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La vallée. LA BEAUTE. (Jean RUYSBROECK) Quand le soleil est à son midi, si une vallée très profonde est enfouie entre deux montagnes énormes, et que les rayons du soleil puissent atteindre le bas de la vallée, il se produit trois phénomènes. La vallée reçoit une splendeur, une ardeur, une magnificence, une fécondité que la plaine n'égale pas. Quand le juste réside au fond de sa pauvreté contemplant en lui le néant, la misère, l'impuissance; quand il s'aperçoit profondément incapable de progrès, de persévérance; quand il voit la multitude de ses négligences et de ses défauts, quand il s'apparaît tel qu'il est, dans la réalité de son indigence, il creuse la vallée de l'humilité. Prosterné dans sa misère, reconnaissant sa détresse, il l'étale en gémissant devant la miséricorde du Seigneur; il contemple la hauteur du ciel, et sa petitesse à lui. La vallée devient profonde. C'est pourquoi le Christ-Soleil, du haut de son midi, assis à la droite du Père, lance dans le fond de cet humble mille feux et mille splendeurs. Il est incapable de n'être pas touché, quand l'humble étale devant lui et prosterne sa prière. Alors, des deux côtés de la vallée, deux montagnes se dressent et grandissent ce sont deux désirs, le désir de servir et de louer, le désir d'obtenir l'excellence de la sainteté. Ces deux montagnes sont plus hautes que le ciel. Elles touchent Dieu sans intermédiaire et sollicitent sa libéralité. Celleci ne se contient pas, elle coule, elle s'épanche; car l'âme possède alors l'aptitude à recevoir. PRIÈRE Accorde-nous, Seigneur, un coeur simple et pauvre, prêt à accueillir ta lumière. |
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