680

L'EGLISE: Suffit-il de garder la foi? (un Évêque contemporain)

 « L'Évangile est une force de Dieu pour le salut de tout croyant. »

La parole de Dieu une fois pour toutes et tout entière réalisée en Jésus Christ, réserve des richesses toujours nouvelles à l'Eglise, suivant les situations historiques et culturelles dans lesquelles on l'accueille et on l'assimile. C'est la même foi, mais elle a une histoire, des développements, des époques. Loin de craindre de se dissoudre, cette foi reconnaît, comme une condition essentielle de sa survie, la nécessité de s inscrire résolument dans la diversité et la succession des cultures qui font l'histoire humaine.

La présence réfléchie au mouvement culturel qui se développe dans le monde apparaît comme une exigence de la foi, en recherche de ses nouvelles significations. L'engagement des chrétiens dans les forces vives du monde, dans les espaces créateurs et éventuellement révolutionnaires, coopère à cette exigence : car l'avenir de la foi - dans son actualisation et son langage - a un lieu de passage obligé par l'avenir de l'homme et de la créature qu'il produit. L'Eglise du 20e siècle, pour pouvoir vivre et dire sa foi - toujours la même depuis les apôtres - doit, et nécessairement, se la présenter à elle-même d'une autre manière que l'Eglise du Moyen Age. Il semble bien que peu de chrétiens se sentent solidaires, à ce plan global, de la foi de tous. On « garde » la foi comme une réalité immuable, immobile, sans communication avec les expériences, les mutations que l'on vit dans l'action séculière. N'y a-t-il pas là un défaut de la foi, tenant à trop peu de réflexion sur les projections de la conscience croyante et de ses contenus dans la réalité humaine d'aujourd'hui? L'Eglise sait « qu'entre le message de salut et la culture, il y a de multiples liens. Car Dieu, en se révélant à son peuple jusqu'à sa pleine manifestation dans son Fils incarné, a parlé selon des types de culture propres à chaque époque. De la même façon, l'Eglise, qui a connu au cours des temps des conditions d'existence variées, a utilisé les ressources des diverses cultures pour répandre et exposer par sa prédication le message du Christ à toutes les nations, pour mieux le découvrir et mieux l'approfondir, pour l'exprimer plus parfaitement dans la célébration liturgique comme dans la vie multiforme de la communauté des fidèles. Mais en même temps, l'Eglise, envoyée à tous les peuples de tous les temps et de tous les lieux, n'est liée d'une manière exclusive et indissoluble à aucune race ou nation, à aucun genre de vie particulière, à aucune coutume ancienne ou récente. Constamment fidèle à sa propre tradition et tout à la fois consciente de l'universalité de sa mission, elle peut entrer en communion avec les diverses civilisations d'où l'enrichissement qui en résulte pour elle-même et pour les différentes cultures » (L'Eglise dans le monde, 58).

 

680