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Ne fermez pas votre COEUR. (Georges BFRNANOS)

«Jésus chassait un démon. »  

Qu'est-ce que vous avez fait de l'enfer, vous autres ? Une espèce de prison perpétuelle, analogue aux vôtres, et vous y enfermez sournoisement par avance le gibier humain que vos polices traquent depuis le commencement du monde,les ennemis de la société. Vous voulez bien y joindre les blasphémateurs et les sacrilèges. Quel esprit sensé, quel coeur fier accepterait sans dégoût une telle image de la justice de Dieu ? Lorsque cette image vous gêne, il vous est trop facile de 1'écarter. On juge l'enfer d'après les maximes de monde et l'enfer n'est pas de ce monde. Il n'est de ce monde, et moins encore du monde chrétien. Un châtiment éternel, une éternelle condamnation - le miracle est que nous puissions en faire l'idée ici-bas, alors que, la faute est à peine de nous, il suffit d'un regard, d'un signe, muet appel pour que le pardon fonde dessus, du haut des cieux, comme un aigle. Ah! c'est que plus misérable des hommes vivants, s'il croit ne plus aimer, garde encore la puissance d'aimer. La haine même rayonne, et le moins torturé démons s'épanouirait dans ce que nous appelons le désespoir, ainsi que dans un lumineux, rayon triomphal du matin. L'enfer... c'est de ne plus aimer, cela sonne à vos oreilles comme une expression familière. Ne plus aimer pour un homme vivant c'est aimer moins, ou ailleurs. Et si cette faculté, qui nous paraît propre de notre être, semble manquer parfois notre être même est encore capable d'une façon d'aimer sans le dire,sans comprendre, pourtant? Ne plus aimer, ne plus comprendre, vivre quand même, ô prodige!

Une attitude commune à tous est d'attribuer à ces personnes le plus abandonnées quelque chose encore de notre perpétuelle mobilité alors qu'elles sont hors du temps, hors du mouvement, fixées pour toujours. Le malheur, l'inconcevable malheur, c'est qu'elles n'ont plus rien à partager. 

PRIÈRE 

Père qui es au ciel, c'est-à-dire tout autre que nous, infiniment plus riche et plus aimant -et pourtant si proche; nous n'avons pas besoin de demander que tu nous bénisses. Déjà tu nous as bénis. Tu nous as appelés à vivre, ta nous fais rencontrer des hommes qui nous sauvent de la solitude. Rends-nous accueillants, reconnaissants, afin que nos échanges et nos partages nous rapprochent de nos frères comme toi-même tu veux être proche de nous.Par Jésus, ton Fils. 

 

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