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L'AVEUGLE-né. (Saint ÉPHREM)

« Je suis la lumière du monde. »  

Il fit de la boue avec sa salive, et il mît sur des yeux de la boue, et la lumière jaillit de la terre, comme au commencement, quand l'ombre du ciel, la ténébre, était répandue sur tout, et qu'il commanda à la lumière et qu'elle naquit des ténèbres. Ainsi il guérit le défaut qui existait depuis la naissance, pour montrer que lui, dont la main achevait ce qui manquait à la nature, il était bien celui dont la main avait façonné la création au commencement. Et comme on refusait de le croire antérieur à Abraham, il prouva par cette oeuvre qu'il était le Fils de celui qui, de sa main, forma le premier Adam avec la terre.

Il fit cela pour ceux qui cherchaient des miracles afin de croire : Les Juifs cherchent des miracles. Ce n'est pas la piscine de Siloé qui ouvrit les yeux de l'aveugle, comme ce ne furent pas les eaux du Jourdain qui purifièrent Naaman; c'est le commandement du Seigneur qui accomplit tout. Bien plus, ce n'est pas l'eau de notre baptême, mais les noms qu'on prononce sur elle qui nous purifient. Il enduisit ses yeux de boue, afin que les Juifs nettoient l'aveuglement de leur coeur. Lorsque l'aveugle s'en alla dans la foule et demanda: « Où est Siloé? » on vit la boue étendue sur ses yeux. Les gens l'interrogèrent, il les renseigna, et ils le suivirent, pour voir ses yeux s 'ouvrir.

Ceux qui voyaient la lumière matérielle étaient conduits par un aveugle qui voyait la lumière de l'esprit; et, dans sa nuit, l'aveugle était conduit par ceux qui voyaient extérieurement, mais étaient spirituellement aveugles. L'aveugle lava la boue de ses yeux, et il se vit lui-même; les autres lavèrent l'aveuglement de leur coeur, et ils s'examinèrent eux-mêmes. Ainsi, en ouvrant extérieurement les yeux d'un aveugle, notre Seigneur ouvrait secrètement les yeux de beaucoup d'autres aveugles. Cet aveugle fut une bonne aubaine pour notre Seigneur; par lui, il gagna de nombreux aveugles, qu'il guérit de la cécité du coeur.

Dans ces quelques mots du Seigneur étaient cachés d'admirables trésors, et, dans cette guérison, était esquissé un symbole : Jésus, fils du Créateur.

Va, lave ton visage; pour éviter que quelqu'un ne considère cette guérison comme un truquage plutôt qu'un mirade, il l'envoya se laver. Il dit cela pour montrer que l'aveugle ne doutait pas du pouvoir de guérison du Seigneur, et pour qu'en parlant et marchant, il publiât l'événement et montrât sa foi.

Voici que le Seigneur est notre miroir ;ouvrez les yeux et regardez-les en lui, apprenez comment sont vos visages! Glorifiez hautement son Esprit! Effacez la poussière de vos visages, aimez sa sainteté et la revêtez, soyez sans reproche en sa présence.

 

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