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Mardi, semaine 2

Mc 2, 23-28

C'est la loi!

Le sabbat était devenu le type d'esclavage que les hommes forgent eux-mêmes dans le domaine religieux. D'abord institué pour honorer le repos de Dieu et favoriser le repos des hommes, deux objectifs très sensés, il était devenu, à force de légalisme, une contrainte absurde, hérissée de prescriptions ridicules. Par exemple, cueillir quelques épis était une des trente-neuf actions interdites parce que cela ressemblait trop au travail du moissonneur!

Mais si l'on cueille des épis parce qu'on a faim? Pour Jésus, pas de problème. Il donne même l'exemple bien plus fort de David, qui entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l'offrande, que seuls les prêtres pouvaient manger.

Dans ce même esprit de simple bon sens, Thomas d'Aquin dira que dérober un pain quand on a très faim n'est pas un vol. Je me souviens qu'au cours d'une réunion où j'avais donné cet exemple de la supériorité du besoin sur l'interdit une dame avait protesté violemment:

« Vous, un prêtre, vous n'avez pas le droit de dire des choses pareilles ! »C'est pourtant dans le droit fil de la merveilleuse liberté du Christ. Dans toutes les circonstances où la loi s'oppose à la vie, Jésus opte pour la vie.

La loi est normalement faite pour l'homme, pour qu'il vive mieux, et c'était le cas, initialement, de la législation sur le sabbat. La perversion, c'est d'en arriver à mutiler la vie au nom de la loi.

Je sais bien qu'il y a des cas où il est difficile de bien voir ce qui sert finalement la vie. Mais là se séparent les esprits encore enchaînés qui règlent toutes les questions de conscience en répétant obstinément: c'est la loi, et les esprits évangéliquement libres.

 

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