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LIRE ET COMPRENDRE

c) Ce Dieu proche des hommes et qui vibre à leurs souffrances a formé un projet pour ceux qu'il appelle son peuple, un projet en trois étapes

1) le délivrer de l'oppression qu'il subit en Egypte,

2)le conduire vers une terre où il pourra vivre libre : le pays de Canaan, celui-là même qu'il avait promis de donner aux descendants d'Abraham 3)le mener jusqu'à lui pour qu'il lui rende un culte sur cette montagne au pied de laquelle Moïse l'a rencontré.

Par ce projet le Seigneur se révèle à Moïse, et à son peuple, comme le Dieu sauveur, le Dieu fidèle à accomplir sa promesse, le Dieu qui se donne à connaître et à aimer.

d> Mais le Dieu sauveur ne sauve pas les hommes sans eux. S'il s'est montré à Moïse, s'il l'a mis dans la confidence de son dessein de salut, c'est pour l'envoyer le réaliser. Moïse sait bien qu'il n'est pas de taille pour cette mission : « Qui suis-je ? », dit-il ? A quoi Dieu répond : « JE SUIS avec toi. Dans ce JE SUIS, Dieu engage aux côtés de Moïse tout son Être, toute sa puissance de vie et de salut. C'est ainsi qu'il se nommera dans la suite du récit lorsque Moïse lui demandera quel est son nom.Jésus cite ce passage de l'Ecriture quand il est interrogé sur la résurrection des morts : « N'avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit: Moi, je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'lsaac, le Dieu de Jacob ? Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.

Après la rencontre de Dieu au buisson de feu, Moïse revient en Egypte, décidé à accomplir la mission qu'il en a reçue : libérer son peuple. Ses tentatives de convaincre le roi d'Egypte restent sans résultat. Pharaon n'est pas prêt à laisser partir les Hébreux qui sont pour lui une main-d'oeuvre à bon marché. Malgré les épreuves et les calamités agricoles qui se succèdent dans le pays, Pharaon « endurcit son coeur », comme l'écrit le livre de l'Exode il s'oppose à Moïse et, à travers lui, à Dieu qui l'a envoyé. Le printemps est pour les Hébreux nomades le moment de la transhumance. Avec les troupeaux, on gagne les steppes du désert qui se couvrent de verdure sous l'effet des pluies du printemps. Avant de partir, on célèbre la fête de la Pâque : chaque famille offre au Seigneur un agneau dont elle mange la chair rôtie après avoir badigeonné de son sang les mâts de la tente. Or, durant cette nuit de la Pâque, une épidémie foudroyante touche les fils aînés de l'Egypte. Pharaon cède alors aux demandes de Moïse et laisse partir les Hébreux qui se hâtent de manger l'agneau pascal avant le départ. A peine sont-ils en route que Pharaon regrette sa décision et envoie des troupes pour les reconduire en Egypte. L'armée de Pharaon rejoint les Hébreux sur les bords de la mer, à la nuit tombante. Pendant toute la nuit le Seigneur s'interpose entre les Hébreux et les Egyptiens sous le signe d'une nuée. Mais comment le peuple pourra-t-il traverser la mer ?

Il le fera passez miraculeusement.

c)Mais l'initiative du Seigneur ne s'arrête pas là : il offre à son peuple de nouer avec lui une alliance . Le mot alliance est situé au milieu du discours, ce qui le met en relief. Lorsque deux personnes ou deux peuples font alliance, ils prennent chacun des engagements.

d) Le Seigneur s'engage à faire d'lsraël son peuple, un peuple élu et choisi parmi tous les autres peuples. Il sera son « domaine particulier » ; cette expression désigne aussi un trésor (comme lorsqu'une maman parle de son enfant en disant : « mon petit trésor »). il sera une « nation sainte » à cause de la sainteté de Dieu présent au milieu de lui. Enfin Il sera le témoin du Dieu vivant pour tous les autres peuples, porteur de la bénédiction reçue par Abraham pour toutes les familles de la terre (Genèse 1 2, 3) ; c'est en ce sens qu'il sera collectivement un royaume de prêtres, et non pas parce que chaque Israélite serait prêtre.

L'engagement de Dieu est donc une promesse, mais elle est aussi une exigence : lsraël doit répondre à ce choix du Seigneur par une vie sainte qui fera de lui le témoin de Dieu, il devra se laisser guider par la voix de son Seigneur qui s'exprimera en particulier dans les commandements ; ainsi il sera fidèle à l'engagement qu'il prend de garder l'alliance.

f) Rendre un culte à Dieu sur cette montagne », c'est donc d'abord reconnaître les bienfaits passés du Seigneur pour son peuple, accueillir avec gratitude son alliance comme un don gratuit et immérité, et s'engager à répondre à cet amour premier de Dieu par une conduite qui lui plaise. Les célébrations religieuses, sacrifices et prières collectives, n'ont de valeur aux yeux de Dieu que si ceux qui célèbrent ce culte vivent en conformité à l'alliance. Les prophètes bibliques le rappelleront.

g) Il est important de constater que ce qui est premier dans la rencontre du peuple avec Dieu au Sinaï, c'est l'alliance et non la loi. C'est parce qu'il se sait choisi et aimé du Seigneur qu'Israël s'engage avec joie à pratiquer les commandements.

Les commandements de Dieu, reçus par Moïse au Sinaï, ont été appelés le Décalogue : les dix paroles. Il débute par un préambule qui dit la raison des commandements : « Je suis le Seigneur, ton Dieu. Je t'ai fait sortir de l'Egypte ». Le Seigneur qui a libéré son peuple des corvées de l'Egypte lui trace un chemin de liberté dans le Décalogue.

Huit commandements sont des interdits : « Tu n'auras pas d'autres dieux, tu ne fabriqueras pas... » Ils indiquent des voies sans issue, des impasses, des chemins à ne pas emprunter, comme les sens interdits du code de la route. Cela peut paraître négatif, mais c'est au contraire très positif : le Seigneur ne dit pas ce qu'il faut faire, il ne prend pas la place des hommes pour conduire leur vie et la réussir ; il leur laisse l'initiative et leur indique seulement les écueils à éviter. Deux commandements sont des ordres positifs : « Tu réserveras le septième jour, respecte ton père et ta mère. » Par le premier, le Seigneur appelle les hommes à ne pas devenir esclaves du travail, mais à prendre du recul pour tourner leur coeur vers Dieu, l'aimer et le célébrer, reconnaître tout ce qu'ils reçoivent de lui au long de leur vie. Par le deuxième, il les appelle à reconnaître ce qu'ils ont reçu de leurs parents, pour leur apporter en retour le respect et le soutien. Ces deux commandements ont un lien entre eux nos parents - bien qu'ils ne soient jamais parfaits comme le reconnaît Jésus (Luc 11, 11-13) - peuvent nous donner une idée de la bonté du coeur de Dieu, notre Père.

 

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