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Être le collaborateur de Dieu, c'est d'abord apprendre à PRIER. (Olivier CLEMENT) Prier, c'est ne plus être seul - et ce n'est pas seulement l'individu, c'est l'humanité tout entière qui est solidaire - prier, c'est émerger comme l'homme qui se noie, émerger à la surface des eaux de sang, d'ennui ou de frénésie de l'histoire pour respirer un instant l'air de l'éternité. C'est exister avec cette respiration en soi d'un espace qui n'est pas celui de ce monde, mais celui du Royaume où Dieu est tout en tous, ou rien n'est séparé, où Dieu lui-même essuie chaque larme de ceux qui viennent de « la grande tribulation». -Non pour fuir l'histoire, mais pour y devenir patient et tenace, humblement serviteur de la vie - à la fois réaliste et visionnaire. Les hommes de prières sont les vrais maîtres de l'histoire, même, ou surtout, s'ils la traversent en crucifiés. Le jugement de la fin des temps révélera tout ce que la prière aura permis, préservé, fécondé, tout ce qui, dans l'oeuvre des hommes, aura été rendu possible par cette collaboration silencieuse au rayonnement de l'Esprit. La prière est cette dimension différente dont l'absence dégraderait notre action en agitation, ferait du christianisme une idéologie. Alors, dit un grand témoin contemporain, nous serions seulement des «hommes de bouche ». Seulement par cette relation de toute notre vie au fondamental «en secret, soudain, la grande pulsation du coeur nous investit... : enfin, nous sommes, peut-être, visage ».« Trouve la paix intérieure, et des milliers se sauveront à tes côtés », disait au siècle dernier Séraphin de Sarov qui, à la fin de sa vie, vibrait d'une telle intensité pascale qu'il accueillait chaque visiteur de ces mots « Ma joie, Christ est ressuscité!" |
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