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Jésus et LES PHARISIENS. (Louis LOCHET)

 "Y a-t-il un chef ou un pharisien qui ait cru en lui? »

Il ne faut pas se méprendre sur cette sorte de passion qui s'empare de Jésus, quand il est entraîné dans ce débat dramatique. Ses paroles, ses gestes, ses imprécations, nous paraissent agressives, violentes, provocantes. En cela aussi il achève l'Ancien Testament : nouveau Moïse et nouvel Élie.

C'est qu'il a rencontré comme les prophètes, au sein même du peuple de Dieu, pire que le délaissement, la corruption de la loi. Son indignation est l'expression de son amour violent de la sainteté de Dieu.

Si Jésus s'oppose aux pharisiens avec tant de violence, ce n'est pas pour les damner, c'est pour les sauver du pharisaïsme, qui pervertit leurs valeurs, et si l'Évangile nous rapporte ces combats, c'est pour nous en purifier nous-mêmes, car il nous menace toujours. En lui, ce qu'il nous faut entendre, c'est le prophète, qui ne menace que pour sauver et qui, à travers l'événement d'aujourd'hui, rejoint l'humanité de toujours.

Le pharisaïsme est une attitude globale de la personne. Il atteint le tout de la morale et de la religion, les relations avec Dieu et avec les autres. Ce n'est pas un défaut particulier; c'est le vice caché qui corrompt toutes les vertus.

Radicalement, c'est l'intention profonde qui est faussée. Le pharisien se fie à sa propre justice. Son observance matérielle de la loi lui est une assurance du salut, qu'il a mérité par sa propre vertu : Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes biens.

Il se justifie lui-même. Et c'est là, au centre de tout, que se trouve la pervertion dans le lien même avec Dieu. Il ne reconnaît pas Dieu comme celui qui seul sauve, qui seul sanctifie. Sa justice est sa propre justice, non celle de Dieu. C'est le péché le plus fondamental.

Cette suffisance devant Dieu, au nom de ses oeuvres, s'achève en mépris des autres, à cause de propre justice. Le pharisien assure son prestige à ses propres yeux et aux yeux des autres par observance exacte de la loi. L'intérêt se deplace. L'important devient l'effet produit, le regard d'autrui, l'admiration des autres, qui le conforte dans sa propre estime. En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes.

-C'est la perversion suprême de la loi, faite pour devenir l'expression de l'amour; perversion de l'homme même, fait pour la gloire de Dieu, qui se replie et se déforme en sa propre glorification. Le débat est fondamental; c'est pourquoi il est inexpugnable et décisif. Il n'y a pas plus de conciliation possible entre le Christ et le pharisien ,en tre Dieu et Mammon. C'est une dimension fondamentale de l'Évangile, que saint Paul exploitera en maniant dans l'Épître aux Romains que la foi Christ est toujours conversion en nous du pécheur et du pharisien.

C'est qu'il y va pour finir de l'Évangile lui-même, de l'authenticité du rapport nouveau de l'homme avec Dieu en Jésus Cbrist; bien plus, de la manifestation divine du vrai Dieu, Dieu d'Amour, le Père des miséricordes dans son Fils, Sauveur du monde. 

PRIÈRE 

Tu es tout autre que nous le pensons, Seigneur, tu nous l'as montré en Jésus Christ. Lui, ton fils, lumière de ta lumière, il a cheminé avec nous en toute humilité, comme n importe qui -et c'est de cette manière que tu nous as sauvés. Nous te remercions d'être venu, en cet homme, d'être si proche de nous, aujourd'hui et tous les jours. 

PRIÈRE

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, d'être toujours comptés parmi les membres du Christ, nous qui communions à son corps et a son sang.

 

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