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JESUS, homme libre. (Gérard BESSIÈRE)

Habitués à un regard religieux sur Jésus, les chrétiens sont-ils assez sensibles à sa prodigieuse stature humaine et à la liberté vertigineuse de sa démarche? C'est R. Garaudy, à son tour, qui nous réveille récemment, de cet éclat d'Evangile

« Chez cet homme, l'amour devait être militant, subversif, sans quoi, lui le premier, n'aurait pas été crucifié."

Toutes les sagesses, jusque-là, méditaient sur le destin, sur la nécessité confondue avec la raison. Il a montré leur folie, lui le contraire du destin. Lui, la liberté, la création, la vie. Lui qui a défatalisé l'histoire.

Il accomplissait les promesses des héros et des martyrs du grand éveil de la liberté. Pas seulement les espérances d'Ésaïe ou les colères d'Ézéchiel. Prométhée était désenchaîné, Antigone désemmurée. Ces chaînes et ces murs, images mythiques du destin, tombaient devant lui en poussière. Tous les dieux étaient morts et l'homme commençait.

C'était comme une nouvelle naissance de l'homme. »

Jésus, homme libre. D'un bout à l'autre de sa vie. Sans faux-fuyant, sans facilité. Jusqu'à connaître l'incertitude, l'impasse, l'échec, l'angoisse.

A travers les textes évangéliques nés dans les premières communautés chrétiennes, il n 'est pas facile de déterminer toujours avec exactitude ce que furent les actes et les paroles du Christ; mais partout s'impose l'étonnement durable devant la liberté de cet homme. L'étonnement des disciples, l'étonnement de la foule, l'étonnement des notables et des détenteurs de l'autorité. Jésus étonnait.

Jésus est libre par rapport à sa famille, à son village, à son peuple. Par ses actes plus encore que par ses paroles, il relativise les orthodoxies sociales, morales ou religieuses qui constituaient l'armature de la société juive. Il n'accepte ni les fardeaux qui pèsent sur l'homme, ni les accommodements qui le débilitent, ni les autorités abusives qui l'infantilisent.

Libre pour servir et apprendre à servir. Dans ce don congénital à sa liberté, Jésus va vers tous ceux qui ont besoin d'être reconnus dans leur humanité : les pauvres, les malades, les méprisés, les anormaux, les marginaux. Comme si la véritable humanité devait toujours naître et renaître en marge de la société satisfaite. Jésus, donné à qui peut recevoir, annonce un nouveau rapport de l'homme à l'homme, bien au-delà des catégories et des identités reconnues , dans la disponiilité réciproque des libertés données. Comme vec le Père, sur la terre comme au ciel. Libre vec le Père pour les frères...

Que reste-t-il des stratifications de la fortune, du savoir, de la moralité, des appartenances religieuses ?. Que reste-t-il des tribus et des nations ?de la séparation entre l'homme et Dieu?

Au plus profond, Jésus appelle l'homme à se libérer de toutes les entraves pour se mettre en route à jamais dans l'amour. Libre jusqu'à en mourir.

 

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