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L'EXEMPLE donné aux incroyants. (Saint JEAN CHRYSOSTOME)

 « Jésus sortit et vit un homme assis au bureau de la douane. »

N'est-ce pas un étrange aveuglement d'amasser et de garder tant de trésors dans un lieu où ils se corrompent, et de n'en pas confier la moindre parcelle à un autre lieu où ils ne peuvent se perdre et où ils s'augmentent même beaucoup, surtout lorsque nous savons que c'est en ce lieu que nous devons vivre à jamais . De là vient que les païens ne croient rien de tout ce que nous leur disons, parce qu'ils veulent reconnaître la vérité de notre religion non par nos paroles, mais par nos actions et par la conduite de notre vie.

Lorsqu'ils nous voient occupés à bâtir des maisons magnifiques, à embellir nos jardins, à faire faire des bains délicieux et à acheter de grandes terres, ils ne peuvent croire que nous nous regardions ici comme des étrangers qui se préparent à quitter la terre pour aller vivre en un autre lieu. S'il en était ainsi, disent-ils, ils vendraient tout ce qu'ils ont ici et l'enverraient, par avance, au lieu où ils désirent aller. Voilà la manière dont ils raisonnent, en considérant ce qui se passe tous les jours dans le monde. Car nous voyons que les personnes riches achètent des maisons principalement dans les villes et dans les contrées où elles comptent passer leur vie. Nous faisons, nous autres, tout le contraire. Nous nous tuons et nous consumons tout notre temps et tout notre bien pour avoir quelques champs et quelques maisons sur cette terre où nous nous croyons étrangers et que nous devons bientôt quitter, et nous ne donnons pas même de notre superflu pour acheter le ciel, quoique nous puissions le faire avec si peu d'argent, et que l'ayant acheté une fois, nous devions le posséder éternellement. C'est pour cela que, sortant de cette vie tout pauvres et tout nus, nous serons punis du plus grand supplice, et nous tomberons dans cet extrême malheur, non seulement pour avoir vécu dans cette indifférence, mais encore pour avoir rendu les autres semblables à nous. Car, lorsque les païens voient que ceux qui ont part à de Si grands mystères sont tellement épris des choses présentes, ils s'y attachent eux-mêmes bien plus fortement; et ainsi, ils amassent, comme dit saint Paul, des charbons de feu sur notre tête. 

PRIÈRE 

Tu protèges, Seigneur, ceux qui comptent'sur toi; sans toi rien n'est fort et rien n'est saint ;Multiplie pour nous tes gestes de miséricorde afin que, sous ta conduite, en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent.

 

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