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FIDELITE. (Métropolite ANTOINE) « Pierre, m'aimes-tu ? » Dans le domaine des éléments du coeur, il y a un facteur de stabilité et de paix que l'on appelle d'un mot qui couvre peut-être plus de choses qu'il ne devrait couvrir - c'est la fidélité. La fidélité dans l'amitié, la fidélité conjugale, la fidélité àdes engagements pris, à des voeux religieux -' une attitude qui fait qu'un engagement pensé, voulu, pris en conscience, n'est plus à mettre en question; qu'il est une base et un point de départ, mais qu'il n'est pas l'un des points multiples qui pourront être déplacés par la suite. La fidélité est nécessaire dans tout engagement, dans toute situation que nous créons parce qu'à un certain moment nous avons vu plus que nous ne sommes capables de voir de manière constante. La vision s'éteint, la certitude reste. Et cette certitude est à la base de toute une vie. Faute de pouvoir faire un acte de foi, faute de savoir être fidèle à cette première vision et à la position prise, nous ne pouvons pas maintenir une stabilité intérieure, et notre paix intérieure sera continuellement en danger, mise en question continuellement à chaque problème particulier. Si vous voulez comprendre d'une façon plus précise cette tension qui existe entre l'évidence et la réalité profonde, pensez à la rencontre du Christ avec l'apôtre Pierre, au bord du lac de Tibériade, après sa Résurrection. Le Christ rencontre Pierre, qui l'avait trois fois renié. Il lui demande : Pierre, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ceux-là ? Et Pierre, avec cet élan qui lui est Si particulier, qui consiste à agir avec intensité et dans l'immédiat et à réfléchir quelquefois plus tard, Pierre immédiatement lui répond du plus profond de son coeur, avec toute la vérité de tout son être Je t'aime! Et il ne remarque pas la question, parce que le Christ ne lui demande pas simplement s'il l'aime, il lui demande M'aimes-tu plus que ceux-là ? S'il avait réfléchi, il se serait souvenu que le Christ a dit plus tôt, quelque temps auparavant, que celui à qui plus est pardonné aime plus. Il aurait pu se poser une question, il ne se l'est pas posée, il a répondu d'abord. Et le Christ lui demande la même chose encore une fois, et avec le même élan de certitude Pierre lui répond. Et lorsque le Christ lui pose la question une troisième fois, Pierre se rend compte que ce n'est pas une question toute simple, qu'il y a là quelque chose qu'il doit résoudre, que toute l'évidence est contre lui. Qui croirait qu'il aime le Christ, lui qui a trahi, plus que ceux qui n'ont pas trahi? Et alors il donne cette réponse au Seigneur, qui est la réponse parfaite : Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t'aime. Tu sais plus profondément, plus réellement que l'évidence, il y a la réalité de tout mon être intérieur. Eh bien, il faut nous souvenir de cela lorsque nous voulons nous établir dans la fidélité et ne pas perdre la capacité d'être fidèle seule la foi, c'est-à-dire la certitude de ce qui est devenu invisible ou de ce qui n'est pas encore devenu visible, peut nous donner cette solidité, cette stabilité. |
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