui ils attendent quelque bien, leur fait alors regarder la religion comme rien ; ils la mettent de côté, et vont même jusqu'à se déchaîner contre ceux qui la pratiquent. Ils tournent tout en mal, maudissent les personnes qu'ils croient en être cause. Hélas ! mon Dieu, que de déserteurs ! qu'il y a peu de chrétiens pour vous suivre, comme la sainte Vierge, jusqu'au Calvaire !... Mais, me direz-vous, comment pouvons-nous connaître que nous suivons Jésus-Christ ? – M.F., rien de plus facile à savoir. C'est lorsque vous observez fidèlement les commandements. Il nous est ordonné de prier Dieu soir et matin, avec un grand respect : eh bien ! le faites-vous à genoux, avant de travailler, dans le désir de plaire à Dieu et de sauver votre âme ? Ou bien, au contraire, le faites-vous par habitude, par routine, sans penser à Dieu, sans songer que vous êtes en danger de vous perdre, et que, par conséquent, vous avez besoin des grâces du bon Dieu pour ne pas vous damner ? Les commandements de Dieu vous défendent de travailler le saint jour du dimanche. Eh bien ! voyez si vous y êtes fidèles, si vous avez passé saintement ce jour, à prier, à vous confesser de vos péchés, crainte que la mort ne vous surprenne dans un état capable de vous conduire en enfer. Examinez la manière dont vous avez assisté à la sainte Messe, pour voir si vous avez été bien pénétrés de la grandeur de cette action, si vous avez vraiment pensé que c'était Jésus-Christ lui-même, comme homme et comme Dieu, qui était présent à l'autel ? Y êtes-vous venus avec les dispositions que la sainte Vierge avait sur le Calvaire, puisque c'est le même Dieu et le même sacrifice ? Avez-vous témoigné à Dieu combien vous étiez fâchés de l'avoir offensé, et qu'avec le secours de sa grâce, vous aimeriez mieux mourir que de pécher à l'avenir ? Avez-vous fait tout votre possible pour vous rendre dignes des faveurs que le bon Dieu voulait vous accorder ? Lui avez-vous demandé qu'il vous fît la grâce de bien profiter des instructions que vous avez le bonheur d'entendre, et dont le but est de vous instruire sur vos devoirs envers lui et envers votre prochain ? Les commandements de Dieu vous défendent de jurer : voyez quelles paroles sont sorties de votre bouche, consacrée à Dieu par le saint baptême ; examinez si vous n'avez jamais juré le saint nom de Dieu, si vous n'avez point dit de mauvaises paroles, etc. Le bon Dieu vous ordonne par un commandement, d'aimer vos père et mère, et le reste. Vous dites que vous êtes enfant de l'Église : voyez si vous observez ce qu'elle vous commande... (citer les commandements.) Oui, M.F., si nous sommes fidèles à Dieu comme la sainte Vierge, nous ne craindrons ni le monde, ni le démon ; nous serons prêts à tout sacrifier, même notre vie. Voici un exemple. L'histoire raconte qu'après la mort de saint Sixte, toutes les richesses de l'Église furent confiées à saint Laurent. L'empereur Valérien fit venir le saint, et lui ordonna de lui livrer tous ces trésors. Saint Laurent, sans s'émouvoir, demanda au prince un délai de trois jours. Pendant ce temps, il rassembla tout ce qu'il put trouver d'aveugles, de boiteux et d'autres pauvres ou malades, remplis d'infirmités ou couverts d'ulcères. Les trois jours écoulés, saint Laurent les montra à l'empereur en lui disant que là était tout le trésor de l'Église. Valérien, surpris et épouvanté de se trouver en présence d'une foule qui semblait réunir toutes les misères de la terre, entra en fureur, et se tournant vers ses soldats, il ordonna de charger Laurent de chaînes et de fers, se réservant le plaisir de le faire mourir d'une mort lente et cruelle. En effet, il le fit battre de verges, lui fit déchirer la peau et subir des tourments de toutes sortes : le saint se jouait de toutes ces tortures ; aussi Valérien ne se possédant plus, fit dresser un lit de fer sur lequel Laurent fut étendu ; puis on alluma dessous un petit feu de charbon, afin de le faire rôtir à loisir, et de rendre ainsi sa mort plus cruelle et plus lente. Quand le feu eut consumé une partie de son corps, saint Laurent, se jouant toujours des supplices, se tourna vers l'empereur, le visage riant et tout éclatant de lumière : « Ne vois-tu pas, lui dit-il, que ma chair est assez rôtie d'un côté ? tourne-la donc de l'autre, afin qu'elle soit également glorieuse dans le ciel. » Sur l'ordre du tyran, les bourreaux tournèrent le martyr. Quelque temps après, saint Laurent s'adressa à l'empereur : « Ma chair est présentement assez rôtie, tu peux en manger. » Ne reconnaissez-vous pas là, M.F., un chrétien, qui, imitant la sainte Vierge et sainte Madeleine, sait suivre son Dieu jusqu'au Calvaire ? Hélas ! M.F.,. qu'allons-nous devenir lorsque le bon Dieu va nous mettre en face de ces saints, qui ont préféré tout souffrir, plutôt que de trahir leur religion et leur conscience ? 2? Nous ne nous sommes pas contentés d'abandonner Jésus-Christ, comme les apôtres, qui, après avoir été comblés de ses bienfaits, s'enfuirent alors qu'il avait le plus besoin de consolation. Mais, hélas ! que le nombre est grand de ceux qui donnent la préférence à Barabbas, c'est-à-dire, qui aiment mieux suivre le monde et leurs passions, que Jésus-Christ portant sa croix ! Que de fois nous l'avons reçu comme en triomphe dans la sainte communion ; et quelque temps après, séduits par nos passions, nous avons préféré à ce Roi de gloire, tantôt un plaisir d'un moment, tantôt un vil intérêt ; que nous poursuivons malgré les remords de notre conscience ! Que de fois, M.F., n'avons-nous pas été partagés entre notre conscience et nos passions, et, dans ce combat, n'avons-nous pas étouffé la voix de Dieu, pour n'écouter que celle de nos mauvais penchants ? Si vous en doutez, écoutez-moi un instant, et vous le comprendrez aussi clairement qu'il est possible. Notre conscience, qui est notre juge, lorsque nous faisons quelque chose contre la loi de Dieu, nous dit intérieurement : « Que vas-tu faire ?... Voilà ton plaisir d'un côté et ton Dieu de l'autre ; tu ne peux plaire à tous les deux en même temps : pour lequel des deux veux-tu te déclarer ?.. : Renonce ou à ton Dieu ou à ton plaisir. » Hélas ! que de fois nous faisons comme les Juifs ; nous donnons la préférence à Barabbas, c'est-à-dire, à nos passions ! combien de fois n'avons-nous pas dit : « Je veux mon plaisir ! ». Notre conscience nous a répondu : « Mais ton Dieu, que va-t-il devenir ? » – « Qu'il en soit de mon Dieu ce qu'il lui plaira, reprennent nos passions, je veux me satisfaire. » – « Tu sais bien, nous dit la conscience par le remords qu'elle nous fait éprouver, qu'en prenant ces plaisirs défendus, tu vas faire mourir ton Dieu une seconde fois ! ». – « Que m'importe, répond notre passion, si mon Dieu est crucifié, pourvu que je me contente ? » – « Mais quel mal a fait ton Dieu, et quelle raison as-tu de l'abandonner ? Tu sais bien que chaque fois que tu l'as méprisé, tu t'en es repenti, et qu'en suivant tes mauvais penchants, tu perds ton âme, le ciel et ton Dieu ! » – Mais la passion, qui brûle du désir de se satisfaire : « Mon plaisir, voilà ma raison : Dieu est l'ennemi de mon plaisir, qu'il soit crucifié ! » – « Préféreras-tu un plaisir d'un instant à ton Dieu ? » – « Oui, crie la passion, advienne que pourra de mon âme et de mon Dieu, pourvu que je jouisse. » » Voilà cependant, M.F., ce que nous faisons toutes les fois que nous péchons. Il est vrai que nous ne nous en rendons pas toujours compte aussi clairement ; mais nous savons très bien qu'il nous est impossible de désirer et de commettre le péché, sans perdre notre Dieu, le ciel et notre âme. N'est-il pas vrai que, chaque fois que nous sommes sur le point de pécher, nous entendons une voix intérieure qui nous crie d'arrêter ; que sinon, nous allons nous perdre et faire mourir notre Dieu ? Ah ! nous pouvons bien le dire, M.F., la Passion que les Juifs firent souffrir à Jésus-Christ, n'était presque rien en comparaison de celle que les chrétiens lui font endurer par les outrages du péché mortel. Les Juifs préférèrent à Jésus-Christ un voleur qui avait commis plusieurs meurtres ; et que fait le chrétien pécheur ?... Ce n'est pas un homme qu'il préfère à son Dieu, c'est, disons-le en gémissant, une misérable pensée d'orgueil, de haine, de vengeance ou d'impureté ; c'est un acte de gourmandise, un verre de vin, un misérable gain de cinq sous à peine ; c'est un regard déshonnête ou quelque action infâme : voilà ce qu'il préfère au Dieu de toute sainteté ! Ah ! malheureux, que faisons-nous ? Quelle ne sera pas notre horreur, lorsque Jésus-Christ nous montrera ce que nous lui aurons préféré !... Ah ! M.F., pouvons-nous porter si loin noire fureur contre un Dieu qui nous a tant aimés !... Ne soyons pas étonnés si les saints,, qui connaissaient la grandeur du péché, ont préféré souffrir tout ce que la fureur des tyrans a pu inventer, plutôt que de le commettre. Nous en voyons un admirable exemple dans la personne de sainte Marguerite. Son père, prêtre idolâtre et de grande réputation, la voyant chrétienne et ne pouvant la faire renoncer à sa religion, la maltraita de la manière la plus indigne, puis la chassa de sa maison. Marguerite ne se rebuta pas, et, malgré la noblesse de son origine, elle alla mener une vie humble et obscure auprès de sa nourrice, qui, dès son jeune âge, lui avait inspiré les vertus chrétiennes. Un certain préfet du prétoire nommé Olybrius, épris de sa beauté, se la fit amener pour lui faire renier sa foi et l'épouser. Aux premières questions que lui fit le préfet, elle répondit : qu'elle était chrétienne, et qu'elle resterait toujours l'épouse du Christ. Olybrius, irrité de la réponse de la sainte, commanda aux bourreaux de la dépouiller de ses habits et de l'étendre sur le chevalet. Là, il la fit battre de verges avec tant de cruauté, que le sang coulait de tous ses membres. Au milieu de ces tourments, on lui disait de sacrifier aux dieux de l'empire, afin de ne pas perdre sa beauté et la vie par son opiniâtreté. Mais au milieu des supplices, elle criait : « Non, non, jamais pour un bien périssable et un plaisir honteux, je ne quitterai mon Dieu ! Jésus-Christ, qui est mon époux, a soin de moi, et il ne m'abandonnera pas. » Le juge, voyant son courage qu'il appelait opiniâtreté, la fit frapper si cruellement, que, tout barbare qu'il était, il fut obligé de détourner ses regards. Craignant qu'elle ne succombât, il la fit conduire en prison. Le démon apparut à la jeune vierge sous la forme d'un horrible dragon qui semblait vouloir l'engloutir. Mais la sainte ayant fait le signe de la croix, il creva à ses pieds. Après ce terrible combat, elle vit une croix brillante comme un globe de lumière, et une colombe d'une blancheur admirable qui planait au-dessus. Elle se sentit toute fortifiée. Quelque temps après, le juge inique, voyant qu'il ne pouvait rien sur elle, malgré les tortures dont les bourreaux, eux-mêmes étaient épouvantés, lui fit enfin trancher la tête. Eh bien ! M.F., faisons-nous comme sainte Marguerite, nous qui préférons un vil intérêt, à Jésus-Christ ? nous qui aimons mieux transgresser les commandements de Dieu on de l'Église que de déplaire au monde ? nous qui, pour plaire à un ami impie, mangeons de la viande les jours défendus ? nous qui, pour rendre service à un voisin, ne nous faisons point scrupule de travailler, ou de prêter nos bêtes le saint jour du dimanche ! nous, enfin, qui passons une partie de ce jour, et même le temps des offices au jeu ou au cabaret, plutôt que de déplaire à quelque misérable ami ? Hélas ! M.F., les chrétiens qui sont disposés à faire comme sainte Marguerite, à tout sacrifier, leurs biens et leur vie, plutôt que de déplaire à Jésus-Christ, sont aussi rares que les élus, c'est-à-dire aussi rares que ceux qui iront au ciel. Mon Dieu, que le monde a changé ! 3? Nous avons dit que Jésus-Christ, fut exposé aux insultes du libertinage, et traité comme un roi de théâtre par une troupe de faux adorateurs. Voyez ce Dieu que le ciel et la terre ne peuvent contenir, qui, s'il le voulait, d'un seul regard anéantirait le monde : on lui jette sur les épaules un vil manteau d'écarlate : on lui met un roseau à la main et une couronne d'épines sur la tête ; on le livre à une cohorte insolente de soldats. Hélas ! dans quel état est réduit celui que les anges n'adorent qu'en tremblant ! On plie le genoux devant lui par la plus amère dérision ; on arrache le roseau qu'il tenait à la main, on lui en frappe la tête. Oh ! quel spectacle ! oh ! quelle impiété !... Mais la charité de Jésus est si grande, que, malgré tant d'outrages, et sans faire entendre aucune plainte, il meurt volontairement pour nous sauver tous. Et pourtant, M.F., ce spectacle que nous ne pouvons considérer qu'en frémissant, se reproduit tous les jours dans la conduite d'un grand nombre de chrétiens. Considérons la manière dont ces malheureux se comportent pendant les offices divins, en présence d'un Dieu qui s'est anéanti pour nous, qui ne repose sur nos autels et dans nos tabernacles que pour nous combler de toutes sortes de biens ; quelles adorations lui rendent-ils ! Jésus-Christ n'est-il pas traité encore plus cruellement par les chrétiens que par les Juifs, qui n'avaient pas, comme nous, le bonheur de le connaître ? Voyez ces personnes sensuelles : à peine plient-elles un genou pendant les instants les plus redoutables du mystère ; voyez ces rires, ces paroles, ces regards jetés de toute part dans l'église, ces signes que se font tous ces petits impies et ces petits ignorants : et ce n'est encore que l'extérieur ; si nous pouvions pénétrer jusque dans le fond des cœurs, hélas ! que de pensées de haine, de vengeance, d'orgueil ! Oserais-je le dire, que de pensées impures dévorent et corrompent ces cœurs ! Ces pauvres chrétiens n'ont souvent ni livres, ni chapelets pendant la sainte Messe, et ne savent à quoi occuper le temps des offices ; aussi écoutez-les se plaindre et murmurer de ce qu'on les retient trop longtemps en la sainte pré sence de Dieu. Ô Seigneur ! quel outrage et quelle insulte l'on vous fait, à l'heure même où vous ouvrez avec tant de bonté et d'amour les entrailles de votre miséri corde !... Je ne m'étonne pas, M.F., que les Juifs aient comblé Jésus-Christ d'opprobres, l'aient regardé comme un criminel, bien plus, aient cru faire en cela une bonne œuvre ; car « s'ils l'avaient connu, nous dit saint Paul, jamais ils n'auraient fait mourir le Roi de gloire . » Mais, des chrétiens qui savent très bien que Jésus-Christ lui-même est présent sur nos autels, et combien leur peu de respect l'offense et leur impiété le méprise !... Ô mon Dieu ! des chrétiens, s'ils n'avaient pas perdu la foi, pourraient-ils paraître dans vos temples sans trembler et sans pleurer amèrement leurs péchés ! Combien vous crachent au visage par trop de soin d'embellir leur tête ; combien vous couronnent d'épines par leur orgueil ; combien vous font sentir les rudes coups de la flagellation, par les actions impures dont ils profanent leur corps et leur âme ; combien, hélas ! vous donnent la mort par leurs sacrilèges ; combien vous tiennent cloué sur la croix en restant dans le péché !... Ô mon Dieu ! que vous retrouvez de Juifs parmi les chrétiens !... 4? Nous ne pouvons penser sans frémir à ce qui se passa au pied de la croix : c'était là que le Père éternel attendait son Fils adorable pour décharger sur lui tous les coups de sa justice. Nous pouvons dire aussi que c'est au pied des autels, que Jésus-Christ reçoit les outrages les plus sanglants. Hélas ! que de mépris de sa sainte présence ! que de confessions mal faites ! que de messes mal entendues ! que de communions sacrilèges ! Ah ! M.F., ne pourrais-je pas vous dire avec saint Bernard : « Que pensez-vous de votre Dieu, quelle idée en avez-vous ? Malheureux, si vous en aviez l'idée que vous devez en avoir, viendriez-vous jusqu'à ses pieds pour l'insulter ? » C'est insulter Jésus-Christ que de venir dans nos églises, à la face de nos autels, avec un esprit distrait et tout rempli des affaires du monde ; c'est insulter la majesté de Dieu, que de se tenir en sa présence avec moins de modestie que dans la maison des grands du monde. Elles l'outragent, ces femmes et ces filles mondaines, qui semblent ne venir au pied des autels que pour étaler leur vanité, attirer les regards, et dérober la gloire et l'adoration qui ne sont dues qu'à Dieu seul. Dieu est patient, M.F., mais il aura son tour... Laissez venir l'éternité !... Si autrefois Dieu se plaignait que son peuple lui était infidèle et profanait son saint nom, quelles plaintes ne devrait-il pas nous faire maintenant que, non content d'outrager son saint nom par des jurements à faire frémir l'enfer, on profane le corps adorable de son Fils et son sang précieux !... Ô mon Dieu, où en êtes vous réduit ?... Autrefois vous n'avez eu qu'un calvaire, et maintenant, vous en avez autant qu'il y a de ces mauvais chrétiens !... Que conclure de tout cela, M.F., sinon que nous sommes bien malheureux de faire tant souffrir notre Sauveur qui nous a tant aimés ? Non, ne faisons plus mourir Jésus-Christ par nos péchés, laissons-le vivre en nous ; et vivons nous-mêmes de sa grâce. Ainsi, nous aurons le sort de tous ceux qui ont évité le péché et fait le bien dans la seule vue de lui plaire. C'est ce que je vous souhaite.

 

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