1054

HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR LA II LETTRE AUX CORINTHIENS

L'amour de Paul pour les Corinthiens. 

Notre coeur s'est dilaté. De même que la chaleur produit un épanouissement, la charité a pour effet de dilater, car c'est une vertu chaude et ardente. C'est elle qui ouvrait la bouche de Paul et dilatait son coeur. « Je ne vous aime pas seulement en paroles », veut-il dire. « Mon coeur s'accorde avec ma bouche: je m'exprime donc en pleine liberté, de toute ma voix et de tout mon esprit.» Il n'y avait rien de plus largement ouvert que le coeur de Paul. Il aimait ardemment tous les fidèles, comme si chacun était son préféré, sans laisser son affection se diviser ou s'affaiblir, mais en la faisant reposer tout entière sur chacun. Et qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'il ait eu un tel amour pour tous les fidèles, lui dont le coeur embrassait jusqu'aux infidèles de la terre entière? C'est pourquoi il ne dit pas: « Je vous aime », mais ce qui est beaucoup plus éloquent: Notre bouche s'est ouverte, notre coeur s'est dilaté; nous vous tenons tous au-dedans de nous, non pas d'une façon quelconque, mais de la façon la plus généreuse. Car celui qui est aimé se trouve parfaitement à l'aise dans le coeur de celui qui l'aime. C'est pourquoi saint Paul ajoute: Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous, c'est dans vos coeurs que vous êtes à l'étroit. Vous voyez que son reproche est plein de délicatesse, comme il convient à ceux qui aiment vivement. Il ne dit pas: « Vous ne nous aimez pas», mais « Vous ne nous aimez pas dans la même mesure.» Car il ne veut pas les reprendre trop fortement. On peut parfaitement voir combien son amour pour les fidèles est ardent, si l'on recueille ses propos dans chacune de ses lettres. Il dit aux Romains: J'ai un très vif désir de vous voir; j'ai souvent projeté de me rendre chez vous; il demande continuellement d'avoir enfin l'occasion de se rendre chez vous. Il dit aux Galates: Mes petits enfants que, dans les douleurs, j'enfante à nouveau. Aux Éphésiens : Je tombe à genoux en priant pour vous. Aux Philippiens: Quelle est notre espérance, notre joie, notre orgueil, sinon vous? Et il disait que, dans sa captivité, il les portait dans son coeur. Aux Colossiens: Je veux que vous sachiez quel rude combat je mène pour vous et pour tant d'autres qui ne m'ont jamais vu personnellement, afin que vos coeurs soient encouragés. Aux Thessaloniciens: Comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons, ayant pour vous une telle affection, nous voudribns vous donner non seulement l'Évangile, mais tout ce que nous sommes.

Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous, dit-il ici aux Corinthiens. Il ne dit pas seulement qu'il les aime, mais aussi qu'il est aimé d'eux, afin de les attirer davantage. Et il l'atteste lorsqu'il dit: Tite est venu nous faire part de votre vif désir, de vos larmes, de votre zèle. 

Nous le croyons: Dieu est amour! C'est lui qui fut notre Sauveur: dans son amour et sa pitié, lui-même nous racheta. Si Dieu nous a tant aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. 

Nous t'en prions, Seigneur, que ta grâce nous devance et qu'elle nous accompagne toujours, pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche.

 C'est pour mon bien que j'ai souffert, apprenant ainsi tes commandements. La tristesse selon Dieu produit un repentir salutaire, la tristesse selon le monde entraîne la mort. Rempli de consolation, l'Apôtre surabondait de joie dans toutes ses tribulations. 

 

1054