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Mercredi, semaine 6

Mc 8,22-26

La foi est progressive. 

L'Évangile nous raconte aujourd'hui un miracle en deux épisodes. Pour guérir un aveugle, Jésus lui passe d'abord de la salive sur les yeux et lui impose les mains, gestes classiques des guérisseurs de l'époque. Et demi-réussite.

« Est-ce que tu vois quelque chose?

- Oui, des gens qui ressemblent à des arbres.»

Jésus recommence une imposition des mains. Cette fois, c'est réussi!

On peut faire deux lectures de ce miracle. Une lecture historique: c'est ainsi que les choses se sont passées et Marc ne veut rien cacher, que le lecteur pense ce qu'il veut. L'aspect humain de Jésus est privilégié, et on suit ses efforts, on devine une incertitude: « Est-ce que tu vois quelque chose?»

L'autre lecture, théologique, nous fait méditer sur un aspect capital de la foi: elle est progressive. Nous changeons et le monde change. Ce qui nous paraissait clair et solide se transforme soudain en paysage flou. « Je vois des gens qui ressemblent à des arbres.» Je vois des prêtres qui me déconcertent, je vois une Église que je ne comprends plus. Je lis un livre qui remet en question tout ce qu'on m'avait enseigné.

C'est le côté négatif des évolutions. Mais il y a aussi l'aspect positif: « L'homme se mit à bien voir.» Par exemple, nous voyons mieux maintenant comment les paysages de notre foi s'éclairent quand nous revenons constamment à la grande révélation: Dieu est amour

Nous apprenons aussi à lire dans la foi les signes du temps: la montée du laïcat, le rôle accru des femmes, le développement de la démocratie.

Tout cela ne change pas la foi, mais elle s'étend à plus de choses et avec plus de profondeur. Pourquoi ne pas considérer ce nouveau regard comme une guérison? Je te vois mieux, Jésus, dans la vie du monde et dans ma vie.

 

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