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Mardi, semaine 5

Mc 7, 1-13

Un coeur près de Dieu.

«Son coeur est loin de moi.» Misère de la pratique religieuse. Faite pour nous jeter vers Dieu, elle peut se vivre loin de lui et parfois même contre lui.

Jésus donne un exemple frappant. Sous un prétexte religieux, on manque à l'amour sacré des parents : je ne peux pas vous aider ce que j 'aurais voulu vous donner, je l'ai offert à Dieu. Celui qui fait cela peut bien aller réciter des tonnes de prière, son coeur sera très loin de Dieu.

Jésus nous invite à nous révolter contre cette manière abominable de nous servir de Dieu pour échapper à un devoir filial.

Quand prions-nous avec un coeur loin de Dieu? Nous pensons tout de suite aux distractions, bien sûr, mais l'enjeu est plus profond. Si pendant toute une messe je suis en souci d'un vieil homme dont l'épouse vient de mourir, c'est justement au moment où mon esprit vagabonde que mon coeur est près de Dieu.

La proximité de Dieu, c'est l'amour fraternel. Le bon sens de saint Vincent de Paul nous éclaire. À une soeur qui lui demande si elle peut lâcher l'oraison quand un malade l'appelle, il répond: « Bien sûr! Vous lâchez Dieu pour Dieu.»

Nous sourions et nous disons bravo. Et pourtant! Nous continuons à aller près de Dieu sans nous demander suffisamment si nous y emmenons un coeur aimant. Ou bien nous nous jetons en pleine activité fraternelle avec l'obscur sentiment d'y perdre Dieu.

Le seul souci vraiment religieux, c'est de vérifier, à l'oraison comme au travail, si nous sommes là plein d'amour. Alors, notre coeur est près de Dieu.

 

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