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édition par Jean-Marie Weber et JESUSMARIE.com

Pie XII
ENCYCLIQUE

« SEMPITERNUS REX »
 

PUBLIÉE A L'OCCASION DU XVe CENTENAIRE DU
CONCILE DE CHALCÉDOINE

 ( 8  septembre 1951)

EXTRAITS
 

(Pie XII rappelle d'abord l'antique et vénérable autorité des quatre premiers Conciles oecuméniques (Nicée, 325; Constantinople, 381; Ephèse, 431; Chalcédoine, 451)).

De même qu'en l'année 1925, Notre prédécesseur Pie XI, d'heureuse mémoire, voulut commémorer anciennement dans la Ville éternelle le saint Concile de Nicée, puis évoqua en 1931 le saint Concile d'Ephèse par l'encyclique Lux Veritatis, ainsi tenon-Nous à rappeler par cette lettre, avec la même vénération et le même soin, le souvenir du Concile de Chalcédoine: ayant en effet pour objet l'union hypostatique du Verbe incarné, les Conciles d'Éphèse et de Chalcédoine sont indissolublement liés entre eux; tous deux sont en grand honneur depuis les temps anciens, soit auprès des Orientaux, où ils jouissent d'une commémoration liturgique, soit auprès des Occidentaux, comme en témoigne Grégoire le Grand qui les exalta au même degré que les deux Conciles oecuméniques célébrés auparavant – les Conciles de Nicée et de Constantinople – en prononçant cette célèbre sentence: sur quatre pierres s'élève l'édifice de la sainte foi et réside toute vie et toute action. Quiconque ne s'appuie pas sur ce solide fondement, semblât-il lui-même un rocher, il gît hors de l'édifice. (Registrum Epistularum I, 25, al 24; P. L., LXXVII, 478, Ed. Ewald, I, 36).

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Le primat du Pontife romain qui, dans cette très grave controverse chistologique, resplendit vivement;
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La définition dogmatique de Chalcédoine, de si grande importance.
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(C'est alors qu'on a recours à l'autorité de saint Léon le Grand, évêque du Siège apostolique) dont la suite des siècles admire sans se lasser les éclatantes et solides vertus, le zèle pour la religion et pour la paix, le souci de la vérité et de la dignité de la Chaire romaine, la dextérité dans les affaires et, pareillement, l'éloquence harmonieuse. Nul n'était mieux armé ni plus apte pour combattre l'erreur eutychéenne que ce Pontife qui, dans ses sermons et dans ses lettres, aimait à exalter et à célébrer avec une pieuse magnificence et une magnifique piété le mystère, jamais assez proclamé, de l'unique Personne et de la double nature dans le Christ: « L'Église catholique vit de cette foi que dans le Christ-Jésus ni l'humanité n'est crue sans la vraie divinité, ni la divinité sans la vraie humanité. » (S. LEONIS M., Ep. XXVIII, 5; P. L., LIV; 777).

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Il convient de rappeler ici que cette lettre, d'une importance capitale, de Léon à Flavien sur l'Incarnation du Verbe, fut lue dans la troisième session du Concile. A peine le lecteur eut-il achevé que tous les Pères présents, d'un seul coeur et d'une seule voix, s'écrièrent: « Telle est la foi de nos pères, telle est la foi des apôtres. Ainsi, nous croyons tous, ainsi croient les orthodoxes. Anathème à qui ne croit pas ainsi. C'est Pierre qui a parlé par Léon. » (SCHWARTZ, II, vol. I, pars altera, p. 81 (277), act. III; MANSI, VI, 971; act. II).

Outre la distinction des deux natures dans le Christ, la distinction des propriétés et opérations de ces deux natures est clairement démontrée dans cette lettre: « Les propriétés de l'une et l'autre nature étant sauvegardées et se rencontrant en une seule personne, la majesté a pris l'humilité, la force a pris la faiblesse, l'éternité, la condition mortelle. » (Ep. XXVIII, 3; P. L., LIV, 763). Et encore: « Chacune des deux natures retient sans diminution ce qui lui est propre. » (Ep. XXVIII, 3; P. L., LIV, 765; Cf. Serm XXIII, 2; P. L., LIV, 201).

Toutefois, la double série de ces propriétés et de ces opérations est attribuée à l'unique personne du Verbe, car « Celui qui est vrai Dieu est le même qui est vrai homme. » C'est pourquoi:: « L'une et l'autre nature fait en communion avec l'autre ce qui lui est propre: le Verbe fait ce qui appartient au Verbe et la chair exécute ce qui appartient à la chair. » (Ep. XXVIII, 4; P. L., LIV, 767). On voit là employée ce qu'on appelle la communication des idiomes que Cyrille défendit à bon droit contre Nestorius en vertu de cet axiome que les deux natures subsistent dans l'unique personne du Verbe, du Verbe engendré par le Père avant les siècles, selon la divinité, et né de Marie dans le temps selon l'humanité.

Cette haute doctrine puisée dans l'Évangile, en accord avec ce qui avait été décrété au Concile d'Ephèse, condamne Eutychès, sans épargner Nestorius. Avec elle est absolument et parfaitement harmonisée la définition dogmatique du Concile de Chalcédoine qui, semblablement, prononce avec clarté et précision qu'il y a dans le Christ deux natures distinctes et une seule personne; voici en quels termes « Le saint, grand et universel Concile condamne aussi ceux qui imaginent deux natures dans le Seigneur avant l'union et une seule après l'union. Aussi, suivant les saints Pères, nous enseignons, tous unanimement un seul et même Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, complet quant à la divinité et complet quant à l'humanité, vraiment Dieu et vraiment homme, composé d'une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité, semblable à nous en tout hormis le péché; engendré du Père avant les siècles, selon la divinité, et, selon l'humanité, né pour nous et pour notre salut dans les derniers temps, de la Vierge Marie, Mère de Dieu; un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique en deux natures, sans mélange, sans transformation, sans division, sans séparation: car l'union n'a pas supprimé la différence des natures: chacune a conservé sa manière d'être propre, et s'est rencontrée avec l'autre dans une unique personne et substance, non point séparé et divisé en deux personnes, mais un seul et même fils unique, Dieu, Verbe, Seigneur Jésus-Christ. » (MANSI, VII, 114 et 115).

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C'est seulement en croyant d'une foi sainte et sans tache qu'il y a dans le Christ une seule personne, celle du Verbe, en qui s'unissent les deux natures, la divine et l'humaine, vraiment distinctes l'une de l'autre, avec leurs propriétés et opérations diverses, que se manifestent la magnificence et la bonté de notre rédemption telles qu'on ne pourra jamais assez les exalter.

O sublimité de la miséricorde et de la justice de Dieu qui est venu au secours des coupables et en a fait ses fils! O cieux qui se sont abaissés pour que les brumes de l'hiver se dissipent et que les fleurs apparaissent sur notre terre (cf. Cant., II, 11) et que nous devenions des hommes nouveaux, une création nouvelle, une nouvelle formation, une nation sainte, une race céleste! Le Verbe a vraiment souffert dans sa  chair, il a versé son sang sur la croix et il a payé pour nous au Père céleste le prix surabondant de la satisfaction: d'où il résulte qu'un espoir certain de salut brille pour ceux qui adhèrent à lui par une foi sincère et une charité active, et qui, par le secours de la grâce qu'il leur donne, produisent des fruits de justice.

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Qu'ils se hâtent donc ceux que l'iniquité des temps en a séparés de rendre l'hommage qui lui est dû à ce Siège Apostolique, pour qui présider, c'est servir, à ce rocher de la vérité que Dieu a dressé inébranlable; qu'ils aient devant les yeux et qu'ils imitent Flavien, ce nouveau Jean Chrysostome, souffrant pour la justice, qu'ils imitent les Pères du Concile de Chalcédoine...De ce retour à l'unité de l'Église, Nous prévoyons que découlera une abondante effusion de biens pour l'avantage commun du monde chrétien.

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Nous souhaitons et Nous désirons que tous ceux qui ont à coeur le chaleureux appel à embrasser l'unité chrétienne – et aucun de ceux qui appartiennent au Christ ne peut sous-estimer une si grande cause – Nous souhaitons qu'ils adressent des prières et des supplications à Dieu, de qui procèdent l'ordre, l'unité, la beauté, afin que les louables voeux des meilleurs soient bientôt accomplis.

La recherche tranquille, sans colère et sans parti pris, par laquelle aujourd'hui plus qu'autrefois, on reconstitue et considère les faits du passé, contribue certainement à aplanir la route qui conduit au but.

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