510

LE PRINTEMPS ETERNEL viendra sûrement. (Cardinal NEWMAN)

Une fois seulement par an, mais une fois pourtant, le monde que nous voyons fait éclater ses puissances cachées et se révèle lui-même en quelque sorte. Alors, les fleurs paraissent, les arbres fruitiers et les fleurs s'épanouissent, l'herbe et le blé poussent. Il y a un élan soudain et un éclatement de la vie cachée que Dieu a placée dans le monde matériel. Eh bien! ceci nous est comme un exemple de ce que le monde peut faire au commandement de Dieu. Cette terre éclatera un jour en un monde nouveau de lumière et de gloire dans lequel nous verrons les saints et les anges. Qui penserait, sans l'expérience qu'il a eue des printemps précédents, qui pourrait concevoir deux ou trois mois à l'avance que la face de la nature qui semblait morte pût devenir Si splendide et Si variée ?...

Il en est de même pour ce printemps éternel qu'attendent tous les chrétiens; il viendra quoi-qu'il tarde. Attendons-le, car «il viendra sûrement, et il ne tardera pas ». Aussi disons-nous chaque jour : « Que ton règne vienne! » Ce qui veut dire « Montre-toi, Seigneur; toi qui es assis au milieu des chérubins, montre-toi, manifeste-toi. » « Réveille -toi ..! Ce que nous voyons ne nous satisfait pas. Ce n'est qu 'un commencement; ce n'est qu'une promesse d'un au-delà; même dans sa plus grande joie, quand elle se couvre de toutes ses fleurs, et qu'elle montre tous ses trésors cachés de la manière la plus attirante, même alors, cela ne nous suffit pas. Nous savons qu'il y a en elle beaucoup plus de choses que nous n'en voyons. Un monde de saints et d'anges, un monde glorieux, le palais de Dieu, la montagne du Seigneur Sabaoth, la Jérusalem céleste, le trône de Dieu et du Christ, toutes ses merveilles éternelles, très précieuses, mystérieuses et incompréhensibles, se cachent derrière ce que nous voyons. Ce que nous voyons n'est que l'écorce extérieure d'un royaume éternel; et c'est sur ce royaume que nous fixons les yeux de notre foi. Montre-toi, Seigneur, comme au temps de ta Nativité, où les anges visitèrent les bergers; que ta gloire s'épanouisse comme les fleurs et le feuillage sur les arbres. Si brillants que soient le soleil, et le ciel, et les nuages, Si verdoyants que soient les feuilles et les champs, si doux que soit le chant des oiseaux, nous savons que tout n'est pas là, et que nous ne prendrons pas la partie pour le tout. Ces choses procèdent d'un centre d'amour et de bonté qui est Dieu lui-même, mais elles ne sont pas sa plénitude, elles parlent du ciel, mais elles ne sont pas le ciel; elles ne sont en quelque sorte que des rayons égarés, et une faible réflexion de son image; elles ne sont que des miettes de la table.

 

510