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CONVERSION. (André DEPIERRE) 

On s'est posé ensemble la question de la conversion de quelqu'un. Qu'est-ce qui le fait franchir le seuil de la foi en Jésus Christ ? La rencontre d'un homme avec Dieu est toujours un mystère, même pour lui-même.

Je pense à un foyer de camarades qui nous disait récemment : Maintenant nous avons un logement, un trois pièces. Mais il y a tant de gens dehors! Il y avait un copain d'usine qui n'avait pas de logement. Il habite chez nous maintenant. On en est heureux et pourtant, maintenant, on sait qu'on ne sera jamais riche. Renoncer à une possibilité de bien-être pour participer à un bien plus grand; en être bouleversé comme de l'entrée dans une vie tout autre, c'est peut-être la charité, l'agapè. Il y a donc des gens qui, un jour, entrevoient un bien absolu et qui désormais vont s'y référer pour tous leurs actes, tous leurs projets. Cela se manifeste par plus de fraternité ou d'attention aux plus pauvres, par le partage de ce qu'on possède, avec la joie profonde qui vient de la certitude qu'on a enfin trouvé la vie vraie. N'est-ce pas l'entrée dans la vie théologale? Bien qu'on se réfère déjà à des valeurs qui sont injustifiables au regard d'un intérêt terrestre, individuel, on n'appelle pas encore ce changement de regard et d'existence la vie éternelle, la vie en Jésus Christ. Mais on est sur le chemin. La conversion commence donc toujours par une ré-orientation de la vie. Puis il y a un nouveau seuil : cet appel au fond de soi, cette libération intérieure, ce besoin de renouveau ne peuvent venir que de quelqu'un, d'un autre. On ne peut découvrir son nom que si des copains autour de soi, vivant du même esprit, l'ont trouvé, eux, et parlent de lui ou avec lui, comme s'il était le plus familier de leurs amis, Jésus, le Christ.

 

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