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L'AMOUR vrai et l'amour menteur. (Sainte ANGÈLE de Foligno)

"Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. »

Nous nous croyons des gens fort sérieux et nous dissertons fort gravement de l'Église comme de l'Ftat... et peut-être ne sommes-nous que de sinistres plaisantins qui ne savent pas ce qu'ils disent. Aujourd'hui la parole de Jésus m'atteint au coeur Ce n'est pas pour rire que je t'ai aimé.

Le quatrième jour de la semaine sainte, j 'étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m'efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j 'étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement.

Alors cette parole me fut dite dans l'âme ;" Ce n'est pas pour rire que je t'ai aimée. »

Cette parole me porta dans l'âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas; car mes yeux s'ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour, jusqu'où en vérité il avait conduit le Fils de Dieu. Je vis ce qu'il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l'amour de moi, par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles, et je sentais dans son inouïe vérité la parole que j 'avais entendue; non, non, il ne m'avait pas aimée pour rire, mais d'un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans les entrailles.

Et alors mon amour à moi, mon amour pour lui, m'apparut comme une mauvaise plaisanterie, comme un mensonge abominable. Ici ma douleur devint intolérable, et je m'attendis à mourir sur place.

Et d'autres paroles vinrent, qui augmentèrent souffrance : « Ce n'est pas pour rire que je t'ai créée ;ce n'est pas par grimace que je me suis fait serviteur; ce n'est pas de loin que je t'ai touchée! »

Ma douleur, déjà mortelle, allait toujours en augmentant, et je criais:« Eh bien! moi, c'est tout le contraire. Mon amour n'a été que plaisanterie, mensonge, affection. Je n'ai jamais voulu approcher de vous, en toute vérité, pour partager les travaux que vous avez soufferts pour moi, et que vous avez voulu souffrir; je ne vous ai jamais servi dans la vérité ,dans la perfection, mais dans la négligence et la duplicité. »

Et je vis ces choses, lorsque je vis de mes yeux la verité de son amour et les signes de cette amour :comment il s'était livré tout entier et totalement à mon service, comment il s'était approché de moi, comment il s'était vraiment fait homme pour porter et sentir en vérité mes douleurs; et je vis en moi tout le contraire absolument, j'ai failli mourir de douleur. Il me semblait que ma tête allait se disjoindre et mon coeur éclater.

Et comme j'étais occupée spécialement de cette parole : « Ce n'est pas de loin que je t'ai touchée », il en ajouta une autre, et j'entendis qu'il disait: « Je suis plus intime à ton âme qu'elle-même. »Et ma douleur augmenta. Plus je voyais Dieu intime à moi, plus je me voyais éloignée de lui. Il ajouta d'autres paroles qui me firent voir les entrailles de l'éternel amour: « Si quelqu'un voulait me sentir dans son âme, je ne me soustrairais pas à lui; si quelqu'un voulait me voir, je lui donnerais avec transport la vision de ma face; si quelqu'un voulait me parler, nous causerions ensemble avec d'immenses joies. »

Ces paroles excitèrent en moi un désir de ne rien sentir, ne rien voir, ne rien dire, ne rien faire qui pût déplaire à Celui qui parlait. 

PRIERE 

Seigneur, mets en oeuvre ta miséricorde! Pour qu'en célébrant la Passion de ton Fils nous entrions dans son mystère d'amour. 

 

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