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pourquoi Joseph, ayant été averti en songe, dut, pendant la nuit, appeler Marie pour Lui annoncer qu’ils devaient partir sur-le-champ.
Ayant rassemblé en hâte les rares choses indispensables, après avoir enveloppé l’Enfant d’une couverture et salué leurs bons voisins, Ils prirent la route de l’Egvpte.
Le Coeur de Marie était gonflé de larmes. Elle était abandonnée en Dieu et emportait avec Elle le Fils de Dieu ; mais rien, apparemment, ne Lui confirmait cette vérité, du moment que tout était caché à Ses yeux. La puissance de Dieu, qui aurait pu anéantir mille mondes, disparaissait. Un Dieu fuyait de nuit pour se soustraire aux embûches d’un homme.
Marie exerça toutes les vertus à un degré héroïque. Et comment aurait-Elle pu exercer la foi, l’espérance, la charité, si Dieu avait opéré de continuels miracles auprès d’Elle ?


MOI AUSSI, J’AI SOUFFERT

L’angoisse au coeur et Son Trésor dans les bras, chevauchant un petit âne, Marie entreprit avec Joseph le long cheminement. Où iraient-Ils ? Ils ne savaient où la Providence conduirait Leurs pas. Marie devait pouvoir dire aux exilés, aux sans-abri, aux déshérités, aux pauvres de toute catégorie: « Moi aussi J’ai souffert comme vous fiez-vous au Seigneur : Son aide ne vous manquera pas ! »
Ainsi arrivés au but après un long voyage, Ils trouvèrent une maisonnette inbabitée. Ils étaient en territoire égyptien, par conséquent en sécurité. Cependant, Ils étaient loin de leur patrie, en terre étrangère, où tout était à recommencer dès le début : pourvoir à ce qui était nécessaire dans la maison; pour Joseph, se -chercher du travail ; et Ma Mère, Elle aussi, s’employa à se rendre utile aux autres, en accomplissant ces travaux qu’Elle savait faire avec tant d’babileté.
Le séjour en Egypte dura plusieurs années et fut tout entier une vie de souffrances, égayée par Moi qui, Petit Enfant, grandissais auprès d’époux si sages et si saints. Je Leur donnais Mes sourires, Mes baisers et Je Me rendais utile, comme tous les enfants sages, dans ces petites tâches familiales qu’eux aussi savent remplir.
Il s’était donc écoulé quelques années quand Joseph fut averti en songe de la mort d’Hérode et que, de ce fait, la Sainte Famille pouvait revenir à Nazareth. Marie, toujours parfaitement obéissantc envers Dieu et envers Son époux, prend le chemin du retour. La joie de revoir Leurs parents Leur fait oublier les fatigues du voyage et l’immense pauvreté dans laquelle lis se trouvent.
Nous revenons donc dans la maison de Nazareth. Alentour avaient poussé d’abondantes broussailles; cependant, à l’intérieur, rien n’avait

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