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Lundi, semaine 11

Mt 5, 38-42

La force de la non-violence.

«Je vous dis de ne pas tenir tête au méchant.» Conseil difficile àsuivre. Il se heurte en nous à un instinct puissant: ne pas se laisser faire, se vengen Jésus nous dit: non, essaie de devenir un non-violent.

Qu'est-ce que cela signifie exactement? On peut ne pas tenir tête au méchant par lâcheté, par résignation, pour ne pas avoir d'histoires. La non-violence, c'est autre chose: une étonnante et exigeante forme de combat pour rester coûte que coûte dans notre décision d'aimer, et pour aider l'adversaire à revenir dans l'amour.

Amour pour le Christ. On veut imiter sa totale liberté dans une situation où on risque de la perdre en se laissant mener par la violence d'un autre: non, tu ne feras pas de moi un violent parce que même là j'aime assez le Christ pour rester calme.

Amour pour le frère méchant. On ne reste pas calme par dignité, simple maîtrise de soi ou peut-être par mépris pour le violent. On veut rester aimant sous le choc de la violence ou de la menace pour essayer de gagner un frère au lieu de le laisser s'enfoncer un peu plus dans l'injustice et la méchanceté.

La non-violence conquiert trois richesses. Notre propre progrès en amour. Peut-être la conversion de notre frère. Et sûrement la création d'une ambiance plus fraternelle. La riposte engendre la spirale de la violence en nous-même et autour de nous.

Mais la non-violence est une attitude héroïque qui exige beaucoup de lucidité et de force tranquille. Elle cherche pourquoi l'agresseur agit ainsi et comment on pourrait l'amener à changer. Souffleté, Jésus n'a pas tendu son autre joue, il a offert son calme et son amour (Jn 18, 23).

 

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