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L'Esprit de Dieu. (Jacques GUILLET)

L'Esprit Saint est le don suprême de Dieu. Tant que nous ne l'avons pas reçu, le don que nous fit le Père en envoyant dans le monde son Fils unique n'atteint pas tout son effet.

La victoire de Dieu sur le péché est acquise à l'instant où Jésus meurt en croix, elle éclate aux hommes le jour de Pâques, mais le fruit de cette victoire, l'avènement du Royaume de Dieu, la transformation des coeurs, ne se révèle qu'à la Pentecôte.

Nous sommes les enfants du Père parce que nous possédons son Esprit dans nos coeurs. Comment ne chercherions-nous pas à mieux connaître cet Esprit, don de notre Père ? On ne connaît pas l'Esprit comme on connaît le Père ou le Fils. L'Esprit n'a point de visage, ni même de nom susceptible d'évoquer une figure humaine.

On ne peut se mettre en face de l'Esprit, le contempler, suivre ses gestes. Vous le connaissez, dit Jésus aux siens, parce qu'il demeure en vous.

Connaître l'Esprit, c'est d'abord éprouver son action, se laisser envahir par son influence, se rendre docile à ses élans; c'est le vouloir toujours plus consciemment à la source de notre vie.

L'Esprit consacre au Seigneur, l'Esprit parle du Seigneur, il fait vivre ou mourir pour le Seigneur, qui donc est-il pour être si proche du Seigneur? Tout simplement l'Esprit du Seigneur, de Jésus lui-même. L'Esprit que Jésus donne aux siens n'est pas une richesse dont il disposerait, et qui s'ajouterait à ce qu'il est. C'est son propre Esprit, c'est l'Esprit de Dieu, l'Esprit qui fait de son humanité l'humanité du Fils de Dieu, qui fait de chacun de ses gestes les gestes du Fils unique.

Le secret de Jésus Christ, celui qui explique toute sa vie et tout son être, c'est qu'il est le Fils unique et bien-aimé. Et la preuve ultime qu'il nous a réellement donné son propre Esprit, c'est qu'il nous a rendus capables de vivre en fils du Père. Le chrétien, sans avoir de Dieu une expérience sensible, prend conscience qu'une attitude nouvelle inspire ses gestes, une façon nouvelle d'envisager la vie, de se conduire devant Dieu. Cette attitude est celle du fils. Spontanément il vit en face du Père, accueillant son amour et le lui retournant. D'où lui vient cette aisance et cette assurance, puisqu'il n'a jamais vu le Père et qu'il ne peut même pas sentir sa présence ? De l'Esprit Saint qui, dans le silence, s'unit à son esprit pour attester qu'il est enfant de Dieu, qui, dans un langage intraduisible en paroles humaines, lui inspire les appels capables d'atteindre Dieu, la propre prière du Fils : Abba, Père.

Dans cette action toute en profondeur, l'Esprit achève de se révéler. Dans l'Ancien Testament, il se manifestait surtout comme une puissance divine bouleversant le monde. Son action, tout intérieure qu'elle fût, demeurait orientée vers la création. Certes, elle avait pour but de faire éclater la gloire de Dieu, mais elle apparaissait toujours comme venue de Dieu et tournée vers le monde, exécutant sa volonté, portant sa parole aux extrémités de l'univers. Elle rayonnait sur la création.

L'Esprit qui se manifeste en Jésus et anime les chrétiens n'est ni moins actif ni moins créateur, mais son oeuvre suprême est de les orienter face à Dieu, de susciter en eux le dialogue avec lui. Non seulement l'Esprit vient de Dieu, mais il retourne à Dieu, il fait parler à Dieu. La Révélation de l'Esprit achève de nous introduire dans le mystère de la Trinité.

Dieu est à la fois celui qui inspire la prière de l'homme et celui qui la reçoit, celui de qui tout descend, le Père, et celui par qui tout remonte, l'Esprit. Et cette révélation est l'oeuvre de celui qui est remonté au Père dans l'Esprit, parce qu'il était venu dans l'Esprit, du Fils, Jésus Christ.

Tu allumes en nous ta lumière, ton Saint-Esprit Tu nous le donnes. Nous te prions: puissions-nous, conduits par cet Esprit, chercher la vérité, respecter ta parole et trouver Jésus, ton serviteur, ton Fils, ta vie et notre voie.

« L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit de Dieu qui nous a été donné. »

 

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