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Vendredi après l'Épiphanie

Lc 5, 12-16

« Tu seras pour eux un témoignage »

Jésus guérit un lépreux en le touchant. Il agit ainsi contre la Loi, particulièrement dure pour d'évidentes raisons sociales: il fallait les traiter en exclus. On comprend pourquoi Jésus exige le silence sur ce qu'il vient de faire: « N'en parle à personne. »

Mais là où on ne comprend plus, c'est lorsqu'il ajoute: « Va te montrer au prêtre et fais tout ce que Moïse a prescrit. » Beau moyen de rester discret!

Jésus semble hésiter. Pourquoi pas? Il a tout pris de notre condition et l'hésitation en fait partie. Il hésitera devant Marie à Cana et devant la maman syro-phénicienne.

Ici, il commence à percevoir vers quel vedettariat il est poussé. « On parlait de plus en plus de lui. Les foules accouraient. » Pour qui? Le Messie ou le magicien?

À l'heure de la grande tentation il avait fermement rejeté le côté spectaculaire des pouvoirs qu'il sentait frémir en lui. Mais jusqu'aux abominables railleries de la croix (« Montre-le, que ni es le Fils de Dieu! »), il sera affronté au dilemme: l'ombre ou l'éclat?

Les miracles ne pouvaient pas rester de pures actions de bonté. Ils étaient aussi des signes de sa mission et un éclairage sur le sens de cette mission. Un « témoignage », selon le mot clé de cet évangile:

« Va te montrer aux prêtres, ta guérison sera pour eux un témoignage. »Témoignage sur l'Envoyé, sur l'irruption du Règne de miséricorde.

Entre la discrétion et l'éclat, Jésus choisit l'éclat du témoignage, mais nous devons être témoin, nous balancerons nous entre le désir de passer inaperçu et la nécessité de témoigner.

 

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