Une réalité importante de la vie chrétienne, cest le sacrement de réconciliation.
Pour un chrétien, la confession se place au centre de son vécu spirituel. La vie chrétienne est impensable
sans cette grâce de réconciliation avec Dieu et les hommes. Elle ne peut être obtenue par aucune
entente ou compromis à la manière des hommes détat, mais plutôt par la transformation du coeur tout
entier qui saccomplit grâce au repentir vécu dans le sacrement
Une crainte sérieuse: les chrétiens fidèles ne comprennent pas toujours la confession comme ils devraient la
comprendre dans lesprit de lEvangile, souvent ils sen approchent même dune façon superficielle et
erronée, II nest pas rare quon aborde ce sacrement comme une corvée pénible quil faut accomplir tant
bien que mal. Lorsque dans un groupe de chrétiens la conversation porte sur la confession, on entend
fréquemment dire quelle nest au fond quune énumération de péchés suivie de labsolution et de la
pénitence. Dautres croient navoir commis aucun péché ou se considèrent même sans péché, aimant
souligner avec présomption navoir jamais tué personne, navoir rien volé ni mis le feu quelque part. Ils
simaginent que cest cela la confession. On trouve rarement quelquun qui parlera des péchés domission.
Les libres-penseurs préconisent que la confession est un fardeau inutile pour les croyants. Il suffirait de se
confesser directement à Dieu sans passer par son intermédiaire, le prêtre, un homme comme tous les autres.
Des réflexions semblables nous confirment ce qui a été dit plus haut, cest-àdire que la confession est
prise à la légère et dune façon erronée. Tout dabord il faut comprendre la confession comme une rencontre
de lhomme pécheur avec Dieu miséricordieux, comme le retour du fils prodigue à la maison du bon père. La
matière à confession nest pas seulement le péché à accuser mais aussi une bonne action omise. Avant tout,
le péché est un manque damour envers Dieu et le prochain, car lAMOUR est le plus grand commandement
de la Loi; pour le chrétien, cest lEvangile de Jésus. Par conséquent, le plus grand péché contre la Loi, cest le
manque dAmour. Car celui qui ne pèche pas contre lAmour serait en vérité sans péché. Mais un tel homme
nexiste pas!
Celui qui na pas accompli entièrement le commandement de lAmour, même sil na fait aucun mal, ne
peut se considérer sans péché.
Nous sommes tous pécheurs. Nous sommes tous blessés par le péché. Le blessé a besoin du médecin et
dun remède. Le malade a besoin dêtre guéri. Cest le secret de la confession: elle guérit, rétablit,
cicatrise les plaies de notre coeur blessé et ranime notre être malade. Le médecin guérisseur est le
Seigneur Dieu lui-même, le prêtre- confesseur nest que son intermédiaire.
Si on pouvait comprendre la confession dans cette optique, chaque démarche de pardon du chrétien
serait alors mieux acceptée et beaucoup plus profonde, con trairement à ce qui se produit générale
ment.
VOTRE COEUR EST COMME UNE FLEUR
La voyante de Medjugorje Marija Pavlovic, raconte: Pendant une prière, jai vu trois fois une fleur
comme dans une image. La première fois, elle était belle, fraîche, colorée; jen étais ravie. Puis jai vu cette
même fleur fermée, fanée, ayant perdu toute sabeauté; jen étais triste. Alors jai vu une goutte deau
tomber sur la fleur fanée qui souvrait. De nouveau, je la voyais dans toute sa fraîcheur et tout son éclat
antérieurs. Jai essayé de comprendre la signification de cette image, mais je ny arrivais pas. Jai décidé
alors den demander la signification à la Vierge pendant une apparition. Je lui ai dit: Gospa, que signifie ce
tableau que jai vu pendant ma prière? Gospa a dit en souriant: Votre coeur est comme une fleur, chaque
coeur est magnifique, plein de beauté; mais quand il est blessé par le péché, il se ferme et perd tout son éclat.
Cette goutte tombée sur la fleur pour la ranimer signifie la confession. Quand vous êtes dans le péché, vous
avez besoin daide de lextérieur car vous ne pouvez pas vous en sortir par vous-mêmes.
Cher ami, je suis convaincu que cette expérience racontée par la voyante Marija peut être transposée
dans la réalité de ta vie. Tant de fois, tu as senti ton coeur comme une fleur magnifique, plein de joie et
de paix, prêt à souvrir aux autres pour les aimer sans condition. Mais tu as sûrementvécu des moments
où ton coeur blessé sest fermé. Il a perdu lajoie, lespérance, la paix et lamour. Ce sont toujours des
moments difficiles et pénibles pour toi et tes proches. Puis il sest passé quelque chose où de nouveau,
ton coeur sest épanoui, ranimé, rempli de joie et ouvert aux autres comme une fleur. Je désire taider à
prendre soin de ton coeur tout comme un arbre en fleurs apporte des fruits damour, de bonté, de
pardon, de miséricorde, de paix, de charité, de force et de sagesse. Il veut taider à te passionner pour le
travail dans le champ de ton coeur; le geste en vaut la peine. Seuls les fruits du travail dans notre coeur
peuvent nous rendre heureux!
Même si on doit toucher les racines du mal en profondeur, ce nest pas pour te faire peur ni pour te
juger, mais pour rallumer en toi lardeur du renouveau de ta vie. Cela se fera, quand on a compris que
Dieu est AMOUR, MISERICORDE et PARDON. Quand on ta recommencé à aimer Dieu comme un
Père préoccupé du bien de ses enfants. II les attend patiemment et va à leur rencontre pour les
embrasser. Par conséquent, Je veux aider chacun de nous à rencontrer le Dieu créateur, Celui qui
renouvelle tout et qui apprécie ses créatures. II a de la peine quand ses enfants sont effrayés et
tourmentés.
Je crois que chacun de nous a affronté cette question qui la tourmentée: Pourquoi le péché existe-t-il?
Pourquoi une telle chose est-elle considérée comme un péché et est-elle défendue?... Certains disent:
Cela est certainement une invention pour nous effrayer, nous freiner et mieux nous commander.
Navons-nous pas déjà douté au fond de nous que le péché aurait été inventé par nos aînés?... Que les
parents, lEglise ou quelquun dautre en se référant à Dieu, sen servaient pour exercer plus facilement
leurs pouvoirs sur nous?
Un prêtre, Slavko Barbaric raconte: Je voudrais vous raconter ce qui sest passé dans mon coeur!
Durant mes années détude au séminaire, une question très simple me tourmentait: Pourquoi telle
chose est-elle péché? Je nai jamais osé poser cette question à haute voix de crainte de paraître stupide
ou même athée. Pourtant cette question me hantait et me préoccupait durant toutes mes années
détude! Une
fois prêtre, jai toujours essayé de prendre au sérieux le sacrement du pardon. Mais mon interrogation
sintensifiait. En écoutant les nombreuses expériences au confessionnal, jai réalisé au fond de moi que la
plupart des gens ne comprenaient vraiment pas en quoi consistait le péché. Leurs confessions devenaient
une routine et rien nassurait un repentir sincère.
Jeune prêtre, jai vécu une crise profonde. Je me suis demandé pourquoi alors la confession?... De
lautel, nous annonçons la bonne nouvelle, nous parlons du péché, nous invitons les gens à corriger leurs
mauvaises habitudes. Dans la confession, jai rarement entendu un pénitent se référer aux paroles de Jésus
ou à lhomélie pour se décider à changer ses mauvaises habitudes. Je me suis demandé intérieurement:
Pourquoi prêcher?... Pourquoi confesser?... Je souhaitais voir au moins quelques progrès dune confession
à lautre! Etant donné que je nen voyais aucun, la question devenait de plus en plus complexe et pénible.
Maintenant je suis conscient que là commence le drame de nombreuses vocations sacerdotales quand elles
ne découvrent pas le sens de la confession. Dune façon particulière dans le ministère de la réconciliation, je
remarque aussi que beaucoup de chrétiens, surtout les jeunes, ont de la difficulté à se confesser. Ils
rencontrent les mêmes obstacles et se trouvent devant les mêmes dilemmes: Pourquoi dois-je me
confesser à un prêtre? Cest pourquoi la plupart se limitent à dire des choses sans importance et cachent ce
qui est réellement essentiel. Tous les jeunes, particulièrement les adolescents, passent par cette crise où ils
cessent de se confesser. Les prêtres, daprès leur expérience, constatent que certains se confessent dune
façon superficielle et légère, pendant que dautres ne le font pas du tout.
Je me souviens dune personne qui ma demandé de lui parler du sacrement de réconciliation en
soulignant son désir de ne pas se confesser. Voici sa première question : Pourquoi dois-je me confesser
à un prêtre qui nest quun humain comme moi? Je peux le faire directement à Dieu. Je me suis arrêté
immédiatement etje me sentis pris au piège, car cétait aussi ma question. Je ne savais pas quoi
répondre. Alors je lui ai dit: Moi aussi jai le même problème avec la confession. Pourquoi les gens
doivent-ils se confesser à un prêtre qui nest quun homme? Est-ce dû uniquement à la curiosité qui les
pousse à désirer connaître nos fautes?... Je pense que personne navance rien de nouveau. Le prêtre
connaît tous les péchés et tous les actes humains!... Cest aussi mon problème. A son tour, elle sest tue
momentanément, et nous nous sommes compris, car il y a là autre chose . Il ne sagit pas seulement de
la question: Pourquoi se confesser?, mais dun élément plus profond. Il sagit de la rencontre entre le
blessé et le Médecin; le pécheur et le Saint; laffligé et le Consolateur; lhumilié et Celui qui élève les
humbles; laffamé et Celui qui rassasie; légaré et Celui qui quitte les 99 brebis pour chercher celle qui
est perdue; lêtre dans les ténèbres et Celui qui est la Lumière; le dérouté et Celui qui est la Voie; le
mourant et Celui qui est la Vie; labandonné et Celui qui est lami de lhomme.
Dans un échange prolongé, nous avons vécu la guérison et obtenu une meilleure compréhension du
sacrement de réconciliation.
Dans la recherche sur la vraie réponse à ma question concernant le sacrement de réconciliation et la
façon de se confesser, jai eu loccasion de rencontrer le plus grand théologien de notre siècle: Hans Urs
Von Balthazar; je lui ai dit: Depuis que je suis à Medjugorje, et même avant, jai rencontré des
personnes qui viennent se confesser uniquement pour répondre au message qui nous invite Ma
confession mensuelle. Elles disent: Je nai rien à me reprocher, mais je viens quand même me
confesser. Jai demandé à ce théologien quelle attitude je devrais prendre face à ces pénitents, quelles
paroles je devrais leur dire.., il a souri doucement et ma répondu: Ne vous inquiétez pas, Père, quand
les gens vous disent ne pas avoir de péchés à confesser, remerciez le Seigneur avec eux. Puis posez leur
cette question: Dans toutes les occasions avez-vous aimé Dieu par-dessus tout et votre prochain
comme vous-mêmes? Demandez... puis écoutez la réponse, car lequel dentre nous peut dire avoir aimé
parfaitement?... Si la personne ne peut laffirmer, elle a des choses à se reprocher, demandez pardon
pour elle. A ce momentlà, jai compris les paroles des Saintes Ecritures où lon dit que:
7 fois le juste tombe, mais il se relève. (Pr 24, 16) Tenez-vous sur vos gardes. Si ton frère vient à
toffenser, reprends-le; et sil se repent, pardonne-lui. Et si, sept fois le jour, il toffense et que sept fois il
revienne à toi, en disant: «Je me repens», tu lui pardonneras. ( Le 17, 3-4)
Même si lon prétend ne haïr personne, il peut nous arriver de ne pas aimer tout le monde comme nous-
mêmes et Dieu pardessus toute chose. Je crois ne pas juger en disant que personne au monde ne peut
déclarer:Mon amour est parfait; mon désir de paix et de réconcilia-tion est tellement grand que je nai
rien à répondre à la question: «As-tu toujours aimé Dieu par dessus toute chose et ton prochain comme
toi-même?»
Cependant cette question nest pas posée dans le but de chercher le péché en toute occasion, en tout et
partout, mais plutôt de trouver les moyens pour faire du bien. En effet, on ne souligne jamais assez que le
christianisme nest pas à tout prix la recherche du péché pour effrayer lhomme; il nest pas là non plus pour
juger, mais pour sauver tout le monde. Le christianisme est la lumière qui éclaire lhomme dans les ténèbres,
lamour qui sauve de la haine, la paix offerte à lhomme troublé, un tout qui se donne à lêtre humain brisé et
torturé, la miséricorde pour toutes les victimes de la cruauté, le pardon pour lêtre endurci dans son
entêtement.
Par conséquent, comme le médecin nest pas là en premier lieu pour découvrir la maladie, mais pour
prescrire le remède, ainsi en est-il de la confession. Le médecin nest pas coupable parce quil découvre
la maladie, mais il a du mérite quand il arrive à trouver le remède approprié. Le malade peut exprimer
le doute et penser que le médecin a peut-être causé sa maladie; mais ce serait injuste et ce jugement
naiderait aucunement à sa guérison. Cela sapplique au christianisme, non pas pour le défendre mais
pour mieux le comprendre. Lorsquil parle du péché et quil invite à la confession, ce nest pas pour
dévoiler le péché, mais pour offrir le salut. En offrant ce sacrement, le christianisme apporte plus
facilement de lumières sur le péché et sur lhomme qui se laisse détruire par lui. Le point de départ du
christianisme nest pas le mahide et le péché, mais la santé et la sainteté. Le christianisme na pas besoin
du pécheur pour remplir sa mission, mais de lhomme capable de grandir dans lamour et de développer
toutes les valeurs positives.
En dautres mots, ma propre question, comme celle de nombreux fidèles sur la confession, aurait sa
raison dêtre, si nous considérions ce sacrement du point de vue du péché ou de linfraction commise.
Mais là nest pas le but de la confession ni la mission universelle du christianisme. La confession est
fondée en tant que sacrement de RÉCONCILIATION, elle est nécessaire à lhomme, car ainsi
seulement, il peut grandir jusquà la plus parfaite image de lhomme révélée et réalisée en Jésus-Christ.
LA VRAIE DEMANDE
Alors, vous qui dites: «Aujourdhui, ou demain, nous irons dans telle ville, nous y passerons un an, nous
ferons du commerce, nous gagnerons de largent!», et qui ne savez même pas, le jour suivant, ce que
sera votre vie, car vous êtes une vapeur qui paraît un instant et puis disparaît! Au lieu de dire: « Si le
Seigneur le veut bien, nous vivrons et ferons ceci ou cela.», vous tirez fierté de vos fanfaronnades. Toute
fierté de ce genre est mauvaise. Qui donc sait faire le bien et ne le fait pas se charge dun péché. (Jn 4,
13-17)
Dans ses expériences spirituelles, Thérèse dAvila a noté cette pensée: Quand il sagit de lutter entre le
bien, et le mal, pour le bien cest facile; mais lorsque nous nous débattons entre le bon et le mieux pour
le meilleur, alors la situation est tout à fait différente. Si on comprenait bien cette pensée venant de son
expérience, on ne se poserait plus la question: Est-ce que je hais Dieu ou quelquun dautre, car la haine
vient du mal et détruit chaque personne indépendamment du fait quelle soit croyante ou non. Alors la
question du chrétien serait: Aimes-tu Dieu par-dessus toute chose et ton prochain comme toi-même?
Le christianisme, selon lenseignement du Christ, est lécole de lamour. Quand on parle de la haine, il
sagit de la maladie comme telle quil faut éviter ou soigner. La question du chrétien nest pas: Ai-je
volé les affaires des autres ou pris ce qui ne mappartient pas? mais Ai-je fait un bon usage des choses
matérielles qui étaient mises à ma disposition? Cela signifie que même quand je dis navoir pas volé, je
nai pas encore répondu à la question chrétienne: Quai-je fait de ce qui était mis à ma disposition?
Même si lhomme peut dire: Cest à moi, je lai hérité de mes ancêtres, je nai volé ma richesse à
personne, ou bien, je lai gagnée à la sueur de mon front, il na pas atteint le niveau de la compréhension
chrétienne des biens matériels.
Le chrétien ne se pose pas cette question: Ai-je blasphémé Dieu, ai-je dit des mensonges, des
calomnies, des racontars? Mais il se demande: Quai-je fait et comment me suis-j e servi du don de la
parole? Même si je peux dire que je nai jamais blessé personne, la question dii chrétien demeure: Ai-
je pris lhabitude de louer le Seigneur, de Le glorifier? Ai-je su donner des conseils aux autres, leur
adresser une parole dencouragement? Nous avons tous expérimenté quelquefois la vérité de ces
questions et de ces réflexions sur nousmêmes. Si quelquun passe près de nous sans nous saluer, sans
rien dire, nous nous sentons blessés, humiiés,méprisés, même si la personne affirme ne nous avoir fait
aucun mal.
La vraie question envers la vie nest pas: Ai-je détruit ma vie ou celle des autres? mais Quai-je fait ou
omis pour que ma vie et celle des autres puissent sépanouir harmonieusement? Dès que nous commençons
à nous questionner sur la vie de cette façon, nous comprenons mieux les questions qui touchent lalcool, la
drogue et toutes les autres jouissances désordonnées. II est évident que le fait de boire nest pas un péché,
car Dieu a créé la boisson et la soif. Mais quand lindividu nest plus guidé par linstinct naturel de son corps,
se laissant entraîner par la pas2sion, il se détruit lui-même, il anéantit ses possibilités de croissance, il bloque
et empêche le positif, il entre dans un état de destruction. Quand celle-ci existe, on lappelle le péché. Etant
donné que le mal est présent, la notion du péché est aussi présente, mais toujours en relation avec le sain, le
bon, le noble et le transparent.
II est donc regrettable pour le chrétien de comprendre sa foi uniquement dans la lutte contre le péché.
Il en deviendra vite fatigué, craintif, haïssable, perdant toute la motivation et le sens véritable de sa
mission chrétienne. En ce monde, il sera semblable à tous ceux qui ne connaissent pas le Christ.
Comprendre notre mission chrétienne sous cet aspect unique de la lutte contre le péché, nous amène à
ressembler au jardinier qui sans cesse arracherait les mauvaises herbes et les plantes nocives de son
jardin, au lieu de sefforcer à planter des arbres fruitiers. Un telj ardinier devrait se poser la question:
Pourquoi durant toute ma vie, nettoyer mon jardin sans que jamais rien ne change?... Ce sont toujours
ces mêmes mauvaises herbes qui poussent. Il finirait par perdre le goût de sarcler pour le reste de sa
vie ou bien abandonnerait ce travail inutile. Cependant sil déposait dans la terre labourée le bon grain
qui commence à croître, il ne se fatiguerait plus en nettoyant son jardin et en créant des conditions
favorables à la semence.
La vie chrétienne est donc la lutte pour les valeurs positives et non pas contre le péché. Cette lutte dure
jusquà la mort et peut nous demander le sacrifice de notre vie pour les autres. Cest là toute la beauté
de notre profession de foi, de nos exercices spirituels, de nos prières, du jeûne, de la confession. Cest un
appel à des actes héroïques damour.
Jajoute une autre image comme ilustration: Si quelquun vous disait: Dieu ma donné des jambes pour
ne pas tomber, vous ne seriez pas daccord avec lui. Vous essaieriez de lui montrer que les jambes sont
faites surtout pour marcher. Sil gardait la conviction : Quon a des jambes pour ne pas tomber, il
devrait rester. assis durant toute sa vie car dès quil se lèverait, il risquerait de tomber. Mais le
problème est plus grave avec celui qui reste toujours assis sans bouger quavec celui qui, en marchant,
tombe parfois. En transposant cette image au niveau de la compréhension chrétienne, nous pouvons
dire: Celui qui de peur de ne pas tomber ne se lève pas, se nuit davantage à lui-même que celui qui se
lève et marche tout en prenant le risque de tomber parfois. QUE FAIS-TU DE TES TALENTS
Jésus a raconté beaucoup de paraboles pour expliquer les secrets du royaume. Une de ces paraboles est
celle des talents. La voici telle que nous le transmet lEvangile:
«En effet, il en va comme dun homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses
biens. A lun il remit cinq talents, à un autre deux, à un autre un seul, à chacun selon ses capacités, puis il
partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents salla les faire valoir et en gagna cinq autres. De même
celui des deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui nen avait reçu quun sen alla creuser un trou
dans la terre ety cachalargent de son maître. Longtemps après,, arrive le maître de ces serviteurs et il règle
ses comptes avec eux. Celui qui avait reçu les cinq talents savança et en présenta cinq autres, en disant:
Maître, tu mavais confié cinq talents; voici cinq autres talents que jai gagnés. Son maître lui dit: «Cest
bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle enpeude choses, surbeaucoupje tétablirai; viens te réjouir avec
ton maître. Celui des deux talents savança à son tour et dit: «Maître tu mavais confié deux talents; voici
deux autres talents que jai gagnés. Son maître lui dit: Cest bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en
peu de choses, sur beaucoup je tétablirai; viens te réjouir avec ton maître. Savançant à son tour, celui qui
avait reçu un seul talent dit: Maître, je savais que tu es un homme dur: Tu moissonnes où tu nas pas semé,
tu ramasses où tu nas rien répandu; par peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre: le voici, tu as ton
bien. Mais son maître lui répondit: Mauvai8 serviteur timoré! Tu savais que je moissonne où je nai pas
semé et que je ramasse où je nai rien répandu. Il te fallait donc placer mon argent chez les banquiers: à mon
retour, jaurais recouvré mon bien avec un intérêt. Retirez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui ales
dix talents. Car à tout homme qui a, lon donnera et il sera dans la surabondance; mais à celui qui na pas,
même ce quil a lui sera retiré. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors: là
seront les pleurs et grincements de dents. ( Mt 25, 14-30)
Quest-ce quil y a dimportant à observer dans cette parabole? Lhomme avec cinq talents en obtient
cinq autres? Celui avec deux talents en gagne deux et des villes nouvelles? Celui avec un seul talent na
pas détruit son talent, ne la pas perdu, au contraire, il la conservé et la remis intact à son patron
comme il lavait reçu? Le maître nest pas content. II le reprend de son serviteur et le donne à celui qui
en a déjà reçus. Cette parabole est surprenante, on pourrait même la qualifier dinjuste. Est perdant
celui qui na rien et gagnant celui qui possède!
Cependant quand on regarde et observe cette parabole à la lumière de la confession, il est facile de
comprendre, quil ne sagit pas dune injustice de la part du maître. Jésus ne la pas justifié ou plaidé en
sa faveur, mais II a apporté une nouvelle compréhension du devoir de lhomme.
Seul celui qui travaille progresse. Rien ne lui fait peur, même pas une perte. Celuici peut faire quelque
chose de bien, il grandit et en sera récompensé. Par contre, celui qui garde ses dons pour lui-même ne
grandit pas, décroît et commet déjà un péché grave. Qui reste debout doit faire attention de ne pas
tomber!
Dans cette parabole, nous pouvons comprendre pourquoi la paresse compte parmi les péchés capitaux.
Il ne sagit pas de F dormir une heure de plus, dêtre en retard à lécole, de ne pas finir à temps ses
obligations! La paresse est lattitude de lhomme face à sa collaboration avec Dieu. Si je collabore au
développement de mes talents,je suis docile. Si je ne my efforce pas, je suis un paresseux; en tant que
tel, je ne pourrai jamais devenir une personne adulte créée à limage et à la ressemblance de Dieu. Cest
la plus forte résistance à la volonté de Dieu, il est jaloux des talents quil a déposés dans notre coeur. il
nest pas indifférent devant notre comportement. Quel père est insensible face à la manière dont ses
enfants grandissent et progressent! Quel jardinier resterait indifférent devant la graine dune fleur qui
déciderait de ne croître quà moitié et de ne pas désirer atteindre la plénitude de sa beauté? il serait
sûrement attristé et dévalorisé de voir sa confiance déjouée et davoir travaillé en vain. Lhomme est
créé pour grandir. Lors de la création, Dieu a jugé que tout était bon. Il a dit aussi: Grandissez, cest le
commandement de Dieu, cest la loi intérieure de toute la création, elle vaut surtout pour lhomme. Tout
por soi les lois de la croissance. il nexiste aucune semence au monde qui puisse dans des conditions
favorables résister àla croissance! Seul lhomme dans sa liberté peut dire: Je refuse de grandir. Il peut
décider de ne pas croître; autrement dit, il peut se laisser aller à la paresse. De cette manière, il soppose
à la volonté de Dieu qui a défini depuis les origines les lois de la croissance à toute la création.
LE PÉCHÉ LE PLUS GRAVE
Une question ma souvent tourmenté: Quel est le péché le plus grave? Je lai demandé aux autres, jai
cherché dans les écritures. À différentes époques,jai trouvé des réponses diverses. Maintenant il me semble
avoir trouvé la vraie réponse. Toutes les oeuvres des ténèbres ne sont que la conséquence; la cause en est
toujours plus grave et plus dangereuse que le résultat lui-même. Pour éviter de tels résultats, il faut en
détruire la cause. Voici ce que je veux dire: Tous les péchés possibles ne sont que le résultat du manque
damour et tous les problèmes que nous rencontrons proviennent de ce manque damour.
Quand il ny a pas damour, les portes sont grandes ouvertes au mal et à toutes sortes de péchés. Les
guerres, les conflits de famille et dindividus, les misères: injustices, assassinats, avortements; tout
résulte du manque damour envers la vie, le Créateur de la vie et de lunivers. Cela signifie que le
manque damour est le péché le plus grave. Le manque damour est plus dangereux que la haine, car à
tout moment, il peut arriver que la haine triomphe de lamour. Mais où il y alamour, tout se purifie et
se guérit! Cependant, si lamour na jamais grandi, il ny a aucun espoir de règlement et lon senfonce
davantage dans un mal profond.
Nous pourrions mieux le comprendre avec cette comparaison: Il est plus dangereux de vivre privé de
lumière sans chercher à sen sortir que de se trouver un instant dans les ténèbres sans issue apparente.
Dieu a soufflé dans le coeur humain non seulement le don de lamour, mais aussi le désir profond dêtre
aimés et dêtre acceptés par les autres. Nous ne pouvons jamais rester insensibles au fait que nous
sommes aimés ou non.
Par le baptême, nous est donnée la semence divine de lamour, de la foi et de lespérance. Dieu a
préparé la terre pour quelle puisse croître et se développer. En faisant tout pour faire germer cette
semence, nous devenons de plus en plus à limage et à la ressemblance du Père; sinon lamour, la foi et
lespérance restent des talents cachés et enfermés. Peut-être sontils bien conservés, mais ils ne portent
pas de fruits parce quils sont inexploités.Quand cela se produit avec le don de lamour, nous pouvons
dire que le péché fondamental est accompli. Cest le point de départ de toutes les autres misères et
destructions.
Si on ne soccupe pas continuellement de la croissance de lamour, alors la mort spirituelle y est déjà
entrainant tous les autres maux. Cependant, il nexiste pour lhomme rien daussi important que de se
passionner pour sa propre croissance dans lamour. Alors il fait tout pour grandir et mener à maturation
ce don de lamour envers lui-même, Dieu, son prochain et toute la création. il peut se tenir enfin debout,
sur ses propres jambes, capable daffronter tous les obstacles que le monde lui dresse. Lamour nest
pas mûr quand il dépend constamment de lamour des autres. Si nous répondons par la même mesure à
ceux qui ne nous aiment pas, alors notre amour est conditionnel. Il ne se distingue pas de lamour des
païens qui naiment que ceux qui les aiment et ne prêtent quà ceux dont ils attendent le retour.
Etre passionné pour lamour et sefforcer de le fortifier, signifie se qualifier pour les plus belles oeuvres
dans une vraie lutte efficace contre la destruction; autrement dit, contre le péché lui-même.
Il serait facile maintenant dimaginer pour un instant que cessent toutes les guerres, que soient
rassasiés tous les affamés, que soient accueillis et soignés avec dignité tous les malades, que trouvent une
maison daccueil tous les rejetés, que soient respectés dans leur liberté tous les persécutés, que deviennent
heureux tous les affligés et que retrouvent la santé tous les blessés. Seul lamour peut le faire. Si nous ne
sommes pas convaincus que ce rêve puisse se réaliser, cela signifie que nous navons pas encore une idée
juste du pouvoir de lamour; cet amour gravé dans notre coeur comme nous lenseigne saint Paul: Lamour
de Dieu a été répandu dans nos coeurs (Rm 5, 5).
Sans amour, toutes nos peines intérieures et nos difficultés extérieures tomberont sur nous pour nous
anéantir.
Par conséquent, le péché, quelle que soit sa nature, reste le plus grave danger. II étouffe toujours
lamour dans le coeur.
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je nai pas la charité, je ne suis plus quairain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand jaurais le don de prophétie etqueje connaîtrais tous les
mystères et toute la science, quand jaurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes,
sue nai pas la charité,jene suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je
livrerais mon corps aux flammes, sije nai pas la charité, cela ne me sert de rien.
La charité est longanime; la charité est serviable; elle nest pas envieuse; la charité ne fanfaronne pas,
ne se gonfle pas; elle ne fait rien dinconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne sirrite pas, ne tient pas
compte du mal; elle ne se réjouit pas de linjustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit
tout, espère tout, supporte tout.
La charité ne passe jamais. Les prophéties? elles disparaîtront. Les langues? elles se tairont. La science?
elle disparaîtra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce
qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque jétais enfant, je parlais en enfant, je pensais en
enfant, je raisonnais en enfant, une fois devenu homme, jai fait disparaître ce qui était de lenfant. Car
nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. A pré sent,je connais
dune manière partielle; mais alors je connaîtrai comme je suis connu.
Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande dentre elles,
cest la charité. (ICor 13, 1-13)
Je nai pas peur de ce que jai fait, mais de ce que jai omis de faire (Patrick Lennen, évêque)
Lamour descend dans nos coeurs sans aucune condition de notre part... Le monde sest enchaîné dans
le mal, les conflits, la haine... II nexiste aucun homme, aucun système politique capable darrêter le
désordre dans le monde. Seul lamour de Dieu, cette épée portée dans ses mains et aiguisée par sa force
divine peut le faire. Lamour descend dans nos coeurs sans aucune condition de notre part.. .Saint Jean
écrit: LUi nous a aimés le premier. (Jn 5, 19)
Son amour est le gage, la condition préalable pourla croissance de notre amour. Cest là lunique,
linédite, limmense possibilité pour lhomme de grandir en tant que chrétien et de devenir entier une
fois pour toute.
Nous pouvons maintenant constater que le christianisme ne cherche pas lhomme pour le modeler selon
sa forme ni selon sa mesure arbitraire. Cependant, lhomme a besoin du christianisme pour alimenter
lamour déjà enraciné dans son coeur parla force de lamour divin. Lorsquon prend conscience que ce
grain damour est déjà semé et capable de grandir dans notre vie, on devrait inlassablement veiller à sa
bonne terre.
TRAVAILLER LE COEUR
Lorsque nous écoutons lappel de la Sainte Vierge qui nous invite à travailler notre coeur comme on
travaille dans les champs, alors il est possible de comprendre ses désirs et la manière de les réaliser.
Celui qui a travaillé dans les champs a appris par expérience que si la terre nest pas bien préparée, il
est inutile de semerla meilleure graine. Le travail est vain si onne déracine pas les mauvaises herbes,
car elles continueront à pousser et étoufferont complètement la bonne semence. Celui qui néglige son
jardin, sa vigne, son champ, et sy rend de temps en temps seulement, ne pourra jamais cueillir de bons
fruits en abondance. Au contraire, celui qui nettoie constamment, laboure sa terre, prend soin de sa
plante, aura un jour la satisfaction dune bonne récolte. Il est très important pour chaque chrétien de
comprendre cet appel, dy adhérer de toutes ses forces et de travailler son coeur. Aucune tâche nest
difficile quand on comprend le sens. Ainsi le chrétien pourra supporter tout effort et toute fatigue pour
cultiver le plus beau fruit quest lamour. Cest dans la nature de lhomme de rester infatigable quand il
est passionné pour une idée. Il ne sen lasse pas facilement et trouve suffisamment de motivation et de
force pour persévérer. Dans le cas contraire, quand il ne connaît pas le sens de sa recherche, il laisse
tout tomber. Donc, le problème nest pas dans le fait davoir suffisamment de forces pour accomplir une
action, mais davoir un stimulant pour mettre cette force en mouvement. Dautre part, cest un fait que
lhomme au fond de son âme cherche incessamment la réalisation de lamour dans sa vie, il le recherche
même sil paraît agir contre cet amour en restant dans la haine et le mal en général.
Cest vrai aussi que lhomme ne peut être détruit en vivant dans cet état extrême où lon ne distingue
plus lamour de la haine, lacceptation du rejet, la chaleur du froid, lajoie de la tristesse, le respect du
mépris. Autrement dit, le christianisme est toujours prêt à accueillir lhomme en tout temps et en toute
occasion, car au fond de lui, lhomme désire incessamment goûter aux fruits de lamour et de lia paix.
Cest pourquoi chaque coeur humain est un champ fertile pour loeuvre de la foi: nettoyage, émondage
et semence de la nouvelle graine divine. Il est important de comprendre lart de tailler les arbres, la
nécessité démonder et de couper les branches car en dépend la qualité du fruit et de la vigne.
Les lois de la croissance humaine et de la semence des valeurs chrétiennes dans nos vies sont
semblables aux lois qui gouvernent le processus de la maturation de la nature. La purification réveille de
nouvelles forces, les libère, pousse lhomme à grandir et à sépanouir. Dans le cas contraire, cest la
dégradation et la destruction, non pas seulement de lindividu, mais aussi de la famille et des peuples
entiers.