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Jeudi, Pâques VII

Jn 17, 20-26

« Qu 'ils soient un ! »

Une dernière fois, Jean concentre tout le mystère chrétien dans une double unité: celle qui unit le Père et le Fils et celle qui nous unit entre frères. La deuxième découle de la première et elle l'exprime.

Il ne s'agit pas d'un effort moral qui consisterait à aimer les autres en plus de ce que nous sommes, nous devons devenir ce que nous sommes. Faits à l'image de Dieu, nous ne réalisons notre être profond qu'en nous aimant les uns les autres.

C'est bien plus fort qu'être gentil, il faut être. Le grand commandement, «Aimez-vous les uns les autres», rappelé ici sous son visage d'unité, va bien plus profond qu'un conseil pour être heureux ou pour être bon chrétien: il est la forme même de notre existence parfaite.

Lorsque nous n'aimons pas, lorsque nous nous heurtons, nous sommes radicalement en manque, en insatisfaction, même si nous n'en prenons pas toujours conscience.

L'unité pour laquelle Jésus prie n'est pas une réalité secondaire, comme nous sommes assez tentés de le penser: après tout, il faut vivre, même si nous ne nous entendons pas toujours bien! Non, vivre c'est d'abord tout faire pour s'entendre bien et donc coïncider le plus parfaitement possible avec l'être même de Dieu et notre être de fils de Dieu: «Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'ils soient ainsi un en nous. »

Cette vision de l'unité qui naît de la contemplation de l'unité trinitaire est très exigeante, mais elle donne une valeur immense à tout travail d'unité et elle devrait nous rendre malade à la seule idée de blesser l'unité là où nous vivons.

 

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