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LA MALADIE, pourquoi? (Guy BROCHU)

«Jésus fut dans l'admiration. »  

« Pourquoi suis-je malade ? » Cette question, je me la suis posée à vingt et un ans quand je me suis réveillé avec une tache dans la vision et que peu après j 'ai commencé à mal marcher. Depuis quatorze ans maintenant cette question vitale, essentielle, me hante. A vrai dire la question a changé de forme avec le temps, mais au début elle avait cette simplicité un peu naïve « Pourquoi suis-je malade ? » J'ai d'abord été saisi par le vieux réflexe ancestral qui nous souffle que toute maladie est une punition. Autrefois les amis de Job ont réagi de cette façon en l'accusant d'avoir péché, et ensuite les disciples de Jésus devant un aveugle Qui a péché, lui ou ses parents? Au début de la maladie, j 'ai cherché moi aussi lesquelles de mes fautes avaient pu la provoquer. Je commençais à sombrer dans le désespoir lorsque le Christ est enfin venu prendre la relève. Je garde de cette expérience la conviction que, sans la foi, nous malades sommes condamnés àun dilemme inhumain entre un héroïsme exténuant parce qu'il est désespéré et un abandon qui mène vite à la déchéance. En ce qui me concerne je sentais de plus en plus fortement que la maladie est un mal haïssable. Il est un homme qui a protesté avec véhémence contre ce scandale qu'est la maladie et contre toutes les justifications qu'on inventait à ce scandale. Job, mon vieux frère dans la maladie, je t'admire pour ta fierté et surtout pour ta foi et ton humilité extraordinaire devant Dieu. Il est temps de méditer enfin sur ce que Jésus Christ nous a apporté. Ses paroles quant aux raisons de la maladie sont peu nombreuses. Je retiens ici la réponse qu'il fit aux disciples qui l'interrogeaient à propos d'un aveugle Qui a péché, lui ou ses parents? La réponse fut : Ni lui, ni ses parents, c'est pour qu'en lui se manifestent les oeuvres de Dieu. Remarquons d'abord que Jésus n'a pas répondu à la question : «La maladie, pourquoi ? » mais à cette autre question « La maladie, pour quoi faire? » Elle concernait le mIracle que Jésus allait accomplir sur cet aveugle, mais sûrement aussi nous tous qui restons malades. Elle nous indique clairement la route : Il faut que les oeuvres de Dieu puissent se manifester à travers nous et, pour cela, nous devons nous ouvrir au Christ, le laisser vivre en nous et manifester sa gloire.

Nous voici maintenant au centre de notre foi Jésus Christ est ressuscité. Si la maladie est et reste un mal, elle n'est plus un mal absolu depuis que Jésus Christ a vaincu la mort. Sans lui la vie s'achèverait dans un trou de cimetière. « On jette enfin de la terre sur la tête et en voilà pour jamais. » Mais le Christ a accepté la souffrance et la mort et il est ressuscité. Parce qu'il a transformé la mort en vie nous pourrons aussi ressusciter en lui et déjà nous avons la liberté extraordinaire de transformer le mal en bien, par sa grâce et avec lui, Christ vivant. Pour cela notre seule arme est l'amour. Il ne s'agit pas tellement d'offrir notre souffrance que d'aimer malgré elle, non pas d'aimer tout le monde dans le vague, mais chacun, à commencer par notre entourage. Il est vrai qu'aimer déchire parfois et coûte toujours de la peine. Parfois nous préférerions être des pantins heureux, la liberté nous pèse. Mais nous sommes des hommes libres, appelés à créer ici-bas le bonheur en aimant et à goûter éternellement l'intimité du Père.

« Guide mes pas.

Je ne demande pas à voir le chemin où tu me mènes, mais seulement le pas suivant pour que je sache où mettre le pied.

C'est dur, Seigneur, c'est terrible. Pourquoi tout cela, pourquoi ? Est-ce vraiment le chemin ?

Est-ce Vous, Seigneur? J'ai froid. Venez en aide à mon manque de foi. »

 

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