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Samedi, semaine 16

Mt 13, 24-30

La parabole du courage.

Comme le monde change! Autrefois, quand je commentais cette parabole je m'attaquais aux arracheurs d'ivraie: soyez donc aussi patients que Dieu, acceptez que partout il y ait du blé et de l'ivraie.

Mais maintenant tout le monde accepte très bien l'ivraie: la fille qui vient passer le week-end avec son petit ami, le jeune couple qui tarde beaucoup à voir le maire et le curé, l'amie très croyante qui s'est entichée de la réincarnation.

La leçon de la parabole devient: comment coexister avec l'ivraie en la considérant quand même un peu comme ivraie?

Je pense qu'il faut refuser l'argument du «tout le monde le fait». Le monde n'est pas devenu un champ d'ivraie, il y a encore du blé et c'est lui qui compte, pas l'ivraie!

Nous pouvons garder fermement nos repères et ne pas hésiter à les affirmer: ça c'est bien, ça c'est mal. Si on nous demande de nuancer, nuançons, mais sans nous laisser submerger par la marée actuelle du relativisme. Au milieu d'un groupe, une maman racontait en riant que son fils volait des disques parce que pour lui, à cause du risque, c'était du sport. Dans le silence gêné, une jeune femme courageuse a répliqué: «Non, madame, c'est du vol.»

Si on n'arrache plus l'ivraie, il faut au moins la maintenir bien à sa place: c'est mal. Parabole de la patience, l'histoire de l'ivraie devient la parabole du courage.

 

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