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nouvelle évangélisation-retour

LES CULTURES, LES ARTS ET L'ÉGLISE

 

Décembre 1999 - Arts-cultures-Foi -

 

Introduction

 

 

I - LA CULTURE ET LA FOI

 

 

II - LA CULTURE ET ÉGLISE

 

A - "Pour une pastorale de la Culture"

Une pastorale de la culture est signe de communion quand …

La pastorale provoque aussi rupture culturelle.

 

B - L'urgence d'une "Inculturation"

1- Les synodes continentaux soulignent la rupture entre Évangile et cultures qui ont chacune leurs propres richesses et sont marquées par le péché.

 

2 - La réponse pastorale a cette situation : L'inculturation.

2a - Une définition de l'inculturation

2b - "L'inculturation" exige un dialogue respectueux et ne permet aucune concession.

2c - Les saints, témoins de la foi vécue dans la culture de leur peuple.

 

3 - 'Instrumentum laboris' pour synode d'Europe

 

 

III - ÉGLISE QUI EST EN FRANCE FACE AUX NOUVEAUX DÉFIS CULTURELS

A - Les courants de pensée

B - L'évolution culturelle et artistique en France est dynamisée par ce qui vient "d'ailleurs"

 

 

IV - INITIATIVES PASTORALES

 

A - Au plan des dioceses

B - Au plan régional ou national

 

 

En conclusion

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

Le document du Conseil Pontifical de la culture dans 'Pour une pastorale de la culture' définit ainsi la culture : " Cette façon particuliere dont les hommes et les peuples cultivent leur relation avec la nature et leurs freres, avec eux-memes et avec Dieu afin de parvenir a une existence pleinement humaine (Gaudium et Spes n°53). Il n'est de culture que de l'homme, par l'homme et pour l'homme. C'est toute l'activité de l'homme, son intelligence, et son affectivité, sa quete de sens, ses coutumes et ses reperes éthiques. La culture est si naturelle a l'homme que sa nature n'a de visage qu'accomplie dans sa culture. L'enjeu d'une pastorale de la culture est de le restituer dans sa plénitude de créature "a l'image et la ressemblance de Dieu. " (Gn. 1.26) en l'arrachant a la tentation anthropocentrique de se considérer indépendant du Créateur".

 

Cette définition rejoint ce que Jean-Paul avait proclamé lors de son discours a l'UNESCO, le 2 juin 1980 : " La culture est ce par quoi l'homme en tant qu'homme devient davantage homme, " est " davantage, accede davantage a l'"etre "'. (N°7)

 

Pour que la Gloire de Dieu éclate, pour que l'Église marche sur les memes routes que les hommes, le concile Vatican II dit combien il est important pour Église d'etre tres présente a la vie littéraire et artistique contemporaine. " A leur maniere aussi, la littérature et les arts ont une grande importance pour Église Ils s'efforcent en effet d'exprimer la nature propre de l'homme, ses problemes, ses tentatives pour se connaître et se perfectionner lui-meme ainsi que le monde... Il faut donc faire en sorte que ceux qui s'adonnent a ces arts se sentent compris par Église au sein meme de leurs activités... Que les nouvelles formes d'art qui conviennent a nos contemporains, selon le génie des diverses nations et régions, soient aussi reconnues par Église.. Ainsi la gloire de Dieu éclate davantage ; la prédication de Évangile devient plus transparente a l'intelligence des hommes et apparaît comme connaturelle a leurs conditions d'existence. Que les croyants vivent donc en tres étroite union avec les autres hommes de leur temps et qu'ils s'efforcent de comprendre a fond leurs façons de penser et de sentir, telles qu'elles s'expriment par la culture. " (G.& S. 62/6)

 

En scrutant le bouillonnement culturel et artistique, en interrogeant les rapports de la foi et de Église avec la culture, une double question se pose : est-il important que de nouvelles initiatives pastorales soient prises dans ces domaines, quelles initiatives devraient etre prises?

 

 

 

 

 

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I - LA CULTURE ET LA FOI.

 

 

Toute foi ne s'exprime que dans un langage humain. Elle a besoin de la culture d'un peuple pour pouvoir s'exprimer, car toute culture porte en elle une part de vérité. " L'homme vit d'une vie vraiment humaine grâce a la culture. " (Jean-Paul II a l'Unesco.n°6) La foi peut donner une dimension insoupçonnée a cette culture.

 

· Tout homme est cultivé : Jean-Paul II nous demande de porter un regard de foi, d'avoir un regard respectueux et lucide sur la recherche culturelle et la création artistique. " Chacun d'entre nous garde en lui la hantise de quelques questions essentielles et en meme temps garde dans son esprit au moins l'ébauche de leurs réponses. " (41)

 

· Tout homme dans son langage et dans sa culture porte en lui une part de vérité : " Toute vérité dite par qui que ce soit vient de l'Esprit-Saint. " rappelle Jean-Paul II en citant Saint Thomas, Jean-Paul II attire aussi notre attention sur un point difficile a accepter par ceux qui baignent dans une tradition catholique : ne pas savoir apprécier une autre façon de croire que la leur. " Dés la naissance, l'homme se trouve intégré dans différentes traditions, dont il reçoit non seulement le langage et sa formation culturelle, mais aussi de multiples vérités auxquelles il croit presque instinctivement. (31) L'homme, etre qui cherche la vérité, est donc aussi celui qui vit de croyance. " (32). Ces paroles sont une invitation a avoir un regard profondément respectueux sur l'autre : celui vers qui je tourne mon regard peut me partager sa lumiere

 

· La culture peut rassembler les hommes… Lors du colloque sur les centres culturels a Bologne, colloque organisé par le Conseil Pontifical de la Culture, les responsables des centres du Maroc, d'Algérie, d'Égypte… ont souligné combien la culture pouvait donner l'occasion a des hommes et des femmes de tous bords de se rencontrer, d'échanger, de faire des recherches ensemble sur des problemes culturels alors que des fossés sociologiques et religieux les séparaient.

Noël 98 : . Lors d'une émeute de jeunes a Toulouse en décembre 98, la municipalité demande a deux Imams d'aller parler aux jeunes qui sont révoltés par la mort de leur camarade, tué par un policier témoin du vol d'une BMW par ce jeune. Les Imams s'adressent a ces jeunes en arabe. Les jeunes leur tournent le dos en leur disant : " Nous voulons etre français et etre respectés comme tout le monde. Nous voulons faire la fete a Noël comme tout le monde. "

 

· La culture peut aveugler : " Le créationnisme est l'expression d'un littéralisme aveuglant. Les créationistes ne veulent pas comprendre que la foi se développe a l'intérieur d'une culture. Elle s'est exprimée initialement dans une culture 'fixiste' (La création s'est fait dans une durée limitée et n'a plus a bouger.) La compréhension que nous avons aujourd'hui du monde ne permet plus de dire que la foi au créateur passe par une lecture littérale de la Genese. " Interview du Pere Valadier a propos de l'interdiction dans certains états américains d'enseigner l'évolutionnisme. La Croix, le 1 septembre 99.

 

· L'histoire récente nous apprend que la culture peut devenir un élément de résistance : Combien de régime totalitaire ont voulu imposer un art, une culture en voulant étouffer toute création originale, signe que l'art et la culture ne peuvent se développer que dans la liberté. En Tchécoslovaquie, le théâtre a été le seul moyen de contestation du régime.

 

 

 

· La foi peut donner une nouvelle dimension a la culture d'un peuple : Mgr Lustiger, dans son dernier livre intitulé 'Pour l'Europe'. (PUF 1999) souligne l'importance de comparer les cultures européennes aux cultures de l'extreme Orient : cette comparaison permet de mesurer l'impact de la Révélation sur la culture du continent européen. (p. 3 et suivantes) Plus loin, l'auteur souligne que "la présence des musulmans provoque a vivre une autre altérité : A cause de l'incarnation du Fils, nous n'avons pas le meme sens de la dignité humaine… " (p. 35 - 52).

 

Au colloque sur 'foi et raison' a l'Unesco, sous l'égide du Conseil Pontifical de la Culture le 16 septembre 1999, un des intervenants, professeur au college de France, a insisté sur le rôle de la foi chrétienne dans l'évolution du monde : Le christianisme avec sa capacité d'émerveillement, la recherche intellectuelle dans les universités étudiant dans la meme langue, facilitant ainsi les échanges, ont permis la naissance durant le Moyen-Age, du monde moderne. A la meme époque, la Chine, était aussi avancée dans les découvertes et les recherches que l'Europe mais les démarches religieuses étaient différentes : l'impact de la religion chinoise sur la culture a fait que la Chine s'est arretée en chemin.

 

 

On peut souligner combien il est important pour Église d'etre attentive a la dimension culturelle de la vie et de la foi car

 

· Tout probleme religieux a une dimension culturelle : on ne peut résoudre une question religieuse que si on ne clarifie pas sa dimension culturelle.

· Tout acte pastoral est porteur d'une culture.

 

Ces deux aspects ont été mis en relief au Concile Vatican II notamment dans Gaudium et Spes.

 

 

 

 

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II - LA CULTURE ET ÉGLISE

 

 

Jean-Paul II rappelle que pour Église il n'y pas une culture exemplaire, que toute culture risque de s'enfermer sur elle-meme, de ne pas etre apte a recevoir un apport extérieur. Mais, "lorsqu'elles sont profondément enracinées dans l'humain, les cultures portent en elles le témoignage de l'ouverture de l'homme a l'universel et a la transcendance ". (70)

 

 

A - "Pour une Pastorale de la Culture"

 

Le 23 mai1999, le Conseil Pontifical de la Culture a envoyé a toutes les Églises locales un texte intitulé : " Pour une pastorale de la culture. " Pour ce Conseil, la pastorale de la culture doit faire signe que Église veut vivre en communion respectueuse avec la recherche, la création des hommes mais aussi qu'elle doit provoquer une rupture culturelle.

 

Une pastorale de la culture est signe de communion quand …

 

… elle rejoint ce qui au cour de la vie des hommes : " La foi a Jésus-Christ met au cour de la vie la personne et l'amour. Le Christ est la source de cette civilisation de l'amour dont les hommes porte de la nostalgie. " p.13

 

… quand elle emprunte des éléments culturels, signe de respect pour les chemins divers qu'empruntent les hommes pour chercher a exprimer leur dignité : " La construction du royaume ne peut pas ne pas emprunter des éléments de la culture et des cultures humaines. Il est nécessaire d'annoncer l'évangile dans le langage et la culture des hommes. " p.14

 

… quand elle met en lumiere ce qui reste caché : " L'annonce de Jésus-Christ met en lumiere les semina Verbi cachés et parfois comme enfouis au cour des cultures… " p. 13

 

 

La pastorale provoque aussi rupture culturelle.

 

Le texte du Conseil pour la Culture insiste sur la rupture culturelle que provoque l'accueil du Dieu unique qui vient a la rencontre d'Abraham :

" La rupture culturelle par laquelle s'inaugure la vocation d'Abraham. " Pere des croyants " traduit ce qui advient au plus profond du cour de l'homme lorsque Dieu fait irruption dans son existence, pour se révéler et susciter l'engagement de tout son etre. Abraham est spirituellement et culturellement déraciné pour etre, dans la foi, planté par Dieu dans la Terre promise. Mieux, cette rupture souligne la fondamentale différence de nature entre la foi et la culture. Contrairement aux idoles qui sont le produit d'une culture, le Dieu d'Ahraham est le Tout-Autre. C'est par révélation qu'il entre dans la vie d'Abraham. Le temps cyclique des religions anciennes est caduc avec Abraham et le peuple juif commence un nouveau temps qui devient l'historie des hommes en marche vers Dieu. Ce n'est pas un peuple qui se fabrique un dieu, c'est Dieu qui donne naissance a son peuple comme Peuple de Dieu. La culture biblique tient de ce fait, une place unique. Elle est la culture du Peuple de Dieu, au cour duquel il s'est incarné. La promesse faite a Abraham culmine dans la glorification du Christ crucifié. Le Pere des Croyants tendu vers l'accomplissement de la Promesse, annonce le sacrifice du Fils de Dieu sur le bois de la Croix. Dans le Christ venu récapituler l'ensemble de la création, l'amour de Dieu appelle tous les hommes a partager la condition de fils Le Dieu Tout-Autre se manifeste en Jésus-Christ Tout-Nôtre. : " Le Verbe du Pere éternel ayant pris la chair de la faiblesse humaine, s'est fait semblable aux hommes. (Dei Verbum, n°13)

 

Quelle est la cause de cette rupture? " Il s'agit non seulement de greffer la foi sur les cultures mais aussi de redonner vie a un monde déchristianisé dont souvent les seules références chrétiennes sont d'ordre culturel. " p.3 S'agit-il de rompre avec la culture actuelle? ...de créer une nouvelle culture? " …la foi a le pouvoir de rejoindre le cour de toute culture pour le purifier, la féconder, l'enrichir et lui donner de se déployer a la mesure sans mesure de l'amour du Christ. La réception du message du Christ suscite ainsi une culture dont les deux constituantes fondamentales sont, a un titre tout a fait nouveau, la personne et l'amour. " p.11

Cette rupture est de quelle nature? La réponse dépend en grande partie de la maniere dont une culture particuliere met l'amour et la personne humaine en son centre. La relecture des initiatives prises dans les dioceses donnera quelques éléments de réponse. (cf. p.10)

 

 

 

 

B - L'urgence d'une "Inculturation".

 

1- Les synodes continentaux soulignent la rupture entre Évangile et cultures qui ont chacune leurs propres richesses et sont marquées par le péché.

 

Les quatre synodes continentaux (Amériques, Asie, Afrique et Océanie) soulignent que "la rupture entre Évangile et culture est sans doute le drame de notre époque". C'est donc a juste titre que les Peres synodaux ont estimé que la "nouvelle évangélisation requiert un effort lucide, sérieux et ordonné pour évangéliser la culture. "

Le synode d'Asie a rappelé avec force que évangéliser la culture demande de savoir prendre du recul par rapport a ce qui s'est vécu en Occident : " Les Églises plus récemment établies doivent perdre leur aspect de copie conforme des Églises dans les sociétés occidentales. "

 

Le continent asiatique abrite nombre de races et de peuples formant quasiment les deux tiers de la population mondiale. Le plus remarquable dans le contexte asiatique, c'est le fait de que l'Asie soit la maison commune de pratiquement toutes les grandes religions du monde telle qu'elle l'hindouisme, le bouddhisme, le judaisme, le christianisme et l'islam. Elle est aussi le berceau d'autres traditions religieuses et sociales telles que le taoisme, le confucianisme, le zoroastrisme, le jainisme, le sikhisme, le chamanisme etc.…Les éveques décrivent les maux qui ravagent ce continent. Ils demandent que Église devienne non seulement une Église pour les pauvres mais aussi une Église avec les pauvres. La présence du péché profondément ancrée dans le cour des peuples et les cultures exigent la Rédemption, la libération et le salut. Les éveques soulignent aussi les richesses de ce continent marqué par une grande soif des valeurs spirituelles et religieuses, de la liberté, de la dignité humaine et du progres. (Synode d'Asie).

 

 

 

2 - La réponse pastorale a cette situation : L'inculturation.

 

" Le don de son Esprit et de son amour s'adressent a tous et chacun des peuples et des cultures pour les unir entre eux, a l'exemple de l'unité parfaite qui existe en Dieu un et trine. Pour que ce soit possible, il est nécessaire d'inculturer la prédication de maniere que Évangile soit annoncé dans le langage et la culture de ceux qui l'entendent. " (synode d'Afrique).

 

2a - Une définition de l'inculturation : " L'inculturation est le processus par lequel la foi s'incarne dans les cultures locales en assumant, en purifiant en anoblissant les éléments de la philosophie, de l'art et de la spiritualité des peuples dans la mesure ou ils sont compatibles avec les valeurs de l'évangile. L'inculturation s'applique a la théologie, la liturgie, l'art sacré, la spiritualité et a l'organisation sociale les églises. Elles sont besoin d'étudier et de connaître les cultures asiatiques. " (Synode d'Asie) De cette maniere, l'inculturation devient un moyen d'évangélisation, de développement et d'enrichissement mutuel des Églises en Asie, d'Afrique, d'Océanie, des Amériques et de Église universelle.

 

A propos de l'inculturation :

Ce concept a été forgé par analogie avec l'incarnation. Cette notion a sans doute permis de se dire que les cultures méritaient considération, que la transmission de la révélation chrétienne ne se confond pas avec la transmission des valeurs occidentales.

Mais peut-on parler d'inculturation de Évangile? Cela supposerait, en caricaturant un peu, que l'évangile puisse etre sorti de sa gangue occidentale pour etre réintroduit dans une autre culture… et que s'opere une sorte d'alchimie entre Évangile et cette nouvelle culture. Il en va différemment pour l'inculturation que pour l'incarnation du Logos. On ne peut détacher Évangile des cultures dans laquelle il a pris forme et donc ce sera toujours un rapport de culture a culture que quelque chose de Évangile se véhiculera. Il se communique dans une communication des cultures, dans une interculturalité, dans un dialogue culturel…dans une interaction peu pensée jusque la.

En outre, Évangile ne pénetre pas une culture comme si elle était l'âme d'un corps. Car dans toute culture se trouve déja des semences du Verbe.

C'est pour ces raisons que certains préferent parler d'acculturation : '" Le contact culturel, écrit Fortes, ne doit pas etre regardé comme le transfert d'un élément d'une culture a l'autre, mais comme un processus continu d'interactions entre groupes de cultures différentes. " Le terme d'acculturation a été inventé justement pour désigner cet ensemble d'interactions réciproques, dans leurs déroulements et leurs effets.' (Encyclopédie universelle)

 

2b - 'L'inculturation' exige un dialogue respectueux et ne permet aucune concession. Donc, il est tres important pour Église en Asie d'etre conscient de ce contexte socio- religieux dans lequel elle doit remplir sa mission. Le contexte culturel et le religieux de l'Asie présente a Église en Asie un défi, une tâche est une opportunité unique, a la différence de ce qu'elle avait rencontré dans le passé. Privé de précédents historiques pour la guider, elle doit entrer en profond dialogue avec les cultures et les autres religions asiatiques en 's'inculturant' de maniere authentique en théologie, en liturgie et en spiritualité de façon a vivre et annoncer le message de Jésus-Christ en Asie. Pareil dialogue et 'inculturation' exigera une fidélité a notre propre foi chrétienne, le respect des croyances religieuses d'autrui, de la sincérité, du discernement, du courage, de la prudence et de la patience de la part de tous les intéressés. 'L'inculturation' de la Christologie en Asie et est une nécessité urgente mais et elle ne peut se faire aux dépens de l'intégrité de la foi chrétienne.

 

2c - Les saints, témoins de la foi vécue dans la culture de leur peuple.Certains ont reproché a Jean-Paul II de canoniser trop de saints. Mais le Pape, en tournant notre regard vers tant d'hommes et de femmes différents par la culture, ne voulait-il pas faire un signe au peuple de Dieu? Les saints sont le manifestation que des hommes et des femmes du cru ont vécu Évangile dans leur culture. Église, en les reconnaissant comme témoins de la foi, veut enrichir Église universelle de leur expérience apostolique bien diverse.

 

 

 

 

3 - 'Instrumentum laboris' pour synode d'Europe.

 

Dans 'Instrumentum laboris' l'évolution de l'Europe durant ces dix dernieres années est décrite dans tous les aspects de la vie religieuse, culturelle…

A propos de ce qui est dit de la vie culturelle, on ne peut qu'etre frappé par l'insistance sur le pluralisme : " On voit se créer, d'année en année, une situation toujours plus pluraliste pour ce qui est des conditions ethniques, culturelles, religieuses et sociales. " (8) " L'Europe apparaît comme une réalité profondément pluriculturelle et plurireligieuse dans laquelle croît la présence de l'islam, outre une indifférence religieuse ". (51) L'unité de l'Europe est menacée : " Un mur invisible fait de peur et d'agressivité, de manque de compréhension pour les hommes d'origine différente, de couleur de peau différente, de croyances religieuses différentes ". (2) Ce pluralisme interroge la mission de Église Nous y reviendrons plus loin.

 

Le texte releve deux obstacles a la 'nouvelle Évangélisation' :

* " Face au pluralisme de foi et de culture qui se propage toujours plus, certains qui ont été formés dans une sorte de monoculture chrétienne occidentale ne sont pas préparés a lire les signes des temps ". (20) Plus, loin, le texte soulignera la chance que peut représenter la rencontre des différentes cultures : " Pour cela, il faut unifier les aspects dispersés … "une maniere d'etre et de penser européenne et chrétienne est née de la rencontre entre les Grecs, les Latins, les Barbares et les Slaves avec le Christ. Elle constitue l'un des modeles plus significatifs d'inculturation de la foi et l'une des syntheses les plus riches entre la foi et la raison, entre l'adhésion au Christ et l'appartenance a u peuple et a une tradition. "

* " La mission est souvent réduite a l'ordinaire de la vie et de la pratique ecclésiale, selon une pastorale de conservation. Une lassitude a sortir de soi… une sorte de fermeture des Églises particulieres sur leurs nécessités ". (36 ) " Une Église qui ne communique pas, n'évangélise ni ne fait la culture ". (58).

 

Le texte souhaite que les Églises locales parle avec " un nouveau langage, plus incisif : un langage qui naît d'une écoute silencieuse des Écritures et des personnes en se laissant remettre en question par leurs problemes et leurs opinions. " (57)

 

 

 

 

 

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III - ÉGLISE QUI EST EN FRANCE

FACE AUX NOUVEAUX DÉFIS CULTURELS

 

 

Les Éveques de France dans "Proposer la foi dans la société actuelle " (novembre 1994) soulignent l'enjeu pour les hommes d'aujourd'hui d'une pastorale de la culture : " C'est pourquoi, il nous faut envisager de nouvelles confrontations avec ce que l'on appelle le "monde de la culture " : c'est-a-dire avec ces hommes et ces femmes, chercheurs, artistes, penseurs ou poetes, qui se tournent vers le christianisme de façon plus libre, en lui demandant de donner comme une âme ou une dimension transcendante a des activités humaines qui semblent souvent en peine d'inspiration sur le long terme. " (p.30)

Si Église qui est en France est appelée a repenser certains aspects de sa pastorale, il est important qu'elle s'appuie sur son expérience missionnaire si riche. Elle a une longue expérience d'une pastorale de la culture. Elle a été marquée par la présence d'intellectuels catholiques dans les débats de société, l'influence des universités catholiques dans la recherche intellectuelle, les "semaines des intellectuels catholiques "... Église qui est en France a eu aussi une approche originale de cette pastorale. Avec les mouvements d'action catholique spécialisée dans les mondes ouvriers, ruraux et indépendants, elle a lié, pourrait-on écrire aujourd'hui, "inculturation et évangélisation. " La plupart des dioceses ont mis en place des centres de formation pour les laics. En créant, en novembre 1998, un groupe de travail "arts, cultures et foi ", l'épiscopat français exprime le besoin de poursuivre la réflexion, de prendre des initiatives afin que la foi pénetre au plus profond le bouillonnement intellectuel et artistique marqué par de nouveaux courants de pensée.

 

 

 

A - Les courants de pensée.

 

On peut désigner quelques courants de pensée sans pour autant avoir la prétention de les décrire :

 

Le rapport a la science : la fin de la science comme idéologie.

En philosophie, la question n'est pas nouvelle. Elle l'est relativement dans l'opinion. Nietzsche critiquait déja cette nouvelle foi dans sa critique de Bauer. Il y trouvait la les formes d'une nouvelle religion. La critique se double dans la deuxieme partie du XXeme siecle de la critique de la rationalité technicienne (Jurgen Habermas). Le positivisme scientifique est derriere nous, semble-t-il, mais peut-on en dire autant de la raison technique?

 

La question de la fin de l'histoire.

Francis Fukuyama est professeur de politiques publiques aux États-Unis. Il est l'auteur d'un article paru en 1989 puis d'ouvrage traduit en Français qui s'intitule 'La fin de l'histoire.' L'histoire est pensée selon la conception hégélienne. Nous sommes a la fin de l'histoire car désormais la démocratie libérale est l'économie du marché sont les seules solutions possibles pour la société. L'histoire culmine dans l'état moderne libérale. La mondialisation acheve l'histoire. Quelques mois apres la parution de l'article, la chute du mur de Berlin est venu donner confirmation a cette these. Cette idée est largement répandue meme si elle ne s'exprime pas en terme de 'fin de l'histoire.' Tout ce qui ne s'inscrit pas dans la démarche libérale et dans l'ethos culturel qu'elle draine est archaique et appelé a disparaître.

Depuis Fukuyama a évolué et pense que si il y a fin de l'histoire et si la derniere décennie confirme bien sa these, il y a d'autres possibilités qui voient le jour : la posthumanité grâce aux biotechnologies.

 

Le posthumanisme.

Le débat est en particulier illustré par le débat en Allemagne sur Sloterdijk : l'humanisme pensé comme soubassement de la démocratie. Il accuse Habermas d'etre la voix hypermorale de l'Allemagne de l'apres-guerre. Si la morale communicationnelle de Habermas a triomphé au lendemain de la guerre c'est a cause de la culpabilité de l'Allemagne. Il est temps de tourner la page. Il faut libérer l'homme de lui-meme en utilisant les moyens dont nous disposons. Il pose la question du biopouvoir. Il faut entendre par la le pouvoir de l'homme sur le vivant, y compris sur lui-meme pour le modifier génétiquement. Ce posthumanisme allemand a aussi ses tetes de pont en France en particulier avec le romancier Houellebecq. Tout cela n'est pas sans rappeler le dernier homme de Nietzsche.

Ceci appelle un autre constat : les débats autour de la modification du vivant et surtout autour du marché du vivant : cf. les débats autour des organismes génétiquement modifiés. Derriere se trouve la question de l'emploi et de l'usage des biotechnologies. Mais aussi la question de profit pour ceux qui seront en mesure de développer ces modifications génétiques et de les imposer sur le marché international. (Cette modification du vivant est, a l'ouvre semble-t-il a différents niveaux . Il se donne a voir dans la vie quotidienne : sculpture du corps, piercing, tatouage…)

 

La révolution féminine :

Certains considerent que c'est un des plus grand et des plus durables bouleversements de la culture au XXeme siecle. En France et en Europe nous n'avons surement pas pris la mesure de bouleversements qui pour avoir été considérables ne sont pas parvenus encore a leur terme.

 

Des questions autour de l'éthique :

A la fois des demandes de reperes, une prise de conscience des enjeux, les réactions fortes a certaines entorses faites a la morale. 'Les affaires' en sont l'illustration.. En sens inverse, on s'étonne et on trouve tres 'intolérant' le jugement du tribunal et la condamnation (clémente) de cette éducatrice qui vivait avec un jeune de 14 ans.

La question des fondements de l'éthique :Un nombre important de nos contemporains rejette un fondement transcendant a l'éthique. Se pose alors la questions des fondements de l'éthique. L'éthique se propose comme éthique contractuelle. Les religions peuvent participer a l'élaboration du contrat éthique mais peuvent-elles se contenter de cette participation? Jusqu'ou pourront-elles accepter une éthique contractuelle?

 

La crise de l'éducation.

L'enfant a besoin d'etre protégé pour se développer et pour pouvoir dans une relative sécurité et protection, franchir les étapes de son développement. Or ces conditions ne sont plus assurées dans de nombreux cas et on veut au contraire les préparer a la vie adulte en leur faisant déja vivre un peu comme des adultes.

Autre facteur de la crise éducationnelle : la méfiance envers l'autorité dans la sphere publique affecte nécessairement la sphere privée de la famille ou semi privée de l'école.

Enfin, la rupture avec la tradition ébranle la tâche éducative. (cf. Hannah Arendt : 'La crise de la culture'.)

 

Retour de la philosophie politique :

Les jeunes philosophes, a quelques exceptions pres, écrivent tous sur la philosophie politique. Le phénomene ne manque pas d'interroger. On peut penser qu'il y a d'autres questions en philosophie. La philosophie politique avait disparu de l'espace philosophique depuis un siecle, depuis la naissance des sciences sociales qui s'étaient présentées comme aptes a supplanter ces antiques réflexions de philosophie politique. Le marxisme se présentant comme science sociale occupait l'espace. La fin des régimes communistes, la chute du mur d'une part et d'autre part la critique de la science dans sa prétention hégémonique rendent possible d'une part et appellent d'autre part une réflexion sur la philosophie politique.

 

La recomposition du religieux.

La question du 'retour du religieux' a fait long feu. On préfere parler de décomposition /recomposition. Comme le dit avec beaucoup de pertinence Danielle Hervieu Léger, la question de l'expulsion de la religion de la société était un a priori des sociologues dont ils trouvaient confirmation facile dans le critere de la baisse de la pratique, critere retenu précisément parce qu'il permettait de conforter l'idée moderne de la disparition de la religion. Cet a priori d'une opposition entre modernité et religion est révisée depuis déja quelques années. La fin des années glorieuses et la mise a mal de l'idéologie du progres, l'eschatologie séculiere qui sous tendait cette affirmation, la montée des nouveaux mouvements religieux et du 'religieux sauvage' (expression du sociologue Bastide) ont conduit a parler plutôt d'une décomposition/recomposition du religieux. On se met a prendre en compte ce religieux qui était occulté par la survalorisation des formes institutionnelles du croire. Le paysage change : pluralisme des religions, distensions des liens entre catholicisme et la société française. ( A moins qu'a entendre la colere d'un certain nombre de nos contemporains vis a vis du christianisme, les liens sont moins distendus qu'on le dit et plus conflictuels qu'on ne le croit.) Les Églises ont de la peine a reconnaître la culture qu'elles ont largement contribuée a enfanter : valeurs de la république, autonomie du sujet, place de la femme, sens de l'histoire, etc. (Le texte de Chevenement lors de l'ordination de Joseph Doré a étonné beaucoup de chrétiens qui l'ont lu!) La société a u moins autant de difficultés a reconnaître son patrimoine culturel dont les ouvres d'art ne sont que la forme apparente.

 

Ces courants de pensée remettent en cause les rapports de l'homme avec la nature, les autres, soi-meme et Dieu.

 

L'homme…

· … et sa relation a la nature : la confiance dans la science remise en cause, le dynamisme des écologistes, la mondialisation des échanges économiques et culturels, la défense des identités régionales ou souvent les religions sont impliquées… remettent en cause la façon dont les hommes conçoivent leur relation au monde…

· …dans sa relation avec les autres : la réflexion sur le politique, la place de la femme qui remet en cause les hommes, les familles éclatées ou qui se recomposent, les émigrations et le métissage, la pauvreté qui creuse un fossé… interroge l'identité de chacun…

· …dans sa relation avec soi-meme : le biopouvoir qui donne une nouvelle maîtrise sur le vivant, l'importance de ce que chacun porte au plus profond de lui-meme, la recherche d'une dimension transcendante de la vie, le mal et plus particulierement la violence qu'on ne parvient pas a maîtriser … amene a s'interroger sur la fragilité humaine, l'enfant qui n'a plus le temps d'etre enfant…favorise une recherche d'identité.

· …dans sa relation avec Dieu : la décomposition/recomposition du religieux, le pluralisme culturel modifie la vie religieuse et la recherche de sens. Cette évolution peur enrichir et élargir la tradition spirituelle de la France… une quete qui pousse ceux qui sont en recherche a prendre dans les différentes expériences spirituelles celle qui semble répondre a son désir, ses besoins peuvent interroger la façon dont les Églises servent la Vérité révélée.

 

 

 

B - L'évolution culturelle et artistique en France est dynamisée par ce qui vient 'd'ailleurs'.

 

Il y a actuellement en France un bouillonnement culturel. Ce bouillonnement est marqué non seulement par l'entrée de la France dans l'Europe. La France et déja marquée culturellement par le sud de l'Europe, par l'Angleterre et l'Allemagne mais peu encore par l'Europe de l'est. Cette Europe de l'est façonnée par le monde slave et orthodoxe. La France devient de plus en plus un espace métissé. On parle aussi d'espace pluri-culturel.

Le défi du 'pluriculturel', de l'accueil de ce qui vient d'ailleurs, le 'métissage' est relevé tant a la radio, la TV, la littérature, les journaux que dans la musique, les arts plastiques, la chorégraphie, l'architecture… En voici quelques exemples :

 

· C.Beyala " Amours sauvages " (A. Michel 1999) : C.Beyala, dans son roman " Amours sauvages " (A. Michel 1999) raconte l'histoire de personnes noires venant d'Afrique cherchant travail et mari. Le travail, elle l'a trouvé en faisant les trottoirs de Paris. " "Ca rajeunit une race, le métissage " dit Mlle Babylesse qui peuplait la France de bâtards. 53 " Le probleme, dis-je, c'est que le monde des blancs est vieux. Vous avez besoin des choses extérieures pour exister… " p.59 Il sortit de sa poche un journal froissé et, d'un crayon rouge, il entoura les fautes de syntaxe et de grammaire : " Et ils veulent qu'on s'integre comme si eux-memes étaient des modeles d'intégration a leur propre culture. " 131

 

· Le Nouvel Observateur du 23 septembre 1999, dans un article intitulé : 'Vins, les saveurs du métissage' cite Patrice This : " La vigne supporte mal l'autofécondation. Autrement dit, on n'obtient pas de tres bons résultats lorsqu'on croise un cépage avec lui-meme. Un nouvel élément qui résulte de notre étude est que si on veut faire un croisement réussi, l'on a probablement intéret a choisir deux 'parents' relativement éloigné génétiquement. C'est le cas du pinot et du guais, et l'on voit qu'ils se sont croisés a de nombreuses reprises et ont engendré une riche progéniture. ".

 

· Le nouvel observateur du 16 septembre 99 dans un article : 'la french musique donne le tempo', signé B.Landrevie : " En avant la musique! Cela fait quelques mois que la musique française rythme la croissance : 9 millions de disques vendus dans le monde entier pour la seule année 98. Du jamais vu! Ce boom de 17 % a l'exportation tire son énergie black-blanc-beur des quartiers populaires de toutes les grandes banlieues françaises. "

 

· 'Marianne' du 4 octobre 1999. 20 pages sont consacrées a " La France multiethnique. " Qu'on le veuille ou non, l'Hexagone est devenu un melting-pot. Toutes les nationalités du monde y ont trouvé leur place. Pas forcément pour rester, sans toujours s'intégrer, mais en dynamisant a coup sur notre société. Enquete sur ces 3,6 millions d'étrangers. " L'angoisse au cour : " Que vont devenir les livres, les parfums et les mots du pays? "

 

· 'Les causes perdues.' Jn.-Chr. Rufin Gallimard. 99 Un arménien, vivant de commerce en Éthiopie, reçoit le chef de mission d'un organisme humanitaire. Il lui montre son album de photos familial, ce qui le provoque a réfléchir a son identité : " J'ai recherché… notre maintien dans une position extérieure a ce pays. Je m'explique : prendre racine en faisant des enfants métis, en créant des lignées melées, ce serait perdre notre situation d'observateurs et nous confondre avec notre sujet. En restant de purs étrangers, nous conservons notre indépendance, cette distance qui fait tout voir de loin, du dehors, avec détachement. Nous ne pouvons plus vivre hors de ce pays mais nous ne pouvons pas non plus nous assimiler a son peuple. Il faut sans doute voir dans cette attitude la raison de notre actuelle extinction. " p.65

 

· Les Champs de la sculpture. 2000.Sur les champs Élysée, une exposition de sculptures ouverte a tout public : 50 sculptures présentées. Les sculpteurs sont d'originaire d'une trentaine de nations. Ces sculptures parlent d'une soif d'éternité, de l'invisible, de la mort, de la justice, de la paix entre les peuples, du pouvoir qui tue, d'événements qui ont marqué des peuples, de situation d'exclusion… Ces sculptures sont signe d'une culture d'espérance, d'attente plus que d'une culture de vie ou de mort…

 

· Le journal La Croix du lundi 11 octobre 99 publie son, Forum par deux articles. Le premier est signé de Bruno Chenu qui a pour titre : 'L'avenir est métis.' Avec en sous-titre : 'Une culture résulte de mélanges et de croisements qui ont fait une histoire.' L'autre est signe de M.Drancourt : 'La globalisation attise les particularismes. Tandis que la mondialisation de l'économie s'accélere, les peuples veulent préserver leur identité.'

 

D'un côté, l'identité des peuples évolue, s'enrichit des apports extérieurs a tel point que ces histoires créent une nouvelle histoire… et de l'autre, la mondialisation oblige a mettre en relief les identités régionales qui, elles-memes évoluent. Le métissage est le signe le plus expressif de cette mutation.

 

 

 

 

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IV - INITIATIVES PASTORALES

 

" Vous devez aider toute Église a répondre a ces questions fondamentales pour les cultures actuelles : comment le message de Église est-il accessible aux cultures nouvelles, aux formes actuelles de l'intelligence et de la sensibilité vie? Comment Église du Christ peut-elle se faire entendre par l'esprit moderne, si fier de ses réalisations et en meme temps si inquiet pour l'avenir de la famille humaine? " Jean-Paul II au Conseil Pontifical pour la Culture (5)

Quelles initiatives sont prises actuellement et dans quel esprit?

 

A - Au plan des dioceses :

 

Les initiatives prises par le groupe de travail 'A-C-F' et par les dioceses (un peu plus de soixante) sont nombreuses. Elles sont présentées ici en prenant les criteres 'Communion et rupture' proposés par le document "Pour une pastorale de la culture. "

Quelques exemples de communion : a Avignon, Église locale participe au Festival par des célébrations, un colloque… a Nîmes, présence d'une peintre, membre du groupe A-C-F dans une friche industrielle transformée en ateliers… a Belfort, 23 artistes sont invités a créer ensemble une exposition sur "l'homme en quete de spiritualité ", theme que ces artistes portaient en eux mais n'avaient pas l'occasion d'exprimer, a Valence, au Mans, présence aux cercles Condorcet, dans des cafés philosophiques… présence dans un quartier piéton par une galerie a Rennes…, au cours des visites pastorales, l'éveque rejoint les acteurs culturels ou artistiques du secteur dans les dioceses de Cahors, d'Angouleme, rencontres avec les responsables culturels d'un certain nombre de villes comme Nice, Versailles, Nîmes, Bordeaux, Agen…

Cette présence est souvent marquée par une rupture, ou une autre façon de vivre l'événement, ou en éclaircissant les débats par la prise en compte de la dimension spirituelle de la vie humaine, ou par une autre approche de la culture : A Troyes, les entractes des concerts donnés dans les églises au cours du festival sont marqués par un temps de silence et non de bavardages… A Avignon, les acteurs, metteurs en scene expriment ce qu'ils portent en eux… a Nîmes, combien de confidences échangées… création d'un festival a Lille pour casser un monopole culturel… a Nancy, participation aux manifestations culturelles de la ville, présence dans le conseil d'administration d'un centre culturel pres de Périgueux (anciennement abbaye) pour faire prévaloir la dimension spirituelle

Les ruptures sont signifiées en privilégiant :

- Le langage symbolique sous toutes ses formes car le symbole donne a penser, a imaginer, a vivre… et pas seulement le langage scientifique.

- L'enracinement car le sens de la vie, la morale est a inscrire dans l'histoire … et pas seulement la découverte du patrimoine.

- Vivre l'Altérité… et pas seulement etre centré uniquement sur ce qui sort de soi.

 

 

 

B - Au plan régional ou national :

 

Avec les artistes :

Un appel sera aux artistes afin qu'ils créent une ouvre sur le theme : " La chair et Dieu ". Par cette ouvre, il est proposé aux artistes d'exprimer comment ils perçoivent l'homme en ce début de ce siecle c'est-a-dire l'homme avec sa soif de spirituel, de justice, sa recherche de vérité, sa révolte, ses interrogations… Les artistes qui le désirent seront 'jumelés' avec une personnalité qui lui exprimera en quoi son ouvre nourrit son regard sur l'homme, sa responsabilité… Il nous a semblé important que la parole "prophétique " des artistes soit entendue par la société et par Église Aujourd'hui, on écoute plus volontiers les économistes, les sociologues, les statisticiens que le langage symbolique des artistes.

Cette initiative s'inspire des paroles que Jean-Paul II a adressées dans sa lettre aux artistes : " Vous savez toutefois que Église n'a jamais cessé de nourrir une grande estime pour l'art en tant que tel. En effet, meme au-dela de ses expressions les plus typiquement religieuses, l'art, quand il est authentique, a une profonde affinité avec le monde de la foi, a tel point que, meme lorsque la culture s'éloigne considérablement de Église, il continue a constituer une sorte de pont jeté vers l'expérience religieuse. Parce qu'il est recherche de la beauté, fruit d'une imagination qui va au-dela du quotidien, l'art est, par nature, une sorte d'appel au Mystere. "

Lyon Grenoble Valence et l'Ardeche, exposition a Belfort et Montbéliard, dans les dioceses de Lorraine, création d'une image d'Épinal, Nîmes avec sa friche, Avignon et son festival, Tulle, Périgueux, Angouleme, Agen, Lille manifestation théâtrale et exposition, Reims, une création, Troyes création d'un festival… et d'autres dioceses participent a leur maniere a cet appel aux artistes.

 

Au plan culturel :

 

Les régions en France sont tres différentes. Le bouillonnement culturel n'y est pas vécu de la meme façon, surtout si on est attentif a la mondialisation, a l'apport de ceux et celles qui viennent d'" ailleurs ", au métissage. Il suffit de regarder les enfants des classes primaires pour découvrir qu'ils font l'expérience de la différence, tant au plan de leur origine culturelle que de leur vie familiale …

Ne serrait-il pas important que les acteurs pastoraux qui sont confrontés a ces situations puissent se rencontrer au niveau des régions ou dioceses, partager leurs questions, leurs initiatives, puissent etre éclairés par des personnes compétentes. Les dioceses de Bordeaux et d'Albi ont entrepris cette démarche. D'autres dioceses prennent cette initiative.

nouvelle évangélisation-retour

 

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