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LA MORT: Découvrir la tendresse de Dieu. (Une méditation du Père Auguste VALENSIN )

Les sentiments que je voudrais avoir à cette heure (et que j'ai actuellement) : penser que je vais dècouvrir la Tendresse. Il est impossible que Dieu me déçoive, l'hyphothèse seule est énorme! J'irai à lui, et je lui dirai : je ne me prévaux de rien, sinon d'avoir cru en votre bonté. C'est bien là en effet ma force, toute ma force, ma seule force. Si cela m'abandonnait, si cette confiance en l'Amour me désertait, tout serait fini, car je n'ai pas le sentiment de valoir, surnaturellement, quoi que ce soit; et s'il faut être digne du bonheur pour l'avoir, c'est à y renoncer. Mais plus je vais, plus je vois que j 'ai raison de me représenter mon Père comme l'indulgence infinie. Et que les maîtres de la vie spirituelle disent ce qu'ils veulent,qu'ils parlent de justice, d'exigences, de craintes, mon Père à moi, c'est celui qui tous les jours montait la tour et regardait à l'horizon si l'enfant prodigue lui revenait. Qui ne voudrait être jugé par ce père? Saint Jacques a écrit : Celui qui craint n'est encore parfait dans l'Amour. Je ne crains pas Dieu, mais c'est moins encore parce que je l'aime parce que je me sais aimé de lui. Et je n'éprouve pas le besoin de me demander pour quoi mon Père m'aime; ou ce qu'il aime en moi.

Je serais d'ailleurs fort embarrassé pour répondre; strictement, dans l'incapacité de répondre. Il m'aime parce qu'il est l'Amour; et il suffit que j'accepte d'être aimé de lui pour l'être effectivement.

Mais il faut que je fasse ce geste personnel d'accepter. Cela, c'est la diginité, la beauté même de l'amour qui le veut. L'amour ne s 'impose pas il s'offre. O, Père, merci de m'aimer! Et ce n'est pas moi qui vous crierai que je suis indigne! En tout cas, m'aimer, moi, tel que je suis, voilà qui est digne de vous, digne de l'amour essentiel, digne de l'amour essentiellement gratuit! Oh! cette pensée m'enchante! Me voilà bien à l'abri des scrupules, de la fausse humilité, décourageante, de la tristesse spirituelle.

On pense d'ordinaire trop à soi et pas assez a lui. Il y a de malheureux théologiens qui ont peur (sans se l'avouer) de faire Dieu trop bon : c'est-à-dire trop beau. Il est bon, mais il n'est pas faible, qu'ils disent... Faible par amour, comme mon Père en est plus grand et plus beau. La croix me donne raison.

Oh, je vous cprie... laissez entrer la lumière, laissez entrer le soleil! C'est une annonciation que celle de la Mort! Je vais à la rencontre de Dieu ,à la rencontre de mon Père, de la Tendresse! 

 

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