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Sainte Faustine - Héléna Kowalska
Le Petit Journal
édition numérique

101. Jésus, vous seul savez comment l’âme, enveloppée de ténèbres, gémit dans ces supplices et que, malgré cela, elle a faim et soif de Dieu comme une bouche brûlée a soif d’eau. Elle meurt et se dessèche, elle meurt d’une mort sans mort, c'est-à-dire qu’elle ne peut pas mourir. Ses efforts sont inutiles, une main puissante est posée sur elle.

Désormais elle est au pouvoir du Juste. Toutes les tentations extérieures cessent, tout ce
Qui l’entoure se tait. Comme l’agonisant, l’âme perd de vue tout ce qui est extérieur :
Elle est toute entière recueillie sous la puissance du Dieu Juste et Trois fois Saint.
« Rejetée pour l’éternité » : c’est le moment suprême, et Dieu seul peut éprouver l’âme de cette façon, car lui seul sait qu’elle est capable de le supporter. Quand l’âme a été
entièrement consumée par ce feu infernal, elle est prise de désespoir.

Mon âme a vécu ce moment, alors que j’étais seule dans ma cellule. Quand elle commença à s’enfoncer dans le désespoir, j’entrais en agonie ; je saisis ma petite croix et la serrait convulsivement dans la main. Je sentis qu’en moi, le corps se détachait de l’âme, si bien que, désirant aller voir mes Supérieures, je n’en avais plus la force. J’ai alors prononcé les derniers mots : « Miséricorde de Dieu, j’ai confiance en vous ! » et il m’a semblé que j’avais augmenté la colère de Dieu.

Je sombrais dans le désespoir et seul, de temps en temps, un gémissement douloureux,
un gémissement inexprimable s’exhalait de mon âme, à l’agonie. Il me semblait que je resterais dans cet état, car je me sentais incapable d’en sortir par mes propres forces. Chaque souvenir de Dieu me plonge dans un océan d’indicibles souffrances ; et malgré cela, il y a quelque chose dans l’âme qui est attiré vers Lui, mais il lui semble que ce n’est que pour qu’elle souffre davantage. Le souvenir de l’amour dont Dieu l’entourait
autrefois lui est un surcroît de tourment. Son regard la transperce, et sous ce regard, tout est brûlé dans l’âme.

102. Après un certain temps, une des Sœurs entra dans la cellule et me trouva presque morte. Effrayée, elle alla trouver la Mère Maîtresse, qui, en vertu de l’obéissance, m’ordonna de me lever. Aussitôt, je sentis des forces me revenir et je me relevai de terre, toute tremblante. La Maîtresse identifia d’emblée mon état, elle me parla de l’inconcevable  miséricorde divine : « Ne vous affligez de rien, ma sœur, je vous l’ordonne en vertu de l’obéissance. » Elle ajouta : « Maintenant je sais que Dieu vous appelle à une haute sainteté, le Seigneur veut vous avoir bien près de Lui, puisque Il permet de telles choses si tôt. Soyez fidèle à Dieu, ma Sœur, car c’est le signe qu’Il veut vous avoir haut dans le ciel. » Mais je ne comprenais rien à ces paroles.

Quand je suis entrée à la chapelle, je sentis comme si tout se détachait de mon âme, comme si je venais de sortir de la Main de Dieu. Je sentis l’inviolabilité de mon âme. Je sentis que j »étais un tout petit enfant.
103. Soudain je vis intérieurement le Seigneur qui me dit : « N’aie pas peur, ma fille, Je suis avec toi. » A ce moment tous les tourments et les ténèbres prirent fin, mes sens furent pénétrés d’une joie indicible et les puissances de mon âme inondées de lumière.

104. Je veux encore mentionner que, bien que mon âme fut déjà sous les rayons de Son amour, les traces du tourment passé restèrent sur mon corps : pendant deux jours j’eus la figure mortellement pâle et les yeux injectés de sang. Jésus seul sait ce que j’ai souffert.

Ce que j’ai écrit est bien faible en comparaison de la réalité. Je ne sais comment l’exprimer, il me semble que je suis revenue de l’au-delà. Je sens un dégoût pour ce qui est crée. Je me blottis contre le Cœur de Dieu comme un nourrisson contre la poitrine de sa mère. Je vois tout avec un autre regard. Je suis consciente de ce que le Seigneur a achevé, d’un mot, en mon âme : je vis de cela. Au souvenir du supplice passé, un frisson me saisit. Je n’aurais pas cru qu’on pût tant souffrir si je n’étais pas moi-même passée par là. C’est une souffrance purement spirituelle.

105. Cependant au milieu de toutes ces souffrances et ces combats, je n’ai jamais omis la Sainte Communion. Quand il me semblait que je ne devais pas communier, j’allais avant la Messe chez la Maîtresse pour lui dire que je ne pouvais communier, car il me semblait que je ne le devais pas. Mais elle ne me permettait pas d’y manquer et je reconnais que l’obéissance seule m’a sauvée.
La Maîtresse me confia plus tard que ces épreuves avaient rapidement pris fin, parce que: « Vous étiez obéissante, ma Sœur. C’est par la force de l’obéissance que vous avez passé ceci, avec tant de courage. » C’est vrai, que, Seul le Seigneur fait sortir de ce tourment. Mais la fidélité à l’obéissance Lui plaît. Bien que ce soit là des supplices affreux, l’âme ne doit pas s’en effrayer ; car Dieu n’éprouve pas au-delà de ce que nous pouvons supporter. D’un autre côté, Il pourrait ne jamais nous donner de telles souffrances.

106. J’écris ceci, car s’il plait au Seigneur de faire passer une âme par de pareils tourments, qu’elle n’ait pas peur ; mais qu’elle soit, autant que cela dépend d’elle, fidèle à Dieu qui ne lui fera pas de tort. Car il est tout amour. Il l’a créée en vertu de cet amour inconcevable. Quand j’étais ainsi tourmentée, je ne comprenais pas.

107. O mon Dieu, je reconnais que je ne suis pas de cette terre :le Seigneur a fortement imprégné mon âme de ce sentiment. Je me trouve davantage en contact avec le Ciel qu’avec la terre, mais je ne néglige rien de mes devoirs.

108. A ce moment-là, je n’avais pas de directeur spirituel et je ne recevais aucune direction. Je demandai un directeur au Seigneur, mais il ne m’en donnait pas. C’est Jésus, Lui-même, qui est mon maître depuis l’enfance jusqu'à maintenant. Il m’a menée à travers tous les déserts et tous les dangers ; et je vois clairement que seul Dieu pouvait me faire traverser de tels dangers, sans qu’il n’en résultat aucun dégât, ni aucun dommage pour mon âme qui resta intacte. Je remportais la victoire sur toutes les difficultés, qui étaient inconcevables, et j’en sortais… Le Seigneur ne me donna un directeur que plus tard.

109. Après ces souffrances, l’âme connaît une grande pureté spirituelle et se trouve très proche de Dieu ; je dois cependant remarquer qu’au milieu de ces tourments spirituels, , elle est proche de Dieu, mais elle est aveugle. Le regard de l’âme est plongé dans les ténèbres ; Dieu est tout proche de l’âme qui souffre, seulement tout le secret est qu’elle n’en sait rien. Elle affirme que non seulement Dieu l’a délaissée, mais qu’elle l’objet de Sa haine. Quelle grave maladie que cet aveuglement de l’âme ! Frappée de la lumière divine, l’âme affirme que cette lumière n’existe pas, alors que justement elle est si forte qu’elle l’aveugle. Malgré tout, j’ai reconnu plus tard que Dieu est plus proche de l’âme dans ces moments qu’à d’autres, car elle ne pourrait pas endurer ces épreuves à l’aide d’une simple grâce. La toute –puissance de Dieu agit ici à l’aide d’une grâce extraordinaire, car autrement l’âme succomberait au premier choc.

110. O Divin Maître, Vous seul êtes à l’œuvre dans mon âme. O Seigneur, Vous ne craignez pas de placer une ^me au bord d’un précipice où elle ressent  peur et angoisse, et de nouveau vous la rappelez vers Vous. Voilà Vos inconcevables mystères.

111. Lorsque pendant ces tourments de l’âme, je tâchais de m’accuser dans la confession de toutes les plus petites choses, le prêtre s’étonnait  que je ne commette pas de faute plus grave et il me dit « Si vous êtes aussi fidèle à Dieu pendant ces tourments, ceci, seul, est la preuve que Dieu vous soutient, ma Sœur, d’une grâce particulière ; et c’est aussi bien que vous ne le compreniez pas. » Mais c’est chose étonnante que dans cette  matière, les confesseurs n’aies pu me comprendre, ni m’apaiser, jusqu’à ce que je rencontre le père  Andrasz Sopocko.

112. Quelques mots sur la confession et les confesseurs. C’est seulement le souvenir de ce que j’ai éprouvé dans mon âme. Il y a trois choses qui empêchent l’âme de tirer profit de la confession dans ces moments exceptionnels :
a)Quand le confesseur connaît peu les voies extraordinaires et qu’il manifeste de l’étonnement lorsque l’âme lui dévoile les grands mystères que Dieu opère en elle. Cet étonnement effraye une âme sensible. Elle se rend compte que le confesseur hésite à donner son avis, elle ne s’apaise pas. Et elle éprouvera encore plus de doutes après la confession qu’avant, car elle sent que le confesseur s’efforce de la tranquilliser sans conviction.

Ou bien, ce qui m’arriva, le confesseur, ne pouvant pénétrer quelques uns des secrets de l’âme, refuse d’entendre sa confession et manifeste une certaine peur quand cette personne s’approche du confessionnal. Comment peut-on, dans ces conditions, puiser de l’apaisement au confessionnal ?

A mon avis dans ces moments d’épreuves divines peu ordinaires pour l’âme, il devrait lui indiquer un confesseur expérimenté et instruit, ou bien chercher lui-même la lumière pour donner à l’âme ce dont elle a besoin, mais non pas lui refuser la confession. Car en agissant ainsi, il expose le pénitent à u grand danger et plus d’une âme peut s’écarter de la voie où Dieu voulait la voir s’engager. C’est une chose très grave, je l’ai moi-même expérimentée. Je commençais déjà à vaciller malgré les dons tout particuliers de Dieu ; et bien que Dieu, Seul, m’apaisât, j’ai toujours désiré y ajouter le sceau de l’Eglise.

b) Quand le confesseur ne permet pas de s’exprimer en toute sincérité et qu’il montre son impatience. Alors l’âme se tait et ne dit pas tout. Et elle retirera moins encore si le confesseur commence à éprouver cette âme, sans la connaître ; car alors au lieu de l’aider, il lui fait du tort. Car elle sait que le confesseur ne la connaît pas, puisqu’il ne lui à pas permis de dévoiler complètement ses grâces et sa misère. L’épreuve n’est donc pas conforme. J’ai subi quelques épreuves qui m’ont fait rire.

J’exprimerai mieux ceci par une comparaison : le confesseur est le médecin de l’âme. Mais comment le médecin peut-il donner le remède qui convient s’il ne connaît  pas la maladie ? Ou bien, le remède ne produit pas l’effet désirable, ou bien le remède sera trop fort et augmentera encore la maladie, ou provoquera même, parfois, la mort. Je dis cea, car j’ai éprouvé qu’en certain cas, le Seigneur, Seul, me soutenait directement.

c) Le troisième cas. Il arrive aussi que le confesseur méprise parfois les petites choses. Or, il n’y a rien de petit dans la vie spirituelle. Parfois un détail, en apparence insignifiant, permettra de découvrir une chose plus grave, et sera pour le confesseur le faisceau lumineux qui lui permettra de connaître l’âme. Les choses infimes recèlent beaucoup de nuances spirituelles. Si nous rejetons les petites briques, le magnifique édifice ne s’élèvera jamais. Si Dieu exige de telle âme une grande pureté,il lui donnera une connaissance plus profonde de sa misère. Et éclairée par la lumière d’en haut, elle découvrira mieux ce qui plait à Dieu et ce qui lui déplait. Le péché est selon la connaissance et la lumière de l’âme, le même mal que les imperfections, bien qu’elle sache que le péché est strictement la matière du sacrement.

Mais pour l’âme qui tend à la sainteté, ces petites choses sont d’une grande importance, et le confesseur ne peut les mépriser. La patience et la douceur du confesseur ouvrent la voie aux plus profonds secrets de l’âme. Elle dévoile à son insu, ce qui est au plus profond d’elle-même, et elle se sent plus forte et plus résistante. Elle combat plus courageusement, elle tâche de mieux faire, car elle sait qu’elle doit en rendre compte.
Je mentionnerai encore une chose, à propos du confesseur. Il doit mettre l’âme à l’épreuve, la sonder, l’exercer pour savoir s’il a  affaire à de la paille, à de fer ou à de l’or pur. Ces trois catégories d’âmes ont besoin d’exercices différents. Il doit – et ceci absolument – se former un jugement clair sur chacune d’elles pour savoir ce qu’elles peuvent supporter dans de tels moments, telles circonstances, tel cas. Quant à moi, plus tard, après beaucoup d’épreuves, lorsque je voyais que je n’étais pas comprise, je ne dévoilais plus mon âme et je ne troublais plus sa paix. Mais je ne le fit qu’à partir du moment où toutes ces grâces étaient soumises au jugement d’un confesseur sage, instruit et expérimenté. Maintenant je sais comment je dois me conduire dans certains cas.

113. Et à nouveau je voudrais ajouter quelques mots pour les âmes qui désirent tendre à la sainteté et porter du fruit grâce à la confession.
Premièrement : entière sincérité, franchise absolue. Le plus saint et le plus sage des confesseurs ne peut faire violence à l’âme pour y infuser de force ce qu’il veut pour elle, si celle-ci  n’est ni sincère ni franche. L’âme qui n’est pas sincère et qui dissimule, s’expose à de grands dangers dans sa vie spirituelle. Et Jésus, Lui-même ne se donnera pas d’une manière plus profonde à cette âme, car Il sait qu’elle ne profitera pas de ces grâces particulières.
Deuxièmement : humilité. L’âme ne profite pas comme il faut du sacrement de la confession, si elle n’est pas humble. L’orgueil la tient dans l’obscurité. Elle ne sait pas et ne veut pas rentrer avec précision au fond de sa misère. Elle se masque et évite tout ce qui pourrait la guérir.
Troisièmement : obéissance. L’âme désobéissante ne remportera aucune victoire, même si Jésus Lui-même la confesserait directement. Le plus expérimenté des confesseurs  n’aidera en rien cette âme. L’âme désobéissante s’expose à de grands dangers. Elle ne progressera pas dans la perfection. Dieu comble très généreusement l’âme de Ses grâces, mais seulement l’âme obéissante.

114. Oh ! qu’ils sont beaux les hymnes que chante une âme souffrante. Elle enchante le ciel entier quand elle se répand en en lancinantes élégies, surtout quand Dieu l’éprouve. Sa beauté est grande, car elle vient de Dieu. Cette âme passe par le désert de la vie, blessée par l’amour divin. Elle ne touche pas terre, elle l’effleure.

115. Quand l’âme est sortie de ces tourments, elle est profondément humble. Sa pureté est grande. Sans réfléchir, elle sent mieux ce qu’elle doit faire à tel moment et ce à quoi elle doit renoncer. Elle ressent la plus légère touche de la grâce et elle est très fidèle à Dieu. Elle reconnaît Dieu de loin et se réjouit continuellement en Lui. Elle découvre très rapidement Sa Présence dans les âmes des autres, et en général dans son entourage. Elle est purifiée par Dieu seul. Dieu étant pur esprit, introduit l’âme dans une vie purement spirituelle. Dieu, Seul, l’a tout d’abord préparée et purifiée, c’est-à-dire, qu’Il l’a rendue capable d’une étroite intimité avec Lui. Reposant dans l’amour, d’une manière toute spirituelle, elle demeure avec le Seigneur. Elle parle à Dieu, sans s’exprimer avec les sens. Dieu remplit l’âme de Sa lumière. Son intelligence voit clairement et distingue les degrés de la vie spirituelle. Elle voit qu’elle était unie à Dieu de façon imparfaite : ses sens prenaient part à cette union, et le spirituel se trouvait mêlé au sensoriel d’une manière déjà supérieure et particulière, il est vrai, mais encore imparfaite. Il existe une union à Dieu plus haute et plus parfaite : c’est l’union spirituelle. L’âme y est davantage à l’abri des illusions. Sa spiritualité est plus profonde et plus pure. Dans la vie,où les sens jouent un rôle, on est plus exposé aux illusions. La prudence de l’âme elle-même, et des confesseurs, devrait être plus grande. Il y a des moments où Dieu introduit l’âme dans un état purement spirituel. Les sens s’éteignent et sont quasi morts. L’âme est unie à Dieu de la façon la plus étroite : elle est plongée dans la Divinité. Sa connaissance est complète et parfaite, non plus sporadique – comme auparavant, mais totale et entière. Elle en éprouve de la joie.

Mais je veux encore parler des moments d’épreuves : il faut alors que les confesseurs soient patients envers l’âme. Mais l’âme doit aussi avoir la plus grande patience avec elle-même.

116. Mon Jésus, vous savez ce que ressent mon âme au souvenir de ces souffrances. Plus d’une fois je m’étonnais que les anges et les Saints puissent se taire devant de telles souffrances de l’âme. Mais ils nous aiment particulièrement dans ces moments là. A maintes reprises, mon âme a crié vers Dieu, comme un petit enfant, quand sa mère se voile le visage et qu’il ne peut la reconnaître ; il crie alors de toutes ses forces. O mon Jésus, honneur et gloire Vous soient rendus pour ces épreuves d’amour. Votre miséricorde est grande et inconcevable. Toutes vos intentions envers mon âme sont imprégnées de votre miséricorde.

117. Je noterai ici que l’entourage ne devrait pas ajouter aux souffrances extérieures, car vraiment, lorsque le calice de l’âme est plein jusqu’au bord, c’est parfois justement cette petite goutte que nous ajoutons qui sera de trop, et la coupe d’amertume débordera. Et qui en sera responsable ?
Prenons garde de ne pas ajouter aux souffrances des autres, car cela ne plait pas au Seigneur. Si les Sœurs ou les Supérieures savaient ou soupçonnaient seulement qu’une âme est soumise à de telles épreuves, et lui ajoutaient des souffrances supplémentaires, elles pécheraient gravement et Dieu Lui-même revendiquerait Ses droits. Je ne parle pas des cas qui de par leur nature sont péché ; je parle de ce qui ne l’est pas d’habitude. Gardons-nous d’avoir de telles âmes sur la conscience. C’est grande faute dans la vie religieuse, d’ajouter des souffrances à une âme souffrante. Je ne parle pas pour tous, mais cela arrive. Ne nous permettons pas d’émettre des jugements de toutes sortes et de parler quand il vaudrait mieux se taire.

118. La langue n’est qu’un petit membre, mais elle fait de grandes choses. Une religieuse, qui n’est pas silencieuse n’arrivera jamais à la sainteté, c’est-à-dire qu’elle ne deviendra jamais sainte. Qu’elle ne s’illusionne pas. A moins que ce soit l’Esprit Divin qui parle par sa bouche ; il lui est alors défendu de se taire. Cependant pour entendre la voix divine, il faut garder le silence intérieur, et être silencieuse, non d’un silence morne, mais d’un silence de l’âme qui est recueillement en Dieu. On peut beaucoup parler sans rompre le silence, et par contre, parler peu et toujours rompre le silence.

Oh ! quel dommage irréparable cause le manque de silence ! On fait beaucoup de tort au prochain, mais plus encore à soi-même. A mon avis, et d’après mon expérience la règle concernant le silence devrait figurer à la première place. Dieu ne se donne pas à une âme bavarde qui bourdonne comme un faux-bourdon dans la ruche, mais n fait pas de miel : l’âme bavarde est vide à l’intérieur. Il n’y a en elle ni vertu fondamentale, ni intimité avec Dieu. Il n’est pas question pour elle, d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure le Seigneur. Celui qui n’a jamais goûté à la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet qui trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui étaient dans les gouffres de l’enfer pour n’avoir pas su garder le silence. Elles me l’ont dit elle mêmes, lorsque je les questionnais pour savoir ce qui avait causé leur perte. C’était des âmes religieuses. Mon Dieu, quelle douleur de penser qu’elles pourraient non seulement être au Ciel, mais même être Saintes.

119. O Jésus-Miséricorde, je tremble à la pensée de devoir rendre compte de ma langue. Elle peut engendrer la vie, mais aussi causer la mort et nous tuons plus d’une fois avec notre langue. Nous commettons de véritables meurtres. Et cela aussi nous devrions le considérer comme choses de peu d’importance ? Vraiment je ne comprends pas ceux qui ont la conscience ainsi faite. J’ai connu une personne, qui ayant appris d’une autre qu’on avait dit telle et telle chose sur son compte,…tomba gravement malade. Elle perdit beaucoup de sang, versa beaucoup de larmes et ainsi jusqu’au dénouement fatal… qui fut ains l’effet, non du glaive, mais de la langue.
O mon Jésus silencieux, miséricorde pour nous !

120. Je me surprends à parler du silence et ce n’est pas de cela que je voulais parler, mais de la vie de l’âme avec Dieu et comment elle répond à la grâce. Quand l’âme est purifiée, que le Seigneur à établi avec elle une relation d’intimité, elle commence à tendre vers Dieu de toute sa force. Mais elle ne peut rien par elle-même. Dieu seul fait tout, l’âme le sait et elle en a conscience. Elle vit encore en exil et elle sait bien qu’il peut y avoir encore des jours gris et pluvieux ; mais elle le voit d’une autre manière. Loin de s’endormir dans une fausse paix, elle tend au combat. Elle sait qu’elle appartient à une génération chevaleresque. Elle se rend mieux compte de tout maintenant. Elle sait qu’elle est de race royale et que tout ce qui est grand et saint la concerne.

121. De nombreuses grâces que Dieu accorde à l’âme après cette épreuve du feu, lui permettent de jouir d’une étroite union avec Dieu. Elle a un grand nombre de visions sensibles et spirituelles. Elle entend un grand nombre de paroles surnaturelles et plus d’une fois des ordres précis ; mais malgré ces grâces, elle ne se suffit pas à elle-même. D’autant que, comme Dieu la visite de Ses grâces, elle s’expose à toutes sortes de dangers et peut facilement tomber dans l’illusion. Elle devrait prier pour avoir un guide spirituel ; car il faut s’efforcer d’en trouver un qui s’y connaisse, tel un chef dont le devoir est de connaître les chemins par lesquels il doit mener ses troupes au combat. Il faut préparer l’âme unie à Dieu à soutenir de grandes batailles, des combats acharnés.

Après ces purifications et ces épreuves, Dieu demeure dans l’âme d’une façon singulière ; mais l’âme ne collabore pas toujours avec ces grâces. Non qu’elle se refuse d’elle-même œuvrer, mais elle rencontre de si grandes difficultés extérieures et intérieures que vraiment il faut un miracle pour qu’elle se maintienne sur ces hauteurs. Ici, elle a absolument besoin d’un directeur averti.
Faustine 5
Souvent, on emplissait mon âme de doute, quand ce n’était pas moi qui m’alarmais moi-même, en me disant qu’après tout, je n’étais qu’une ignorante, qui connaissait si peu, et en particulier aux choses spirituelles. Cependant, quand les doutes augmentaient, j’allais chercher de la lumière auprès de mon confesseur ou des Supérieures. Mais je n’obtenais pas ce que j’aurais désiré.

122. Quand j’ai dévoilé mon âme aux Supérieures, l’une d’elles reconnut mon âme et la voie où Dieu voulait me conduire. En mettant en pratique ses indications, j’ai commencé à progresser sur la voie de la perfection. Mais cela n’a pas duré longtemps. Quand je lui ai dévoilé mon âme plus à fond, je n’ai pas reçu ce que je désirais. Ces grâces semblaient invraisemblables à la Supérieure, je ne pouvais donc plus trouver aucune aide auprès d’elle. Elle me disait qu’il était impossible que Dieu ait de tels rapports avec une créature. « J’ai peur pour vous, ma Sœur, n’est-ce pas une illusion ? Consultez un prêtre. » Mais le confesseur, lui non plus ne m’a pas comprise, il me dit : « Il vaudrait mieux, ma Sœur, parler de ces choses avec vos Supérieures. » Et je passais ainsi des Supérieures au confesseur et du confesseur aux Supérieures, sans trouver aucun apaisement.

Les grâces divines devinrent, pour moi, de grandes souffrances. Plus d’une fois il m’arriva de dire carrément au Seigneur : « Jésus, j’ai peur de Vous. N’êtes-Vous pas quelque fantôme ?» Il me tranquillisait toujours mais je restais incrédule. Chose étonnante : plus j’étais, plus Jésus me donnait de preuves qu’il était l’auteur de ces choses.

123. Quand je me rendis compte que je ne recevais aucun apaisement de la part des Supérieures, je pris la résolution de ne plus leur parler de ces choses purement intérieures. A l’extérieur je tâchais, comme doit le faire une bonne religieuse, de tout dire aux Supérieures ; mais je ne parlais qu’au confessionnal des besoins de mon âme. Je reconnus pour maintes raisons très justes, que la femme n’avait pas été appelée à discerner de tels mystères. Je m’étais exposée à beaucoup de souffrances inutiles.

Pendant longtemps, je fus considérée comme une possédée du démon et on me regardait avec pitié. La Supérieure pris certaines précautions à mon égard. Il m’arrivait d’entendre que les Sœurs aussi me considéraient comme telle. Et l’horizon s’assombrit autour de moi. Je tentais d’éviter ces grâces divines, mais ce n’était pas en mon pouvoir. Soudain, un tel recueillement s’empara de moi que, contre ma volonté, je me plongeai en Dieu et le Seigneur me garda auprès de Lui.

124. Mon âme toujours un peu alarmée au début, connut ensuite une paix ineffable et une force envahissante.

125. Tout était encore à supporter car, lorsque le Seigneur exigea que je peigne ce tableau, on se mit à parler de moi et à me regarder vraiment comme une hystérique, une illuminée, et on commença à en parler un peu ouvertement. Une Sœur vint me parler cœur à cœur. Elle commença à s’apitoyer sur moi : « J’entends dire de vous, ma Sœur, que vous êtes illuminée, que vous avez des visions. Ma pauvre Sœur, défendez-vous de cela. » Elle était sincère et me rapportait fidèlement qu’elle avait entendu. Mais c’est chaque jour que je devais écouter de semblables choses : Dieu seul sait combien cela me fatiguait.

126. Je résolus, malgré tout, de tout supporter en silence et de ne pas m’expliquer quand on me questionnait. Les uns étaient irrités de mon silence, surtout les plus curieux ; d’autres, qui réfléchissaient plus profondément disaient : « Pourtant Sœur Faustine doit être très près de Dieu puisqu’elle a la force de tant souffrir. » Et je voyais devant moi comme deux groupes de juges. Je tâchais d’être silencieuse intérieurement et extérieurement. Je ne parlais pas de ce qui concernait ma personne, malgré les questions directes de certaines Sœurs. Ma bouche devint muette. Je souffrais sans me plaindre comme une colombe. Mais certaines Sœurs trouvaient, semble-t-il, du plaisir à me vexer d’une manière ou d’une autre. Ma patience les irritait, mais Dieu me donnait tant de force intérieure que je supportais cela paisiblement.

127. J’ai compris qu’en de tels moments, personne ne m’aiderait, et j’ai commencé à prier et à demander au Seigneur de me donner un confesseur. Je désiras qu’un prêtre me dise seulement : « Soyez tranquille, vous êtes en bonne voie » ; ou bien : « Rejetez tout ceci, car cela ne vient pas de Dieu. » Mais je ne trouvais aucun prêtre aussi résolu, qui m’aurait ainsi parlé clairement au nom du Seigneur. L’incertitude se prolongeait donc. O Jésus, si c’est Votre volonté que je vive dans une telle incertitude, que Votre nom soit béni. Je Vous prie, Seigneur, dirigez Vous-même mon âme et soyez avec moi, car de moi-même, je ne suis rien.

128. Voilà que je suis jugée de tous côtés. Il n’y a plus rien en moi, qui n’ait échappé aux jugements de mes Sœurs. Mais bientôt tout se tassa en quelque sorte, et on commença à me laisser en paix. Mon âme exténuée se reposa un peu. Mais j’ai reconnu que le Seigneur était plus proche de moi au temps de ces persécutions. Cela ne dura pas longtemps. Un violent orage éclata à nouveau. Les soupçons d’autrefois étaient devenus désormais une sorte de certitude. Et il me fallut, à nouveau, écouter les mêmes chansons. C’est ainsi qu’il plut au Seigneur. Mais, chose singulière, même à l’extérieur je rencontrais des insuccès.

Cela me causa beaucoup de souffrances de toutes sortes, connues de Dieu seul. Je faisais tout mon possible pour tout faire avec la plus grande pureté d’intention. Je voyais désormais que j’étais partout surveillée, comme un voleur, comme un voleur : à la chapelle, pendant mon travail, dans ma cellule. Je sais que maintenant, outre la présence de Dieu, une présence humaine était sans cesse près de moi. Cette présence humaine me fatiguait beaucoup. A certains moments je me demandai si je devais oui ou nom me déshabiller pour me laver. Mon pauvre lit était décidément souvent contrôlé. Le rire me prit quand je vis qu’on ne laissait même pas mon lit en paix. Une Sœur me dit elle-même, que chaque soir, elle venait voir dans ma cellule comment je me comportais.

Mais malgré tout, les Supérieures sont toujours des Supérieures, et en dépit des humiliations personnelles que j’en reçus plus d’une fois et des doutes de toutes sortes dont elles me remplirent, elles me permettaient toujours ce que le Seigneur exigeait de moi, Non comme je le demandais, mais d’une autre façon, elles satisfaisaient les exigences du Seigneur, et me donnaient la permission de ces pénitences et de ces rigueurs

Un jour, une de ces Mères se fâcha si fort contre moi, et m’humilia tellement que je crus que je ne pourrais pas le supporter. Elle me dit : «  Extravagante, hystérique, visionnaire allez-vous-en de cette chambre, que je ne vous voie plus. » Elle déversa sur moi tout ce qui lui passait par la tête. Arrivée dans ma cellule, je suis tombée devant la croix et je regardais Jésus, ne pouvant plus prononcer un mot. Pourtant je gardai ceci secret devant les autres et je fis comme si rien ne s’était passé entre nous.

129. Satan profite toujours de tels moments; des pensées de découragement commencèrent à me venir à l’esprit ; « Voila la récompense de ta fidélité et de ta sincérité. Comment peut-on être sincère lorsqu’on est si incomprise ? » Jésus, Jésus, je n’en puis plus. Et je tombais de nouveau à terre sous le poids de ce fardeau. La sueur commença à m’inonder, et je fus saisie de frayeur. Je n’avais personne sur qui m’appuyer intérieurement. Tout à coup, j’entendis une voix dans mon âme : « N’aie pas peur, Je suis avec toi ». Une singulière lumière éclaira mon esprit et je compris que je ne devais pas me laisser aller à une telle tristesse. Une force me remplit et je sortis de la cellule avec un nouveau courage pour souffrir.

130. Cependant j’ai commencé à me négliger un peu. Je ne prêtais plus attention à ces inspirations intérieures et m’appliquais à me dissiper. Mais malgré le bruit et la dissipation, je voyais ce qui se passait en mon âme. La parole de Dieu est éloquente et rien ne peut l’assourdir. J’ai commencé à éviter les rencontres du Seigneur dans mon âme, car je ne voulais pas être victime d’illusions. Mais Lui me poursuivait pour ainsi dire de Ses dons. Et vraiment je ressentais tour à tour tourments et joie. Je ne mentionne pas ici les diverses visions et grâces que Dieu m’accorda dans ces moments, j’en ai parlé ailleurs. Je noterai seulement ici que ces souffrances, ayant déjà atteint un sommet, je pris la résolution d’en finir avec mes doutes avant mes vœux perpétuels.

131. Pendant tout ce temps d’épreuve, je priais pour que Dieu éclaire le prêtre auquel je devais dévoiler mon âme à fond. Je demandais à Dieu, de m’aider Lui-même et de me donner la grâce de pouvoir exprimer les choses les plus cachées qui ont lieu entre le Seigneur et moi, et de me disposer à accepter toutes les décisions de ce prêtre  comme venant de Jésus Seul. Sa décision m’importait peu. Je ne désire que la vérité, et une réponse décisive, à certaines questions. Je m’en remets complètement à Dieu, et mon âme désire la vérité. Je ne puis rester plus longtemps dans le doute, tout en ayant dans mon âme une si grande certitude que ces choses proviennent de Dieu, que je donnerai ma vie pour cela. J’ai cependant placé l’avis du confesseur au-dessus de tout. Et j’ai décidé de faire ce qu’i déciderait, et d’agir d’après les indications qu’il me donnera. Je regarde ce moment comme étant décisif pour le progrès de toute ma vie. Je sais que de cela dépendra tout. Peu importe, si ce qu’il me dira, sera en accord avec mes inspirations, ou tout-à-fait contraire, cela ne me trouble pas. Je désire connaître la vérité et la suivre.

« Jésus, vous pouvez m’aider ! » Et depuis ce moment j’ai pris une nouvelle voie. Gardant secrètes toutes les grâces reçues, j’attends ce que le Seigneur m’enverra. Ne doutant de rien, dans mon cœur, je priais le Seigneur qu’il daigne m’aider dans ces moments, et un certain courage entra dans mon âme.

132. Je dois encore mentionner que certains confesseurs aident l’âme et sont comme des pères spirituels quand tout va bien. Mais quand l’âme se trouve dans de plus grands besoins, alors ils sont perplexes et ne peuvent ou ne veulent pas comprendre l’âme. Ils tâchent de se débarrasser d’elle au plus vite ; mais si l’âme est humble, elle peut en retirer au moins un peu de profit. Dieu seul jettera parfois un faisceau de lumière  au fond de cette âme, à cause de son humilité et de sa foi. Quelquefois le confesseur dit des choses qu’il n’avait pas du tout l’intention de dire, sans s’en rendre compte lui-même. Oh ! que l’âme croie bien que ce sont les paroles mêmes du Seigneur. Certes nous devons croire que chaque mot entendu dans le confessionnal a un caractère divin, mais les paroles dont je viens de parler proviennent, elles, directement de Dieu. Et l’âme sent que le prêtre ne parle pas de lui-même, il dit des choses qu’il n’avait pas l’intention de dire. Voilà comment Dieu récompense la foi.

J’ai éprouvé cela moi-même à maintes reprises. Il y avait un prêtre très savant et fort estimé – il m’arrivait parfois d’aller me confesser à lui – qui était toujours très sévère. Et il s’opposait à ces choses. Mais une fois il me répondit « Sachez, ma Sœur que si Dieu exige que vous acheviez ceci, il ne faut pas vous y opposer. Dieu veut parfois être loué justement de cette façon. Soyez tranquille, ce que Dieu a commencé, Dieu le finira. Mais je vous le dis : fidélité envers Dieu et humilité. Une fois encore : humilité. Rappelez-vous bien ce que je vous ai dit aujourd’hui. » Je me suis réjouie et j’ai pensé que peut-être, ce prêtre m’avais comprise. Mais les circonstances changèrent de telle sorte que je ne me suis plus jamais confessée à lui.

133. Une fois, une des Mères plus âgées m’appela et ce fut sur ma tête comme un coup de foudre dans un ciel qui semblait serein, à tel point que je ne savais pas ce dont il s’agissait. Je compris assez vite que c’était pour des choses qui ne dépendaient pas de moi. Elle me dit : « Otez-vous de la tête, ma Sœur, que Jésus soit si intime avec vous. Une telle misère, une telle imperfection ! Rappelez-vous que Jésus n’est en rapport si intime qu’avec les Saints. » J’ai avoué qu’elle avait raison, que j’étais misérable, mais néanmoins confiante en la Miséricorde divine. Quand j’ai rencontré le Seigneur, je me suis humiliée et j’ai dit : « Jésus Vous n’êtes pas, à ce qu’il parait , en rapport intime avec des misérables comme moi ? »-« Sois tranquille, ma fille, c’est justement par une telle misère, que je veux montrer la puissance de Ma Miséricorde. » J’ai compris que cette Mère voulait seulement m’humilier.

134. O mon Jésus, Vous m’avez bien éprouvée pendant cette courte vie, j’ai compris beaucoup de choses, tellement même que cela m’étonne maintenant. Oh ! Comme il est bon de se livrer totalement à Dieu et de lui permettre d’agir pleinement dans l’âme !

135. Pendant la troisième probation, le Seigneur me fit comprendre que je devais me sacrifier pour Lui, afin qu’il puisse faire de moi tout ce qu’il Lui plairait. Je dois me placer devant Lui en attitude d’oblation. Au premier moment, j’étais toute effrayée, sentant que j’étais un abîme de misère, moi qui me connaissais bien. J’ai répondu encore une fois au Seigneur : « Je suis la misère même, comment puis-je être un otage ? » -« Tu ne le comprendra pas aujourd’hui. Demain, pendant ton adoration, je te le ferai connaître. » Mon cœur frémit autant que mon âme. Ces mots s’enfoncèrent profondément dans mon âme. La parole de Dieu est vivante.

Lorsque je suis venue pour l’adoration, j’ai senti intérieurement que j’étais entrée dans le temple du Dieu vivant dont la Majesté est grande et inconcevable. Et Il me fit connaître ce que sont vis-à-vis de Lui les esprits les plus purs. Bien que ne voyant rien, la présence divine me pénétra jusqu’au fond de moi-même. Dans le moment même, mon esprit fut singulièrement éclairé. Devant les yeux de mon âme passa une vision, comme la vision de Jésus au Jardin des Oliviers. D’abord les souffrances physiques et toutes les circonstances qui augmenteront, puis les souffrances spirituelles dans toute leur étendue et celles aussi dont personne ne saura jamais rien. Tout entra dans cette vision : les soupçons injustes, la perte de la bonne renommée. Je l’ai écrit en résumé, mais cette connaissance était déjà si nette, que tout ce par quoi je suis passée plus tard, n’a rien changé au moment où je l’ai connu. Mon nom doit être : »sacrifice ».

Quand la vision fut finie, une sueur froide baignait mon front. Jésus me fit savoir que m^me si je n’y consentais pas, je pouvais me sauver. Il ne me donnerais pas moins de grâces, et Il continuerait a avoir avec moi les mêmes rapports intimes. Donc, même si je ne consentais pas à ce sacrifice, la largesse de Dieu ne diminuerait pas en ma faveur. Et le Seigneur me fit savoir que tout le mystère dépendait de moi, de mon consentement volontaire au sacrifice avec la pleine connaissance de mon esprit. C’est cet acte volontaire et conscient qui fait toute sa puissance et sa valeur aux yeux de Sa Majesté. Même si rien de ces choses pour lesquelles je me suis offerte n’arrivait, tout était déjà comme consommé pour le Seigneur.

136. A ce moment je connus que j’entrais directement en communication avec la Majesté inconcevable. Je sentis que Dieu attendait ma réponse, mon consentement. Alors mon esprit se plongea dans le Seigneur et je dis : « Faites ce qu’il Vous plaira de moi, Seigneur. Je me livre à Votre volonté qui sera désormais ma nourriture. Je serai fidèle à Vos exigences, avec l’aide de Votre grâce. Faites de moi ce qu’il Vous plaira. Mais je vous en supplie, Seigneur, soyez avec moi à chaque instant de ma vie. »

137. Au moment où j’ai consenti au sacrifice avec ma volonté et mon cœur, la Présence divine me pénétra. Mon âme fut plongée en Dieu et inondée d’un tel bonheur, que je ne puis le décrire, même en partie. Je sentais que la Majesté divine m’entourait. J’étais singulièrement unie à Dieu. Je voyais à quel point je plaisais à Dieu et réciproquement, mon esprit s’abîmait en Lui. Consciente de cette union avec Dieu, je sens que je suis particulièrement aimée, et, en retour, je L’aime de toute la force de mon âme. Un grand mystère eut lieu pendant cette adoration. Un mystère entre le Seigneur et moi. Il me semblait en voyant l’amour dans Son regard que j’allais expirer. J’eu une longue causerie avec le Seigneur, sans prononcer un mot. Et il me dit : « Tu es le délice de mon Cœur. A partir d’aujourd’hui, le moindre de tes actes, est un plaisir à Mes yeux, quoi que tu fasses. » De ce moment je me sentis consacrée. L’enveloppe du corps reste la même, mais l’âme est autre. Dieu demeure en elle et se complait en elle. Ce n’est pas un sentiment, mais une réalité consciente que rien ne peut assombrir. Un grand mystère s’est accompli entre Dieu et moi. Mon âme en fut affermie et fortifiée.

138. L’adoration finie, je sortis, regardant paisiblement en face tout ce dont j’avais tellement peur avant. Quand j’arrivai dans le corridor, une grande souffrance et une humiliation m’attendaient infligées par une certaine personne. Je les acceptais en soumission à une volonté plus haute et je me suis fortement serrée contre le Sacré-Cœur de Jésus montrant, de cette façon, que je suis prête à ce à quoi je me suis offerte. La souffrance semblait surgir sous mes pas, même Mère Marguerite Gimbutt en fut étonnée. Beaucoup de choses échappaient aux autres, car vraiment il n’y avait pas de quoi y faire attention. Mais à moi rien n’échappait, chaque mot était analysé, chaque pas observé.

Une Sœur me dit : « Préparez-vous, ma Sœur à recevoir une petite croix, que vous réserve la Mère Supérieure, j’ai pitié de vous, ma Sœur. » Et mon âme se réjouit, car j’y étais prête depuis longtemps ; quand elle perçut mon courage elle fut étonnée. Je vois maintenant que l’âme seule ne peut grand-chose par elle-même, mais avec Dieu elle peut tout. Telle est la puissance de la grâce de Dieu. Peu d’âmes restent toujours attentives aux inspirations de Dieu; et encore moins, suivent ces inspirations divines.

139. Cependant l’âme fidèle à Dieu ne peut pas décider seule de ses inspirations, elle doit les soumettre au contrôle d’un prêtre prudent et avisé et tant qu’elle n’a pas acquit la certitude, il faut qu’elle reste incrédule. Quelle ne se fie pas, seule, à ces inspirations et à toutes ces grâces reçues d’en haut ; car elle peut s’exposes à de grands désastres.

Bien que l’âme discerne les fausses inspirations de celles de Dieu, qu’elle soit cependant prudente. Car il y a beaucoup de choses incertaines. Dieu aime et apprécie quand l’âme ne croit pas en Lui, par amour pour Lui, quand elle demeure prudente, qu’elle demande et cherche de l’aide pour se prouver à elle-même que c’est vraiment Dieu, qui agit en elle. Et si un confesseur éclairé le lui affirme, quelle soit tranquille et se rende à Dieu suivant les indications du confesseur.

140. L’amour pur est capable de grandes actions et ni les difficultés ni les contrariétés ne peuvent le briser. Quand l’amour surmonte de grandes difficultés, il est aussi persévérant dans la vie monotone et ennuyeuse de chaque jour. Il sait qu’une seule chose plaît à Dieu : tout faire, même les moindres choses avec un grand amour – l’amour et l’amour seul.
L’amour pur ne s’égare pas et ne fait rien qui pourrait déplaire à Dieu. Il est ingénieux pour faire ce qui est  le plus agréable à Dieu et personne ne l’égalera ; son bonheur est de s’anéantir et de brûler comme une offrande pure. Plus il se donne, plus il est heureux. De plus, personne ne sait deviner les dangers d’aussi loin que lui. Il sait démasquer et il sait aussi à qui il a affaire.

141. Mais mes tourments arrivaient à leur fin. Le Seigneur me donna l’aide promise. Je la vis en la personne de deux prêtres : le Père Andrasz et l’abbé Sopocko. Pendant la retraite, avant mes vœux perpétuels, je fus, pour la première fois, tranquillisée à fond. Et plus tard, je fus guidée dans la même direction par l’Abbé Sopocko. Ainsi s’accompli la promesse du Seigneur.

142. Lorsque je fus tranquillisée et instruite de la façon dont je devais avancer dans les voies divines, mon esprit s’est réjoui dans le Seigneur, et il me semblait que je ne marchais pas, mais que je courrais. Les ailes déployées pour le vol, j’ai commencé à planer en plein soleil, et je ne descendrai pas jusqu’à ce que je repose en Celui en qui mon âme s’est perdue pour l’éternité. Et je me suis totalement soumise à l’influence de la grâce ; les abaissements de Dieu envers mon âme sont bien grands. Je ne m’écarte ni ne me refuse; mais je me noie en lui, comme mon seul trésor. Je suis un avec le Seigneur. Le gouffre qui nous sépare : le Créateur et sa créature, semble avoir disparu.

Pendant quelques jours, mon âme vécut comme en une incessante extase. La présence de Dieu ne me quittait pas un instant. Et je restais en continuelle union amoureuse avec le Seigneur. Cependant cela ne m’empêchait pas d’accomplir mes devoirs. Je sentais que j’étais transformée en amour, je brûlais toute mais sans me consumer. Je m’anéantissais continuellement en Dieu. Dieu m’attirait à Lui avec une telle force et une telle puissance que par moment je ne me rendais plus compte que j’étais sur terre.

Si longtemps j’avais gêné et craint la grâce ! et maintenant Dieu, par l’intermédiaire du Père Andrasz éloignait toutes les difficultés. Mon esprit fut tourné vers le soleil et s’épanouit dans sa lumière pour Lui seul, je ne comprends plus…(ici la phrase s’interrompt et Sœur Faustine commence une toute autre pensée à la ligne suivante

143. J’ai gaspillé bien des grâces divines, car j’avais toujours peur d’être dans l’illusion. Dieu m’attirait à Lui avec une telle puissance que souvent il n’était pas en mon pouvoir de résister à Sa grâce lorsque j’étais soudain plongée en Lui. Dans ces moments, Il me remplissait d’une telle paix que, même quand je voulais, par la suite, m’inquiéter, je ne le pouvais pas.. Et, un jour, j’entendis dans mon âme ces paroles : « Pour que tu sois assurée que c’est Moi qui suis l’auteur de toutes ces exigences, Je t’accorderai une paix si profonde que, même si tu voulais t’inquiéter et t’effrayer, aujourd’hui ce ne sera pas en ton pouvoir ; l’amour va inonder ton âme jusqu’à l’oubli de toi. »

144. Plus tard, Jésus me donna un autre prêtre, devant lequel il m’ordonna de dévoiler mon âme. Je le fis au premier moment avec un peu d’hésitation ce qui me valut une sévère réprimande de Jésus, à la suite de laquelle mon âme fut envahie par une profonde humilité. Sous sa direction cependant, mon âme progressait rapidement dans l’amour de Dieu, et de nombreuses demandes du Seigneur furent extérieurement accomplies. Plus d’une fois, son courage et sa profonde humilité retinrent mon attention

145. Oh ! que mon âme est misérable, elle a gaspillé’ tant de grâces ! Je fuyais Dieu et il me poursuivait de Ses grâces. Le plus souvent je recevais des faveurs de Dieu lorsque je ne m’y attendais pas. Depuis que le Seigneur m’a donné un directeur, je suis plus fidèle à la grâce. C’est avec ce directeur, et en vertu de sa vigilance pour mon âme que j’ai expérimenté ce qu’est la direction spirituelle, et comment Jésus la conçoit. Jésus m’avertissait de la plus petite faute. Il insistait sur le fait que c’est Lui qui décide dans toutes les affaires que je soumettais à mon directeur et que tous les manquements envers celui-ci L’atteignaient Lui-même.

Quand mon âme commença à goûter un profond recueillement et la paix, sous cette direction, j’entendis souvent ces mots, plus d’une fois répétés : « Fortifie-toi pour le combat. »

Jésus m’a souvent révélé que ce qui lui déplait en moi, et plus d’une fois, Il m’a réprimandée pour des choses minimes en apparence, mais qui, à vrai dire, avaient une grande signification. Il m’avertissait et m’exerçait comme un Maître. Pendant de nombreuses années c’est Lui-même qui m’a élevée, jusqu’au moment où Il me donna un directeur de conscience. Auparavant, il m’expliquait Lui-même ce que je ne comprenais pas ; maintenant il m’ordonne de questionner en toutes choses mon confesseur. Il m’a souvent dit : « Je te répondrai par sa bouche, sois tranquille. »

Il ne m’est jamais arrivé de recevoir une réponse contraire à ce que le Seigneur exigeais de moi, dans le cadre de ce que j’avais soumis à mon directeur. Parfois Jésus me recommandait certaines choses, ignorées de tous, et quand je m’adressais à mon confesseur, celui-ci me recommandait la même chose. Cela n’arrivais pas souvent.

Lorsqu’une âme a longtemps reçu lumière et inspiration en abondance et que ses confesseurs ont confirmé sa paix et la provenance divine de ces inspirations, si son amour est grand, Jésus lui indique qu’il est temps d’utiliser ce qu’elle a reçu et de passer à l’action. L’âme réalise que le Seigneur compte sur elle et cette connaissance augmente ses forces. Elle sait que, pour rester fidèle, elle devra, plus d’une fois s’exposer à des difficultés, mais elle a confiance en Dieu et, grâce à cette confiance, elle arrive là où Dieu l’appelle. Les difficultés ne l’effrayent pas, elles sont pour elle comme le pain quotidien. Elles ne l’effrayent ni ne l’épouvantent, de même que le fracas des canons ne terrifie pas le chevalier qui est constamment au cœur du combat. Loin d’avoir peur elle écoute, afin de remporter la victoire, de quel côté l’ennemi attaque. Elle ne fait rien aveuglément, mais elle scrute, elle réfléchit profondément et, ne comptant pas sur elle-même, elle prie avec ferveur et consulte des chevaliers expérimentés et sages. Lorsqu’elle agit de la sorte, elle remporte presque toujours la victoire

Il y a des attaques où l’âme n’a le temps ni de réfléchir ni de consulter, alors il faut combattre à la vie, à la mort Il est bon parfois de se réfugier dans la Blessure du Cœur de Jésus, sans répondre un seul mot, par cela même l’ennemi est déjà vaincu.

En temps de paix l’âme doit aussi s’imposer des efforts comme au moment du combat, Elle doit s’exercer et bien s’exercer, sinon elle n’a aucune chance de victoire. J’estime le temps de paix comme un temps de préparation à la victoire. Elle doit veiller sans cesse ; vigilance et encore vigilance. L’âme qui réfléchit reçoit beaucoup de lumière. L’âme dissipée s’expose à la chute ; qu’elle ne s’étonne pas si elle tombe. O Esprit divin, Directeur de l’âme, sage est celui que vous avez exercé. Mais pour que l’Esprit divin puisse agir dans une âme, la paix et le recueillement sont nécessaires.

146. L’oraison : Par l’oraison, l’âme s’arme pour le combat ; en quelque état qu’elle soit, elle doit prier. L’âme pure et belle doit prier, sous peine de perdre sa beauté. L’âme qui tend vers cette pureté, sinon elle n’y arriverait pas. L’âme qui vient de se convertir doit prier, pour persévérer. L’âme pécheresse, plongée dans le péché, doit prier pour pouvoir se relever. Ainsi il n’y a pas d’âme qui ne soit obligée de prier, car s’est par la prière que la grâce descend sur elle.

147. Je me rappelle que j’ai reçu beaucoup de lumière pendant les adorations que je faisais pendant une demi-heure chaque jour, pendant le Carême, prosternée devant le Saint-Sacrement. C’est alors que j’approfondis la connaissance que j’avais de moi-même, ainsi que celle de Dieu. Bien qu’ayant la permission des Supérieures, j’eus beaucoup de difficulté à faire ainsi oraison. Que l’âme sache que pour prier et persévérer dans l’oraison, il faut s’armer de patience et surmonter courageusement toutes les difficultés intérieures t extérieures. Les difficultés intérieures : les découragements, les sécheresses, les lourdeurs, les tentations. Les difficultés extérieures: c’est l’opinion humaine. Il faut savoir sauvegarder les moments destinés à l’oraison. J’en ai fait moi-même l’expérience, car si je ne faisais pas mon oraison au moment fixé, je la négligeais parce que, plus tard, mes devoirs m’en empêchaient ; et m^me si j’avais la chance de la faire, c’était à grande peine, car ma pensée fuyais vers mes devoirs.

J’avais aussi une autre difficulté: quand l’âme a bien fait son oraison, elle reste ensuite profondément recueillie intérieurement; et si d’autres personnes contrarient, alors, son recueillement, elle doit être patiente pour persévérer dans l’union à Dieu. Plus d’une fois il m’est arrivé que lorsque mon âme était très profondément abîmée en Dieu elle retirât un plus grand profit de l’oraison. Et Dieu m’accompagnait de sa présence durant la journée Et; je restais recueillie pendant mon travail et je réalisais avec plus de soins et de précision. Et c’est justement alors qu’il m’est arrivé de recevoir le plus de reproches : sur mon manque de fidélité à mon devoir, sur mon indifférence à tout. Car les âmes moins recueillies veulent que les autres, qui sont pour elles un remord incessant, leur ressemblent.

148. L’âme noble et sensible qui peut même être très simple, mais qui a des sentiments délicats, voit Dieu en tout et Le rencontre partout, elle sait trouver Dieu même dans les choses les plus secrètes. Tout a de l’importance pour elle. Elle apprécie tout, elle remercie Dieu pour tout, elle tire un profit spirituel de tout, et tout lui est une occasion de louer Dieu. Elle a confiance en Lui et ne de trouble pas quand vient le temps des épreuves. Elle sait que Dieu est toujours le meilleur des Pères,et elle fait peu de cas de l’opinion humaine. Attentive au moindre souffle de l’Esprit Saint elle jouit de cet hôte spirituel et se tient près de Lui comme un enfant près de sa mère.
Là, où d’autres âmes s’arrêtent et ont peur, elle passe sans crainte et sans difficulté.

149. Quand le Seigneur veut être Seul près de l’âme et la conduire, Il éloignera d’elle tout ce qui est extérieur. Lorsque je tombai malade et qu’on me transporta à l’infirmerie, cela me causa des ennuis. Nous étions deux malades à l’infirmerie. Les Sœurs venaient voir

Sœur N., personne ne venait me voir. Il est vrai que c’est une infirmerie, mais chacune a sa cellule
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Sœur N., personne ne venait me voir. Il est vrai que c’est une infirmerie, mais chacune a sa cellule. Les soirées d’hiver étaient longues, Sœur N. avait de la lumière, un récepteur de radio, moi je ne pouvais même pas préparer ma méditation, faute de lumière.
Près de deux semaines plus tard, un soir, je me plaignis au Seigneur de beaucoup souffrir et de ne même pas pouvoir préparer ma méditation, faute de lumière. Et le Seigneur me répondit que chaque soir Il viendrait et m’indiquerait les points à méditer le lendemain.. Ces points concernaient toujours Sa douloureuse Passion. Il me disait : « Considère Ma Passion devant Pilate ». – Et ainsi, pendant toute la semaine, je considérais, un par un, les différents moments de Sa douloureuse Passion. A partir de ce moment, une grande joie pénétra dans mon âme, et je ne désirais plus ni visites ni lumière : Jésus me suffisait en tout. La sollicitude des Supérieures pour les malades était bien grande, pourtant le Seigneur en avait disposé ainsi : je me sentais délaissée. Pour pouvoir agir Seul, ce Maître incomparable éloigne tout ce qui est crée.
Parfois j’éprouvais de telles persécutions et souffrances que, même Mère Marguerite me dit : sur votre voie, ma Soeur, les souffrances surgissent comme d’elles-mêmes sous vos pas. Je vous vois, ma Sœur, comme une crucifiée. Cependant j’ai remarqué que Jésus y est pour quelque chose. Soyez fidèle au Seigneur.

150. Je désire noter un rêve que j’ai eu : j’ai rêvé de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. J’étais encore novice et j’avais certaines difficultés que je ne pouvais surmonter. Ces difficultés étaient intérieures et des difficultés extérieures s’y mêlaient. Je faisais des neuvaines à divers Saints. Mais l’épreuve devenait de plus en plus lourde. Mes souffrances étaient si grandes que je ne savais plus comment vivre et soudain l’idée me vint de prier Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. J’ai commencé une neuvaine à cette Sainte. Avant mon entrée au couvent, j’avais une grande dévotion envers elle. Je l’avais un peu négligée depuis. Mais dans la nécessité où je me trouvais, j’ai recommencé à la prier avec une grande ferveur.

Le cinquième jour de la neuvaine, Sainte Thérèse m’apparut en rêve, mais elle me semblait être encore sur la terre. Elle m’avait caché qu’elle était Sainte et elle me consolait, disant que je ne devais pas tellement m’attrister de cette affaire, mais être plus confiante envers Dieu. Elle me disait « Moi aussi, j’ai beaucoup souffert ». Je ne croyais pas trop qu’elle avait tant souffert, et je lui dis : « Il me semble que vous ne souffrez pas du tout. » Cependant Sainte Thérèse me répondit d’une manière convaincante. Elle: ajouta, « Sachez ma Soeur que dans trois jours cette affaire arrivera à bonne fin. » Comme je ne voulais pas trop la croire, elle me révéla qu’elle était Sainte. A ce moment une grande joie emplit mon âme et je lui dis : « Vous êtes Sainte ? » Elle me répondit : « Oui, je suis Sainte. Ayez confiance, cette affaire sera réglée en trois jours. » Et je lui dit : « Sainte Thérèse, dites-moi, est ce que j’irai au ciel ? » Elle répondit: « Oui, vous irai au Ciel, ma Sœur. » « Et serais-je Sainte ? » - « Oui, vous serez sainte » répondit-elle. – « Mais, Thérèse, serais-je sainte comme Vous, sur les autels ? » Et elle répondit : « Oui, vous serez Sainte comme moi.. Mais vous devez avoir une grande confiance en Jésus. »

Et je lui demandai alors si mon père et ma mère iraient au Ciel, si…( ici Sœur Faustine  a interrompu la phrase). Elle me répondit qu’ils iraient au Ciel. – « Et mes frères et mes sœurs iront-ils au Ciel ? » Elle ne me donna pas une réponse sûre, mais elle me dit que je devais beaucoup prier pour eux. Je compris qu’ils avaient besoin de beaucoup de prières.

C’était comme un rêve et, comme dit le proverbe : « Dieu est foi, songe est mensonge. Cependant le troisième jour, je réglai cette difficulté très facilement. Tout s’accomplit exactement comme elle me l’avait dit. C’est un rêve, mais il avait sa signification.

151. Une fois, alors que j’étais à la cuisine avec Sœur N., elle s’est un peu fâchée contre moi ; et comme pénitence elle me fit asseoir sur la table. Elle-même s’activait, elle nettoyait, frottait ; et moi je restais assise sur la table. Les sœurs venaient et s’étonnaient de me voir ainsi. Chacune disait son mot ; - Elle est désoeuvrée… - Quelle extravagante ! – Quelle Sœur fera-t-elle ? (Je n’étais alors que postulante).

Néanmoins, au nom de l’obéissance, je ne pouvais descendre, puisque la sœur m’avait ordonné, au nom de l’obéissance de rester assise jusqu’à ce qu’elle me dise de descendre. Vraiment, Dieu sait combien d’actes d’abnégations je fis alors. Il me semblait brûler de honte. Plus d’une fois, Dieu m’éprouva de la sorte pour me tremper intérieurement, mais il me récompensa de cette humiliation par une grande consolation. Pendant la Bénédiction, je le vis très beau. Jésus me regarda avec bienveillance et dit : « Ma fille, n’aie pas peur des souffrances, Je suis avec toi. »

152. Une autre fois j’étais de service pendant la nuit, et la peinture de ce tableau me faisait beaucoup souffrir. Je ne savais plus à quoi m’en tenir tant on m’avais persuadé que c’était une illusion. Par ailleurs, un prêtre m’avait dit que peut-être justement, Dieu voulait être honoré par ce tableau et qu’il fallait donc tâcher de le faire peindre. Cependant mon âme était très fatiguée. Quand je suis entrée dans la petite chapelle, j’ai approché ma tête du tabernacle, j’ai frappé à la porte et j’ai dit : « Jésus, voyez quelles grandes difficultés me cause ce tableau. » J’entendis alors une voix venant du Tabernacle : « Ma fille, tes souffrances ne vont plus durer longtemps. »

153. Un jour je vis deux routes : l’une large, sablonneuse et semée de fleurs, pleine de joie, de musique et de toutes sortes de plaisirs. Les hommes passaient sur cette route dansant et s’amusant. Ils arrivaient au terme sans s’en apercevoir. Or à la fin de cette route il y avait un horrible gouffre, l’abîme infernal. Les âmes y tombaient aveuglément et en si grand nombre qu’on ne pouvait les compter
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La deuxième était plutôt un sentier, car elle était étroite, semée de ronces et de pierres. Et ceux qui avançaient sur cette route étaient en larmes, la souffrance était leur part. Les uns tombaient sur les pierres, mais ils se relevaient aussitôt et continuaient à avancer. Au bout de la route, il y avait un magnifique jardin rempli de toutes sortes de bonheurs. Toutes les âmes y entraient et dès qu’elles en avaient franchi le seuil, elles en oubliaient leurs souffrances.

154. Une fois il y avait l’adoration chez les Sœurs de la Sainte Famille, j’y suis allée le soir, avec une de nos Sœurs. Dès que je suis entrée dans la petite chapelle, la présence de Dieu envahit mon âme. Je priais comme en de tels moments, sans prononcer de paroles. Soudain je vis le Seigneur qui me dit : « Sache que si tu néglige la peinture de ce tableau et toute l’œuvre de la miséricorde, tu devras rendre compte au Jour du Jugement, d’un grand nombre d’âmes. »  A ces paroles du Seigneur, la frayeur s’empara de moi. Je n’arrivais pas à me tranquilliser. Ces mots sonnaient à mes oreilles. Ainsi je ne devrai pas répondre seulement pour moi-même au Jour du Jugement de Dieu, mais aussi pour d’autres. Ces mots se gravèrent profondément dans mon cœur.

Rentrée à ma maison je suis allée chez le Petit Jésus, je me suis prosternée devant le Saint Sacrement et j’ai dit au Seigneur : « Je ferai tout mon possible, mais je Vous en supplie, soyez toujours avec moi et donnez-moi la force d’accomplir votre Sainte Volonté. Car Vous pouvez tout, et moi je ne peut rien de moi-même. »

155. Il m’arrive depuis quelque temps que mon âme sente aussitôt quand quelqu’un prie pour moi ; et de même si une âme désire (même sans me le dire) que je prie pour elle, je le ressens aussi dans mon âme, au point que j’éprouve une certaine inquiétude, comme si quelqu’un m’appelait. Et, quand je prie, je recouvre la paix.

156. A un certain moment je désirais beaucoup communier. Mais j’avais un doute, et je ne suis pas allé à la Sainte Table. J’en souffrais terriblement. Tandis que j’étais occupée à mon travail ; il me semblait que mon cœur éclatait de douleur. Tandis que j’étais occupée à mon travail, le cœur plein d’amertume, Jésus se trouva soudain près de moi et me dit : « Ma fille, n’omets pas la Sainte Communion, à moins que tu sache que tu es tombée gravement. De plus qu’aucun doute ne t’arrête pour t’unir à Moi dans Mon mystère d’amour. Tes menues fautes disparaîtront dans mon amour, comme un brin de paille jeté dans une grande fournaise. Sache que tu M’attristes beaucoup quand tu Me délaisses dans la Sainte Communion. »

157. Le soir, quand je suis entrée dans la petite chapelle, j’entendis : « Ma fille, médite ces paroles : Etant tombé en agonie, Il priait plus instamment. » - Lorsque j’ai commencé à réfléchir plus profondément, mon âme fut envahie par une grande lumière. J’ai reconnu qu’il nous faut beaucoup de persévérance dans l’oraison et que notre salut dépend souvent d’une prière bien difficile.

158. J’étais à Kiekrz pour peu de temps, pour remplacer une de mes Sœurs. Or un après midi, passant par le jardin, je me suis arrêtée au bord du lac. Pendant un long moment je restais là, pensive. Soudain, je vis Jésus près de moi. Il me dit avec bonté : « J’ai crée tout ceci pour toi, Mon épouse. Mais sache que toutes ces beautés ne sont rien comparées à ce que Je t’ai préparé dans l’éternité. » Mon âme fut inondée d’une si grande consolation que je restai là jusqu'au soir. Et il me sembla que ce n’était qu’un moment bien court. C’était mon jour libre destiné à la retraite d’un jour, j’avais donc liberté complète de tester en oraison. Oh ! que la bonté de Dieu est infinie ! Il nous poursuit de Sa bonté. Il arrive le plus souvent que le Seigneur me donne les plus grandes grâces alors que je m’y attends le moins.

159. O Sainte Eucharistie ! Pour loi,
Vous êtes enfermé dans le ciboire d’or,
Pour que, dans le grand désert de l’exil je puisse passer immaculée, intacte
Par la puissance de Votre amour.

O Sainte Eucharistie ! Pour moi,
Vous êtes enfermé dans le ciboire d’or,
Pour que, dans le grand désert de l’exil, je puisse passer immaculée, intacte,
Par la puissance de votre amour.

O Sainte Eucharistie ! Hôte de mon âme,
Le plus pur amour de mon cœur,
Que votre clarté dissipe les ténèbres.
Vous ne refusez pas vos faveurs au cœur plein d’humilité
.O Sainte Eucharistie ! Enchantement du ciel,
Bien que vous cachiez Votre beauté,
Et que Vous Vous présentiez à moi dans une parcelle de pain,
La force de la foi déchire ce voile.

160. Le jour de la croisade, qui est le cinquième jour du mois, tombait le premier vendredi du mois. Aujourd’hui c’est mon jour pour monter la garde d’honneur devant Jésus. Mon devoir était de réparer tous les outrages et les manques de respect envers le Seigneur, de prier qu’en ce jour aucun sacrilège ne soit commis. Mon esprit était ce jour là d’un  singulier amour pour l’Eucharistie. Il me semblait être changée en brasier. Quand je m’approchai de la Sainte Communion et que  le prêtre me donna Jésus, une seconde hostie s’accrocha à sa manche et je ne savais pas laquelle des deux je devais recevoir. Alors que je réfléchissais un instant, le prêtre impatient me fit de la main le signe de recevoir l’hostie qu’il me présentait. Dès que je l’eus reçue, l’autre tomba sur mes mains. Le prêtre continua à donner la Sainte Communion jusqu’au bout de la table de Communion, cependant que moi je tenais Jésus sur mes mains pendant tout ce temps. Quand le prêtre  revint, je lui présentai l’hostie pour qu’il la remette dans le ciboire. Car, après avoir reçu Jésus, je ne pouvais, avant de L’avoir consommé, dire que l’autre hostie était tombée…

Mais pendant tout le temps où j’ai eu l’hostie en main, je ressentais une telle puissance d’amour que, de toute la journée, je ne pus ni manger ni reprendre connaissance. J’ai entendu ces paroles venant de l’hostie : « Je désirais reposer sur tes mains et pas seulement dans ton cœur. » Et soudain, au même instant, je vis Jésus. Mais quand le prêtre s’approcha, je ne vis plus que l’hostie à nouveau.

161. O Marie, Vierge Immaculée,
Pur cristal pour mon cœur,
Vous êtes ma force, ô ancre puissante.
Vous êtes le boulier et la défense du cœur pauvre.

O Marie, vous êtes pure, incomparable,
Vierge et Mère en même temps,
Vous êtes belle comme le soleil, sans tache.
Incomparable est votre âme !

Votre beauté a charmé le regard du Trois fois Saint,
Quittant le Trône éternel, Il descendit du Ciel,
Et Il a reçu Son Corps et Son Sang de Votre Cœur,
Pendant neuf mois se cachant dans le cœur d’une Vierge.

O Vierge Mère, personne ne concevra ceci :
Dieu infini devint homme.
Par Son amour et Son insondable Miséricorde.
Par vous, Mère, Il nous est donné de vivre éternellement avec Lui.

O Marie, Vierge, Mère et Porte du Ciel
Par vous le salut nous est venu.
De vos mains jaillit chaque grâce pour nous,
Une fidèle imitation de vous peut seule me sanctifier.

O Vierge Marie, le plus beau des Lys,
Votre Cœur était pour Jésus le premier tabernacle sur terre.
C’est parce que votre humilité était la plus profonde
Que vous êtes élevée au dessus des Chœurs angéliques et des Saints.

O Marie, ma douce mère,
Je vous rends mon âme, mon corps et mon pauvre cœur,
Soyez gardienne de ma vie,
Et particulièrement à l’heure de la mort, dans le combat suprême.

162.  J.M.J.      1er janvier 1937

Jésus, j’ai confiance en vous.
La carte du contrôle intérieur de l’âme. L’examen particulier.
S’unir au Christ Miséricordieux.
Pratique : le silence intérieur, garder strictement le silence.

La conscience
  Janvier :
Dieu et l’âme, le silence. Victoires: 41; chutes 4.
Court acte de piété : « Et Jésus gardais le silence. »
  Février
Dieu et l’âme, le silence. Victoires 36 ; chutes 3
  Mars :
Dieu et l’âme, le silence. Chutes :3.
Court acte de piété : « Jésus, enflammez mon cœur d’amour.»
  Avril :
Dieu et l’âme, le silence. Victoires : 61 ; chutes : 4.
Court acte de piété : « Avec Dieu, je peux tout. »
  Mai :
Dieu et l’âme, le silence. Victoire : 92 ; chutes : 3.
Court acte de piété : « Dans Son Nom est ma force. »
  Juin :
Dieu et l’âme, le silence. Victoires : 64, chutes : 1.
Court acte de piété : « Tout pour Jésus. »
  Juillet
Dieu et l’âme, le silence. Victoires : 62 ; chutes : 8.
Court acte de piété : « Reposez-Vous, Jésus, dans mon cœur. »
   Août
Dieu et l’âme, le silence. Victoires    :88 ; chutes : 7.
Court acte de piété : « Jésus, Vous savez… »
  Septembre
Dieu et l’âme, le silence. Victoires : 99 ; chutes 1.
Court acte de piété : « Jésus, cachez-moi dans Votre Cœur. »
  Octobre :
Dieu et l’âme, le silence. Victoires : 41 ; chutes : 3.
Court acte de piété : « Marie, unissez-moi à Jésus. »
(Ici c’est une nouvelle page. Retraite.)
  Novembre :
Dieu et l’âme, le silence. Victoires, chutes
Court acte de piété : « O mon Jésus, miséricorde ! »
  Décembre :
Dieu et l’âme, le silence. Victoires, chutes.
Court acte de piété : « Salut, vivante Hostie ! »
 

163. J.M.J.     Année 1937

Exercices généraux

O très Sainte Trinité,je désire adorer Votre Miséricorde par chaque souffle de mon être, chaque battement de mon cœur, chacune de mes pulsations.

Je désire être toute transformée en Votre Miséricorde et être ainsi un vivant reflet de Vous, Seigneur. Que le plus grand des attributs divins Votre insondable Miséricorde, se déverse par mon âme et mon cœur sur le prochain.

Aidez-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d’après les apparences extérieures, mais que je discerne la beauté dans l’âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.

Aidez-moi, Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.

Aidez-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais du mal de mon prochain, mais que j’aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.

Aidez-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses et remplies de bonnes œuvres, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes.

Aidez-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude. Mon véritable repos est de rendre service à mon prochain.

Aidez-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain. Je ne refuserai mon cœur à personne. Je fréquenterai sincèrement m^me ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté ; et moi, je m’enfermerai dans le Coeur Très Miséricordieux de Jésus. Je tairai mes propres souffrances. Que Votre miséricorde repose en moi, Seigneur.

Vous m’ordonnez Vous-même de m’exercer aux trois degrés de la miséricorde. Le premier : l’acte de charité quel qu’il soit ; le second : la parole miséricordieuse : si je ne puis aider par l’action, j’aiderai par la parole ; le troisième : la prière. Si je ne peux témoigner la miséricorde ni par l’action, ni par la parole, je le pourrai toujours par la prière. J’envoie ma prière même là où je ne puis aller physiquement. O Jésus, transformez-moi en Vous, car Vous pouvez tout. (Ici quatre pages sont restées libres).

164.    J.M.J.   Varsovie, 1933

Probation avant les vœux perpétuels

Lorsque j’appris que je devais partir pour la probation, mon cœur fut empli de joie à la perspective d’une telle joie : mes vœux perpétuels ! Je suis allée devant le Saint Sacrement et je me suis plongée dans l’action de grâce. J’ai entendu : « Mon enfant, tu es mon délice, tu es le soulagement de Mon Cœur. Je t’accorde autant de grâces que tu es capable d’en supporter. Parle au monde entier de Ma grande et insondable Miséricorde, si tu veux Me faire plaisir. »

165. Quelques semaines avant l’annonce de mon entrée en probation, je suis allée passer un moment à la chapelle, et Jésus me dit : « A cet instant les Supérieures annoncent quelles Sœurs prononceront leurs vœux perpétuels. Elles ne recevront pas toutes cette grâce, mais c’est leur faute. Qui ne profite pas des petites grâces n’en reçoit pas de grandes. Mais à toi, mon enfant, cette grâce est donnée. »

Un joyeux étonnement envahit mon âme, parce que, quelques jours auparavant, une des Sœurs m’avait dit : « Vous ne ferez pas la troisième probation, ma Sœur. Je vais déconseiller moi-même de vous laisser faire vos vœux ; » Je n’ai rien répondu à cette Sœur, mais j’en ai grandement souffert ; pourtant je tâchais de cacher ma douleur. O Jésus, comme vos actions sont singulières. Je vois maintenant que les gens ne peuvent grand’chose par eux mêmes, car je vas en probation comme l’a dit Jésus.

166 Je trouve toujours lumière et force de l’âme dans la prière. Bien qu’à certains moments particulièrement lourds et pénibles il me soit difficile d’imaginer que ces choses puissent avoir lieu dans un couvent. Dieu le permet parfois étrangement ainsi, mais toujours pour que la vertu se manifeste dans l’âme ou s’y développe. Voilà la raison d’être des ennuis.

167. Novembre, 1932. Je suis arrivée aujourd’hui à Varsovie pour ma troisième probation. Après avoir salué affectueusement les chères Mères, je suis entrée dans la petite chapelle. Soudain la présence divine inonda mon âme et j’entendis ces paroles : « Ma fille, je désire que ton cœur soit semblable à Mon Cœur miséricordieux. Tu dois être toute imprégnée  de Ma miséricorde. »

Ma chère Mère Maîtresse me demanda tout de suite si j’avais fait une retraite cette année ; je répondis que non. « Eh bien ma Sœur, il faut que vous fassiez une retraite de trois jours au moins. » Dieu merci il y avait à Valendov une retraite de huit jours, je pouvais donc en profiter. Mais des difficultés survinrent quant au départ pour cette retraite. Une certaine personne y était opposée et il était déjà décidé que je ne partirais pas. Après dîner, j’entrai à la chapelle pour une adoration de cinq minutes. Tout à coup je vis Jésus, qui me dit : « Ma fille, je te prépare beaucoup de grâces. Tu les recevras pendant la retraite que tu commenceras demain. » Je répondis : « Jésus, cette retraite est commencée et je ne dois pas partir. » Et Il me dit : « Prépares toi à commencer demain la retraite. Et c’est moi qui arrangerai ton départ avec les Supérieures. »  Et soudain Jésus disparut. Je me suis demandée comment cela allait arriver. Mais tout de suite j’ai rejeté toute réflexion, et j’ai consacré tout mon temps à la prière, demandant au Saint-Esprit la lumière pour connaître toute la misère que je suis. Et après un moment, je sortis de la chapelle pour aller à mon devoir. Bientôt la Mère Générale m’appela et me dit : « Ma Sœur, vous partirez aujourd’hui avec Mère Valéria à Valendov. Vous pourrez ainsi commencer votre retraite demain. Mère Valéria est là, vous partirez avec elle. » Pres de deux heures après, j’étais à Valendov. Je rentrai un instant en moi-même, et je reconnus que seul Jésus peut arranger des affaires de la sorte.

168. Dès que la personne qui était si fortement opposée à ce que je fasse cette retraite me vit, elle manifesta son étonnement et son mécontentement. Sans y prêter attention, je l’ai saluée affectueusement, et je suis allée chez le Seigneur pour savoir comment me conduire pendant la retraite.

169. Dans une conversation avec Lui, avant la retraite, Jésus m’apprit que cette retraite serait un peu différente des autres : « Tu vas tâcher d’avoir une grande paix dans tes rapports avec Moi. J’éloignerai  tous tes doutes à cet égard. Je sais que maintenant, quand je te parle, tu es tranquille. Mais, dans un moment, quand J’aurai cessé, tu recommenceras  à chercher des raisons de douter. Sache cependant que J’affermirai si bien ton âme que même si tu voulais t’inquiéter, ce ne sera pas en ton pouvoir. Et, comme preuve que c’est Moi qui te parle, tu iras le deuxième jour de la retraite te confesser au prêtre qui la prêche. Tu iras à lui dès qu’il aura fini sa conférence. Tu lui exposeras tes craintes envers Moi, et je te répondrai par sa bouche. Alors tes craintes se dissiperont. Pendant cette retraite, garde un silence complet, comme si rien n’existait autous de toi. Tu ne parleras qu’avec Moi et ton confesseur ; à tes Supérieures tu ne demanderas que des pénitences. » J’éprouvai un immense bonheur de voir le Seigneur Jésus me montrer tant de bienveillance et S’abaisser ainsi jusqu’à moi.

170. Le premier jour de la retraite, j’ai tâché d’être la première le matin à la chapelle. Avant la méditation, j’avais un moment pour prier le Saint Sacrement et la Sainte Vierge. Je demandais ardemment à la Mère de Dieu qu’Elle m’obtienne la grâce de la fidélité aux inspirations intérieures et à la volonté divine, quelque qu’elle soit. J’ai commencé cette retraite avec un singulier courage.

171. Combat pour garder le silence. Comme il est de coutume, des Sœurs de toutes les maisons se réunissent pour la retraite. Une Sœur,que je n’avais pas vue depuis longtemps, vint dans ma cellule et me dit qu’elle voulait me parler. Ne lui ayant rien répondu, elle s’ aperçut que je ne voulais pas rompre le silence et me dit : « Je ne savais pas que vous étiez si étrange. » Et elle s’en alla. J’ai compris que cette personne n’avait d’autre souci que de rassurer  sa propre curiosité. O mon Dieu, maintenez-moi dans la fidélité.

172. Le Père qui prêchait la retraite arrivait d’Amérique. Il était venu faire un court séjour en Pologne et les circonstances avaient fait qu’il nous prêchait la retraite. Une profonde vie intérieure l’animait, c’était visible. Son aspect respirait l’intelligence ; l’esprit de mortification et de recueillement caractérisait ce prêtre. Mais malgré ses hautes vertus, j’éprouvais d’immenses difficultés à lui dévoiler entièrement mon âme. Pour ce qui rst des péchés, c’est toujours facile ; mais quand au grâces reçues, je devais vraiment faire un grand effort, et encore je ne disais pas tout.

Les tentations du démon pendant la méditation

Une singulière peur me prit que le prêtre ne me comprenne pas ou qu’il n’aie pas assez de temps pour me laisser m’exprimer jusqu’au bout. Comment lui parler de tout cela ? Si encore il s’agissait du Père Bukowski, je l’aurais fait plus facilement. Mais c’était la première fois que je voyais ce Jésuite. Ici, je me suis rappelée un conseil du Père Bukowski, qui m’avait dit que, lorsque je faisais une retraite, je devais prendre au moins quelques notes au sujet des lumières que Dieu m’envoyait, et lui en faire un bref compte rendu.
Mon Dieu, pendant une journée et demie tout allait si bien ; et voilà que commençait. un combat à mort. Dans une demi heure il y aurait la conférence, et ensuite la confession. Le démon me persuada que, si les Supérieures avaient dit que ma vie intérieure  était une illusion, à quoi on questionner et fatiguer encore le confesseur ? Mère X t’a dit que Jésus ne vivait pas en intimité avec des âmes aussi misérables. Ce confesseur te répondra de même. Pourquoi en parler ? Ce ne sont pas des péchés, et Mère X t’a dit bien précisément que toute cette intimité avec Jésus n’est que rêverie ou pure hystérie. Pourquoi en parler au confesseur ? Tu ferais mieux de rejeter toutes ces illusions. Vois, tu as souffert tant d’humiliations déjà, et beaucoup d’autres t’attendent encore. Et les Sœurs savent que tu es hystérique. J’ai appelé de toutes les forces de mon âme : « Jésus ! » - A ce moment, le Père commença la conférence.

174. Il a parlé  peu de temps, comme s’il se dépêchait. Après la conférence il alla au confessionnal. Voyant qu’aucune des Sœurs ne s’y rendait, je me suis élancée de mon prie-Dieu et m’agenouillai dans le confessionnal. Je n’avais pas le temps de réfléchir. Au lieu de dire au Père tous les doutes qu’on avait formulé à l’égard de mes rapports avec Jésus, j’ai commencé à parler de toutes ces tentations que j’ai décrites plus haut. Mais le confesseur comprit tout de suite ma situation, et il  dit : « Vous vous méfiez, ma Sœur, de Jésus, parce qu’il est si bienveillant envers vous. N’est-ce pas ? Soyez donc complètement tranquille. Jésus est votre Maître, et vos rapports avec Jésus ne sontt ni hystérie, ni rêverie, ni illusion. Sachez que vous êtes dans la bonne voie. Tâchez d’être fidèle à ces grâces ; il vous est défendu de vous en écarter. Vous n’avez pas du tout besoin d’en parler à vos Supérieures, sauf quand  Jésus vous donne un ordre précis et dans ce cas, il faut d’abord vous entendre avec votre confesseur. Mais si Jésus exige quelque chose d’extérieur, alors, après vous être entendue avec votre confesseur, vous devez accomplir ce qu’exige le Seigneur, même si cela doit vous coûter énormément. <d’un autre côté, vous devez tout dire à votre confesseur. Il n’y a absolument pas d’autre voie pour vous, ma Sœur.

Priez pour avoir un directeur spirituel, car autrement vous gaspillerez  ces grands dons de Dieu. Je le répète encore une fois : soyez tranquille. Vous êtes dans la bonne voie. Ne faites attention à rien de ce que l’on dit de vous. C’est justement avec de telles âmes misérables que Jésus est en intimité et plus vous vous abaisserez, plus Jésus s’unira à vous. »

175. Quand j’ai quitté le confessionnal, une joie inconcevable inonda mon âme, de sorte que je m’écartais dans un endroit solitaire du jardin, pour me cacher des Sœurs et permettre à mon cœur de s’épancher intérieurement en Dieu. La présence divine me submergea et, en un instant, mon être s’anéantit totalement en Dieu et je sentis, je discernai alors les Trois Personnes Divines qui demeuraient en moi. Et j’éprouvais une si grande paix dans mon âme que je m’étonnais d’avoir pu tellement m’inquiéter.

176. Résolution : fidélité aux inspirations intérieures, quoi qu il pût m’en coûter. Ne rien faire de moi-même sans m’être entendue avec mon confesseur.

177. La rénovation des vœux. Dès le matin, lorsque je m’éveillai, mon esprit fut tout entier immergé en Dieu, cet océan d’amour. Je sentais que j’étais toute plongée en Lui ! Pendant la Sainte Messe, mon amour pour Lui arriva à une grande puissance. Après la rénovation des vœux et la Sainte Communion, je vis soudain Jésus, qui me dit avec bienveillance : « Ma fille, regarde Mon Cœur miséricordieux. ». Fixant mon regard sur ce Cœur Très Saint
 
 

176. Résolution : fidélité aux inspirations intérieures, quoi qu il pût m’en coûter. Ne rien faire de moi-même sans m’être entendue avec mon confesseur.

177. La rénovation des vœux. Dès le matin, lorsque je m’éveillai, mon esprit fut tout entier immergé en Dieu, cet océan d’amour. Je sentais que j’étais toute plongée en Lui ! Pendant la Sainte Messe, mon amour pour Lui arriva à une grande puissance. Après la rénovation des vœux et la Sainte Communion, je vis soudain Jésus, qui me dit avec bienveillance : « Ma fille, regarde Mon Cœur miséricordieux. ». Fixant mon regard sur ce Cœur Très Saint je vis en sortir des rayons comme du Sang et de l’Eau, les mêmes que sur le tableau, et je compris combien la miséricorde du Seigneur est grande. Et de nouveau, Jésus me dit gracieusement : « Ma fille, parles aux prêtres de mon inconcevable Miséricorde. Les flammes de Ma Miséricorde Me brûlent, Je veux les déverser sur les âmes, mais les âmes ne veulent pas croire en ma bonté. » Et tout à coup Jésus disparut. Mais mon esprit resta toute la journée plongé en Dieu, dans sa présence divine, sensible malgré le bruit et les conversations qui suivent habituellement une retraite. Cela ne me dérangeais pas. Mon esprit était en Dieu, tout en prenant part aux conversations. Je suis même allée visiter Derdy.

178. Aujourd’hui nous commençons la troisième probation. Nous nous sommes rassemblées, toutes les trois, chez Mère Marguerite, car les autres Sœurs avaient leur troisième probation au noviciat. Mère Marguerite commença par une prière, elle nous expliqua en quoi consiste la troisième probation, et rappela combien la grâce des vœux perpétuels était grande. Soudain j’ai commencé à pleurer à haute voix. En un instant, toutes les grâces de Dieu parurent devant le regard de mon âme. Et je me voyais tellement misérable et ingrate envers Lui. Les Sœurs commencèrent à me réprimander disant : « Pourquoi éclate-t-elle en sanglots ? » Cependant Mère Marguerite pris ma défense et dit qu’elle ne s’en étonnait pas.

L’heure finie, je suis allée devant le Saint Sacrement et, consciente de mon immense misère, Je Lui demandai miséricorde afin qu’il daigne purifier et guérir ma pauvre âme. Alors j’entendis ces paroles : « Ma fille toutes tes misères sont brûlées dans le feu de Mon amour, comme un brin d’herbe jeté dans un brasier dévorant. Par cet abaissement, tu attires sur toi et sur d’autres âmes toute l’immensité de Ma Miséricorde. » Je répondis : « Jésus, façonnez mon pauvre cœur à votre gré. »

179. Pendant tout le temps de la troisième probation, j’avais le devoir d’aider la Sœur au vestiaire. Ce devoir me donna de nombreuses occasions de m’exercer à la pratique des vertus. Parfois il fallait aller par trois fois chez certaines Sœurs avec le linge, et encore on ne pouvait les satisfaire. Mais j’ai découvert aussi les grandes vertus de certaines sœurs, qui demandaient toujours de leur donner ce qu’il y avait de pire dans tout le vestiaire. J’admirais cet esprit d’humilité et de mortification.

180. Pendant l’Avent, une grande nostalgie de Dieu s’éveilla dans mon âme. Mon esprit, de toutes les forces de son être, s’élançait vers Dieu. Et le Seigneur m’accorda de nombreuses lumières dans la connaissance de Ses attributs. Le premier attribut que le Seigneur me fit connaître, ce fut Sa Sainteté. Cette Sainteté, est si grande que toutes les Puissances, les Vertus, tremblent devant Lui. Les purs esprits voilent leur face et s’abîment dans une incessante adoration. La Sainteté de Dieu se répand sur l’Eglise de Dieu et sur chaque âme vivant en elle – à des degrés divers. Il y a des âmes toutes pénétrées de Dieu, et il y en a qui vivent à peine.

La seconde connaissance que Dieu m’accorda, ce fut celle de Sa Justice. Elle est si grande et si pénétrante qu’elle atteint les choses dans leur essence. Tout se présente à Lui dans sa vérité, mi à nu, et rien ne pourrait Lui résister.

Le troisième attribut fut l’Amour et la Miséricorde. Et j’ai compris que c’est là le plus grand, celui qui unit la créature au Créateur. Le suprême Amour et l’infini de la Miséricorde se manifestent dans l’Incarnation du Verbe et dans la Rédemption. Et c’est ainsi que j’ai découvert que cette qualité était première en Dieu.

181. Aujourd’hui je mettais de l’ordre dans la chambre d’une des Sœurs. Je tâchais de nettoyer avec le plus grand soin ; cependant cette personne me suivait partout en disant : « Ici il reste une poussière. Et là une petite tâche sur le plancher. » A chacune de ses remarques, je corrigeais un détail, refaisant jusqu’à dix fois la même chose dans le but de la satisfaire. J’étais moins fatiguée par le travail que par ces bavardages et exigences immodérées. Mon martyre de toute la journée ne lui ayant pas suffi, elle est encore allée se plaindre chez la Maîtresse : « Ma Mère, quelle est cette Sœur qui ne sais pas se dépêcher ? » Le lendemain je suis allée faire la même besogne sans protester. Lorsqu’elle s’en prit à moi, j’ai pensé : « Jésus, on peut être une martyre silencieuse ; ce n’est pas le travail qui m’affaiblit mais ce martyre… »

Je me suis aperçue que certaines personnes ont l’art de vexer les autres. Elles s’y emploient de leur mieux et la pauvre âme qu’elles ont sous la main n’y pourra rien : les meilleures choses seront critiquées avec malice.

182. Veille de Noël. Aujourd’hui je me suis unie étroitement à la Mère de Dieu et j’ai vécu ses sentiments intérieurs. Le soir, avant la cérémonie pendant laquelle on rompt le pain azyme, je suis allée à la chapelle pour le rompre, par la pensée avec les êtres qui me sont cher, et j’ai demandé à Notre Dame des grâces pour eux. Mon esprit était entièrement plongé en Dieu. Pendant la Messe de minuit, j’ai vu l’enfant Jésus qans l’Hostie et mon esprit s’est aimé en Lui. C’est un petit Enfant, mais sa Majesté submergeait mon âme. J’ai pénétré ce mystère très profondément : ce grand abaissement de Dieu et Son inconcevable anéantissement. Ce sentiment resta vivant dans mon âme pendant la durée des fêtes. Oh ! nous ne comprendrons jamais ce grand abaissement de Dieu – plus je le considère…(ici la pensée est interrompue).

183. Un matin, après la Sainte Communion, j’entendis cette voix : « Je désire que tu M’accompagnes quand J e vais chez les malades. ». Je répondis que j’étais d’accord. Après un moment de réflexion je me suis demandée comment je pourrai le faire : Les Sœurs du second chœur n’accompagnent pas le Saint Sacrement, ce sont les Sœurs directrices qui y vont toujours. J’ai pensé que Jésus y remédierait.

Peu après, Mère Raphaële m’envoya chercher : « Ma Sœur, vous allez accompagner Jésus quand le prêtre ira chez les malades. » Et pendant tout le temps de ma probation, j’ai pu porter le flambeau en accompagnant le Seigneur. Et comme chevalier de Jésus, je tâchai toujours de me ceindre d’une ceinture de fer, cela me paraissait s’imposer pour avancer devant le Roi. Et j’offrais chaque fois cette mortification pour les malades.

184. L’Heure Sainte. Pendant cette heure je  tâchais de méditer la Passion du Seigneur. Cependant la joie inonda mon âme et, soudain je vis le petit Enfant Jésus. Mais Sa Majesté me pénétra tellement que je dis : « Jésus, Vous êtes si petit, mais je sais que Vous êtes mon Créateur et mon Seigneur. » Jésus me répondit : « Oui, Je le suis et c’est pour t’apprendre l’humilité et la simplicité, que je suis avec toi sous l’aspect d’un enfant. »

Je déposais comme un bouquet pour Jésus toutes mes souffrances et mes difficultés, le jour de nos épousailles perpétuelles. Rien ne m’était difficile lorsque je me souvenais que c’était pour mon Epoux, comme preuve de mon amour pour Lui.

185. Mon silence pour Jésus. Je tachais de garder un grand silence pour Jésus. Au milieu du plus grand bruit, Jésus trouvait toujours le silence dans mon cœur, bien que cela me coûtât parfois beaucoup. Qu’est-ce qui serait trop grand pour Jésus, pour Celui que j’aime de toute la force de mon cœur ?

186. Aujourd’hui Jésus me dit : « Je désire que tu connaisses plus profondément l’amour dont brûle mon cœur. Tu le comprendras en méditant Ma Passion. Appelle Ma Miséricorde sur les pécheurs, Je désire leur salut.

Quand tu réciteras cette prière pour un pécheur d’un cœur contrit et avec foi, Je lui donnerai la grâce de la conversion. Voici cette petite prière :

187. « O Sang et Eau, qui avez jailli du Cœur de Jésus comme source de Miséricorde pour nous, j’ai confiance en Vous! »

188. Pendant les derniers jours du carnaval, alors que je faisais mon heure sainte, je vis comment Jésus avait souffert pendant la flagellation. C’est un supplice inconcevable. Quelles terribles douleurs Jésus a endurées lorsqu’Il a été flagellé ! Pauvres pécheurs, comment ferez-vous pou rencontrer, au Jour du Jugement, Jésus que vous torturez tellement aujourd’hui ? Son sang a coulé à terre, et la chair commençait à se détacher en certains endroits. Et j’ai vu dans Son dos quelques os à nu… Jésus gémissait et soupirais en silence.

189. Un jour, Jésus me fit comprendre combien Lui est agréable une âme qui observe fidèlement la règle. L’âme reçoit une plus grande récompense pour l’observance de la règle que pour des pénitences et de grandes mortifications. Si elles sont entreprises en plus de la règle, elles recevront aussi leur récompense, mais elles ne surpasseront pas la règle.

190. Au cours d’une adoration, Jésus exigea de moi que je m’offre à Lui comme oblation, pour endurer certaines souffrances, en expiation, non seulement pour les péchés du monde en général, mais en particulier pour les fautes commises dans cette maison. J’ai dit à l’instant : « Très bien, je suis prête. » Cependant Jésus me fit connaître ce que j’allais souffrir ; et instantanément, je vis défiler devant mes yeux toutes les parties successives de ce supplice. Premièrement, mes intentions seraient mal interprétées ; puis viendraient nombre de soupçons et méfiances, humiliations et contrariétés de toutes sortes – et j’en passe.

Tout cela se présenta à mes yeux comme un sombre orage, dont la foudre allait tomber ; elle n’attendait que mon consentement. Un moment, ma nature s’effraya. Soudain la cloche sonna pour le dîner. Je sortis de la chapelle tremblante et indécise..

Mais ce sacrifice restait toujours présent à mon esprit, car sans le refuser au Seigneur, je ne me décidais pas à l’accepter. Je voulais me rendre à Sa volonté. Si Jésus Seul me l’imposait, j’y étais prête. Mais Jésus me fit connaître que je devais moi-même y consentir volontiers, sinon il n’aurait pas de valeur. Toute sa force devant le Seigneur résidait dans mon acte volontaire. En même temps il me fit comprendre que tout était en mon pouvoir : Je pouvais le faire, mais je pouvais aussi ne pas le faire. Je répondis donc aussitôt : « Jésus, j’accepte tout ce que Vous voudrez m’envoyer, j’ai confiance en Votre bonté. » Et au même instant, je ressentis que j’avais ainsi rendu grande gloire à Dieu. Cependant je m’armai de patience. Dès que je sortis de la chapelle, je rencontrai la réalité. Je ne veux pas la décrire en détail, mais il y en avait autant que je pouvais en supporter. Je n’aurais pu en venir à bout, si il y avait eu une goutte de plus.

191. Un certain matin, j’entendis ces paroles dans mon âme : « Vas chez la mère Générale, et dis que cette chose ne Me plaît pas dans telle et telle maison. » Quelle chose et dans quelle maison ? Je l’ignore, mais je l’ai dit à la Mère Générale, bien que cela m’ait bien coûté.

192. Un jour je me suis engagée à prendre sur moi une terrible tentation dont souffrait une de nos élèves dans la maison de Varsovie : la tentation du suicide. J’ai souffert pendant sept jours, au bout desquels Jésus lui donna la grâce demandée, et moi aussi j’ai cessé de souffrir. C’était une grande souffrance. Je prends souvent sur moi les tourments de nos élèves. Jésus me le permet, mon confesseur aussi.

193. Mon cœur est la demeure permanente de Jésus. Personne n’y a accès qu Lui. C’est en Jésus que je puise la force de combattre les difficultés et les contrariétés. Je désire passer en Jésus pour pouvoir me donner complètement aux âmes. Sans Lui, je ne pourrai m’approcher d’elles. Car je sais ce que je suis. J’absorbe Dieu en moi pour le donner aux âmes.

194. Je désire de toutes mes forces, travailler, m’anéantir pour notre œuvre de salut des âmes immortelles. Peu importe si ces efforts doivent raccourcir ma vie. Elle ne m’appartient plus, mais elle est la propriété de la Congrégation. Je désire être utile à toute l’Eglise par ma fidélité à notre Congrégation.

195. O Jésus, mon âme est comme assombrie par la souffrance. Pas un seul rayon de lumière. La tempête fait rage, et Jésus dort. O mon Maître, je ne Vous réveillerai pas, je n’interromprai pas Votre doux sommeil. Je crois que Vous me donnez la force sans que je le sache. Pendant des heures entières, je Vous adore, ô Pain vivant, dans une grande sécheresse d’âme. O Jésus, pur amour, je n’ai pas besoin de consolations, je me nourris de Votre volonté. O Puissant ! Votre volonté est le but de mon existence. Il me semble que le monde entier me sert et qu’il dépend de moi. Seigneur, Vous comprenez mon âme dans toutes ses aspirations.

Jésus, lorsque je ne puis moi-même Vous chanter l’hymne de l’amour, j’admire alors le chant des Séraphins, eux que Vous aimez tant. Je désire m’abîmer en Vous de la même manière. Rien ne fera obstacle à un tel amour, et aucune puissance, et aucune puissance n’a la force de le détruire. Il est semblable à l’Eclair, qui illumine les ténèbres, mais n’y reste pas.

O mon Maître, formez mon âme selon Votre volonté et Vos desseins éternels

196. Une certaine personne s’est fait comme un devoir de m’exercer de toute façon dans la vertu. Un jour elle m’arrêta dans le corridor et, pour commencer, elle me dit qu’elle n’avait aucun motif de me faire des remarques, mais qu’elle m’ordonnait de rester debout pendant une demi-heure, en face de la petite chapelle et d’attendre la Mère Supérieure, qui devait passer là après la récréation. Je m’accuserai alors de différentes choses qu’elle m’ordonna de dire. Mon âme était totalement étrangère à ces choses, mais je fus obéissante et j’ai attendu pendant toute la demi-heure la Supérieure. Chaque Sœur qui passait me regardais avec un sourire. Quand je me suis accusée à la Mère Supérieure, elle me renvoya à mon confesseur. Quand je me suis confessée, ce prêtre remarqua aussitôt que c’était quelque chose qui ne venait pas de mon âme, que je n’avais aucune idée de ce dont il s’agissait. Et il était très étonné que cette personne ait pu se décider à donner de tels ordres.

197. O Divine Eglise, vous êtes la meilleure des mères. Vous seule savez élever et faire grandir l’âme. Oh quel grand amour et quelle déférence j’éprouve pour l’Eglise, cette Mère incomparable.

198. Une autre fois, le Seigneur me dit : « Ma fille, ta confiance et ton amour retiennent Ma Justice. Et Je ne puis punir, car tu M’en empêches. » Oh quelle grande force possède l’âme pleine de confiance.

199. Quand je pense aux vœux perpétuels, et qui est Celui qui désire s’unir à moi, cette pensée m’absorbe pendant des heures entières, pendant lesquelles je médite sur Lui. Comment cela arrivera-t-il ? Vous êtes Dieu et moi Votre créature. Vous le Roi immortel, et moi une mendiante et la misère même. Mais maintenant tout est clair pour moi. Votre grâce et votre amour, Seigneur vont combler cet abîme qui existe entre Vous, Jésus, et moi.

200. O Jésus, comme l’âme est profondément blessée lorsqu’elle tâche d’être sincère, et qu’on la soupçonne d’hypocrisie et qu’on la traite avec méfiance. O Jésus, vous avez souffert tout cela pour donner satisfaction à Votre Père.
 
 

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