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L'EGLISE de la résurrection. (Saint JEAN CHRYSOSTOME)

Si vous demeurez dans ma parole, vous connaitrez la vérité et la vérité vous fera libres. »

Saint Jean Chrysostome réfléchit à la fondation de l'Église, et conseille à sa correspondante de confronter ce qu'elle vit, dans le monde troublé de son temps, aux récits des apôtres.  

La foule ne connaissait pas la doctrine de la Résurrection, à un moment où les disciples eux-mêmes n'y croyaient pas. Car ils ne savaient pas, dit l'évangéliste, qu'il fallait qu'il ressuscitât d'entre les morts. Combien pensez-vous qu'il y eut de gens scandalisés en ces jours-là. Et cependant, Dieu, plein de longanimité, le tolérait, gouvernant toutes choses par sa propre et ineffable sagesse.

Et après ces jours, les disciples se cachant de nouveau, échappant aux regards, fugitifs, craignant, tremblants, passant sans cesse d'un lieu dans un autre, vivaient ainsi en secret et après cinquante jours commençant à se montrer et à faire des prodiges, ils ne jouirent pas pour autant de la sécurité. Mais après cela, mille scandales éclataient parmi les faibles quand on les voyait fouettés, l'Église troublée, eux-mêmes chassés, leurs ennemis dominant partout et causant du trouble. Lorsqu'ils eurent acquis, par leurs prodiges, une pleine liberté de paroles, alors la mort d'Étienne déchaîna une terrible persécution, les dispersa tous, jeta l'Église dans le trouble, et de nouveau, ce fut pour les disciples la crainte, et de nouveau la fuite, et de nouveau l'angoisse.

Et pendant tout ce temps, les affaires de l'Église prospéraient, tandis qu'elle fleurissait au milieu des prodiges, tandis qu'elle était brillante dès ses débuts. L'un était relâché par une fenêtre et ainsi il échappait aux mains du Prince. D'autres, un ange les faisait sortir et ainsi les délivrait de leurs chaînes; les autres, des marchands et des artisans les accueillaient, tandis qu'ils étaient poursuivis par ceux qui étaient au pouvoir; chacun veillait sur eux de toutes manières, marchandes de pourpre, faiseurs de tentes, corroyeurs habitant des quartiers éloignés des villes près du rivage et de la mer. Souvent ils n'osaient eux-mêmes paraître au milieu des villes ou s'ils l'osaient, ceux qui les abritaient ne l'osaient pas.

C'est ainsi que se tissait l'oeuvre au milieu des épreuves, non au milieu des consolations, et ceux qui, peu auparavant, avaient été scandalisés, étaient ensuite remis dans le droit chemin, et ceux qui s'étaient égarés étaient ramenés, et ce qui avait été ruiné était reconstruit de façon plus grandiose. C'est ainsi que saint Paul, ayant demandé que le message ne se transmît qu'au milieu de la consolation, Dieu, infiniment sage et habile, n'écouta pas son disciple et, bien que celui-ci le priât souvent, il ne l'exauça pas mais lui dit: Ma force te suffit, car ma force trouve son achèvement dans ta faiblesse.

Aujourd'hui, encore, ne sommes-nous pas l'Église de la Résurrection? 

Dieu à qui nous devons le salut et la liberté, écoute le cri de notre prière; puisque tu nous as rachetés par le sang de ton Fils, fais que nous puissions vivre de toi et trouver en toi le bonheur éternel.

 

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