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LES JEUNES D'EUROPE DANS L'ÉVOLUTION

 nouvelle évangélisation-retour

LABORATOIRE DE LA FOI

 

DOCUMENT DE BASE

LA PERSPECTIVE (Idée maîtresse)

NOTRE ESPÉRANCE

 

1. Le symposium entend se situer dans une perspective d'ouverture et de confiance. La nouvelle évangélisation de l'Europe, tout en tenant compte de la gravité des problemes, n'incline pas au pessimisme. Elle tendrait plutôt a faire dépasser une certaine pastorale de la résignation et de la répétition, et a renouveler l'élan de la mission.

 

 

 

«On peut légitimement penser que l'avenir de l'humanité repose sur ceux qui ont la capacité de transmettre des raisons de vivre et d'espérer aux générations suivantes» (GS 31).

«L'entrée dans le nouveau millénaire encourage la communauté chrétienne a élargir son regard de foi vers des horizons nouveaux pour l'annonce du Regne de Dieu. En cette circonstance particuliere, il faut revenir avec une fidélité raffermie a l'enseignement du Concile Vatican II, qui a apporté un éclaire nouveau sur l'engagement missionnaire de l'Église face aux exigences actuelles de l'évangélisation. Au Concile, l'Église a pris plus vivement conscience de son mystere et de la tâche apostolique que le Seigneur lui a confiée. Cette prise de conscience engage la communauté des croyants a vivre dans le monde en sachant qu'il faut etre "le ferment et pour ainsi dire l'âme de la société humaine, destinée a etre renouvelée dans le Christ et a etre transformée en famille de Dieu" [Gaudium et spes, 40]. Pour correspondre efficacement a cet engagement, elle doit demeurer dans l'unité et développer sa vie de communion [Tertio Millennio Adveniente, 36]. L'imminence de l'événement jubilaire constitue un bon stimulant dans ce sens. La marche des croyants vers le troisieme millénaire ne se ressent nullement de la fatigue que le poids de deux mille ans d'histoire pourrait comporter ; les chrétiens se sentent plutôt réconfortés a la pensée qu'ils apportent au monde la vraie lumiere, le Christ Seigneur» (Jean-Paul II, Incarnationis Mysterium, 2b).

«Nous devons maintenant regarder devant nous, nous devons "avancer au large, confiants dans la parole du Christ : Duc in altum ! Ce que nous avons fait cette année ne saurait justifier une sensation d'assouvissement, et encore moins nous amener a une attitude de démobilisation. Les expériences vécues doivent au contraire susciter en nous un dynamisme nouveau qui nous incitera a investir en initiatives concretes l'enthousiasme que nous avons éprouvé. Jésus lui-meme nous avertit : "Celui qui met la main a la charrue et regarde en arriere n'est pas fait pour le Royaume de Dieu" (Lc 9,62). Dans la cause du Royaume, il n'y a pas de temps pour regarder en arriere, et encore moins pour s'abandonner a la paresse. Bien des choses nous attendent, et c'est pourquoi nous devons établir un programme pastoral post-jubilaire qui soit efficace» (NMI 15).

«DUC IN ALTUM ! Allons de l'avant dans l'espérance ! Un nouveau millénaire s'ouvre devant l'Église comme un vaste océan dans lequel s'aventurer, comptant sur le soutien du Christ. Le Fils de Dieu, qui s'est incarné il y a deux mille ans par amour pour les hommes, accomplit son ouvre encore aujourd'hui : nous devons avoir un regard pénétrant pour la voir, et surtout nous devons avoir le cour large pour en devenir nous-memes les artisans. N'est-ce pas pour reprendre contact avec cette source vive de notre espérance que nous avons célébré l'Année jubilaire ? Maintenant le Christ, contemplé et aimé, nous invite une nouvelle fois a nous mettre en marche : "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Pere et du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28,19). Ce commandement missionnaire nous introduit dans le troisieme millénaire et en meme temps nous appelle au meme enthousiasme que celui qui a caractérisé les chrétiens de la premiere heure : nous pouvons compter sur la force de l'Esprit lui-meme, qui a été répandu a la Pentecôte et qui nous pousse aujourd'hui a reprendre la route, soutenus par l'espérance "qui ne déçoit pas" (Rm 5,5). Au début de ce nouveau siecle, notre marche doit etre plus alerte en parcourant a nouveau les routes du monde. Les routes sur lesquelles marche chacun de nous, chacune de nos Églises, sont nombreuses, mais il n'y a pas de distance entre ceux qui sont étroitement unis dans l'unique communion, la communion qui chaque jour se nourrit a la table du Pain eucharistique et de la Parole de Vie. Chaque dimanche est un peu comme un rendez-vous au Cénacle que le Christ ressuscité nous redonne, la ou le soir du "premier jour de la semaine" (Jn 20,19), il se présenta devant les siens pour "souffler" sur eux le don vivifiant de l'Esprit et les lancer dans la grande aventure de l'évangélisation» (NMI 58).

 

 

 

2. Les éveques d'Europe sont invités a une lecture "sapientielle", et donc théologique, du monde des jeunes et de l'évolution actuelle de l'Europe, qui tienne compte de la grande diversité des situations existant dans les divers pays. Il s'agit surtout de recueillir les signes "prophétiques" que renferment les expériences des jeunes par rapport a la foi.

 

Cette lecture apparaît plus urgente et plus importante qu'une simple analyse de type sociologique, qu'il faut cependant connaître et dont il faut tenir compte pour appréhender la situation.

 

 

 

L'ÉVOLUTION

 

«Le genre humain passe d'une notion plutôt statique de l'ordre des choses a une conception plus dynamique et évolutive : de la naît, immense, une problématique nouvelle qui provoque a de nouvelles analyses et a de nouvelles syntheses» (GS 5).

«Il y a aujourd'hui de nombreux "aréopages" tres divers : ce sont les vastes domaines de la civilisation contemporaine et de la culture, de la politique et de l'économie. Plus l'Occident se détache de ses racines chrétiennes, plus il devient terrain de mission, sous la forme de différents "aréopages"» (TMA 57).

«Nous nourrir de la Parole, pour que nous soyons des "serviteurs de la Parole" dans notre mission d'évangélisation, c'est assurément une priorité pour l'Église au début du nouveau millénaire. On doit considérer comme désormais dépassée, meme dans les pays d'ancienne évangélisation, la situation d'une "société chrétienne", qui, en dépit des nombreuses faiblesses dont l'humain est toujours marqué, se référait explicitement aux valeurs évangéliques. Aujourd'hui, on doit affronter avec courage une situation qui se fait toujours plus diversifiée et plus prenante, dans le contexte de la mondialisation et de la mosaique nouvelle et changeante de peuples et de cultures qui la caractérisent. A maintes reprises, j'ai répété ces dernieres années l'appel a la nouvelle évangélisation. Je le reprends maintenant, surtout pour montrer qu'il faut raviver en nous l'élan des origines, en nous laissant pénétrer de l'ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte. Nous devons revivre en nous le sentiment enflammé de Paul qui s'exclamait : "Malheur a moi si je n'annonçais pas l'Évangile !" (1 Cor 9,16).

Cette passion ne manquera pas de susciter dans l'Église un nouvel esprit missionnaire, qui ne saurait etre réservé a un groupe de "spécialistes" mais qui devra engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu. Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-meme, il doit l'annoncer. Il faut un nouvel élan apostolique qui soit vécu comme un engagement quotidien des communautés et des groupes chrétiens. Cela se fera toutefois dans le respect du au cheminement toujours diversifié de chaque personne et dans l'attention a l'égard des différentes cultures dans lesquelles le message chrétien doit etre introduit, de sorte que les valeurs spécifiques de chaque peuple ne soient pas reniées, mais purifiées et portées a leur plénitude.

Le christianisme du troisieme millénaire devra répondre toujours mieux a cette exigence d'inculturation. Tout en restant pleinement lui-meme, dans l'absolue fidélité a l'annonce évangélique et a la tradition ecclésiale, il revetira aussi le visage des innombrables cultures et des innombrables peuples ou il est accueilli et enraciné. Durant l'Année jubilaire, nous nous sommes particulierement réjouis de la beauté de ce visage multiforme de l'Église. Ce n'est peut-etre qu'un début, une icône a peine ébauchée de l'avenir que l'Esprit de Dieu nous prépare.

La proposition du Christ doit etre faite a tous avec confiance. On s'adressera aux adultes, aux familles, aux jeunes, aux enfants, sans jamais cacher les exigences les plus radicales du message évangélique, mais en allant au-devant des exigences de chacun en ce qui concerne la sensibilité et le langage, selon l'exemple de Paul qui affirmait : "Je me suis fait tout a tous pour en sauver a tout prix quelques-uns" (1 Co 9,22). En faisant ces recommandations, je pense en particulier a la pastorale de la jeunesse. Précisément en ce qui concerne les jeunes, comme je l'ai rappelé plus haut, le Jubilé nous a offert un témoignage de généreuse disponibilité. Nous devons savoir valoriser cette réponse réconfortante, en investissant cet enthousiasme comme un nouveau talent (cf. Mt 25,15) que le Seigneur a mis entre nos mains pour que nous le fassions fructifier» (NMI 40).

 

 

3. Le tournant historique du début du Troisieme Millénaire ne correspond pas seulement a une étape conventionnelle : notre temps est un temps de tres profondes transformations.

 

Au cours de l'histoire, la majorité des gens ont vécu toute leur existence dans un seul environnement culturel ou ils étaient profondément insérés ; aujourd'hui au contraire, ils se trouvent pris majoritairement dans des fluctuations culturelles incessantes et de grande ampleur.

 

Tandis que le processus d'unification de l'Europe s'accélere, les flux migratoires s'accroissent sensiblement ; tandis que se confirme un "retour du sacré" assez multiforme (sinon ambigu), des hérédités culturelles millénaires se dispersent de plus en plus.

 

La dimension religieuse tend a etre reléguée dans la sphere du privé et a etre absorbée dans la logique de la satisfaction des besoins individuels, ce qui la ternit de façon évidente sur le plan social. Une mentalité diffuse tend a confiner la religion loin des circuits de la rationalité : dans la mesure ou les sciences empiriques monopolisent les terrains de la rationalité, il ne semble plus y avoir de place pour les raisons de croire, alors meme que la culture humaniste manifeste une certaine usure.

 

Hypertrophie du sujet (émergence de la question psychologique : narcissisme et prométhéisme…), épuisement métaphysique (assertions non vérifiées, mais suggestives et fonctionnelles, le seul critere de sens étant non celui qui a été vérifié mais le critere pratico-pragmatique de la contagion historique ou pratico-existentiel du "gout" individuel) ; anémie culturelle (conception de la culture sans exigences de valeurs, sans l'épaisseur d'une vision du monde et de la vie : la neutralisation de la culture est le fond sur lequel s'appuie la neutralisation diffuse de la démocratie, de l'éducation, etc.) ; approche éco-naturaliste et "mélodique" de la réalité ; dispersion des langages (déconstruction du sens, grammaires du néant), hégémonie de la technique (pas de buts, mais seulement des résultats…).

 

Au centre du drame, l'éclipse du sens de Dieu et de la fin de l'homme : «la créature sans Créateur s'évanouit… l'oubli de Dieu rend opaque la créature elle-meme» (GS 36).

 

Cela se vérifie particulierement dans le monde des jeunes, génération qui "pense avec les yeux".

 

 

 

4. L'évangélisation n'est pas a la poursuite du changement. Elle se place dans l'histoire par fidélité a la Révélation : a chaque époque, la foi chrétienne est appelée a jouer un rôle d'exigence constructive et critique a l'égard des modeles socioculturels diffus.

 

Il ne s'agit pas d'aborder la foi et la culture comme si c'étaient deux réalités extrinseques. La foi ne peut exister sans forme culturellement déterminée. Il s'agit plutôt des modalités et des voies par lesquelles la foi chrétienne s'insere dans le tissu vivant de la culture contemporaine et y capte l'énergie novatrice et la nouveauté unique de l'Évangile.

 

 

 

La conviction de foi selon laquelle la demande de salut est inscrite au cour de l'homme lui procure, pour ainsi dire, un caractere transcendantal : unique et identique a l'intimité de l'homme, elle se perçoit et s'exprime sous des modalités diverses, en fonction des sensibilités existentielles et des coordonnées socioculturelles. Ce qui signifie qu'elle ne peut capter n'importe quelle annonce, faite sous n'importe quelle forme, mais seulement une annonce culturellement adaptée.

 

L'attention aux phénomenes culturels et aux exigences existentielles n'est donc pas une forme d'adaptation risquée ; elle résulte, au contraire, d'une intensification de la vie spirituelle par rapport aux défis du temps présent.

 

Cette perspective trouve son origine et sa motivation au cour meme de la révélation chrétienne : dans la loi de l'incarnation, attestée par les Écritures et la Tradition vivante de l'Église.

 

 

 

5. L'évolution met en ouvre le laboratoire de la foi. Ceci revient a dire qu'il faut écouter ce que l'Esprit dit a l'Église, discerner les signes et les appels qui, a la lumiere de sa Parole et du don de l'Esprit, montrent les voies permettant d'annoncer l'Évangile a l'homme d'aujourd'hui : pour qu'il se convertisse et qu'il vive.

 

Jésus est "lumiere pour éclairer les nations" et "signe de contradiction".

 

Une proposition chrétienne convaincante, qui ne soit pas anti-culturelle, est-elle possible ? La nouvelle évangélisation conserve toute la force de proposition de l'Évangile en meme temps que l'alternative qu'il représente.

 

Ce sont les jeunes qui mettent le plus en lumiere les défis et ressources que présente l'évolution par rapport a la nouvelle évangélisation.

 

 

 

 

LES JEUNES

 

6. Face aux transformations qui interrogent et inquietent le vécu ecclésial, et qui sollicitent l'ardeur et la hardiesse d'une nouvelle évangélisation, on ne doit pas ici considérer les jeunes comme formant un monde a part, presque comme s'il s'agissait d'un probleme dans le probleme ou d'un secteur pathologique par excellence. Mais plutôt comme une pointe émergée et transparente, un organe sensible et symptomatique (sensorium) ; et meme, positivement, comme une ouverture et, pour ainsi dire, une avant-garde perceptive et créative de la mission. Bref, les jeunes comme "laboratoire" d'une nouvelle Europe, du point de vue chrétien.

 

Le symposium entend donc explorer les voies qui peuvent permettre de rendre perceptible et concret le fait que Jésus-Christ, vivant dans son Église, est l'espérance de l'Europe d'aujourd'hui et de ses jeunes.

 

Cela suppose, et meme rend propice, une attitude constructive et ouverte, mais qui ait aussi le courage de la critique vis-a-vis de l'évolution : champ pour la semence, terrain prometteur a défricher, labourer, ensemencer ; mais aussi ivraie a extirper, arbres a émonder, plantes desséchées a déraciner.

 

Cela signifie, en outre, une approche eucharistique du monde des jeunes, considérés comme "lieu" -presque au sens de locus theologicus - de clarification et de renouvellement des sentiers de l'évangélisation.

 

 

 

7. C'est pourquoi, reprenant l'expression utilisée par le Pape lors des journées mondiales de la jeunesse, a Rome (en aout 2000), l'expérience de foi des jeunes tout comme le symposium lui-meme se veulent un "laboratoire de la foi", c'est-a-dire un espace de grâce, d'écoute, de recherche, de réponse, de rencontre, de vérification et d'expérimentation.

 

L'hypothese initiale est que le monde des jeunes et l'expérience vécue par les jeunes vis-a-vis de la foi constituent un lieu privilégié (ou un passage, un sismographe, un papier de tournesol ou une clef de lecture) pour comprendre le type d'évolution culturelle que l'Europe est en train de vivre, mais aussi pour discerner les signes - meme s'ils sont parfois incertains, faibles, problématiques et ambigus - de l'émergence d'une nouvelle inculturation de la foi dans cette Europe en évolution.

 

 

 

Le monde des jeunes, qui constitue une grande ressource de l'Église, n'est donc pas considéré de façon isolée, mais dans la réalité globale de la culture et de la société, et dans l'ensemble de la vie de l'Église. Jeunes, adultes, personnes âgées : au-dela de la "séquestration des générations", pour une authentique expérience d'Église.

 

Cette hypothese interprétative a été soumise aux Conférences épiscopales pour qu'on la vérifie et que l'on conçoive un projet efficace. Le symposium de 2002 partira des résultats de cette vérification des Conférences épiscopales et il cherchera a :

 

— expliciter les contenus et parcours fondamentaux d'une nouvelle évangélisation et inculturation de l'Évangile dans l'Europe d'aujourd'hui, et en particulier pour l'annonce de l'Évangile aux jeunes ;

 

— proposer les éléments constitutifs d'itinéraires de foi susceptibles de répondre aux malaises et aux attentes les plus profondes des jeunes : le sens, le déracinement, l'amour, la beauté, la souffrance, les projets de vie, la solidarité, la sauvegarde de la création, la fete… ;

 

— esquisser les caractéristiques fondamentales d'une Église missionnaire pour et avec les jeunes.

 

 

 

L'expérience particuliere des Journées Mondiales de la Jeunesse semble comporter des signes des aspects suivants :

 

— Un nouveau défi pour l'évangélisation. Notre culture moderne n'empeche pas d'etre croyants ! On trouve des jeunes capables de vivre et de témoigner de leur foi dans le contexte de la modernité et de la culture pluraliste, meme si c'est avec toutes les fragilités et ambiguités que nous connaissons.

 

La foi chrétienne revendique donc la capacité qu'elle a d'interpréter l'existence et d'orienter ainsi l'homme vagabond de notre temps. Elle apparaît comme une parole forte et incisive, au profil net et assuré, de portée existentielle, comme le vin nouveau de l'Évangile.

 

— Une possibilité de rencontre entre l'Évangile et la culture moderne (ou postmoderne) de l'Europe. Il faut que le terrain soit libéré de certains préjugés qui nuisent, au départ, aux possibilités de l'annonce chrétienne : c'est-a-dire d'idées selon lesquelles la religion et la raison appartiendraient a deux mondes, sinon opposés, du moins dans l'impossibilité de communiquer, que le fait religieux (pas le fait chrétien exclusivement) serait a classer parmi les phénomenes infra-culturels. Il faut revendiquer fortement la dignité et le relief culturels de l'Évangile. Et cela vaut non seulement des lieux de recherche et de savoir universitaire, mais par extension des formes concretes et quotidiennes de l'existence qui mettent en valeur la particularité de la foi chrétienne en tant que savoir et que sagesse de vie.

 

— Une redéfinition possible des valeurs de la vie. Les jeunes ne sont pas seuls a remettre en cause les valeurs traditionnelles… mais les jeunes le font sans masque ni camouflage. Et ils montrent néanmoins ainsi - meme si c'est a travers la protestation - leur besoin impérieux de disposer de valeurs véritables qu'ils attendent du monde des adultes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PREMIERE JOURNÉE

 

MÉMOIRE ET AVENIR

 

 

 

 

 

8. La premiere journée porte sur les problématiques inhérentes a une nouvelle inculturation de la foi dans le contexte de la modernité actuelle, en vue d'une corrélation féconde entre les racines chrétiennes et l'impact de la modernité (actuelle).

 

Le rapport explore cette question a partir de la référence fondatrice et normative néo-testamentaire (Évangile de Jean, en particulier), de quelques témoignages significatifs de l'histoire chrétienne (en suivant en particulier le fil de quelques figures représentatives dans le domaine éducatif), pour parvenir a identifier un ensemble de criteres fondamentaux en rapport avec les JMJ : figure et Magistere du Pape, symboles forts (la croix…), témoignage du martyre, suite du Christ, décision, dimension sentimentale…

 

Sur la base de la lecture théologico-sapientielle des opportunités pastorales (préparation du symposium) et de l'exploration thématique précédente, on tentera de mettre en évidence les défis que la "planete des jeunes" pose a l'évangélisation dans le contexte européen.

 

 

 

«Ces choses ont été écrites il y a longtemps, mais la force des Écritures (ton grammaton dynamis) n'a pas vieilli, au contraire elle s'impose et se renforce de jour en jour…». GRÉGOIRE DE NYSSE, De his qui baptismum differunt, PG 46, col. 417)

«Que les croyants vivent donc en tres étroite union avec les autres hommes de leur temps et qu'ils s'efforcent de comprendre a fond leurs façons de penser et de sentir, telles qu'elles s'expriment par la culture. Qu'ils marient la connaissance des sciences et des théories nouvelles, comme des découvertes les plus récentes, avec les mours et l'enseignement de la doctrine chrétienne.» (GS 62)

«Mu par la foi, se sachant conduit par l'Esprit du Seigneur qui remplit l'univers, le peuple de Dieu s'efforce de discerner dans les événements, les exigences et les requetes de notre temps, auxquels il participe avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessin de Dieu» (GS 11).

«La lecture interprétative... n'est pas toujours facile… Il importe de soumettre ces memes facteurs positifs a un discernement attentif… Il en est de meme pour les facteurs négatifs : il ne faut pas les rejeter en bloc et sans distinction, parce qu'en chacun d'eux peut se cacher une valeur qui attend d'etre libérée et rendue a sa vérité totale. Pour le croyant, l'interprétation de la situation historique se fait a partir du principe d'intelligence et du critere des choix d'action qui en découlent, qui se trouvent dans une exigence nouvelle et originale, le discernement évangélique ; cette interprétation naît dans la force et la lumiere de l'Évangile, de l'Évangile vivant et personnel qui est Jésus Christ, et grâce au don de l'Esprit Saint. Ainsi, dans la situation historique et ses aléas, le discernement recueille non une simple "donnée" dont il faut prendre acte avec précision et face a laquelle il est possible de rester indifférent ou passif, mais plutôt un "devoir", un défi pour la liberté responsable, soit de la personne seule soit de la communauté. C'est un défi lié a un "appel" que Dieu fait retentir dans la situation historique elle-meme : aussi, en elle et par elle, Dieu appelle l'Église en premier lieu et le croyant a faire en sorte que "l'Évangile de la vocation et du sacerdoce" exprime la pérennité de la vérité dans les circonstances changeantes de la vie. […] Ce discernement évangélique s'appuie sur la confiance en l'amour de Jésus Christ… ; il est éclairé et affermi par l'Esprit Saint… ; il repose sur la fidélité du Pere a ses promesses. Ainsi l'Église se sent capable d'affronter les difficultés et les défis de cette nouvelle période de l'histoire. Elle peut aussi assurer pour le présent et pour l'avenir… Ne nous cachons pas les difficultés…» (PDV 10).

 

 

 

POUR UNE APPROCHE EXACTE

 

9. En se rencontrant dans le présent en train de surgir, la mémoire et l'avenir marquent la structure sacramentelle des langages de la foi : en catéchese comme en liturgie, en parénese comme en théologie, en spiritualité comme au plan pratique. Ce sont des paroles et des actes qui font l'histoire : ils l'interpretent, la projettent, la construisent.

 

 

 

Des diagnostics hâtifs et partiels

 

– Dépassement des références faites aux jeunes de façon indéterminée, et attention a leur monde en tant que planete multiforme et réalité complexe ;

 

– Critique de l'optique schématique ("sociologique") de nombreuses informations sur la réalité de la jeunesse ;

 

– Mise en sursis du diagnostic de l' "indifférence religieuse" ;

 

– Caléidoscope de la nouvelle religiosité sur le monde des jeunes en tant qu'ouverture et dispersion.

 

 

 

Un éclairage et une énergie pour l'évangélisation

 

– L'expérience des JMJ manifeste qu'il existe dans le monde des jeunes - et pas seulement de façon sporadique - des formes de religiosité véritable, des figures de spiritualité et un engagement chrétien authentique, des énergies vitales de conversion et d'évangélisation.

 

– Les jeunes font probleme, mais sont aussi une immense ressource.

 

– Et meme, a y bien regarder, le probleme des jeunes ce sont… les adultes, leur trop fréquente insignifiance… Une génération sans héritage ?

 

 

 

10. Présent et avenir

 

Le défi que les jeunes font apparaître - mais qui traverse aussi le monde des adultes, la culture et la société entiere - est fondamentalement celui-ci : vivre le présent en s'enfermant dans des expériences, des faits et des histoires qui n'ont pas d'histoire (de mémoire) et pas d'avenir (d'espérance).

 

La foi chrétienne s'enracine dans la mémoire vivante d'un événement historique précis : l'incarnation du Fils de Dieu qui s'est fait chair dans l'histoire et le temps, qui est vivant aujourd'hui… et qui viendra (avenir).

 

Mémoire et avenir sont donc des conditions essentielles pour vivre tel ou tel événement aujourd'hui, ici et maintenant.

 nouvelle évangélisation-retour

La culture contemporaine connaît une certaine usure et meme insignifiance du temps historique. Le temps passé n'est pas seulement le titre d'un film a succes, sorti voici quelques années ; c'est aussi la traduction d'une perception tres étendue (meme si elle est rarement étudiée). Il en va ici d'une catégorie fondamentale et porteuse

 

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