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LA MORT DE JESUS

Emmanuelle, une jeune de 17 ans, morte après quelques mois de maladie,

nous dit par un poème trouvé dans l'un de ses cahiers:

- l'importance de la vie malgré la mort toute proche,

- sa foi dans un « but incertain et si sûr pourtant».

Par cette expression ne dit-elle pas toute son espérance?

Voici intégralement le poème d'Emmanuelle. Emmanuelle a écrit peu avant sa mort:

Et l'eau rejaillit à la Source qu'on croyait asséchée. Car, je vous le dis, rien n'est jamais mort. Qu' importe le temps qu'il faut, car je vous assure qu'on guérit toujours de ses blessures, si profondes qu'elles soient. Moi aussi j'étais incrédule, mais regardez-moi à présent: je vis, je ris, tout comme avant.

Qu' importe le temps qu'il faut, je vous crie que l'on guérit de toutes ses blessures, même les plus profondes! Écoutez, vous qui ne croyiez pas que je me relèverais, regardez, je suis là, je suis vraie. Vous ne pourrez jamais dire que je suis faible. Je refuse d'être faible. Et si parfois mes forces m'abandonnent, permettez que je m'arrête un instant, pour reprendre mon souffle et repartir en avant, car tant que la vie voudra de moi, je poursuivrai ma route vers ce but incertain et si sûr pourtant. Telle est ma quête... (Emmanuelle CARTRON)

Ce poème nous donne l'occasion d'aborder avec les enfants la question que tous nous nous posons: «Après la mort? »...

Ecoutons leurs réactions, certains ont peut-être envie d'évoquer la mort de parents proches, de copains...

Aidons les enfants à découvrir que:

Comme tout homme, Jésus est passé par la mort, et par là, il donne sens à notre mort.

Il sera avec nous au moment de notre mort.

Il nous «prendra par la main». Lui sait où cela conduit.

Il vient nous dire que la mort n'est pas la fin de notre histoire.

Quand elle est vécue dans la foi, dans la confiance en Dieu, elle prend une autre signification: elle devient passage pour vivre totalement et pour toujours avec Dieu.

Invitons les enfants:

A prier avec les malades qui disent leur foi en Jésus qui nous a donné son amour jusqu'à mourir sur la croix pour nous, leur foi en Jésus qui nous ressuscitera.

Qu'est-ce qui nous fait dire ce que les enfants ont perçu

- des causes de la mort de Jésus,

- de sa confiance en Dieu son Père.

Reprenons quelques-unes de leurs réactions par rapport à la mort.

Que nous révèlent-elles de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils ont vécu en ce domaine?

LIRE ET CQMPRENDRE

PAROLE DE DIEU

LUC 22, 47-23,32

Le récit de la Passion de Jésus en Luc - met en évidence la pleine liberté de Jésus devant la mort qui approche. Il accepte, par amour, d'être livré aux mains des hommes, mais ce n'est pas là, sa part du défaitisme, car jusqu'au bout il défend la vérité de sa vie.

Arrêté, au jardin des Oliviers il ne se défend pas, mais il fait pourtant remarquer la lâcheté de ceux qui viennent s'emparer de lui de nuit, par crainte qu'en plein jour, dans le Temple, la foule ne prenne sa défense. Renié par Pierre, il lui garde son amitié, et Pierre sort pleurer sa faiblesse ; outragé par les hommes qui le gardent, il demeure silencieux, livré entre leurs mains. Devant le tribunal, ses réponses sont claires et précises : Oui, il est le Messie, il vivra près de Dieu ; oui, il est le Fils de Dieu, ce sont ses juges eux-mêmes qui le disent!

Accusé devant Pilate de mettre le désordre dans le peuple pour prendre la tête d'une révolte contre les Romains en se faisant passer pour un Messie guerrier, le roi des Juifs, Jésus réfute cette accusation : C'est toi qui dis cela, ce n'est pas moi ! Il sait pourtant que Pilate, par crainte des Juifs qui crient: « crucifie-le », va le livrer. Livré aux mains des hommes qui vont le mettre a mort sur la croix, c'est pourtant Jésus qui, librement, se livre par amour, pour nous sauver.

1. LA COMPOSITION DU TEXTE Luc 23, 33-49

Ce récit des dernières heures de Jésus en croix forme un ensemble cohérent à l'intérieur du récit de la Passion lui-même. Il est encadré par deux prières de Jésus qui débutent par l'invocation: «Père».

Dans la première moitié du récit, Jésus est pris à partie successivement par les chefs, les soldats et l'un des malfaiteurs. C'est à chaque fois pour lui proposer de « se sauver lui-même ». Le motif invoqué pour que Jésus se sauve lui-même est qu'il prétend être le Messie.

- ce sont des Juifs, les chefs et les malfaiteurs, qui disent cela - ou il prétend être le roi des Juifs, comme l'indique l'inscription de la croix;

- ce sont des païens, les soldats, qui disent cela. Jésus ne répond rien.

La deuxième moitié du récit ne s'intéresse plus qu'à Jésus et à l'autre malfaiteur. C'est à lui seulement que Jésus répond.

2. CE QUE LE TEXTE VEUT FAIRE SAISIR

a) « Le procédé littéraire qui consiste à encadrer un texte par deux formules semblables, est courant dans la Bible. Il indique que le texte encadré reçoit sa tonalité grâce à ces formules d'encadrement. Les deux prières de Jésus et la répétition du mot « Père » invitent le lecteur à comprendre ces dernières heures de Jésus comme un face à face avec son Père bien-aimé. Il lui demande le pardon pour ceux qui sont responsables de sa mise en croix et il achève son existence terrestre en remettant sa vie et sa cause entre les mains du Père. C'est donc sous le signe du pardon et de l'abandon filial et confiant qu'il faut lire ce récit.

b) S'il est le Messie, qu'il se sauve ou s'il est roi, qu'il se sauve lui-même!

Mais justement Jésus ne vient pas se sauver, mais sauver les autres, c'est-à-dire tous les hommes. Les chefs le reconnaissent qui disent: «Il en a sauve d'autres », ainsi que le premier malfaiteur qui lui propose: « Sauve-toi toi-même, et nous avec ». Nous savons que Jésus a dit lors de sa rencontre avec Zachée que «le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 19, 10). C'est en mourant d'amour sur la croix pour tous que Jésus sauve: pour tous, il réclame le pardon du Père. Livré à la mort par les hommes, il se livre librement pour eux; abandonné par ses disciples, il s'abandonne aux mains du Père. On ne lui prend pas sa vie, il la donne.

c) Le dialogue avec le deuxième malfaiteur met en évidence comment Jésus sauve ce qui était perdu. Ce condamné à mort reconnaît n'avoir que ce qu'il mérite: il est perdu. Mais il croit Jésus innocent et, reprenant le titre de roi qui figure sur l'inscription de la croix, il prie Jésus de se souvenir de lui dans le futur: «quand tu viendras inaugurer ton Règne ». C'est à lui seul que Jésus répond pour l'assurer qu'il est sauvé, mais pas dans le futur: «aujourd'hui, avec moi».

d) Dans son évangile, Luc emploie quatre fois le mot « aujourd'hui », dans des récits qui lui sont propres. Nous en avons rencontré trois. A Noël : « Aujourd'hui vous est né un Sauveur» et ici, sur la croix, ces deux mentions encadrent toute la vie terrestre de Jésus ! Ensuite lors de la rencontre avec Zachée: «Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison. » La quatrième fois Jésus conclut sa lecture, à la synagogue, de l'oracle du prophète Isale en disant: « Cette parole de l'Ecriture que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. » (Luc 4, 21). Dans tous ces textes il s'agit du Salut que donne Jésus Sauveur. Et ce Salut, c'est aujourd'hui, c'est notre actualité.

 

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