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Samedi, semaine I

Mc 2, 13-17

La suite de Jésus.

Un religieux qui écoute l'évangile de ce jour, l'appel de Matthieu, se met à rêver. Quand il a entendu lui-même ce « Suis-moi », il pensait qu'en disant passionnément oui tout serait réglé, mais il a vite compris que suivre Jésus exige un chapelet de oui.

C'est d'ailleurs vrai pour n'importe quel chrétien. Chaque matin, dès son réveil, il voit que la vie va lui demander des oui. Heureux s'il peut faire immédiatement la conversion nécessaire: Seigneur, en disant oui à ceci et à cela, c'est toi que je vais suivre.

La spiritualité chrétienne fut très tôt appelée la « suite du Christ ». Elle prit d'abord le visage du martyre, puis devint une brutale rupture avec le monde par la fuite au désert. Jusqu'à la fin de l'Histoire, la volonté de suivre le Christ suscitera des martyrs et des moines.

Mais pour la masse des chrétiens une question ne cesse de se poser: comment suivre le Christ sans se noyer dans les choses de la vie? Dans les pensionnats et les sermons du dimanche, on répétait qu'il fallait fuir le monde. C'était tellement irréaliste!

Maintenant, on met plutôt en honneur un mot de franche adhésion: dans. Nous n'avons plus le souci de choisir constamment entre Jésus et la vie, nous cherchons à le suivre dans la vie. A la cuisine, au bureau, sur les terrains de sport et de loisirs, dans tous nos amours.

Trop facile? Oh non! Il suffit d'essayer pour s'en rendre compte. Tout vivre dans le Christ demande beaucoup de discernement et de courage.

Les mauvaises fréquentations.

Voyant avec qui Jésus était attablé, les scribes du parti des pharisiens disent à ses disciples: « Pourquoi mange-t-il avec les pécheurs? »

Malveillance ou sincère indignation? C'est le difficile problème des mauvaises fréquentations. Faussé dès le départ, car instinctivement nous nous plaçons dans le camp des justes. Les bons chrétiens n'aiment fréquenter que les braves gens. Ils disent à leurs enfants: ne fréquente pas ce garçon, la famille n'a pas bonne réputation.

Ils oublient qu'eux-mêmes ne sont pas irréprochables. En fait, nous sommes tous pécheurs et nous ne pouvons fréquenter que des pécheurs.

Alors, où est le problème? Il ne peut être que très concret. Devant l'occasion de fréquenter des gens considérés comme douteux, nous devons nous poser des questions sur notre humilité, notre solidité et nos raisons d'agir.

Humilité: nous ne sommes pas nous-même un juste et nous ne sommes pas capable de porter un jugement infaillible sur la réputation de quelqu'un. Nous devons généralement nous situer tant bien que mal dans les opinions et donc rester prudent, ce qui est une bonne forme d'humilité.

Solidité: Jésus pouvait s'attabler sans dommage avec des pécheurs. Mais nous, sommes-nous suffisamment armé pour prendre nos risques?

Raisons d'agir: pourquoi nous trouvons-nous au milieu de gens de moeurs blâmables ou ouvertement hostiles à la religion?

Si nous ne nous lançons pas dans ces fréquentations difficiles, soyons u moins juste et admiratif à l'égard de ceux qui osent se compromettre.

 

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