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Jeudi, Pâques III

Jn 6,44-51 

Quel Jésus?

«Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire vers moi. » La circularité de ce texte est si insistante qu'on se demande comment nous construisons un christianisme de Jésus seul.

Jésus n'a cessé de se présenter comme l'envoyé du Père, un envoyé qui n'est pas un intermédiaire provisoire, mais le contact immédiat et permanent avec le Père. Le Père ne cesse de nous attirer vers son envoyé. Et cet envoyé nous donne aussi directement les enseignements du Père.

«Ils seront tous instruits par Dieu lui-même» révèle qu'il n'y a aucune distance entre Dieu et Jésus. C'est une médiation absolument unique: qui va au Père est attiré vers le Fils; qui est attiré vers le Fils rencontre le Père; qui écoute le Fils écoute le Père.

Les juifs n'ont pas pu accepter cette unité mystérieuse, mystère chrétien par excellence. A nous aussi le Jésus que nous présente saint Jean nous paraît difficile parce qu'on est au sommet de la Révélation et on perçoit l'effort terrible de Jésus pour faire entrevoir qui il est, son inimaginable inclusion-distinction dans le Père.

Les affirmations sont surprenantes parce que la réalité est surprenante. Les juifs refuseront toujours d'admettre que Dieu a un fils. Mais nous, chrétiens, ne vivons pas avec un Jésus sans Père!

Je me souviens de la réaction d'une chrétienne à un débat sur la Trinité: «Vous me fatiguez, Jésus me suffit.» Quel Jésus?

 

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