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Pourquoi le Rosaire?

Le Fils de Dieu, le Bien-Aimé du Père, Jésus Christ - ne s'est pas dérangé pour rien. Ses Paroles méritent réflexions. Les Mystères du Fils de l'Homme, que reprennent les quinze mystères du Rosaire, se mêlent au mystères de la souffrance, ainsi qu'aux joies des fils d'hommes qui peuplent la terre. Et puis les Mystères du Rosaire ne se limitent pas aux quinze mystères joyeux, douloureux, glorieux. Le Chapelet c'est une manière de rentrer dans l'Évangile tout entier. Les Mystères du Rosaire forment la trame de tout Évangile. Ces sont les Mystères de Jésus, du Verbe incarné. Dieu, en envoyant son Bien-Aimé s'incarner dans le sein de la Vierge Marie, termine sa création.

Oser créer un homme intelligent, conscient de sa fragilité et de sa mortalité, pose question et ne peut qu'aboutir à une réponse du Père. Jésus, Parole du Père, ne nous tient pas de discours philosophiques. Sa vie reste la seule réponse crédible pour nous les hommes. Dieu, en son Fils Bien-Aimé, vient prendre notre condition de créature, qui nous révolte si elle ne doit aboutir qu'au néant et à la mort. Heureusement, l'Envoyé du Père nous affirme: "Je suis la Porte". La porte, avec Lui, n'ouvre plus sur le néant de la mort, mais avec la Résurrection de Jésus elle s'ouvre toute grande sur la Vie Éternelle. C'est tout le thème du discours du Bon Pasteur: "Je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance"(J 10,10).

Les Mystères du Rosaire sont donc bien les mystères du plan d'Amour de Dieu sur l'homme. Dans un langage concret, Dieu nous y explique le sens de notre vie à travers les destinées humaines de Jésus, son Bien-Aimé, et de la Vierge Marie, sa Mère. A travers trois séries de mystères: les Mystères Joyeux, le Mystères Douloureux et les Mystères Glorieux, l'Église nous invite à réfléchir sur la pensée de Dieu à notre égard, sur nous les hommes. Elle y rejoint nos propres destinées.

Dans les Mystères Joyeux éclate la joie de la vie, de la naissance, de la création. Oui, Dieu ose nous créer pour le bonheur, sans discours Il se plonge dans les joies les plus humaines. L'annonce faite à Marie de sa maternité rappelle à chaque couple ce moment inouï, où la femme peut, dans un souffle, glisser à l'oreille de l'homme qu'elle aime: "J'attends un enfant". Dieu à voulu vivre cet instant, cette émotion, entrer Lui-même dans sa création, devenir l'un de nous en son Fils. Désormais, Il est de notre race, porté neuf mois dans la tendresse, allaité, langé, élevé, offert, protégé et retrouvé. Il est bien l'un de nous.

Joies et peines de toute famille furent celles de ce couple au budget étriqué et incertain. Ils mirent toutes leurs forces à travailler pour ce Fils. Le père putatif, le charpentier, use ses forces à l'établi pour boucler le budget, tandis que la mère, la ménagère, pétrit, cuit le pain, va quérir l'eau, ou encore cultive le jardin. Comme tous les parents, Marie et Joseph, élevaient "le plus Beau des Enfants des hommes".

Le Mystères Douloureux nous révèlent le double défi de Dieu: oser créer un homme libre et conscient; mais oser le créer fragile, sujet à toutes les souffrances, y compris la mort. Aux joies de l'amour humain, aux joies de la naissance et de la famille, répond alors, comme en écho, le cri de cet homme, qui voit inéluctablement son amour affronté à la souffrance et à la mort. Une des paroles les plus étonnantes de tout l'Évangile c'est l'affirmation du Seigneur sur la route de Césarée: "Il faut que le Fils de l'Homme souffre, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué et qu'il ressuscite le troisième jour". C'est la seule réponse valable pour nous à nos interrogations sur le sens de nos vies. Tout le destin de l'homme se trouve ramassé dans cette phrase étrange, où le Fils de Dieu déclare s'associer pleinement à notre condition souffrante et mortelle, mais pour la conduire, à travers sa propre Résurrection, au- delà de la mort jusqu'à la Vie Éternelle.

Le sacrifice de Jésus dans sa Passion consiste essentiellement à accepter cette condition de créature mortelle dans une confiance sans faille envers la Tendresse du Père. Jésus, sur la Croix, remet son âme entre les mains du Père, sûr de sa victoire face à la mort. Il n'est que" OUI". Il nous ouvre le "passage"; n'est-ce pas le sens même du mot "Pâque?"

Dans les Mystères Glorieux, le mystère pascal, vécu par Jésus et Marie, devrait inonder nos vies de la joie dont parle Jésus. Si la méditation des Mystères du Rosaire ne supprime pas la réalité de la souffrance humaine, elle nous permet de lui donner un tout autre sens.

Oui, Dieu à osé nous créer libres, conscients, pour une vie semblable à celle de son Fils Bien-Aimé. La terre n'est qu'un moment pour nous conduire à la Vie Éternelle. Les roses de notre Chapelet ne sont que la moisson de nos vies associées à celle du Bien-Aimé, offertes au Père et à Marie. Voilà pourquoi les Mystères du Rosaire, ces roses blanches, ces rose rouges de la vie humaine du Seigneur aboutissent à la gerbe des roses d'or de la Résurrection du Fils de l'Homme et à celles du couronnement de Marie, sa Sainte Mère. Les Mystère du Rosaire ne sont qu'une lecture toute simple de l'Évangile à la manière de Marie. C'est une théologie à la porté de tous.

 

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