360

Vendredi, semaine 28

Lc 12, 1-7

La crainte d'amour.

Les exégètes peinent sur cette phrase difficile: «Craignez celui qui après avoir tué a le pouvoir de vous jeter en enfer. »

L'idée essentielle semble être celle-ci: qui, après votre mort, devrez-vous craindre? Dieu seul, parce que seul il peut vous jeter en enfer.

Faut-il donc craindre Dieu? Oui, plus que n'importe quel homme. Mais il faut faire très attention à la couleur de cette crainte. Elle n'est bonne que si c'est une crainte d'amour.

C'est la crainte de déplaire à Dieu. Et si par malheur on lui a déplu, on peut craindre de n'avoir pas assez confiance en son total pardon. Ce sont les deux seules belles craintes à cultiver. Peur de lui déplaire, c'est une crainte d'amoureux. Peur de n'avoir pas assez confiance, c'est la peur de n'être pas un vrai fils. Comme tous ceux qui aiment, ce n'est pas pour nous que nous tremblons, mais pour notre amour.

Au fond, il faut craindre Dieu sans le craindre? Ce sont bien les nuances de l'amour. Sinon nous allons vivre avec Dieu dans la désinvolture ou dans la terreur des esclaves. L'équilibre n'est pas tellement facile à trouver. On a pu écrire tout un livre sur la névrose chrétienne, la peur maladive du jugement de Dieu.

Certes, nous serons jugés, mais par l'amour. Voilà pourquoi Jésus infléchit brusquement son discours sur la crainte. On devine son sourire affectueux quand il dit: «Soyez sans crainte, vous valez plus que tous les moineaux du monde.»

 

360