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RICHES ET PAUVRES. (Saint BASILE)

« Heureux, vous les pauvres! »  

Que répondras-tu au souverain juge, toi qui habilles les murs et n'habilles pas ton semblable ? Toi qui ornes tes chevaux et n'as pas même un regard pour ton frère dans la détresse ? toi qui laisses pourrir ton blé et ne nourris pas ceux qui ont faim? toi qui enfouis ton or et ne viens pas en aide à l'opprimé?...A qui ai-je fait tort, dis-tu, en gardant ce qui est à moi? Dis-moi, qu'est-ce qui t'appartient? de qui l'as-tu reçu pour le porter dans la vie? C'est comme Si quelqu'un, après avoir pris une place au théâtre, en écartait ensuite les entrants et prétendait regarder comme sa propriété ce qui est pour l'usage de tous. Ainsi font les riches parce qu'ils sont les premiers occupants d'un bien commun, ils s'estiment en droit de se l'approprier. Si chacun se contentait du nécessaire et laissait aux indigents son superflu, il n'y aurait ni riche ni pauvre. N'es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? et ne retourneras-tu pas à la terre également nu? Quant aux biens présents, de qui les tiens-tu? Si tu réponds: du hasard, tu es un impie qui refuse de connaitre son créateur et de remercier son bienfaiteur. Si tu conviens que c'est de Dieu, dis-moi donc pour quelle raison tu les as reçus. Dieu est-il injuste en nous répartissant avec une telle inégalité les choses nécessaires à la vie ? Pourquoi es-tu dans l'abondance et celui-là dans la misère ? N'est-ce pas pour que tu reçoives un jour la récompense de ta bonté et de ta fidèle administration, tandis qu'il obtiendra la couronne réservée à la patience ? Mais toi qui serres toutes choses dans le gouffre de ton avarice, tu penses ne faire tort à personne, alors que tu dépouilles un Si grand nombre de tes semblables?

 

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