603. A ce moment je vis aussi une certaine personne et en partie l’état de son âme et les grandes épreuves que Dieu envoyait à cette âme. Ses souffrances concernaient sa mentalité et sous une forme tellement aigue que j’eus pitié d’elle et je dis au Seigneur : « Pourquoi agissez-Vous ainsi avec elle ? » Et le Seigneur me répondit : « Pour sa triple couronne. » Et le Seigneur me fit connaître quelle gloire inouïe attend l’âme qui ressemble à Jésus souffrant, ici bas sur terre. Cette âme ressemblera au Christ dans Sa gloire. Le Père Céleste glorifiera et reconnaîtra nos âmes dans la mesure où Il verra en nous la ressemblance avec Son Fils. J’ai compris que cette assimilation à Jésus nous est donnée ici-bas sur terre. Je vois des âmes pures et innocentes sur lesquelles Dieu exerça Sa justice. .Ces âmes sont des victimes qui soutiennent le monde et qui complètent ce qui manquait à la Passion de Jésus. Ces âmes ne sont pas nombreuses. Je me réjouis profondément que Dieu m’ait permis de connaître de telles âmes.
604. O Sainte Trinité, Dieu Eternel, je Vous remercie de m’avoir fait connaître la grandeur et les divers degrés de gloire que les âmes peuvent atteindre. Quelle grande différence il y a entre deux degrés de profonde connaissance de Dieu. Oh ! si les âmes pouvaient le savoir ! O mon Dieu si je pouvais en gagner une de plus, je supporterais volontiers toutes les souffrances que tous les martyrs on endurés.
Vraiment, toutes ces souffrances ne me paraissent rien en comparaison de la gloire qui nous attend durant toute l’éternité. O Seigneur, plongez mon âme dans l’océan de Votre divinité et accordez-moi la grâce de Vous mieux connaître. Car plus je Vous connais, plus ardemment je Vous désire et plus mon amour pour Vous s’accroît. Mon âme est un gouffre insondable que Dieu seul peut remplir. Je me dissous en Lui comme une goutte d’eau dans l’océan. Le Seigneur S’est abaissé vers ma misère comme un rayon de soleil vers une terre déserte et rocailleuse. Et ainsi, sous l’influence de Ses rayons, mon âme s’est couverte de verdure, de fleurs, et de fruits. Et elle est devenue un beau jardin pour Son repos.
605. Mon Jésus, malgré Vos grâces je sens cependant, et je vois toute ma misère. Je commence ma journée par la lutte et je l’achève dans la lutte. A peine ais-je fini avec une difficulté que j’en ai dix autres à combattre. Mais je ne m’en afflige pas, car je sais bien que c’est le temps de la lutte et non du repos. Et quand le poids de la lutte dépasse mes forces, je me jette comme un enfant dans les bras du Père Eternel, et j’espère que je ne périrai pas. O Jésus, je suis très encline au mal et ceci me force à veiller continuellement sur moi. Mais rien ne me rebute. J’espère en la grâce de Dieu qui abonde dans la plus grande misère.
606. Dans les plus grandes difficultés et contrariétés je ne perd pas la paix intérieure, ni l’équilibre extérieur. Et ceci amène les adversaires au découragement. La patience dans les contrariétés donne de la force à l’âme.
607. 2 février 1936. Ce matin quand je me suis éveillée au son de la cloche, une telle somnolence s’est emparée de moi que ne pouvant me réveiller, je m’aspergeai d’eau froide et au bout de deux minutes la somnolence me quitta. Quand j’arrivai à la méditation, tout un essaim de pensées absurdes se pressait dans ma tête, de sorte que j’ai dû lutter durant toute l’oraison. Il en fut de même pendant la prière. Mais quand la messe a commencé un étrange silence et une grande joie se sont emparés de mon âme. Je vis alors la Sainte Vierge avec l’Enfant Jésus et Saint Joseph qui était debout derrière la Sainte Vierge. La très Sainte Mère me dit : « Tiens mon trésor le plus précieux. » Et elle 608. me tendit l’Enfant Jésus. Quand je Le pris dans mes bras, la Sainte Vierge et Saint Joseph disparurent et je restais seule avec l’Enfant Jésus. Je Lui dis: « Je sais que Vous êtes mon Seigneur et mon Créateur quoique Vous soyez si petit. » Jésus tendit Ses petites mains et me regarda avec un sourire. Mon esprit était rempli d’une joie incomparable.
Et soudain Jésus disparut : c’était le moment de la Sainte Communion. Je m’approchai avec les autres Sœurs de la Sainte Table. Après la Sainte Communion j’entendis dans mon âme ces paroles : « Je suis dans ton cœur, Moi que tu as tenu dans tes bras. » Alors je priai le Seigneur pour une âme pour qu’Il lui donne la grâce pour la lutte et éloigne d’elle cette épreuve. « Il en sera selon ta prière mais son mérite n’en sera pas diminué. » Cela me causa une grande joie. Dieu est si bon et si miséricordieux. Il exauce tout ce que nous Lui demandons avec confiance.
609. Chaque conversation avec le Seigneur fortifie singulièrement mon âme. Il me donne tant de courage que je ne crains rien au monde. J’éprouve seulement la peur d’attrister Jésus.
610. O mon Jésus, je Vous supplie par la bonté de Votre très doux Cœur, apaisez votre colère et montrez-nous Votre miséricorde. Que Vos blessures soient pour nous un abri devant la justice de Votre Père. Je Vous ai connu, ô Dieu, comme source de miséricorde qu apaise la soif de mon âme et lui donne la vie. Oh ! que la miséricorde du Seigneur est grande. Elle surpasse toutes Ses qualités. La miséricorde est le plus grand attribut de Dieu. Tout ce qui m’entoure m’en parle. Sa miséricorde est la vie des âmes, Sa pitié est inépuisable. O Seigneur regardez-nous t agissez avec nous selon Votre grande miséricorde.
611. A un certain moment un doute survint en moi : ce qui m’était
arrivé, n’avait-il pas profondément offensé le Seigneur
Jésus ? Comme je ne pouvais le résoudre, j’ai décidé
de ne pas aller communier avant de m’être confessée, bien
que je me sois immédiatement repentie, car j’ai l’habitude, au moindre
manquement de demander pardon. Pendant les jours où je ne m’approchais
pas de la Sainte Communion je ne sentais pas la présence de Dieu
et j’en souffrais extrêmement. Mais je supportais cela comme une
punition pour mon péché. Cependant à la sainte Confession,
je reçus un blâme pour avoir manqué la Sainte Communion
car ce qui m’était arrivé n’était pas un empêchement
pour aller communier. Après la confession je reçus la Sainte
Communion et je is le Seigneur Jésus qui me dit ces paroles : «
Sache, Ma fille, que tu Me faisais une plus grande peine en ne t’unissant
pas à Moi dans la Sainte Communion que par ce petit manquement.
612. Un jour j’eus la vision de la petite chapelle : six Sœurs y recevaient
la Sainte Communion, de la main de notre confesseur, revêtu d’un
surplis et d’une étole. Dans la chapelle il n’y avait ni décoration
ni prie-Dieu. Après la Sainte Communion je vis Jésus tel
qu’Il est représenté sur l’image. Jésus marchait,
et moi j’ai appelé : « Comment pouvez-vous, Seigneur, passer
sans rien me dire ? Je ne ferai rien seule sans Vous. Vous devez
rester avec Moi et me bénir ainsi que cette Congrégation
et ma Patrie. » Jésus fit le signe de la croix et dit : «
Ne crains rien, Je suis toujours avec toi. »
613. Les deux derniers jours précédent le Carême nous eûmes avec nos élèves une heure d’adoration réparatrice. Pendant les deux heures, je vis le Seigneur Jésus comme après la flagellation. Une douleur tellement grande m’enserra l’âme qu’il me sembla que j’éprouvais tous les supplices en mon cœur et en mon âme.
614. 1.3.1936. Ce jour-là durant la messe, j’éprouvais
une étrange force et une impulsion à exécuter les
volontés de Dieu. Il me venait une si claire compréhension
de ces choses que le Seigneur attendait de moi que si j’avais dit ne pas
en comprendre une partie j’aurais commis un mensonge. Car le Seigneur me
laisse connaître Sa volonté distinctement et clairement et
en cela je n’ai plus l’ombre d’un doute. Et je compris que ce serait une
grande ingratitude que de retarder plus longtemps cette œuvre que Dieu
veut mener à bonne fin pour Sa gloire et pour le profit d’un grand
nombre d’âmes.
Il m’emploie comme un misérable instrument par lequel Il veut
mener à bonne fin Ses plans éternels de miséricorde.
Comme mon âme serait ingrate si elle résistait plus longtemps
à la volonté de Dieu. Rien ne me retiendra plus, ni les persécutions,
ni les souffrances, ni les dérisions, ni les menaces, ni les pétitions,
ni la faim, ni le froid, ni les flatteries, ni les amitiés, ni les
contrariétés, ni les amis, ni les ennemis, ni ces choses
que je traverse, ni les choses futures, ni la haine infernale, rien ne
me détournera de l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Je ne m’appuie pas sur mes propres forces, mais sur Sa toute-Puissance, car, s’il me donne la grâce de connaître Sa sainte volonté, Il me donnera aussi la grâce de l’accomplir. Je ne peux pas ne pas mentionner que dans cette disposition j’éprouve une certaine résistance de la part de ma nature inférieure qui s’élève avec ses exigences. Et il en résulte une lutte intime aussi grande que celle de Jésus au Jardin des Oliviers. Moi aussi je di à Dieu le Père Eternel : « S’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme Tu veux. » Ce que j’aurai à passer n’est pas un mystère pour moi. Mais en pleine connaissance de cause j’accepte tout ce que Vous m’enverrez ô Seigneur. J’ai confiance en Vous <<<<dieu miséricordieux et je désire, moi la première, Vous témoigner cette confiance que Vous exigez des âmes. Vérité éternelle, aidez-moi et éclairez-moi sur les chemins de la vie et faites qu’en moi s’accomplisse Votre Volonté.
Mon Dieu je ne désire rien d’autre que faire Votre volonté,
Seigneur. Peu importe la facilité ou la difficulté, je sens
qu’une force étrange me pousse à l’action. Une seule chose
me retient : la sainte obéissance. O mon Jésus, Vous me pressez,
Vous me soutenez, et d’autre part Vous me retenez. En cela aussi, que Votre
volonté soit faite. Je demeurai plusieurs jours dans cet état,
mes forces physiques diminuaient. Je n’en parlai à personne. Cependant
la Mère Supérieure remarqua mes souffrances et dit que j’étais
changée et palie. Elle me recommanda d’aller me reposer plus tôt
et de dormir plus longtemps. Et le soir elle me faisait apporter une tasse
de lait chaud. Avec un cœur plein de sollicitude, un vrai cœur de mère,
elle voulait m’aider. Cependant quand il s’agit d’épreuves spirituelles,
les choses extérieures n’ont pas d’influence et n’apportent pas
beaucoup de soulagement.
Et c’est au confessionnal que je puisais la force et la consolation
d’apprendre que je n’allais plus attendre longtemps pour passer à
l’action.
615. Le jeudi alors que je gagnais ma cellule je vis au-dessus moi la Sainte Eucharistie dans une grande clarté. Soudain j’entendis une voix qui me semblait venir d’au-dessus de l’Hostie : « En elle est ta force. Elle va te défendre. » Après ces mots, la vision disparut, mais une force étrange pénétra mon âme et une étrange lumière : notre amour de Dieu consiste en l’accomplissement de Sa volonté.
616. O Sainte Trinité, Dieu Eternel, je désire briller dans la couronne de Votre miséricorde, comme une petite pierre dont la beauté dépend de votre rayon de lumière et d’inconcevable miséricorde. Tout ce qui est beau dans mon âme est Vôtre, ô Dieu. De moi-même je ne suis rien.
617. Au début du Carême, je priai mon confesseur de me donner une mortification pour le temps du jeûne. Mais il me dit de ne rien retrancher de mes repas. Mais quand je vais manger, me rappeler que Jésus accepta le vinaigre avec le fiel. Ce sera ma mortification. Je ne savais pas que j’allais y trouver un grand avantage pour mon âme : Celui de méditer constamment Sa douloureuse Passion. Et ainsi pendant les repas, je ne pense pas à ce que je mange, mais je suis préoccupée de la mort de mon Seigneur.
618. J’ai aussi demandé au commencement du Carême de changer
mon examen particulier et de faire tout ce que je devais faire avec une
intention purement réparatrice pour les pécheurs.
Ceci me permet de vivre continuellement en union ave Dieu. Et cette
intention perfectionne mes actions, car tout ce que je fais, je le fais
pour les âmes immortelles. Toutes les peines et les fatigues ne me
sont rien, quand je pense qu’elles réconcilient les âmes
des pécheurs avec Dieu.
619. Marie, ma Maîtresse, m’enseigne toujours comment vivre pour Dieu. Mon esprit s’épanouit dans Votre douceur et Votre humilité, ô Marie.
620. A un certain moment, je suis entrée à la chapelle pour cinq minutes d’adoration, et je priais pour une certaine âme. J’ai compris alors que Dieu n’accepte pas toujours nos prières pour les âmes pour lesquelles nous prions, mais les destine à d’autres âmes. Et nous ne leur apportons pas toujours de soulagement, quand elles souffrent dans le feu du Purgatoire. Cependant notre prière n’est pas perdue.
621. Les relations confidentielles de l’âme
avec Dieu
Dieu s’unit à l’âme d’une façon particulière : visible seulement pour Dieu et pour l’âme. Personne ne percevra cette mystérieuse union. Dans cette union domine l’amour et tout est fait uniquement par amour. Jésus se donne à l’âme d’une manière pleine de douceur et dans ses profondeurs elle est en paix. Jésus lui accorde beaucoup de grâces et la rend capable de partager Ses pensées éternelles et découvre parfois à l’âme Ses intentions divines.
622. L Père Andraz me dit qu’il serait bien que dans l’Eglise de Dieu existât un groupe d’âmes qui implorerait la miséricorde divine, car nous avons tous besoin de cette miséricorde. Après ces mots une étrange lumière entra dans mon âme. Oh ! que Dieu est bon !
623. 18.3.1936. A un certain moment je priai le Seigneur Jésus de faire les premiers pas, par un changement quelconque ou par un acte extérieur, ou par mon renvoi, car je ne suis pas en état de quitter de moi-même cette Congrégation. Je priai de la sorte pendant plus de trois heures. Je ne pouvais pas prier, mais je soumettais ma volonté à la volonté de Dieu. Le jour suivant, la Mère Supérieure me dit que la Mère Générale me prenait à Varsovie. Je répondis à la Mère que peut-être je n’irai pas, mais que je quitterai tout de suite le couvent d’ici. J’ai pensé que c’étais le signe extérieur que j’avais demandé à Dieu. La Mère Supérieure répondit à cela. Mais après un instant, elle me rappela encore et me dit « Savez-vous, ma Sœur, allez-y quand même, même si vous deviez revenir tout se suite.. Ne tenez pas compte de la dépense du voyage. » J’ai répondu que j’irai, quoiqe une douleur me déchirai le cœur, car je savais que par ce départ, l’affaire se prolongerait. Cependant je tâche toujours d’être obéissante malgré tout.
624. Le soir quand je priais, la Vierge Marie me dit : « Ta vie doit être semblable à la mienne : douce, cachée, union incessante à Dieu, intercéder pour l’humanité et préparer le monde à la seconde venue de Dieu. »
625. Le soir, pendant la bénédiction, durant un instant mon âme se trouva en présence de Dieu le Père . Je sentis que j’étais dans Sa main comme une enfant et j’entendis dans mon âme ces mots : « N’aie peur de rien, Ma fille, tous les adversaires se briseront à mes pieds. » Après ces mots, mon âme se trouva dans une profonde tranquillité et un grand silence intérieur.
626. Je me plaignis au Seigneur de ce qu’Il me retirait Son aide et qu’étant seule je ne saurais que faire. J’entendis ces mots : « N’aie pas peur. Je suis toujours avec toi. » A ces mots de nouveau une profonde paix entra dans mon âme. Sa présence me pénétrait de façon sensible. Mon esprit était inondé d’une lumière qui atteignait aussi mon corps.
627. Le dernier soir de mon séjour à Wilno, une Sœur,déjà âgée, me découvrit l’état de son âme. Elle me dit que depuis plusieurs années elle souffrait intérieurement, qu’il lui semblait que toutes confessions étaient mauvaises et qu’elle avait des doutes sur le pardon du Seigneur Jésus. Je lui ai demandé si elle en avait jamais parlé à son confesseur. Elle me répondit que bien des fois elle en avait parlé aux confesseurs et que toujours tous les confesseurs lui disaient d’être tranquille. Cependant elle souffrait beaucoup et rien ne lui apportait de soulagement. Et il lui semblait tout le temps que Dieu ne lui avait pas pardonné. Je lui répondis : « Ma Sœur, écoutez votre confesseur et soyez tout à fait tranquille, car c’est sûrement une tentation. » Mais elle me supplia, les larmes aux yeux, de demander au Seigneur Jésus s’Il lui avait pardonné et si ses confessions étaient bonnes ou non. Je lui répondit énergiquement : « Ma Sœur, demandez-Le vous-même, si vous ne croyez pas vos confesseurs. » Elle cependant, saisit ma main, ne voulant pas me laisser aller. Et elle me demanda de prier pour elle et de lui dire ce que le Seigneur Jésus me dirait d’elle. Pleurant amèrement elle me dit : « Je sais que le Seigneur Jésus vous parle. » Et comme je ne pouvais pas m’arracher à elle, car elle me tenait par les mains, je lui promis de prier pour elle. Or le soir, pendant la bénédiction, j’entendis dans mon âme ces paroles : « Dis-lui que Mon Cœur est plus blessé par son incrédulité, que par les péchés qu’elle a commis. » Quand je le lui ait dis, elle fondit en larmes comme un enfant et une grande joie entra dans son âme. Je compris alors que Dieu voulait consoler cette âme par moi. Quoique cela m’ait beaucoup coûté, j’avais accompli le désir de Dieu.
628. Quand j’entrai pour un instant dans la chapelle, ce m^me soir,
afin de remercier Dieu pour toutes les grâces qu’Il m’avait accordées
dans cette maison, tout à coup, la présence de Dieu s’empara
de moi. Je me sentis comme un enfant entre les mains du meilleur des pères
et j’entendis ces paroles : « N’aie peur de rien. Je suis toujours
avec toi. » Son amour me transperça. Je sentais que j’entrais
avec Lui dans une familiarité 629. tellement étroite
que je n’ai pas de mots pour l’exprimer.
Alors je vis près de moi un des sept esprits, rayonnant comme
autrefois sous une forme lumineuse. Je le voyais constamment auprès
de moi. Je l’ai vu dans le train. Je voyais sur chacune des églises
que nous rencontrions, un ange debout, mais environné d’une lumière
plus pâle que celle de l’esprit qui m’accompagnait dans le voyage.
Et chacun des esprits qui gardait les églises, s’inclinait devant
celui qui était auprès de moi.
Comme j’entrais par la porte du couvent, à Varsovie, cet esprit
disparut. Je remerciai Dieu pour Sa bonté de nous donner des anges
comme compagnons. Oh combien peu de gens ont conscience d’avoir toujours
près d’eux de tels visiteurs en même temps que témoins
de leurs actions ! Pécheurs, souvenez-vous que vous avez un témoin
de vos actes.
630. O mon Jésus, Votre bonté dépasse toute compréhension
et personne n’épuisera Votre miséricorde.
La perdition est pour l’âme qui veut se perdre. Mais celui qui
désire le salut, trouve la mer inépuisable de la miséricorde
du Seigneur. Comment un petit vase peut-il contenir en soi une mer insondable
?
631. En prenant congé des Sœurs, au moment du départ,
l’une d’elles me demanda pardon de m’avoir si peu aidée dans mes
emplois et d’avoir toujours essayé de me les rendre difficiles.
Cependant moi, en mon âme, je la considérais comme une grande
bienfaitrice, car elle m’a exercée à la patience, à
tel point qu’une des Sœurs plus âgée disait qu’il fallait
que Sœur Faustine fût très bête ou très sainte,
car vraiment une personne ordinaire ne souffrirait pas qu’on lui fasse
toujours quelque chose par dépit.
Cependant je m’approchais toujours d’elle avec bienveillance. Cette
Sœur tâchait de me rendre difficile le travail dans mes emplois,
au point que, malgré mes efforts elle parvenait parfois à
gâcher quelque chose de ce qui avait été bien fait,
comme elle-même me l’avoua en me demandant ien pardon. Je ne voulais
pas chercher à pénétrer ses intentions, mais je considérais
cela comme une épreuve de Dieu.
632. Je m’étonne énormément que l’on puisse ressentir une telle jalousie. Pour moi, lorsque je considère le bien d’autrui, je m’en réjouis comme si je le possédais moi-même. La joie des autres est ma joie comme leur souffrance est ma souffrance. Car autrement je n’oserais pas me présenter devant le Seigneur Jésus. L’esprit de Jésus est toujours simple, doux et sincère. Toute malignité, jalousie, manque de bienveillance, sous le couvert d’un sourire aimable ne sont que ruses du Malin. Un mot sévère, mais inspiré par un amour sincère ne blesse pas le cœur.
633. 22.3.1936. Arrivée à Varsovie, je suis entrée un instant dans la petite chapelle afin de remercier le Seigneur de mon heureux voyage et de Le prier de m’obtenir l’aide et la grâce dans tout ce qui m’attend ici. Je me soumis en tout à Sa Sainte volonté. J’entendis ces paroles : « N’aie peur de rien. Toutes les difficultés serviront à ce que Ma volonté se réalise. »
634. 25 mars. Pendant la méditation du matin, la présence de Dieu m’a enveloppée d’une façon spéciale, en voyant la grandeur incommensurable de Dieu et en même temps Son abaissement jusqu’à la créature. Soudain je vis la Mère de Dieu qui me dit : « Que l’âme, qui suit fidèlement le souffle de la grâce est agréable à Dieu ! J’ai donné au monde le Sauveur. Et toi tu dois parler au monde de Sa miséricorde et préparer le monde à la seconde venue de Celui qui viendra, non comme Sauveur Miséricordieux, mais comme Juste Juge. Oh ! Comme ce jour est terrible ! Le Jour de la Justice a été décidé, le jour de la colère de Dieu. Les anges tremblent devant lui. Parle aux âmes de cette grande miséricorde, tant que c’est le temps de la pitié. Si tu te tais maintenant, tu répondra pour cela en ce jour terrible, pour un grand nombre d’âmes. N’aie peur de rien, Sois fidèle jusqu’à la fin. J’ai compassion de toi. »
635. A mon arrivée à Valendov une des Sœurs me souhaita ainsi la bienvenue : « C’est bien que vous soyez venue chez nous, ma Sœur maintenant tout ira bien. » Je lui dit : « Pourquoi me le dites-vous, ma Sœur ? » Elle me répondit qu’elle le ressentait ainsi dans son âme. Cette âme est pleine de simplicité, et très agréable au Cœur de Jésus. Cette maison était dans des besoins exceptionnels … Je ne vais pas rappeler tout cela ici.
636. La confession : Alors que je me préparais à la confession je dis à Jésus-Christ caché dans le Saint Sacrement : « Jésus, je Vous en supplie, parlez-moi par la bouche de ce prêtre. Et la preuve en sera pour moi qu’il ne sait pas que Vous exigez de moi cette fondation de la miséricorde. Qu’il me dise quelque chose de cette miséricorde. » Quand je me suis approchée du confessionnal et que j’ai commencé la confession, le prêtre m’interrompit et se mit à me parler de la grande miséricorde de Dieu avec une très grande force et me demanda: « Savez-vous que la miséricorde du Seigneur est supérieure à toutes Ses œuvres, que c’est le couronnement de toutes Ses œuvres ? » Je prêtais une oreille attentive à ces mots que me disait le Seigneur par la bouche de ce prêtre. Quoique je croie que Dieu parle toujours par la bouche du prêtre, cependant ici je le ressentais d’une façon particulière. Je m’accusai seulement des manquements. Quoique je ne découvrisse rien de la vie de Dieu qui est dans mon âme, cependant ce prêtre lui-même me dit beaucoup de ce qui se passait dans mon âme et m’invita à la fidélité aux inspirations de Dieu. Il me dit : « Vous allez par la vie avec la Sainte Vierge qui répondait fidèlement à chaque inspiration divine. » O Jésus, qui comprendra Votre bonté ?
637. Jésus, écartez de moi ces pensées qui ne s’accordent pas avec Votre volonté. Je reconnais que déjà plus rien ne me retiens ici-bas, sinon cette œuvre de miséricorde.
638. Jeudi. Pendant l’adoration du soir, je vis le Seigneur Jésus, flagellé et martyrisé, qui me dit : « Ma fille, Je désire que dans les moindres choses tu t’en remettes à ton confesseur. Tes plus grands sacrifices ne me plaisent pas, si tu les accomplis sans sa permission. Et d’autre part, le plus petit sacrifice à Mes yeux, s’il est fait avec la permission du confesseur. Les plus grandes œuvres sont à Mes yeux sans signification si elles sont faites de façon arbitraire et souvent elles ne sont pas en accord avec Ma volonté. Elles méritent plutôt une punition qu’une récompense. Et d’autre part, le plus petit acte que tu fais avec la permission du confesseur, est agréable à Mes yeux et M’est extrêmement cher. Veille sans cesse, car l’enfer entier fait un grand effort contre toi à cause de cette œuvre. Car beaucoup d’âmes reviendront des portes de l’enfer et adoreront Ma miséricorde. Mais n’aie peur de rien. Je suis avec toi. Sache que, de toi-même tu ne peux rien. »
639. Ce premier vendredi du mois avant la Sainte Communion je vis un ciboire contenant des hosties consacrées. Une main posa ce ciboire devant moi, je le pris dans ma main et il y avait dedans mille hosties vivantes. Soudain j’entendis une voix : « Ces hosties ont été reçues par des âmes pour lesquelles tu as obtenu la grâce d’une conversion sincère durant ce Carême. » Et c’était une semaine avant le Vendredi Saint.. Je passai ce jour 640. dans le recueillement intérieur m’anéantissant au profit des âmes. Oh! Quelle joie de s’anéantir au profit des âmes immortelles. O Jésus, je veux. être cachée de l’extérieur Le grain de froment ne doit-il pas pour devenir nourriture, être broyé entre des pierres ? Même moi, pour être utile à l’Eglise et aux âmes, je dois être broyée, quoique à l’extérieur personne ne puisse remarquer mon sacrifice. O Jésus, je veux être cachée de l’extérieur comme ce pain azyme dans lequel l’œil ne remarquera rien. Je suis une hostie qui Vous est consacrée.
641. Dimanche des Rameaux : En ce dimanche, je vécus d’une façon particulière, les sentiments do Cœur de Jésus. Mon âme était là où était Jésus. Je vis Jésus-Christ assis sur un ânon et Ses disciples et une grande multitude qui l’accompagnaient. Les uns portaient dans les mains des branches pour l’acclamer, les autres les jetaient sous Ses pieds et d’autres les brandissaient en l’air, gambadant devant Jésus et ne savaient comment manifester leur joie. Et je vis une seconde foule qui sortit aussi à la rencontre de Jésus avec des visages réjouis, des branches en main et qui ne cessait de crier de joie. Il y avait aussi de petits enfants. Mais Jésus était très sérieux. Et le Seigneur me fit connaître combien Il souffrait pendant ce temps. Et à ce moment je ne voyais plus rien, seulement Jésus qui avait le cœur saturé par le manque de reconnaissance.
642. Confession trimestrielle. Le Père Bukowski. De nouveau une
force intérieure me pressait de ne plus remettre cette affaire.
Je dis au confesseur, le Père Bukowski, que je ne pouvais attendre
plus longtemps. Le Père me répondit : « Ma Sœur, c’est
une illusion, le Seigneur Jésus ne peut pas exiger cela. Vous avez
prononcé vos vœux perpétuels. Tout cela est une illusion.
Vous inventez ma Sœur, c’est une hérésie. » Et il criait
presque. J’ai demandé si tout était illusion, il me répondit
: « Tout.» -« Alors comment dois-je agir ? Veuillez
me le dire. » Et bien vous ne devez suivre aucune inspiration. Vous
devez être dissipée, ne pas faire attention à ce que
vous entendez dans votre âme et tâcher de bien accomplir vos
devoirs extérieurs. Ne pensez plus à rien de ces choses,
vivez dans une complète dissipation. »
Je répondis: « Bien. Jusqu’à présent, j’agissais
toujours selon ma propre conscience et maintenant puisque vous m’ordonnez,
mon Père, de ne pad faire attention à ma vie intérieure,
alors je vais vous obéir. » Il me dit : « Si le Seigneur
Jésus vous dit de nouveau quelque chose, dites-le moi, mais il vous
est interdit de le faire. » J’ai répondu : « Bien. Je
vais essayer d’être obéissante. » Je ne sais où
le Père a trouvé cette sévérité.
643. Quand je m’éloignai du confessionnal, tout un essaim de
pensées oppressa mon âme : pourquoi être sincère
? Ce que j’ai dit ne sont pas des péchés et je n’ai pas le
devoir d’en parler au confesseur ! D’autre part, comme c’est bien, que
je n’aie plus besoin de faire attention à ma propre vie intérieure,
pourvu qu’à l’extérieur tout soit bien. Je n’ai pas besoin
de faire attention à rien, ni de suivre ces voix intérieures
qui souvent me causent tant d’humiliations. Maintenant je serai libre.
De nouveau un mal étrange m’enserra l’âme, alors que je
ne peux plus communiquer avec Celui que je désire si ardemment ?
Qui est toute la force de mon âme ? J’ai commencé à
appeler : « A qui irai-je, ô Jésus ? » Mais dès
le moment de l’interdiction de mon confesseur, de profondes ténèbres
tombèrent sur mon âme. J’ai peur d’entendre quelques voix
intérieures, par lesquelles je transgresserais les ordres
de mon confesseur, et de nouveau je me meurs de langueur envers Dieu. Je
suis déchirée intérieurement n’ayant plus de volonté
propre, mais m’en étant complètement remise à la volonté
de Dieu. C’était le Mercredi Saint.
Ma souffrance augmenta encore le Jeudi Saint. Quand je suis venue faire la méditation, je suis entrée dans une sorte d’agonie. Je ne sentais pas la présence de Dieu, mais toute la justice de Dieu pesait sur moi. Je me voyais comme accablée par les péchés du monde. Satan se mit à me railler. : « Vois-tu maintenant, tu ne vas plus t’occuper des âmes. Tu vois quel payement tu as reçu.. Personne ne va plus croire que Jésus exige cela de toi. Vois ce que tu souffres déjà et ce que tu vas souffrir encore. Ton confesseur t’a libérée de tout cela. »
Maintenant je peux vivre comme il me plaît, pourvu qu’à l’extérieur tout soit bien. Ces terribles pensées me tourmentèrent pendant toute une heure. L’heure de la Sainte Messe approchait, une douleur me serra le cœur : dois-je alors quitter la congrégation ? Et puisque le Père m’a dit que c’était une sorte d’hérésie, est ce que je dois me détacher de l’Eglise ? J’appelai d’une voix intérieure et douloureuse le Seigneur Jésus : « Sauvez-moi ». Cependant pas un rayon de lumière n’entrait dans mon âme et je sentais que mes forces me délaissaient comme si le corps se séparait de l’âme. Je me soumettais à la volonté de Dieu et je répétais : « Qu’il m’advienne ô Dieu selon ce que Vous avez décidé ! En moi plus rien n’est à moi. » Soudain la présence de Dieu m’environna et me pénétra jusqu’à la moelle.
C’était le moment de l Sainte Communion. Un moment après je perdis la notion de tout ce qui m’entourait et de l’endroit où j’étais.
644. Soudain je vis Jésus-Christ tel qu’il est peint sur cette image et Il me dit « Dis au confesseur, que cette œuvre est mienne et que je t’emploie comme infime instrument. » Et je dis : « Jésus, je ne peux faire ce que vous m’ordonnez, car mon confesseur a dit que tout cela est illusion et il m’est interdit d’écouter aucun de vos ordres. Je ne dois rien faire de ce que Vous me recommanderez. Je Vous en demande pardon Seigneur, rien ne m’est permis. Je dois obéir au confesseur. Jésus, je Voue en demande bien pardon. Vous savez que je souffre pour cette raison, mais c’est difficile. Le confesseur ne m’a pas permis de suivre Vos ordres. » Jésus écoutait gracieusement et avec contentement mes explications et mes griefs.
Je pensais que cela offenserait beaucoup le Seigneur Jésus, mais au contraire, Il était content et me dit gracieusement : « Parle toujours au confesseur de tout ce que Je te recommande et de ce que Je te dis. Et fais seulement ce pourquoi tu obtiendras la permission. Ne t’inquiète pas et n’aie peur de rien. Je suis avec toi. » Mon âme fut remplie de joie et toutes les pensées qui m’inquiétaient se sont dispersées. L’assurance et le courage sont entrés dans mon âme.
645. Cependant, après un instant, je duis entrée
dans les souffrances que Jésus a subies au Jardin des Oliviers.
Cela a duré jusqu’à Vendredi matin. Vendredi, j’ai vécu
la Passion de Jésus, mais déjà d’une autre manière.
Ce jour-là, le Père Bukowski vint chez nous de Derdy. Une
force étrange me poussa à aller me confesser et à
dire tout ce qui m’était arrivé et ce que Jésus m’avait
dit. Quand j’ai dit cela au Père,le Père était tout
autre et me dit :
« Ma Sœur, n’ayez pas peur. Rien de mauvais ne vous arrivera,
car le Seigneur Jésus ne le permettra pas. Si vous êtes obéissante
et dans une telle disposition, je vous prie de ne vous affliger de rien.
Dieu trouvera le moyen de mener à bien Son œuvre. Je vous prie d’avoir
toujours une telle simplicité et une telle sincérité
et de tout dire à la Mère Générale. Ce que
j’avais dit c’était pour vous avertir. Car il y a des illusions,
même chez de saintes personnes et à cela peuvent se joindre
des insinuations de Satan. Et parfois cela vient de nous même. Donc
il faut être sur ses gardes. Continuez donc d’agir comme jusqu’à
présent. Vous voyez, Sœur, que Jésus n’est pas fâché.
Ma Sœur, vous pouvez répéter maintenant certaines choses
qui sont advenues à votre confesseur ordinaire.