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Mercredi, Carême II

Mt 20, 17-28

La passion de servir.

« Je suis venu pour servir. » Je viens de lire de très beaux commentaires sur cette parole de Jésus, et une page m'a fait bouger avec deux questions très concrètes: est-ce que j'aime servir? Et: comment ai je l'habitude de traiter ceux qui me servent?

Nous n'avons sûrement pas la folie des grandeurs, mais avons-nous la folie de servir? Visiblement, Jésus veut nous conduire jusque-là. C'est le plus grand retournement qu'il nous demande: si bien convertir l'autorité en service qu'on en vienne à une sorte de passion de servir.

Même et surtout quand nous devons commander. Servir ne s'oppose pas à commander, mais à dominer. Là est la plus grande difficulté. On peut, par humilité, refuser de commander, mais Jésus demande beaucoup plus: garder l'humilité dans le commandement. Autrement dit, commander pour rendre service, et non par intérêt propre, par volonté de puissance, par orgueil.

C'est si difficile que nous n'y arriverons qu'en contemplant Jésus, pour purifier constamment nos attitudes de supériorité, le confort d'être servi, la griserie d'être obéi. Sans amour, ce n'est même pas la peine d'essayer.

Voilà pourquoi la passion de servir se nourrit de deux amours: celui du Jésus du lavement des pieds et celui de tous nos frères. Je dis tous, car si nous nous trouvons humiliés par tel service ou telle personne à servir, nous nous croyons plus grand que le Christ. Il est allé au plus bas pour nous montrer que servir n'est jamais bas.

L'autre question du service est plus rarement évoquée: notre comportement à l'égard de ceux qui nous servent. Je m'en veux d'avoir dit un jour à une postière pas très empressée: « Vous êtes payée pour ça! »Un service ne peut se payer qu'avec du respect et de l'amour.

 

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