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LETTRE DE S. THOMAS BECKET à L'ÉVÊQUE GILBERT

Si nous sommes soucieux d'être tels que l'on nous dit, si nous voulons connaître la signification de notre nom, nous qu'on appelle évêques et pontifes, il nous faut considérer avec une constante attention et suivre effectivement les traces de celui que Dieu a établi pontife pour l'éternité. Il s'est offert pour nous à son Père sur l'autel de la croix; de l'observatoire suprême du ciel, il observe constamment les actes et les intentions qui font agir tous les hommes, lui qui finalement rétribuera chacun selon ses oeuvres.

Puisque nous sommes chargés de tenir sa place sur la terre, nous avons reçu le glorieux nom d'évêques et l'honneur d'une telle charge, et nous recueillons sur cette terre des avantages qui découlent de nos labeurs spirituels. Nous avons remplacé les Apôtres et les hommes apostoliques au sommet de la hiérarchie des Eglises, afin que par notre ministère l'empire du péché et de la mort soit abattu; afin que l'édifice du Christ, en s'unifiant par la foi et la croissance des vertus, s'élève pour devenir un temple saint dans le Seigneur.

Et certes, les évêques sont très nombreux. Nous avons promis, lors de notre consécration, d'avoir une activité et une vigilance très assidues pour enseigner et nourrir notre troupeau. Nous le professons chaque jour en paroles, mais il faudrait que le témoignage de notre action vienne donner quelque confiance en notre promesse! Oui, la moisson est abondante, et pour la ramasser et la rentrer dans le grenier du Seigneur, il ne suffit pas d'un seul ouvrier ni de quelques-uns.

Quel que soit le nombre des évêques, personne cependant met en doute que l'Eglise Romaine soit à la tête de toutes les Eglises, et qu'elle soit la source de la doctrine catholique. Personne n'ignore que les clés du royaume des cieux ont été confiées à Pierre. N'est-ce pas dans la foi et l'enseignement de Pierre que tout l'édifice de l'Eglise s'élève jusqu'à ce que nous parvenions tous ensemble à l'unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l'état de l'homme parfait?

 

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