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N'aimez jamais l'ARGENT. (Pierre LYONNET) 

Je vous en supplie, n'aimez jamais l'argent; qu'il vous fasse peur comme le mal lui-même; c'est un artisan de mensonge et de mort. Ceux qui le cherchent croient aller à la sécurité et à la puissance; en fait à travers les cadavres de ceux que leur égoïsme a tués, ils vont à l'indigence, et à la solitude, et ils meurent seuls, parce que, pour eux il n'y a plus d'amour à donner, plus d'amour à recevoir.

L'argent fait croire qu'aimer c'est s'amuser, que l'amour a besoin de lui pour se renouveler, pour subsister; pauvre amour que l'amour du riche, triste amour que l'amour de ceux qui ne peuvent rester ensemble que si l'argent est avec eux. L'argent qui, peu à peu, fausse toutes les valeurs, défigure et souille des visages autrefois clairs et purs, détruit toute la jeunesse de l'élan... Mais le don authentique de l'amour est nu et dépouillé de tout.

A l'avant de sa caravelle, entre ciel et eau, Colomb ne savait pas les contours de cette terre nouvelle qu'il épiait de ses yeux brûlés par le sel et le soleil; il était impatient, mais il était sûr. Celui qui ne prend pas la haute mer ne connaîtra jamais la profondeur de l'eau bleue, ni l'enivrement de la vague et des embruns, ni le calme des nuits quand le navire trace son sillage sans bruit; celui qui ne prend pas la haute mer ne comprendra pas la joie profonde d'avoir largué les amarres, et de ne s'appuyer sur rien, que sur Dieu, plus sûr que l'océan... Celui qui reste sur le bord ne perdra jamais le goût de la terre ferme, la terre des gens raisonnables, sûrs d'eux-mêmes, sages, bien pensants. Ils se croient riches, et ils sont nus. Ils croient qu'ils ont bâti et ils ont amoncelé des ruines dont il leur sera demandé compte... 

 

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