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PARDONNEZ, comme Dieu vous pardonne. (Jacques GUILLET) Pour Jésus, découvrir le Dieu Père et vouloir faire du prochain un frère sont deux choses inséparables. Le regard paternel posé sur moi, l'attention qui donne un sens à ma vie, le geste divin qui m'appelle et me crée est fait pour susciter tous les hommes autour de moi. Donnez et l'on vous donnera, pardonnez comme Dieu vous pardonne, aimez comme Dieu vous traite, soyez miséricordieux pour être ses enfants. C'est le critère décisif, le signe qui distingue les enfants de Dieu. Or ce commandement n'a de sens que dans un monde réel où le mal est actif, où la violence domine. Il ne prétend pas le changer en un univers idyllique, où la douceur aurait désarmé la violence. Il demande quelque chose de plus réaliste et de plus mystérieux : de traiter l'ennemi comme un frère alors même qu'il demeure un ennemi et qu'on subit sa violence, alors peut-être qu'on doit lui résister. Pardonner, c'est accepter son ennemi tel qu'il est, et vouloir que, tel qu'il est, il existe. C'est accepter qu'il fasse le bien dont nous ne le jugeons pas capable et que nous ne voudrions pas reconnaître en lui. C'est accepter que le secret de sa vie nous échappe et attendre de Dieu qu'il nous y donne accès, c'est un acte de foi identique à celui par lequel nous remettons au Père le secret de notre existence. Or cet acte n'a de sens que si je puis réellement espérer rejoindre mon frère, et cette espérance suppose l'événement décisif qui mettra fin au mal. Cet événement est déjà là du moment que je puis pardonner, il est une réalité en Jésus qui le propose et le vit, il demeure une promesse et n'est accessible que dans la foi et l'espérance. |
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