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Samedi, semaine 21

Mt 25, 14-30

«J'ai eu peur»

Parabole de la réussite, l'histoire des talents est surtout la parabole de la mauvaise peur de Dieu.

Les deux premiers serviteurs progressent dans la confiance. Simples serviteurs au début, ils deviennent des collaborateurs: faites fructifier mes biens. Et finalement ils seront des commensaux: « Entre dans la joie de ton maître. »

Le troisième s' enfonce dans un chemin inverse. Méfiant, il reste loin du talent confié: « Je suis allé enfouir ton talent. Le voici, tu rentres dans ton bien. » Il sera éternellement l'homme qui a tout gâché:

« Jetez-le dehors dans les ténèbres.

- Mais je n'ai rien fait!

- Justement! »

Aux yeux de Jésus, ce qui compte, c'est de vivre en plénitude: « Je suis venu pour qu'ils vivent à fond. » Et il voit des gens qui gaspillent le don merveilleux de la vie pour la pire raison, par peur. Si je prends telle initiative, si je m'aventure ici ou là, je risque de mécontenter Dieu. Sous-entendu: il est tellement exigeant qu'on ne peut pas le contenter, il vaut mieux se tenir à carreau.

Peur de la sexualité, peur de l'engagement collectif; peur de toute innovation liturgique, de toute audace théologique, peur de perdre la foi en l'étudiant trop. C'est terrible de penser que ces fils de Dieu sont terrorisés par leur Père. Jusqu'à la dernière terreur: comment vais-je être jugé?

Mais par l'Amour! Le Dieu de Jésus Christ ne peut rien faire sans amour. Avoir peur de l'Amour est une inconcevable insulte à Celui qui a dit: « J'ai tant aimé le monde. »

Il nous regarde faire des gaffes et des imprudences, comme un papa regarde son fils faire l'idiot avec son VTT. Jamais il ne nous écoute avec plus de joie que lorsque nous lui disons: tu sais, Père, c'est beau, la vie!

 

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