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Introduction

 

1. A l'aube du troisieme millénaire, par la grâce de Dieu et la bénédiction de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, et sur invitation du Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient, leurs Béatitudes: Stéphanos II GHATTAS, Patriarche d'Alexandrie des Coptes Catholiques, Maximos V HAKIM, Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem, des Grecs Melkites Catholiques, Son Eminence le Cardinal Mar Nasrallah-Pierre SFEIR, Patriarche Maronite d'Antioche et de tout l'Orient, Mar Ignace Moussa 1er DAOUD, Patriarche Syrien Catholique d'Antioche et de tout l'Orient, Mar Raphaël 1er BIDAWID, Patriarche de Babylone pour les Chaldéens, Jean-Pierre XVIII KASPARIAN, Patriarche de Cilicie pour les Arméniens Catholiques, Michel SABBAH, Patriarche de Jérusalem pour les Latins, le 1er Congres des Patriarches et Eveques Catholiques du Moyen-Orient s'est tenu du 09 au 20 mai 1999 a la Maison Notre-Dame du Mont - Fatqa (Liban). Le congres a été intitulé: «Pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance» (Jean 10/10). Outre les membres du congres, plusieurs représentants du Saint-Siege, des Eglises d'Afrique du Nord, quelques Conférences Episcopales et des Eglises Sours, ainsi que des auditeurs laics, hommes et femmes, des conseillers et des journalistes, ont participé au congres. En tout, 260 personnes, de différents pays: La Jordanie, l'Iraq, l'Iran, la Terre Sainte, la Turquie, la Syrie, le Liban, l'Egypte, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, la France, l'Espagne, l'Argentine, les Etats-Unis d'Amérique, le Mexique, le Canada et Chypre.

 

Ce congres historique qui se tient pour la premiere fois, et s'inscrit dans le cadre des préparatifs pour le Grand Jubilé anniversaire de l'Incarnation du Christ. Il a pour objectif de consolider les relations entre les Eglises, conformément a une ancienne tradition réunissant les Eglises entre elles dans des Assemblées Régionales, dans le but de se concerter et de collaborer.

 

Ce congres nous a permis de vivre avec joie une expérience spirituelle et ecclésiale profonde, dans le cadre de nos prieres et cérémonies communes. Il nous a informé sur la condition réelle de nos Eglises, grâce aux délibérations et aux propositions auxquelles nous sommes parvenus, et permis la création d'organismes chargés d'assurer le suivi de la coordination et du travail.

 

Pour clôturer nos débats nous vous adressons a vous chers fils, freres et sours présents ici ou dans les pays d'émigration, ce message, tout en vous exprimant notre profonde gratitude, vous qui avez accompagné ce congres par vos prieres et votre intéret soutenu.

 

Mais ce message ne constitue pas un résultat du congres. Leurs Béatitudes les Patriarches rédigeront, en base des propositions approuvées, une lettre pastorale générale, a l'instar des lettres qu'ils ont déja publiées, qui sont des documents ecclésiaux précieux auxquels il est toujours indispensable de se référer.

 

I. Pour qu'ils aient la vie

 

2. En passant en revue la condition réelle de nos églises, nous avons médité sur l'Economie du Salut dont parle l'Apôtre Paul: «Béni soit le Dieu et Pere de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C'est ainsi qu'Il nous a élus en Lui, des avant la fondation du monde pour etre saints et immaculés en sa présence, dans l'amour, déterminant d'avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ» (Ep 1/3-5). «Que le Pere céleste soit remercié, lui qui nous a révélé le mystere de son amour infini a travers son fils Jésus, image du Pere, pour que nous ayons la vie et que nous l'ayons en abondance. Il nous a invités a jouir de cette vie par la foi et l'amour du Saint Esprit «qui a été répandu dans nos cours» (Rm 5/5).

 

Nos Eglises portent cette vie divine et prechent l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus, et l'amour des freres, fideles a la mission qui leur a été confiée. Elles sont les héritieres des premiers chrétiens ayant cru en la Bonne Nouvelle.

 

3. Voila pourquoi nous ne pouvons que jeter un regard de foi sur notre antique présence qui se prolonge en Orient jusqu'a présent. Nous sommes redevables a notre histoire qui regorge des divers patrimoines, dans lesquels puisent jusqu'a présent nos Eglises. Nous sommes également redevables a nos Martyrs et Saints qui, avec nos Peres nous ont appris a etre enfants de Dieu et nous ont transmis le précieux trésor de la foi (Mt. 13/44 - 46). Nous nous engageons ensemble a préserver cette foi, dont nous nous inspirons dans notre vie religieuse et sociale pour porter des fruits abondants. Car le Christ vivant ne cesse d'agir par son Esprit-Saint dans nos Eglises, afin qu'y brille la lumiere de la vie nouvelle. Cette foi ferme repose sur le Christ qui nous a promis :«Et moi je suis avec vous jusqu'a la fin du monde» (Mt. 28/20) et «Nayez crainte» (Mt. 14/27), et qui a été mis en évidence dans les Synodes pastoraux tenus sur le plan ecclésial ou national (Liban, Terre Sainte, Egypte, Irak).

 

II. Difficultés et défis

 

4. Cependant notre foi ancrée en Dieu nous pousse a vous parler franchement des difficultés et défis que nous ressentons tous.

 

A. Le premier défi est celui de la constance dans la fidélité au Christ. A l'ere de la mondialisation de l'informatique et de la communication-éclair, les peuples se sont rapprochés, les cultures se sont enchevetrées, les valeurs se sont mélangées et les modes de vie ont changé. Ainsi craint-on que l'engagement de foi ne s'affaiblisse. Il nous faut donc veiller a ce que l'esprit mondain, celui de la société de consommation et le matérialisme ne l'emportent l'esprit et les valeurs chrétiennes. Car nous perdrions alors notre rôle et notre vocation de levain du monde. Ceci ne signifie nullement un refus de la modernité, dont nous retenons tous les aspects positifs, notamment dans le développement de nos sociétés et l'organisation de nos instances et de notre travail.

B. Le deuxieme défi est l'isolement et le repli sur soi. Si nos différentes Eglises sont le résultat de nos riches patrimoines dans lesquels s'est incarné l'Evangile, et si nos communautés sont les signes de légitime diversité, ceci ne nous autorise nullement a vivre isolés les uns des autres, uniquement soucieux de préserver nos spécificités et privileges. Car alors, nous perdrions notre identité ecclésiale qui est, en vérité, partenariat et communion.

 

C. Le troisieme défi réside dans les préoccupations qu'un bon nombre d'entre vous entretiennent quant a l'avenir, en raison des circonstances politiques ou économiques, du blocage du processus de paix, d'une moindre pratique démocratique, ou de la crainte pour la liberté, les droits de l'homme et sa dignité. C'est ce qui pousse un bon nombre a l'émigration, décrite par les patriarches dans leurs lettres comme une hémorragie menaçant nos communautés et leur avenir, et les exposant ainsi la dissolution voire a la disparition.

 

III. Comment faire face aux défis ?

Pour faire face aux défis mentionnés et a tant d'autres, trois principes sont nécessaires: conviction, prise de conscience et engagement.

 

5. La conviction que notre présence dans cet Orient ou s'est incarné le Christ entre dans les desseins de Dieu. C'est ici qu'il a voulu que nous témoignions de lui et de l'Evangile, que nous portions le message de l'Amour Divin et que nous soyions au service de l'homme créé a l'image de Dieu. Telle est notre vocation et nous ne pouvons l'embrasser qu'a travers la conviction et le libre choix. Car la mission est un choix libre, non un destin subi.

 

6. La prise de conscience que le phénomene de l'émigration n'est point une solution définitive et n'est plus ce qu'il était. En effet, plusieurs pays souffrent de crises économiques qui se répercutent négativement sur les émigrés. En outre, plus le nombre d'émigrés augmente, plus le nombre de résidents d'origine diminue. Si l'émigration a constitué une solution pour certains individus, il n'en demeure pas moins qu'elle affaiblit les Eglises et les sociétés, limitant ainsi leurs rôles et missions et les privant progressivement de leurs fideles, notamment des jeunes, des cerveaux et des détenteurs de capital intellectuel et matériel.

 

7. L'engagement requis doit se faire a plusieurs niveaux:

 

A. Au niveau catholique

La communion ecclésiale profonde qui nous unit en Jésus-Christ manifestée dans notre congres requiert davantage de connaissance, de coopération et de solidarité. Les organismes, comités et commissions qui travaillent au niveau de chacune de nos églises, vont intensifier leurs efforts pour agir ensemble. De la diversité légitime de nos Eglises doit ressortir l'unité de l'Eglise du Christ, signe du salut universel, dans laquelle nous ouvrons tous au service d'un seul Maître, le Christ.

B. Au niveau chrétien

L'aspiration a l'unité des chrétiens nous presse a s'inspirer de l'esprit du Christ dans nos relations, a renforcer la fraternité sincere, la connaissance réciproque et l'Amour véritable découlant de la conversion du cour et le renouvellement intérieur. Les divisions sont une plaie douloureuse dans le corps de l'Eglise, mais l'esprit ocuménique révélé dans la priere, les rencontres, les comités de dialogue, dans l'entente et le rapprochement, nous pousse a intensifier la priere et a promouvoir l'unité de l'Amour et de la coopération pastorale, en attendant l'Unité complete a laquelle nous aspirons tous, et qui se refletera, nous l'espérons, dans nos célébrations, en particulier dans l'unification de la fete de Pâques, qui s'est déja réalisée dans certains pays.

C. Au niveau religieux

Notre présence chrétienne s'incarne et s'enracine dans des pays a majorité musulmane. Nous partageons avec les musulmans une histoire et une civilisation communes que nous avons tissées convivialement tout au long des siecles, sans oublier ce qui nous unit au niveau de la foi et de la morale, ainsi qu'un destin commun.

Malgré les divergences qui existent entre nous et les drames historiques dont les conséquences ont déformé nos relations, nous voulons renforcer ces dernieres afin de purifier notre mémoire historique. Nous voulons aussi poursuivre un dialogue constructif et une coopération sincere, pour bâtir une société ou le pluralisme et la liberté religieuse sont respectés. Le dialogue entre nous n'est pas le fruit de circonstances et de besoins immédiats, mais s'enracine nécessairement dans l'histoire. Nous voulons le développer et l'approfondir pourqu'il englobe tous les aspects de la vie.

 

La lettre de l'Assemblée spéciale du Synode des Eveques sur l'Asie le dit tres bien: «le dialogue inter-religieux doit etre basé sur le respect et la sincérité, dont les tenants cherchent a se connaître, a s'aimer, a s'instruire les uns les autres et a s'enrichir les uns des autres, comme les chrétiens et les musulmans au Liban» (1998). et dans d'autres pays d'Orient tentent de le faire. Comme nous souhaitons que ce dialogue porte ses fruits au niveau de la vie fraternelle et spirituelle.

 

De nos jours, le monde est décrit en termes de conflit de civilisations et de religions. Nous souhaitons et nous voulons que notre coexistence dans l'entente, le respect et la coopération, contredise ce dire. Dans ce domaine, une grande responsabilité incombe aux musulmans qui constituent la majorité. Ils doivent rassurer les chrétiens en les considérant comme partie intégrante de la communauté nationale, égaux en droits et en obligations (cf. lettre du Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient: Ensemble devant Dieu, au service de l'Homme et de la société «la coexistence entre Chrétiens et Musulmans dans le Monde Arabe» 1994).

 

Le dialogue s'étend aussi aux Juifs dispersés dans les pays d'Orient, et qui ont eu des relations constantes avec les Musulmans et les Chrétiens de cette région.

 

D. Au niveau national

Nous sommes responsables du destin de nos peuples et des pays dont nous sommes issus et ou nous sommes actuellement depuis des siecles. Nous partageons pleinement leurs souffrances et leurs espoirs. Nos pays et nos peuples sont riches en ressources humaines et naturelles. Il nous peine de voir les conflits et les drames qui pourtant les accablent.

Nous espérons pouvoir les dépasser, par la foi et la solidarité des peuples, par l'évolution de leurs régimes politiques vers plus de démocratie, de liberté et de respect des droits de l'homme, et par l'établissement croissant de la justice, de l'égalité et le renforcement de la citoyenneté.

 

E. Au niveau des églises orientales de la diaspora

Les Eglises orientales de la diaspora sont un prolongement naturel de nos Eglises en Orient. Nous y sommes reliées comme une mere a ses fils. Avec elles, nous formons une seule Eglise. Nous vous pressons donc, chers fils émigrés, de préserver votre patrimoine et les liens ecclésiaux qui vous attachent a votre identité, et a porter témoignage dans vos sociétés chrétiennes occidentales. De notre côté, nous agirons en vue de renforcer les liens de communion ecclésiale, afin de garder vivants les rapports organiques et les services réciproques de notre Eglise Une. Mais votre appui et votre présence sont nécessaires, pour que notre Eglise poursuive son rôle et sa mission dans cet Orient d'ou la Bonne Nouvelle de l'Evangile est partie.

IV. Ensemble nous édifions l'Eglise

 

8. Notre congres est un congres ecclésial. Et vous etes demeuré constamment dans votre esprit et dans votre cour. Chers fils et filles, nous vous avons élevé dans nos prieres, car nous sommes, avec vous des freres, et pour vous des peres et des pasteurs.

 

Et afin que nous puissions pleinement assumer cette responsabilité, et accomplir cette tâche par la grâce de Dieu et avec les ressources humaines qui sont les nôtres, nous sollicitons toutefois vos prieres.

 

Toutefois, nous sommes parfaitement conscients toutefois que nous ne sommes pas seuls a assumer la responsabilité de l'Eglise dans sa structure et sa mission, mais que nous l'assumons en communion avec vous. L'Apôtre Paul dit: «Vous etes le Corps du Christ et ses membres, chacun a sa place, et les membres dans leur multitude forment un meme corps» (1, Cor 12:12), et travaillent donc tous pour ce meme corps.

 

Forts de la conviction de cette foi, et afin de promouvoir la communion ecclésiale et notre espérance commune en Jésus-Christ qui est «le meme, hier, aujourd'hui et il le sera a jamais» (He 13/8), nous vous appelons tous en disant:

 

9. Aux pretres

Vous etes nos coopérateurs et nos associés dans le sacerdoce et la charge pastorale et missionnaire. A travers vous et grâce a vous, nous sommes présents aupres de nos fils partout. Vous avez notre confiance, notre amour et notre gratitude pour la vie que vous menez, en union avec le Christ qui vous a choisis, pour les efforts et les sacrifices qui vous conduisent parfois a une fatigue extreme, quand vous portez l'Evangile et la Vie Divine a vos paroissiens et aux personnes qui vous ont été confiées, pour etre au milieu d'elles le «Bon Pasteur» et le «fidele serviteur» qui donne sa vie pour ses brebis (Jean 10). «Ainsi donc, nos freres bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progres dans l'ouvre du Seigneur, sachant que votre labeur n'est pas en vain dans le Seigneur» (1 Cor 15/58).

 

Mais nous voulons qu'a cette fatigue soient associés les conseils presbytéraux, ainsi que les conseils des laics, hommes et femmes, afin que ces derniers aient la possibilité et l'honneur de partager avec vous le poids de la mission.

 

10. Aux religieux et religieuses

 

Vous etes partie intégrante de l'Eglise et son trésor, le cour toujours vibrant de sa spiritualité. Que vous soyez dans la vie contemplative et la priere, ou dans la vie apostolique sous toutes ses formes, vous etes le visage de l'Eglise dans lequel se reflete la vie du Christ auquel vous avez consacré vos âmes et vos vies, vivant de Lui, pour Lui et pour Le servir dans ses freres qui sont vos freres les hommes, la ou vous vous trouvez. Les institutions que vous dirigez, qu'elles soient a vocation sociale, éducative, hospitaliere ou de développement, ne sont qu'un espace de promotion humaine qui permet a vos freres de modeler sur vous leur vocation humaine, qui trouve son achevement en Dieu.

 

Nous saluons et encourageons ceux qui annoncent l'Evangile et se portent volontaires pour le service apostolique en Orient ou ailleurs, endurant le poids et la chaleur de la journée, en butte a diverses difficultés, par amour pour le Christ et les hommes.

Nous espérons aussi un renouveau de la vie monastique contemplative, qu'embrasseront des religieux et religieuses ayant vécu avec authenticité la vie couventuelle, une vie d'adoration, de recherche de la face de Dieu et d'union intime avec Lui.

 

11. Aux laics

 

11.1. Vous etes le corps vivant de l'Eglise. Il vous est possible de concilier votre mission ecclésiale et vos tâches terrestres, si vous vous nourrissez de la Parole de Dieu, demeurez enracinés dans le Christ et dans l'enseignement de l'Eglise.

Donnez valeur a votre appartenance ecclésiale, enracinez-vous dans la foi, formez votre conscience, travaillez pour le bien commun et assumez avec compétence vos responsabilités pour etre des témoins du Christ et un levain dans vos sociétés. «Ayez au milieu des nations une belle conduite. Afin que, sur le point meme ou ils vous calomnient comme malfaiteurs, la vue de vos bonnes ouvres les amene a glorifier Dieu, au jour de sa Visite (...) Au contraire, sanctifiez dans vos cours le Seigneur Christ, toujours prets a la défense contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect» (1 Pierre 2/12 et 3/15-16).

 

Et nous espérons que les conseils paroissiaux et diocésains, seront des lieux adéquats pour vous associer a la mission apostolique.

 

11.2. Nous encourageons les mouvements chrétiens et les organisations apostoliques de laics, qui sont un don de l'Esprit Saint pour notre monde, car ils assurent a leurs membres l'approfondissement de la foi, raniment la vie de l'Eglise et contribuent a sa mission.

 

12. Aux femmes

 

Vous jouissez d'un rôle privilégié dans la famille, la société et l'Eglise. C'est a la femme que Dieu a confié la vie et le soin de la préserver et de la défendre. Pour sauver l'humanité, Dieu a choisi la Vierge Marie, une femme de notre Orient. Ce fut a une femme que le Seigneur ressuscité apparut en premier. Nombreuses furent celles qui accepterent l'Evangile et suivirent le Sauveur. L'Eglise est édifiée dans différents champs d'apostolat, grâce a votre dévouement. Vous etes toujours pretes a servir, a participer a la vie de l'Eglise, a ses célébrations, a ses activités, a ses assemblées, conformément aux talents et aux capacités dont le Seigneur vous a dotées.

Nous vous remercions et nous agirons avec vous pour que toute femme obtienne ses droits, soit a meme d'accomplir la tâche ... que Dieu lui a choisie, et accomplisse pleinement sa mission privilégiée dans la société et l'Eglise.

 

13. Aux jeunes

 

Vous, jeunes, avez été au centre de nos pensées et de notre attention. Vous etes la vitalité de l'Eglise et son avenir. Des difficultés se dressent devant vous. Des dangers vous menacent. Une instance de recours vous est donc indispensable. Cette instance, c'est le Christ qui a dit: «Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie» (Jean 14/6). Cherchez-Le, recherchez son visage dans la priere, la lecture de l'Evangile, le service et l'engagement dans les mouvements chrétiens apostoliques et dans la vie paroissiale. Le Christ vous aime et ne vous décevra jamais; si vous le suivez, vous serez conduits a la plénitude de la Vie. Ne redoutez pas les difficultés, ne gaspillez pas votre énergie dans des futilités! Préparez-vous a fonder des familles chrétiennes et a vous engager dans la société, ou a répondre a l'appel du Seigneur dans la vie sacerdotale ou la vie consacrée.

 

Vos patries et vos Eglises ont besoin de vous et vous appellent. Répondez donc a l'appel.

 

14. Aux familles

 

Bénie sois-tu, Famille, car Dieu t'a choisie pour etre le berceau d'un amour et d'une vie qui puisent leur source dans la Trinité meme, communion divine d'amour. Tu es le fondement de la société et de l'Eglise, son avenir est lié au tien. Tu es le rempart de la dignité de la personne, le milieu ou s'épanouit la véritable liberté par le don, la fidélité et la véritable participation. C'est en ton sein que les enfants apprennent a croire et découvrent leur vocation.

 

Nous saluons nos familles chrétiennes et les encourageons a marcher sur les pas de la famille de Nazareth, soutenues par l'amour du Christ pour son Eglise. Nous les invitons a persévérer dans leur alliance d'amour et de fidélité, rejetant toutes les formes de séparation, de divorce, de trahison et d'avortement.

Nous sommes particulierement heureux de savoir que des centres de préparation au mariage se sont installés dans certains dioceses, et invitons les familles d'une meme paroisse a se retrouver pour se fortifier les unes les autres et vivre une spiritualité conjugale sacramentelle.

 

15. Aux pauvres et aux opprimés

 

Du fait de la guerre, des exodes et d'une situation économique toujours plus difficile, votre nombre, chers pauvres, a grandi, ainsi que vos difficultés individuelles ou familiales. Ce serait trahir notre vocation que de vous ignorer, car les services spirituels et matériels qui vous sont dus, sont des signes du Royaume. La sollicitude pour les pauvres est une constante de l'histoire de l'Eglise.

 

C'est pourquoi nous invitons toutes les institutions pédagogiques, hospitalieres et sociales de l'Eglise, a accorder toujours plus d'importance au service des pauvres, des malheureux et des déplacés. Nous appuyons aussi toutes les associations de bienfaisance qui assurent un service de charité, assistent les pauvres et aident au développement de l'homme et des sociétés. Nous invitons aussi nos fils fortunés a investir leurs capitaux dans des projets de développement, ce qui serait une maniere d'utiliser a bon escient leurs biens et d'aider leurs freres plus pauvres. A vous paroissiens, nous demandons également d'offrir toute aide possible aux pauvres, a l'image de la premiere communauté chrétienne (1 cor 16:1-4). Nous bénissons tous les acteurs sociaux, pretres, religieux, religieuses, moines et laics, engagés au service des enfants, des orphelins, des vieux, des invalides, des handicapés, des malades, des prisonniers et autres fractions marginalisées pour qu'ils sentent et reconnaissent que l'amour du Christ n'exclut personne.

 

A ce sujet, nous rappelons aux fideles qu'il est nécessaire de respecter les travailleurs étrangers, en particulier les employés de maison, d'etre justes a leur égard, de respecter leur liberté et leurs droits essentiels.

 

V. Causes urgentes

 

16. La paix

 

La paix est malheureusement absente d'un certain nombre de nos pays. La guerre, la violence et divers conflits épuisent nos forces et les ressources que nous devrions mettre au service du progres de nos peuples. Ils détruisent l'homme et ruinent son avenir. Nous aspirons a une paix juste et globale qui réparerait les injustices dont souffrent nos peuples et leur restaurerait leurs droits spoliés. Nous appelons a l'instauration de la paix et de l'entente au Soudan, en particulier.

 

A. Jérusalem

«A l'approche du grand Jubilé, je souhaite aussi rappeler la place particuliere qu'occupe Jérusalem dans le cour des croyants. Que la Ville Sainte, centre du monde chrétien, mais aussi patrimoine commun des croyants monothéistes, soit pour tous les hommes de bonne volonté un carrefour de paix, un signe éclatant de la paix qui vient de Dieu! Que cette vocation unique de la Ville sainte resplendisse sur toute la région, et qu'elle trouve dans les fideles catholiques des témoins généreux, des prophetes ardents et surtout d'authentiques bâtisseurs de paix». (Lettre du Pape Jean-Paul II au 1er Congres des Patriarches et Eveques Catholiques d'Orient, le 14 mai 1999).

Quant a la question palestinienne, qui est au cour du conflit régional, nous formulons l'espoir qu'elle reçoive un reglement approprié afin que le peuple jouisse de sa pleine liberté et de l'indépendance de son pays, de maniere a ce que le conflit israélo-arabe s'acheve par une solution globale et définitive dans le Golan, au Liban-Sud et dans tous les pays arabes.

 

B. L'Irak

Les appels des enfants d'Irak transmis par nos fils de l'Eglise d'Irak, nous ont profondément émus. Ils refusent de mourir de faim et veulent vivre et agir pour la paix. Nous appelons l'Organisation des Nations-Unies a lever l'embargo sur l'Irak, dont paye le prix tres élevé la population civile: femmes, enfants, vieillards malades et pauvres. C'est injustice grave que d'opprimer ainsi des innocents.

C. Le Liban

Avec nos vifs remerciements pour l'hospitalité que les autorités civiles et religieuses du Liban nous ont réservée, en accueillant notre congres, nous demandons et appelons a la libération de son sol occupé, afin de lui permettre de récupérer sa liberté, sa souveraineté et sa pleine indépendance.

Les victimes tombées au Sud et a Jezzine, pendant que le congres se tenait, ne sont qu'une infime fractions des innombrables victimes tombées au fil des ans, et aggravent les destructions qui atteignent la population et la terre.

Cependant, nous élevons notre action de grâces a Dieu pour l'Eglise du Liban qui nous a entouré de son amour, pour la fraternité et l'esprit de dialogue positif dont le peuple du Liban fait preuve, pour la reconstruction que nous constatons apres de longues années de guerre, et pour les efforts que les autorités civiles ont déployés et déploient toujours afin que le Liban retrouve une vie normale et remplisse a nouveau son rôle dans le concert des nations.

 

17. Les moyens d'information

 

Nous saluons et encourageons ceux qui travaillent dans les médias de tous ordres. Nous les pressons de rester objectifs et de demeurer des tribunes de dialogue, de connaissance mutuelle et de rapprochement entre les hommes, évitant tous les propos offensant les religions et les valeurs spirituelles, humaines et morales.

Nous encourageons ainsi les auteurs, éditeurs et artistes a transmettre le patrimoine et la pensée chrétienne, et a les mettre a la portée du plus grand nombre.

 

La liberté d'expression est, croyons-nous, un des droits fondamentaux de l'homme, et doit etre garantie.

 

18. La nouvelle évangélisation

 

Nous vous félicitons de la publication de la version arabe du livre de «Catéchisme de l'Eglise Catholique», durant la tenue du congres. Nous espérons qu'elle sera accueillie avec la meme ferveur qui a marqué sa publication dans d'autres langues, car ce texte expose de façon claire et concise l'enseignement de l'Eglise sur les sacrements, les dix commandements et le Pater Noster. Notre espoir se justifie pour deux raisons :

 

 

Premierement: Les fideles, jeunes et adultes en particulier, ont besoin de vérités de foi correctement exprimées pour s'en éclairer et inspirer leur conduite. De la sorte, leurs convictions et leur témoignage en seront renforcés. Le Pape Jean-Paul II a appelé a une nouvelle évangélisation au seuil du IIIeme millénaire, c'est-a-dire a une nouvelle proclamation de l'Evangile pour une foi vivante et rayonnante. De fait, la catéchese n'est pas réservée aux enfants et aux jeunes seulement, mais elle est tout aussi vitale pour les adultes.

Deuxiemement: Il est nécessaire que toutes nos Eglises réalisent l'importance de la Mission et de l'Annonce, confiées par le Seigneur a ses Apôtres: «Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile a toute la création...». Notre histoire témoigne en effet que nos Eglises ont répandu la Bonne Nouvelle dans nombre de pays, convaincues que la «vie abondante» accordée par le Christ ne nous est pas seulement destinée, mais s'adresse a tous les fideles qui écoutent Sa Parole. Et comment ceci serait-il possible si nous ne la leur transmettons pas? Le renforcement de l'esprit missionnaire et la collaboration des églises du Moyen Oriententre elles est signe de la vitalité de ces églises A cet égard, nous saluons les pretres, religieux, religieuses, et laics hommes et femmes, qui ont consacré entierement ou partiellement leur vie a cette noble mission.

VI. Remerciements

19. Nous remercions Dieu pour les grâces reçues durant ce congres, et pour des rencontres et des moments passés ensemble. Selon le mot de l'Ecriture: «Voyez qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en freres tous ensemble» (Ps 133/1).

 

Nous exprimons a S.S. le Pape Jean Paul II l'expression de notre profonde gratitude, pour l'important message qu'il a adressé a notre congres, et dans lequel il a exprimé son amour et son estime pour nos Eglises, et a tracé certaines de ses orientations a l'aube du troisieme millénaire.

 

Notre congres doit beaucoup au Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient, aux efforts déployés par son Secrétariat Général, ainsi que par un grand nombre de ceux qui se sont dépensé depuis deux ans pour l'organiser: théologiens, conseillers, personnel administratif. Nous leur adressons nos remerciements, ainsi qu'a la Maison Notre-Dame du Mont, aux journalistes et aux services de sécurité libanais qui ont veillé au bon déroulement de nos travaux.

 

Conclusion

 

Chers freres et sours,

 

20. Le Seigneur a recommandé aux Apôtres, avant son Ascension, d'attendre l'Esprit: «Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit-Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins a Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Dans le Cénacle «tous d'un meme cour étaient assidus a la priere avec quelques femmes, dont Marie mere de Jésus, et avec ses freres» (Ac 1/14).

 

Nous avons également prié avec Marie, Notre-Dame des Apôtres, dans un Cénacle qui nous a tous réunis. L'Esprit-Saint s'est répandu a nouveau sur nous, pour que nous témoignions avec vous du Christ, alors que nous nous préparons a célébrer l'année prochaine le deux millieme anniversaire de sa naisance a Bethléem. Cet événement nous tourne vers le passé, certes, mais c'est pour nous rappeler des grâces dont le Seigneur nous a fait don, et pour répéter avec le psalmiste:

 

«Voici le jour que fit Yahvé pour notre allégresse et joie» (Ps. 117/24).

 

Nous nous souvenons de l'Economie du Salut et de la grâce du Pere, qui nous a envoyé son Fils, modifiant le cours de l'histoire, élevant l'homme au rang de la filiation divine. Le Grand Jubilé nous conduit, personnes et Eglises, a redécouvrir notre relation avec le Seigneur, et a réaliser l'amour profond de Dieu qui nous a envoyé son Fils bien-aimé. «Pour que nous ayions la vie et que nous l'ayions en abondance», répétons avec la Vierge Marie: «Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, car le Tout-Puissant a fait pour moi des merveilles» (Lc 1/46).

 

Avec le Grand Jubilé, que nous célébrerons avec l'Eglise universelle tout au long d'une année entiere, nous avons une occasion propice pour un repentir sincere qui se traduirait par un retour a Dieu et un pardon mutuel, les uns aux autres, par un enracinement plus profond dans le Christ, qui est le chemin, la Vérité et la Vie. Vivant de son Esprit, nous nous en inspirerons pour nous renouveler et témoigner de lui, fermes dans la foi, joyeux dans l'espérance, solidaires dans l'amour.

 

«La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous!» (2 Co 13/13).

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