1322

SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LES PASTEURS

Prépare-toi à l'épreuve. 

L'Écriture dit: Dieu châtie par le fouet tout homme qu'il reçoit pour son fils. Et tu dis: « Peut-être ferai-je exception?» Si tu es excepté de la souffrance du fouet, tu es excepté du nombre des fils. « Ainsi donc, dis-tu, il flagelle tous ses fils ? » Parfaitement, il flagelle tous ses fils, comme il a flagellé son Fils unique. Le Fils unique, né de la substance du Père, égal au Père dans la condition de Dieu, le Verbe par qui tout s'est fait, n'avait pas en lui de quoi être flagellé. Il s'est revêtu de chair pour ne passe soustraire à la flagellation. Celui qui châtie son Fils unique, alors qu'il est sans péché, épargnerait le fils adoptif qui a péché? Car l'Apôtre dit que nous avons été appelés à l'adoption. Nous sommes devenus fils par adoption pour être les cohéritiers du Fils unique, et même pour être son héritage : Demande, et je te donnerai les nations en héritage. Dieu nous l'a proposé en exemple avec ses souffrances. Mais certes, pour que le faible ne défaille pas devant les tentations à venir, il ne faut ni le tromper par un faux espoir, ni le briser par la terreur. Dis-lui : Prépare ton âme à la tentation. Et peut-être qu'il se met à défaillir, à trembler, à refuser d'avancer. Tu as une autre parole à lui dire: Dieu est fidèle, il ne perntettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces. Annoncer et prédire les souffrances à venir, cela fortifie le faible. Lorsqu'il en est trop effrayé et terrifié, lorsque tu promets la miséricorde de Dieu, non en ce que les tentations manqueront, mais en ce que Dieu ne permet pas que l'on soit tenté au-dessus de ses forces, c'est là bander le membre brisé. Car il y a des gens qui, lorsqu'on leur annonce des épreuves à venir, renforcent leur armement et ont soif de ses épreuves comme de leur boisson favorite. Ils font peu de cas pour eux-mêmes du remède proposé aux fidèles, mais ils ambitionnent la gloire des martyrs. Il y en a d'autres qui, en apprenant que des tentations vont nécessairement leur advenir - ces tentations qui adviennent précisément au chrétien, et que l'on n'éprouve que Si l'on veut être vraiment chrétien - ceux-là, quand approchent de telles tentations, sont brisés et trébuchent. Offre alors le bandage de la consolation, bande le membre brisé. Dis : N'aie pas peur, celui en qui tu as cru ne t'abandonne pas dans les tentations. Dieu est fidèle, il ne permettra pus que tu sois tenté au-dessus de tes forces. Ce n'est pas moi qui te le dis, mais l'Apôtre qui dit encore :Voulez-vous savoir en premier, que c'est le Christ qui parle en moi ? Quand tu entends ces paroles, c'est donc le Christ que tu entends, tu entends le berger qui couduit Israël. C'est à lui qu'on a dit :Tu nous donne le pain des anges avec mesure. Ce que l'Apôtre a dit : Il ne permet pas que tu sois tenté au-dessus de tes forces, le Prophète l'exprime en disant : Avec mesure. Alors toi, ne repousse pas celui, qui réprimande et exhorte, qui effraie et qui console, qui meurtrit et qui soigne. 

Le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes au coeur fidèle. Puisque l'Esprit est votre vie, laissez-vous conduire par l'Esprit. Qui sème dans l'Esprit récoltera de l'Esprit la vie éternelle. 

Fais que les événements du monde, Seigneur, se déroulent dans la paix, selon ton dessein, et que ton peuple con-naisse la joie de te servir sans inquiétude.

 

1322